Impact de la variabilité pluviométrique sur les activités socioéconomiques
L’économie Sénégalaise dépend essentiellement du secteur agricole. En effet, ce dernier est très sensible aux changements climatiques qui se manifestent surtout par une baisse pluviométrique. Les déficits pluviométriques enregistrés dans notre milieu d’étude affectent beaucoup les systèmes de production.
Impact sur l’agriculture
Les impacts de la variabilité pluviométrique sur l’agriculture se traduisent par un échec des rendements. La population sénégalaise n’échappe pas aux échecs de ces récoltes pour le développement du secteur primaire où « 96% des cultures sont tributaires de l’hivernage, soit directement (cultures sous pluie) soit indirectement (cultures de décrues) » Ndiaye.A, 2007. Ndong J.B, 1996 s’aligne dans ce même sens en affirmant que « l’agriculture traditionnelle s’est adaptée à ce milieu naturel fragile. Les paysans pratiquent deux types de cultures : la culture de décrue plus ou moins inondée et la culture sous pluie ».
Les cultures pluviales occupent des superficies variées selon les communes. Les fluctuations des productions céréalières telles que : le mil=souna (Pennisetum glaucum), l’arachide (Arachis hypogaea), le maïs (Zea mays) et le niébé (Vigna unguiculata), qui constituent la base alimentaire, ont fini par poser de nouveaux problèmes spécifiques. Et cela se manifeste par une baisse des productions agricoles.
Depuis la fin des années 1960, nous assistons à une précarité économique croissante et une baisse des rendements agricoles. Cela est dû à des sècheresses récurrentes (confirmées à 42,7% par la population) marquées par une chute du total pluviométrique mais aussi, par des pauses pluviométriques de plus en plus prolongées à l’intérieur même de l’hivernage. C’est ainsi à la question « observez vous des pauses pluviométriques ? », les populations répondent à 59,9% par ‘‘oui’’ contre 40,1% par ‘‘non’’.
Les cycles de croissance des cultures sont affectés dans sa phase de germination et dans sa phase de croissance. Partout la population déplore la diminution des rendements de certaines spéculations à l’instar de l’arachide et du mil qui connaissaient auparavant des rendements meilleurs.
Par ailleurs l’analyse du rapport entre la variabilité pluviométrique et les rendements concernent ici les trois décennies (1985-1994, 1995-2004, 2005-2014) de la série 1985-2014.
La production moyenne inter décennale de l’arachide (Arachis hypogaea) est plus soutenable que celle du mil et du maïs. Dans la fourchette 1985-2014, les quantités d’arachide produites sont plus importantes mais suivent une tendance décroissante du premier quinquennat au dernier. Quant aux moyennes pluviométriques, elles prennent l’effet inverse, en se caractérisant par une évolution globalement croissante des six quinquennaux.
Au moment où nous notons dans les trois premiers quinquennaux 1985-1989,1990-1994 et 1995-1999, de grandes quantités de productions moyennes d’arachides (87807, 76314 et 89426 tonnes) avec de faibles pluviométries respectives 644, 524 et 547mm, le troisième et dernier quinquennat enregistre la plus faible quantité de production (59429 tonnes) sur un maximum pluviométrique moyenne de 701mm. Cette évolution contradictoire des rendements par rapport à la pluviométrie montre que la variabilité pluviométrique n’a pas d’impacts majeurs sur les rendements de l’arachide. De ce fait, les facteurs de baisse des productions peuvent être trouvés en dehors du facteur de la variabilité pluviométrie.
Toujours avec une moyenne pluviométrique variable, la production moyenne décennale du maïs (Zea mays) évolue timidement du premier quinquennat 1985 1989 au troisième (1995- 1999), période pendant lesquelles nous enregistrons la plus petite production moyenne quinquennale (9844 tonnes) et la pluviométrie moyenne minimale (524mm). Mais à partir du quinquennat 2000-2004 jusqu’au dernier (2010-2014), le maïs connait une hausse de sa production moyenne. D’ailleurs, c’est dans cette période que nous avons le quinquennat (2005-2009) qui enregistre la plus grande quantité de production avec une excédante moyenne pluviométrique de 690mm. Cela montre que l’abondance de la pluviométrie a positivement impacté sur les productions de cultures du maïs.
Enfin le niébé (Vigna unguiculata) est une importante quantité mixte, emblavée tardivement au milieu de l’hivernage entre les épis de mil. Mais depuis la fin des années 1960, suite au raccourcissement de la saison culturale, les emblavements se réalisent maintenant en début d’hivernage pour s’assurer que les plantes arrivent au terme de leur cycle.
Malgré tous ces efforts, les productions se caractérisent par de très faibles quantités entre les campagnes agricoles des six quinquennaux de la série 1985-2014. D’ailleurs, dans le premier et deuxième quinquennat (1985-1989 et 1990-1994), les valeurs de la production moyenne du niébé sont manquantes ; alors que pour les quatre autres quinquennaux 1995-1999, 2000- 2004, 2005-2009 et 2010-2014, les campagnes agricoles de la production moyenne du niébé ne dépassent pas 500 tonnes. Cependant, en dépit de ces faibles productions la pluviométrie moyenne est soutenable (variant entre 524mm de minimum et 701mm de maximum). Cela montre que d’autres facteurs, autres que la variabilité pluviométrique, ont impacté sur la baisse des rendements de la culture du niébé.
Les effets indirects de la variabilité pluviométrique
Au moment où certaines variations des spéculations (arachide, mil, maïs, niébé…) sont en corrélation avec la pluviométrie, d’autres facteurs peuvent intervenir sur l’évolution des productions agricoles. Ce qui fait que les effets indirects de la variabilité pluviométrique sont conçus par les populations. En effet, en plus de la variabilité pluviométrique, nombreux sont les pays qui déplorent la cherté et l’insuffisance des facteurs de production (semences, engrais, produits phytosanitaires…) qui entrainent une faible production, contribuant ainsi au manque de motivation des populations à renouveler ou accroitre les superficies emblavées. Globalement, cette insuffisance des facteurs de production est confirmée à 52,1% par la population de Wack Ngouna. Sur les 21 villages enquêtés, huit villages affirment à 100% l’insuffisance de l’engrais et des semences, suivis de Ngomène (87,5%), Merella Yoro (83,3%) et Medina Thiamène (80%). Keur Mamadou Mama soutien moins cette thèse avec 33,3% des réponses. Le manque de matériels agricoles ou sa vétusté influe aussi sur l’amélioration ou non des rendements. Comme le témoigne un cultivateur au passage de nos enquêtes qu’ « à chaque début d’hivernage et par faute de moyen, il attend jusqu’à ce que ses voisins paysans terminent avec leurs machines (semoirs) pour qu’il puisse les emprunter ». Le tableau 7 confirme la vétusté du matériel agricole avec 88,4% contre 11,6% pour ceux qui disent avoir disposé de matériel neuf. En plus, d’autres facteurs sont soulevés par les populations comme la divagation des troupeaux dans les champs de culture et les invasions d’oiseaux et criquets pèlerins pouvant être responsable de mauvaises récoltes. La croissance démographique où beaucoup de champs sont transformés en maisons et infrastructures, réduisent les superficies cultivables. Avec de plus en plus d’habitations, la marge de redéploiement des espaces agricoles devient de plus en plus faible. Ce phénomène est beaucoup plus senti au niveau des villages de Wack Ngouna et de Keur Mamadou Mama, donnant respectivement 39% et 33%. A cela s’ajoute la culture intensive, qui ne laisse aucune occasion à la terre de se reposer (disparition de la pratique de la jachère). Ainsi, à la question « pratiquez-vous la jachère ? », la réponse donne 71,8% ‘‘non’’ contre 28,2% ‘‘oui’’.
Le manque de main d’œuvre agricole se manifestant par le désintéressement des jeunes du secteur primaire entraine le phénomène d’exode rural. Ainsi ce dernier qui est devenu aujourd’hui la règle principale vers Dakar et à un degré moindre vers d’autres régions conduit à l’abandon des champs. Sur notre échantillonnage de 337 ménages enquêtés, les réponses confirment à 22,7% le manque de main d’œuvre comme facteurs de production, alors que la croissance démographique a été soutenue 10,8%.
Par ailleurs l’évolution des productions agricoles peut être perçue par la négligence et/ou la passivité de l’Etat. Comme par exemple la réduction voire suspension des subventions accordées au monde rural, mais également la mise en application des politiques d’ajustement structurales à l’image du programme d’ajustement du secteur agricole (PASA) en 1984. Par compte, l’Etat, de par ses politiques spontanées de développement agricole visant parfois l’autosuffisance alimentaire, peut jouer sur l’amélioration des rendements agricoles. A titre d’exemple, nous avons la GOANA qui a eu des effets positifs entre 2008 et 2010.
Les impacts sur l’élevage
L’élevage constitue la deuxième activité socio-économique derrière l’agriculture au niveau de la commune de Wack-Ngouna. Ces deux activés se caractérisant par une interdépendance, qualifient la population d’agropasteurs car 70% des villages disposent de pâturages naturels (aires de pâturages et zones de parcours), PLD 2012. En plus, cette corrélation s’explique aussi par le fait que les paysans utilisent pratiquement les animaux pour les travaux champêtres. C’est pourquoi ils (enquêtés) répondent « oui » à 92,3% à la question « pratiquezvous l’élevage ? ». En dépit des avantages notés, le secteur de l’élevage rencontre des difficultés majeures liées à la péjoration climatique qui se traduit par un déficit pluviométrique. Et cela se manifeste par les difficultés d’abreuvement et d’alimentation du bétail. En ce qui concerne l’abreuvement du bétail, les principales sources d’alimentation sont les eaux de surface et les nappes souterraines. Ainsi la diminution des pluies pendant l’hivernage peut entrainer des difficultés de recharges des réserves d’eaux qui vont, sans nul doute impacter sur l’approvisionnement en eau du bétail. En effet, l’ensablement des mares en corrélation avec la faiblesse des pluies font qu’elles tarissent rapidement et n’assurent que trois (03) à quatre (04) mois d’abreuvement du bétail. Cela se confirme par la question « quelle est la durée des mares ?», 60,5% des enquêtés répondent par 3 mois et 33,2% soutiennent 4 mois. Ceux qui donnent leur avis sur les 5 mois ne comptent que 6,2% de l’échantillonnage enquêté.
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Table des matières
Introduction générale
Synthèse bibliographique
Problématique
Cadre conceptuel
Méthodologie
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU MILIEU
Chapitre 1 : Le cadre physique
Chapitre 2 : Le cadre humain
DEUXIEME PARTIE: IMPACT DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE
Chapitre 1 : Impacts de la variabilité pluviométrique sur les ressources naturelles
Chapitre 2 : Impacts de la variabilité pluviométrique sur les activités socioéconomiques
TROISIEME PARTIE : LES STRATEGIES D’ADAPTATION
Chapitre 1 : L’action des ONG et de l’Etat dans les adaptations des populations aux variations pluviométriques
Chapitre 2 : L’action des populations dans les stratégies d’adaptation
Conclusion générale