Le réchauffement global (global warning) est un sujet à la mode. L’Afrique de l’Ouest, particulièrement le Sahel, a connu dans les années 1970 à 1990 une sécheresse sévère et continue. Le Sahel est passé de conditions humides (entre 1950 et 1960) à des conditions beaucoup plus sèches (entre 1970 et 1990). Ce déficit inter-décennal constitue l’un des plus forts au 20ème siècle. De fortes variations interannuelles se sont superposées, avec comme conséquence l’aggravation des impacts environnementaux et socio-économiques. L’ensemble du cycle de l’eau a été affecté, entraînant ainsi des conséquences désastreuses sur l’agriculture et la sécurité alimentaire.
L’histoire du continent africain est ponctuée de fluctuations climatiques ayant entraîné des conséquences sur l’environnement (sécheresses, inondations, désertification).Les modifications engendrées par ces événements de durée et d’intensité variables sont particulièrement remarquables dans la région intertropicale, notamment sous climat semiaride, où les interactions entre la biosphère, l’atmosphère, l’hydrosphère et la géosphère sont assez complexes (Leroux, 2001). Plusieurs facteurs explicatifs de cette variabilité à grande échelle spatiale ont été évoqués. Des études ont permis de mieux comprendre la dynamique climatique régissant la mise en place de la saison des pluies et les différentes perturbations liées aux interconnexions entre les températures de surface de l’océan, l’atmosphère et les écosystèmes naturels.
Au Sahel, les variations climatiques d’une année à l’autre, de même que les changements des conditions climatiques moyennes, sont souvent perçus à travers l’analyse des séries pluviométriques (Le Lay et Galle, 2005). En effet, la répartition interannuelle et intra-annuelle des pluies est la résultante des variations de l’activité météorologique qui met en jeu; océan, continent et atmosphère. Les variations climatiques d’une année à l’autre sont effectivement perçues à travers l’analyse des séries pluviométriques, «facteur essentiel de différenciation en milieu tropical» (Arlery et al, 1973). La pluviométrie constitue un facteur climatique fondamental dont l’importance se traduit par la disponibilité des ressources en eau et par conséquent les retombées socio-économiques dont les rendements agricoles qui en dépendent (Sultan et Janicot, 2006) .
Au Sénégal par exemple, l’agriculture représente la principale activité du secteur primaire. Elle constitue un secteur de création de richesse et de réduction de l’insécurité alimentaire, en particulier pour les populations rurales. Cependant, ces performances demeurent limitées par sa dépendance à un régime pluviométrique irrégulier. Depuis quelques décennies, les retards de pluies, les pauses pluviométriques et les fins précoces des saisons sont les caractéristiques manifestes de la pluviométrique dans ce pays. L’existence d’une seule saison de pluie appelée hivernage et la dépendance de la population sénégalaise et particulièrement celle de la Casamance à l’agriculture pluviale montrent l’importance des impacts environnementaux et socio-économiques que peut entraine une variabilité pluviométrique. Ainsi, la compréhension et l’adaptation des populations aux effets de la variabilité pluviométrique pour lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire s’avère être fondamentale. Car, une connaissance des dates de début et de fin saison de saison, des risques des débuts tardifs et des fins précoces, peut aider les agriculteurs dans le choix des moments de semences et des variétés à semer pour minimiser les risques climatiques.
Synthèse bibliographique
L’appréhension de notre sujet de recherche s’est basée sur plusieurs ouvrages, thèses, des articles mais aussi sur des documents officiels. Ainsi pour mieux saisir les contours de notre sujet plusieurs domaines de la géographie ont été nécessaires.
Sur le plan géologique : La Casamance a fait l’objet de nombreuses études géologiques. La part, essentielle prise par le Quaternaire, en particulier à l’Holocène Moyen ou Nouakchottien, pour l’évolution géologique, a été soulignée par de nombreux auteurs (Vieillefon, 1974), (Sall, 1983) et (Pimmel, 1984). Le Quaternaire récent est surtout, marqué par les variations du niveau marin et par les changements climatiques à partir de 30 000 BP. A cette époque, débute une importante régression marine. Le niveau marin va atteindre sa cote minimale (- 120 m) entre 20 000 et 17000 BP (maximum glaciaire Würm). Durant cette période, le fleuve Casamance entaille profondément son lit. Le climat devient aride et les grandes dunes Ogoliennes envahissent la majeure partie du Sénégal (18000- 15000 BP). Au quaternaire, le Sénégal présente quatre grands golfes dont le plus méridional est celui de la Casamance (Michel, 1960). Lors de la transgression Nouakchotienne dont le maximum se situe vers 5 500 B.P, la mer s’étale sur une largeur de 75 km entre le Diouloulou et la frontière de Guinée Bissau puis pénétrer dans les vallées du fleuve et de ses divers affluents (Soungrougrou, Baïla, Bignona, Kamobeul…). Cette transgression avait porté le niveau de la mer à plus d’un mètre au-dessus du niveau actuel. Durant cette période, la sédimentation est essentiellement marine. La mer a laissé des dépôts sableux qui forment des terrasses et qui constituent parfois des îlots au milieu des alluvions plus récentes. Après le Nouakchottien un courant Nord- Sud de dérive littorale ferme le Golfe de la Casamance vers 3900 – 3500 B.P. par une série de cordons littoraux. Des forages profonds ont montré l’enfoncement des structures au niveau du fleuve Casamance, accentué à Ziguinchor, et un relèvement en direction de l’anticlinal gambien, remontée qui explique l’absence de l’Oligocène à Baïla et la disparition de l’Éocène Supérieur vers le Nord-Ouest. Après la régression qui a suivi le Miocène, il se dépose un sédiment détritique qui correspond à la formation appelée Continental Terminal. Selon (Michel, 1971), les dépôts du Continental Terminal ont été modelés en glacis au cours d’une période aride. Le modelé du glacis, qui marque nettement le paysage en Haute et en Moyenne Casamance, disparait dans la basse vallée pour laisser place à des plateaux mollement ondulés. La Casamance constitue, du point de vue géologique, la partie méridionale du bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien, l’un des plus vastes bassins du littoral ouest africain selon (Saos et al, 1987) .
Sur le plan géomorphologique : Si Fli-coteaux et al, (1974) considèrent que la formation des sédiments du continental terminal provient d’une altération importante in situ de sédiments marins, cette idée ne fait pas l’unanimité. Les sédiments du continental terminal de la Casamance sont composés de grès argileux bariolés interstratifiés de couches d’argiles. Ces matériaux seraient originaires des régions plus élevées, à l’Est du bassin (Fouta Djalon) et se seraient déposés sous l’action d’un climat tropical a tendance subaride (Vieillefon, 1977). Les formations géomorphologiques observées actuellement, peuvent être expliquées par une série de régressions et de transgressions marines. Elles ont permis, les unes le creusement des vallées en « doigt de gant » dans les plateaux, dont la base atteint 30 mètres par rapport au zéro actuel, et le découpage des terrasses mises en place lors de périodes transgressives intermédiaires, les autres la construction des terrasses sableuses de diverses altitudes, et le remplissage de l’ensemble par des sédiments sablo-vaseux (Pimmel, 1984) .
Sur le plan pédologique : Du point de vue pédologique, la totalité de la région de la Casamance est aujourd’hui Cartographiée. Selon (Dieng, 1965) Les derniers sédiments déposés en milieu continental, consolidés en grés argileux bariolés, interstratifiés à argiles à dominante kaolinitique, forment le « Continental Terminal » de faciès sidérolithiques. Dans la Carte pédologique du Sénégal (Maignien, 1965), affirme quant à lui qu’à ce jour au Sénégal, l’inventaire des sols reconnus montre que 7 classes sur 10 sont représentées, se distribuant entre 16 groupes, eux-mêmes ventilés en 53 familles). Dans cette étude, l’auteur a réussi à en évidence trois zones pédologique
– Régions sahéliennes se caractérisant par la présence des sols subarides ;
– Régions soudaniennes avec des sols ferrugineux tropicaux ;
– Régions guinéennes avec des sols ferralitiques.
Cette répartition montre l’action primordiale du climat et de la végétation sur le développement de ces sols. La sédimentation a varié localement, mais dans l’ensemble ce sont des sables argileux bariolés rougeâtres, blanc jaunâtre, contenant des grains de quartz de tailles diverses. Des bancs de sable ou de grès ferrugineux s’intercalent parfois dans ces formations. Cette sédimentation s’est effectuée au Miocène sous un climat à tendance subaride. Les rivières charriaient des sables grossiers peu triés ou des sables grossiers mélangés à de l’argile. Lors des périodes plus humides, les dépôts étaient plus argileux.
Des études approfondies ont été réalisées en particulier sur les sols de plateaux du Continental Terminal (Fauck, 1973).
Sur le plan climatologique : Jusqu’à la fin des années 50, la pluviométrie moyenne annuelle était d’environ 1500mm en Casamance. Depuis lors, on constate une tendance à la diminution avec des périodes de grande sécheresse (l968, 1972, 1977, 1980 et 1983). En examinant les pluviométries moyennes annuelles, on constate une tendance à la réduction des précipitations du sud au nord et d’ouest en est. Habituellement, la saison des pluies durait cinq mois (juin, juillet, août, septembre et octobre. Mais ces deux dernières décennies, on note sur l’ensemble de la région une contraction de l’hivernage qui ne dure plus; que quatre voire trois mois certaines années. Ce déficit pluviométrique a fait l’objet de plusieurs études. Pour (Leborne, 1986), la sécheresse de 1968 constitue le début de la longue sécheresse en Sénégambie, cela en dépit des pluies excédentaires notées en 1969. Après cette année commence la période de sécheresse la plus longue, la plus intense, la plus étendue qu’ait connue la région depuis le début des mesures et, avec elle, toue l’Afrique boréale au sud du Sahara. Exceptionnelle dans sa persistance et son intensité, elle autorise tous les superlatifs. Aucun des précédents n’avait dépassé quelques années alors que cette sécheresse atteignait dix-huit ans en 1985. L’intensité varie d’une année à l’autre, avec, cependant, une évolution générale vers l’aggravation. La Casamance, certaines années, ne reçoit pas la moitié de sa normale. Quatre années ont été particulièrement déficitaires: 1972, 1977, 1983 et 1984. En 1977, l’intensité est comparable et la sécheresse n’affecte plus seulement le nord mais toute la zone côtière jusqu’en Casamance, avec des déficits de 49% à Ziguinchor et 48% à Kolda. Seule la région de Kédougou, avec plus d’un mètre d’eau, n’est déficitaire que de 12%. A des degrés divers, le phénomène est perçu partout entre Sahara et équateur, y compris dans les pays de la bordure côtière, mais avec une répartition irrégulière dans le temps. Cette sécheresse particulièrement grave s’inscrivait dans une dynamique de forte baisse pluviométrique généralisées et très accusées au cours des trois dernières décennies en Haute- Casamance, comme partout d’ailleurs au Sénégal (Ndong, 1996). Pour mieux comprendre le processus climatique qui est à l’origine de la sécheresse qui sévit le sahel, (Leroux, 2000), a exploré quant à lui la circulation des vents tropicaux. Des études à des échelles petites ont été menées pour mieux comprendre la variabilité climatique et ses agissements sur les activités humaines. C’est ainsi que (Sané, 2003), a mis l’accent sur l’évolution climatique en haute Casamance. Selon lui cette partie de la Casamance se caractérise par une modification significative des paramètres climatiques parmi lesquels la pluviométrie. La forte diminution de la pluviométrie dans cette localité montre que ce paramètre est le plus affecté par la variabilité climatique. L’irrégularité des répartitions annuelles et mensuelles des précipitations et l’hétérogénéité de leur distribution spatiale constituent les caractéristiques essentielles du climat en haute-Casamance. La comparaison des différents éléments du climat montre une évolution climatique nette qui se caractérise par une diminution spatio-temporelle des totaux annuels en dépit du retour des pluies noté ces dernières années. Les conditions thermiques au Fouladou connaissent une hausse contrairement aux précipitations. Cette péjoration des conditions climatiques a des répercussions graves sur les activités agricoles.
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Table des matières
Introduction
Synthèse bibliographique
I-Problématique
I-1 Contexte
I-2 Justification
Objectifs
I-4 Hypothèses
II- Cadre théorique et conceptuel
III- Méthodologie
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION PHYSIQUE ET HUMAINE DE LA COMMUNE DEBONCONTO
Chapitre I : Présentation physique du milieu d’étude
Chapitre II : Présentation humaine du milieu d’étude
DIEUXIEME PARTIE : ANALYSE DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE
Chapitre III : Analyse des fluctuations pluviométriques
IV-Evolution mensuelle des pluies
TROISIEME PARTIE : IMPACTS DE LA VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE SUR LA PRODUCTION AGRICOLE ET LES STRATEGIESD’ADAPTATION
Chapitre V : Impact de la variabilité pluviométrique sur les productions agricoles
Chapitre VI : Les stratégies d’adaptation
Conclusion générale
Références bibliographiques