Impacts de l’erosion le long de la vallee du saloum

Depuis quelques décennies, les phénomènes d’érosion occupent une place importante dans le lot des problèmes environnementaux majeurs qui agitent le Sénégal. Au cours des quatre dernières décennies les ressources naturelles du pays ont beaucoup souffert de la péjoration des conditions climatiques et de la pression anthropique. La région du Saloum qui jadis, au début du siècle dernier était épargné de ce phénomène est dans une phase de dégradation évolutive de son capital pédologique. Cette dégradation environnementale compromet par endroits toute tentative de développement économique et social dans la région. C’est la convergence de facteurs climatiques, pédologiques et anthropiques qui concoure à l’accentuation du phénomène dans la région.

Le climat de la région qui est de type soudano-sahélien à deux saisons fortement contrastées : une longue saison sèche (novembre à mai) et une saison des pluies (juin à octobre). La moyenne pluviométrique annelle de la série 1984-2013 repartie entre 60 et 45 jours de pluies est de 655,04mm. Durant la saison sèche, elle est balayée par des vents d’Est plus connu sous le nom de l’harmattan et en saison humide par la mousson atlantique. Ces différents paramètres climatiques continuent de façonner le paysage en une multitude de formes.

Sur le plan géomorphologique, le milieu est caractérisé par un relief plat, malgré la présence de bas plateaux. Cependant, il faut noter l’existence de dépressions ou bas fonds que constituent les point bas de la vallée. Les formations pédologiques restent largement dominées par sols ferrugineux tropicaux qui occupent les bassins versants qui forment la vallée. Elles sont colonisées par plusieurs formations végétales .

Du point de vue floristique, ce milieu présente une diversité d’espèces dominées par les combrétacées. La végétation est profondément influencée par les conditions pluviométriques et les actions anthropiques. Elle change selon les milieux cultivés ou non .On y trouve des forêts classées fortement agressées par les défrichements agricoles. En effet, il est certain que les conditions climatiques devenant de plus en plus défavorables, avec les sécheresses de 1968 ; 1973 et 1983, la topographie, et les propriétés physiques et chimiques des sols sont les causes fondamentales de la dégradation du milieu. Mais, la surexploitation de la terre par l’homme et ses animaux provoque de tout évidence la destruction du couvert végétal laissant le sol dénudé et très vulnérable à toutes les formes d’érosions.

Le département de Kaffrine, qui fut l’objet d’une colonisation agricole très intense, notamment avec la politique nationale de développement des cultures de rentes comme l’arachide qui continue aujourd’hui de fragiliser les ressources naturelles. Depuis lors, la région fut le centre du foyer d’extension du bassin arachidier avec l’ouverture des « terres neuves » du Saloum et l’avancé du front pionnier. Avec les vagues migratoires venues du centre et du nord, on assiste à une implantation de nouveaux villages le long de la route nationale et de la vallée sèche du Saloum. Cette augmentation de la population est source d’un déséquilibre entre les demandes en terre et la disponibilité de la ressource. De ce fait, le manque d’espace aidant, la règle est la pression sur la terre avec la réduction du temps de jachère voire même sa disparition.

L’introduction de l’homme dans cet écosystème, ajouté à la péjoration des conditions climatiques et à la fragilité des sols, l’équilibre du milieu a été profondément bouleversé (Figue1). De ce fait la terre s’érode, la fertilité baisse entrainant l’augmentation des superficies emblavées afin de répondre aux besoins d’une population sans cesse croissante. Cette situation, a plongé les localités situées le long de la vallée dans une crise agricole et pastorale qui se manifeste par la diminution des rendements et la baisse de la productivité des pâturages. Cette diminution de la capacité productive de la terre, engendre des conséquences néfastes dans le vécu quotidien de ces populations rurales. Ainsi, les revenus des paysans ont fortement baissés ; réduisant du coup la capacité des ménages à satisfaire leurs besoins fondamentaux.

Synthèse bibliographique 

La problématique de l’érosion, a toujours été une préoccupation pour les chercheurs et les organismes de recherche. L’érosion des sols, dont l’importance s’accroit depuis la dernière période de sécheresse a profondément bouleversé le capital pédologique du Sahel et particulièrement celui du Sénégal. Ce phénomène, mobilise aujourd’hui, les chercheurs, institutions internationales et les populations rurales. Ainsi, certains auteurs ont étudié l’histoire du peuplement de la région et d’autres ont mis l’accent sur la problématique de l’érosion des sols au Sénégal et dans le bassin arachidier. Par contre, l’état de dégradation des ressources pédologiques pousse beaucoup de chercheurs a lancé des appels pour la conservation de ces ressources, dont la reconstitution est très lente.

Le peuplement a commencé depuis le grand royaume du Saloum, dont le plus important des états vassaux était le Ndoucoumane fondé par la famille des Ndao originaire du Boundou était purement Wolof (Dubois 1975). « Ce peuplement sans doute clairsemé, s’arrêtait à la vallée du Saloum ». Mais il soutient que, dans le but de décongestionner le vieux bassin arachidier les autorités coloniales ont activement participé à l’organisation et l’encadrement de vagues migratoires en direction des terres neuves du Saloum. Cette grande marche vers l’est a été facilitée par l’arrivée du rail à Kaffrine. Elle est l’œuvre de grands dignitaires mouride et d’anciens cultivateurs du Baol et du Cayor et du Sine (Pelissier 1966). Copans J. (1980) dans son ouvrage, « les marabouts de l’arachide », abonde dans le même sens en montrant la dynamique spatiale des marabouts mourides défricheurs, dans l’extension du bassin arachidier. Ils se sont installés sur les bas plateaux du Continental Terminal, qui longent la vallée du Saloum.

Cette vallée, dont la géologie est profondément liée à l’histoire géologique du bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien. Les travaux de Michel P. (1973) sur « les bassins des fleuves Sénégal et de la Gambie », montrent à travers les données stratigraphiques les étapes de la mise en place du bassin ainsi que les matériaux détritiques qui composent les différentes séries marines. La thèse de Salif Diop soutenue en 1978 sur l’estuaire du Saloum et ses bordures (Sénégal), est une étude géomorphologique de la région. C’est une analyse de la géomorphologie globale de la région, qui met en relation le relief, les changements climatiques et la répartition des sols de la région. Mame Demba Thiam (1986) a étudié les épisodes climatiques qui ont abouti, à l’entaille de la vallée et à l’installation du réseau hydrographique. De ce fait, le modelé de la région a été fortement influencé par les éléments du climat.

Sur le plan climatique, la thèse de M. Leroux (1970) qui porte sur la dynamique des précipitations en Afrique de l’Ouest. Dans notre région, l’essentiel des précipitations est engendré par les lignes de grains qui génèrent le plus souvent des précipitations orageuses. En 2007, Sagna P., dans l’Atlas du Sénégal, a étudié les caractéristiques du climat dans la zone nord soudanienne. La variabilité interannuelle de ces précipitations influe sur la qualité des sols. Les précipitations orageuses exercent de réelles ablations des sols nus sans couverture végétale. C’est pourquoi le CILSS, (2009), nous explique que la dégradation des terres au sahel revêt un caractère complexe, où se mêle l’action de la nature notamment les sécheresses cycliques et celles des hommes. Cette étude met en évidence, la relative période humide qu’a connue la région entre 1968 et 1969, qui sera suivie par une longue période de déficit pluviométrique d’une vingtaine d’années, qui a profondément affecté les ressources végétales et pédologiques. Il s’y ajoute, une explosion démographique continue avec un taux d’accroissement naturel de l’ordre de 3% qui se traduit par une forte pression sur les sols avec comme conséquence la déstructuration du système traditionnel de production.

le milieu physique 

La géologie et le relief 

Le modelé actuel de la région est le résultat des fluctuations climatiques qui ont affecté le substratum géologique durant le quartenaire.

La géologie
La vallée du Saloum s’étend sur un vaste ensemble géologique, connu sous le nom de bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien d’âge secondaire tertiaire. Ce bassin qui couvre la plus grande partie du pays, repose en discordance sur les formations primaires (Maignien 1965). Son histoire géologique est marquée par une succession de cycles de transgressions et de régressions ou les fluctuations eustatiques et les oscillations climatiques du Quaternaire récent ont joué un rôle très important dans sa mise en place. Les données stratigraphiques, montrent que le bassin abrite des étages marins affleurants et sub-affleurants qui ont été formés du Maestrichtien au Miocène lors des transgressions marines (Michel 1973). Le Maestrichtien peut être rattaché au déblaiement de la première surface d’érosion et les formations détritiques du Continental Terminal proviendraient du déblaiement des produits d’altération de cette deuxième surface.

Ainsi les séries marines de l’Eocène, de la cuvette du Sénégal central ont été recouvertes par des épandages successifs de matériel détritiques sablo-argileux d’âge Pliocène (Tessier 1952), mio-pliocène (Michel 1960) cité par Fauck (1972). Ces dépôts qui couvrent la majeure partie du Saloum sont constitués de sable argileux à argilo-sableux avec la présence de niveaux gréseux à ciment ferrugineux. « Le faciès dominant est un gré hétérométrique, argileux, bariolé et azoïque. Les dépôts contiennent aussi des bancs d’argile kaolinique et des passés de gravillons ferrugineux » (Elouard, 1977). Avec des épaisseurs croissant d’Ouest en Est, elles avoisinent les 150m dans le Ferlo central. Elles sont souvent coiffées par des cuirasses ferrugineuses dans les parties supérieures notamment au Sud de la vallée sur l’axe Kaffrine -Nioro mais aussi à l’Ouest de l’axe Paffa-Khounakh. Ces différentes formations cuirassées sont datées du Pliocène supérieur (Michel 1960) et du Villafranchien (Elouard 1962) cité par Fauck (1972). Mais aujourd’hui le démantèlement de ces cuirasses par les différents éléments du climat est à l’origine de l’évolution du relief.

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Table des matières

Introduction
Synthèse bibliographique
Problématique
Méthodologie
Première partie : Présentation de la vallée du Saloum : de Kaffrine à Paffa
Chapitre I : Aspects physiques
Chapitre II : Cadre humain
Chapitre III : Les activités socio-économiques
Deuxième partie : Les causes et les manifestations de l’érosion des sols
Chapitre I : Les causes naturelles
Chapitre II : Les facteurs anthropiques
Chapitre III : Les différents types d’érosion
Troisième partie : Les conséquences de l’érosion des sols et les stratégies de lutte
Chapitre I : Les impacts écologiques
Chapitre II : Les impacts socio-économiques
Chapitre III : Les stratégies de lutte contre l’érosion des sols et leurs impacts 97
Conclusion générale
Bibliographie
Table des matières

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