Les objectifs finaux
Les objectifs finaux de la politique économique ont été schématisés sous forme d’un carré par Nicolas Kaldor13. Les objectifs fixés sont : la croissance réelle du PIB, le plein emploi des facteurs de production, la stabilité des prix et enfin l’équilibre des échanges extérieurs. En reliant les objectifs cités ci-dessus, il en ressort un quadrilatère. Selon cet économiste britannique, la croissance réelle du PIB devrait se chiffrer à 5% l’an, le taux de chômage devrait être nul, le taux d’inflation annuel sera aussi nul et le solde de la balance des paiements en pourcentage du PIB devrait également être nul ou positif. Le carré magique est obtenu quand ces quatre objectifs principaux sont atteints. Par ailleurs, de cette représentation graphique découle la relation inverse entre l’inflation et le taux de chômage évoqué par la courbe de Phillips ainsi que la relation inverse entre la croissance du PIB et le taux de chômage. Les expériences au cours des années ont montré que la promotion de la croissance économique et l’emploi se traduit par l’inflation et un déséquilibre extérieur d’où la remise en question de ses objectifs fixés dans les années 80. En plus, il y a une forte corrélation entre la stabilité des prix et le taux de change car l’augmentation des prix entraîne d’abord la baisse du pouvoir d’achat de la monnaie domestique mais aussi l’offre de celle-ci contre les devises sur le marché qui détériore le taux de change. C’est la raison pour laquelle les objectifs finaux convergent vers un objectif unique, « la stabilité des prix » « On peut parler de la stabilité des prix si, en moyenne, les prix n’enregistrent ni une hausse ni une baisse mais demeurent stables dans le temps »14 Additionnée à la précédente, la définition de la Banque Centrale Européenne qui stipule que « la stabilité de prix est définie comme une progression sur un an de l’indice des prix à la consommation harmonisé inférieure à 2% »15. Certains pays utilisent le simple indice des prix à la consommation. Les autorités monétaires ne peuvent pas agir directement sur ces objectifs finaux mais elles doivent suivre l’évolution de certaines variables liées avec cet objectif et qui peuvent-être contrôlées par les autorités elles-mêmes.
Les différents types d’inflation selon ses taux
En tenant compte de ses taux, il existe notamment trois types d’inflation 29: l’inflation rampante, l’inflation ouverte, l’inflation galopante ou l’hyperinflation.
i- L’inflation rampante : L’inflation est qualifiée de latente si son taux est inférieur à 5%. Ce type d’inflation est caractérisé par une hausse périodique des prix causée par une augmentation de la demande qui est légèrement supérieure à l’offre ou aussi due à l’insuffisance de la production qui ne suit pas une amélioration du revenu par exemple.
ii- L’inflation ouverte :Ce type d’inflation se distingue par un taux compris entre 5 à 10%. Elle débute dès l’observation d’une hausse des prix constatée par les agents économiques et ils anticipent de nouvelles hausses dans le futur.
iii- L’inflation galopante ou l’hyperinflation : Cette inflation est désignée par un taux très élevé c’est-à-dire un taux d’inflation de deux chiffres et qui échappe à tout contrôle. Des auteurs ont travaillé sur ce mal économique et ont émis les interprétations ci-après : d’abord, Agenor30 définit l’hyperinflation comme « une inflation dont le taux dépasse 20% par mois, soit 792% par an » et Mourougane31, « une forte inflation se traduit en général par une variabilité de l’inflation plus importante. Il en résultera une augmentation de l’incertitude concernant l’inflation future et une baisse de l’information contenue dans les prix relatifs. » Ce mal économique incontrôlable a déjà frappé Madagascar, en 1995, avec un taux d’inflation annuel d’environ 50%.
Eviter une répartition injuste des richesses
La maîtrise de la stabilité des prix maintient les taux d’intérêt nominal et réel à un niveau faible et stable. Cependant, une inflation mal anticipée peut engendrer un déplacement de richesse des prêteurs vers les emprunteurs, des épargnants vers les investisseurs par l’intermédiaire du canal du taux d’intérêt réel. Selon la relation de Fisher qui s’écrit de la manière suivante :
1 + r = (1 + i) (1 + p) [5] dans laquelle r représente le taux d’intérêt réel, i le taux d’intérêt nominal et p l’inflation constatée ou anticipée, un taux d’inflation supérieur au taux d’intérêt nominal donnera un taux d’intérêt réel négatif. D’après l’égalité [5], le pouvoir d’achat des agents prêteurs chutera alors que celui des agents emprunteurs aura progressé. Ce transfert diminue la valeur de la dette publique donc c’est un profit pour le pouvoir public. Néanmoins, ce déplacement de richesse est dommageable dans le long terme d’après les libéraux du fait qu’il nuit à l’épargne pourtant aucun investissement ne peut se faire sans épargne préalable.
Le ciblage monétaire
Le ciblage monétaire était initié par les monétaristes dans les années 70 pour lutter contre l’inflation. Il a pour nature d’utiliser les agrégats monétaires comme objectif intermédiaire pour atteindre l’objectif final36 de stabilité des prix. Le principe de cette méthode repose sur la règle que la masse monétaire doit avoir à un taux d’accroissement constant pour fixer les anticipations de faible inflation. Tel est le cas dans les pays européens qui définissent un objectif annuel de croissance de l’agrégat monétaire de référence, en particulier la base monétaire puis l’agrégat M3, aux alentours de 3% ou parfois avec un plafond et un plancher. Pour eux, la demande de monnaie résulte du lien entre la croissance monétaire et l’inflation. Tant que la demande de monnaie a une stabilité avec l’inflation alors cette stratégie permet de cibler de manière indirecte le taux d’inflation. Ce qui permet d’avancer que les bases théoriques monétaristes du ciblage monétaire reposent sur l’hypothèse d’un lien étroit entre la masse monétaire et l’inflation. Néanmoins, avec l’essor de la libéralisation financière, l’objectif intermédiaire de croissance monétaire demeure insuffisant pour assurer la stabilité des prix puisque la célérité monétaire s’en est trouvée modifiée.
Analyse de la décomposition de la variance
Pour mieux discerner la transmission des chocs du taux de change et des chocs de la base monétaire sur l’inflation, nous faisons recours à la décomposition de la variance. Le tableau 05 ci-dessous présente un résumé de la décomposition de la variance de l’inflation. Cette décomposition montre quelle part de la variance des erreurs des variables endogènes est due à chacun des chocs pour des horizons différents. Selon ce tableau, pour des horizons de 12 trimestres, les chocs de la base monétaire dominent toujours les chocs du taux de change effectif nominal. A 24 trimestres, la part des chocs du taux de change nominal reste proche de 19% alors que celle de la base monétaire est de 65%. Ces résultats nous montrent que les chocs du taux de change ne jouent pas un rôle prépondérant par rapport aux chocs de la base monétaire dans la détermination des prix à Madagascar. De plus, l’administration des prix de certaines composantes du panier de l’indice des prix à la consommation, faite de sorte que l’impact de la hausse notable des prix de certains produits importées, notamment, le pétrole, le riz n’est que partiel sur les produits locaux et ce en relation avec les subventions qu’accorde l’Etat à ce type de produits.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CONCEPT THEORIQUE DE LA POLITIQUE MONETAIRE
CHAPITRE I : CADRE D’ANALYSE DE LA POLITIQUE MONETAIRE
Section 1 : Revue de littérature
1.1 L’analyse de l’Ecole Classique
1.1.1 La Théorie Quantitative de la Monnaie (TQM)
1.1.2 La loi de Jean Baptiste SAY
1.1.3 La théorie de l’Ecole de Cambridge
1.2 La conception de l’Ecole keynésienne
1.3 La thèse de l’Ecole Monétariste
1.4 La version des Post-keynésiens
Section 2 : Les objectifs et les instruments de la politique monétaire
2.1 Les objectifs finaux
2.2 Les objectifs intermédiaires
2.3 Les instruments de la politique monétaire
2.3.1Les instruments directs
2.3.2 Les instruments indirects
2.4 Les canaux de transmission de la politique monétaire
2.4.1 Le canal du taux d’intérêt
2.4.2 Le canal des prix d’autres actifs
2.4.3 Le canal du crédit
2.4.4 Le canal des anticipations
CHAPITRE II : L’OBJECTIF DE LA STABILITE DES PRIX
Section 1 : Les analyses relatives à la stabilité des prix
1.1 La classification de l’inflation
1.1.1 Les différents types d’inflation selon les causes
1.1.2 Les différents types d’inflation selon ses taux
1.2 Les apports de la maîtrise de la stabilité des prix
1.2.1 Eviter une répartition injuste des richesses
1.2.2 Stimuler les choix pour la détention d’espèces
1.2.3 Préserver une mauvaise redistribution du patrimoine
Section 2 : Les méthodes et politiques d’action de la politique monétaire
2.1 Les différentes méthodes de la politique monétaire
2.1.1 Le ciblage du niveau des prix
2.1.2 Le ciblage de l’inflation
2.1.3 Le ciblage monétaire
2.2 Les politiques d’action adoptées par la Banque Centrale
2.2.1 La politique de règle
a- Les règles simples
b- Les règles d’optimisation
2.2.2 La politique discrétionnaire
CHAPITRE III : LA TRANSMISSION DE LA VARIATION DU TAUX DE CHANGE SUR L’INFLATION
Section 1 : Evolution théorique des effets de la variation du taux de change sur l’inflation
Section 2 : Les étapes et impacts de la transmission de la variation du taux de change sur l’inflation
2.1 La transmission aux prix des biens importés et aux prix à la consommation
2.1.1 La transmission aux prix des biens importés
2.1.2 La transmission aux prix à la consommation
2.2 Les impacts de la transmission de la variation du taux de change sur les prix
2.3 Les facteurs affectant les mouvements de transmission
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE EMPIRIQUE DES EFFETS DES CHOCS DU TAUX DE CHANGE EFFECTIF NOMINAL ET DE LA POLITIQUE MONETAIRE SUR L’INFLATION A MADAGASCAR DE 1997 – 2010
CHAPITRE I : APERCU DE LA POLITIQUE MONETAIRE DE LA BANQUE CENTRALE MALAGASY
Section 1 : Le régime de la politique monétaire malagasy
1.1 Les attributions de la Banque Centrale de Madagascar
1.2 Les objectifs de la politique monétaire à Madagascar
Section 2 : L’élaboration de la politique monétaire
2.1 Les instruments utilisés
2.1.1 Les réserves obligatoires
2.1.2 Le taux directeur
2.2 Les opérations menées sur le marché monétaire
2.2.1 La notion de déséquilibre de la liquidité bancaire
2.2.2 L’Allocation théorique Neutre
2.2.3 Les formes d’intervention sur le marché monétaire
CHAPITRE II : GENERALITES SUR LES VARIABLES MACROECONOMIQUES DE MADAGASCAR DE 1997 A 2010
Section 1 : Dynamique de l’inflation à Madagascar
1.1 La mesure de l’inflation
1.1.1 L’indice des prix à la consommation
1.1.2 Le déflateur du PIB
1.1.3 Les glissements
1.1.4 Les évolutions en moyenne
1.2 Evolution récente de l’inflation (IPC) à Madagascar (glissement annuel)
Section 2 : Evolution des variables macroéconomiques de Madagascar
2.1 Evolution de la base monétaire(en glissement annuel)
2.3 Evolution du taux de change effectif nominal
CHAPITRE III : ETUDE DES IMPACTS DES CHOCS DU TAUX DE CHANGE EFFECTIF NOMINAL ET DES CHOCS DE LA POLITIQUE MONETAIRE SUR L’INFLATION
Section 1 : Présentation du modèle théorique et des données
1.1 Le modèle théorique de base
1.2 Les sources de données utilisées
1.3 Test de stationnarité des variables
Section 2 : Tests et analyse des résultats
2.1 Analyse de la cointégration
2.2 Estimation du modèle à correction d’erreur
2.3 Analyse des résultats
2.3.1 Impacts des chocs du taux de change sur l’inflation
2.3.2 Impacts des chocs de la base monétaire sur l’inflation
2.4 Analyse de la décomposition de la variance
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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