Ville côtière
La notion de ville est un concept polysémique qui favorise l’intervention de plusieurs auteurs. En plus de cette polysémie, le terme de ville renvoie du point de vue géographique à deux sens :
Au plan spatial : la ville renvoie à une agglomération caractérisée par une certaine densité de l’habitat, de l’effectif de population, de l’aspect morphologique, et une très forte occupation du sol.
Et au plan fonctionnel : la ville est un lieu d’échange, un nœud de flux de personnes, de capitaux, de marchandises, d’informations, etc.
C’est dans ce contexte que les auteurs: R. Cosinschi et J. B. Racine définissent la ville comme : « un ensemble morphologique, physionomique, social et culturel différencié, fonctionnellement intégré dans un réseau hiérarchisé de complémentarité lui permettant d’organiser sa région et l’intégrer dans l’économie globale ». Cette définition de la ville laisse entrevoir qu’elle est une zone urbaine fortement peuplée dans laquelle se rencontre la majorité des activités humaines d’un pays. Tandis que dans le dictionnaire de Pierre George et de Fermand Verger la ville est définie comme : « un groupement de population agglomérée défini par un effectif de population et par une forme d’organisation économique et sociale. Suivant les conventions statistiques de chaque pays, la désignation de ville est appliquée à des groupements au moins 2000 habitants. Ces groupements ont pour base le rassemblement d’activités différentes qui lui-même a pour conséquence la formation d’une société complexe ou urbaine ». Cette pluralité de définitions concurrente témoigne en réalité de la polysémie du mot. Cependant cela ne saurait être un prétexte pour ne dire que quelle que soit la définition considérée, elle rend compte de l’importance de la population, d’un espace géographique, d’une concentration d’activités et d’une économie participant qui assure une harmonie et un bien-être social. On comprend à travers ces définitions que la ville est un milieu physique caractérisé par une forte concentration de populations, d’activités humaines avec un système de relation de flux et fonction diverses : habitat, commerce, administration, industrie, éducation, politique, culture, transport, loisirs. En somme, la ville est un système complexe, c’est-à-dire un ensemble d’éléments en interactions dynamiques comprenant des sous-ensembles qui n’évoluent pas au même rythme ni de la même matière. Dans Le dictionnaire de géographie de Pierre George, la côte est définie comme étant une bande de terrain où le continent entre en contact avec la mer ou l’océan. De manière succincte, au regard des définitions reçues de la ville et de la cote, on peut déduire que les villes côtières sont des villes situées au bord de la mer dont leur essor est dû à l’avènement des activités halieutiques.
Défis / Enjeux de l’activité de pêche
Sur le plan économique Le secteur de la pêche est étroitement lié à la zone côtière par-dessus tout à la pêche maritime. Ce secteur joue un rôle prépondérant dans l’économie nationale des pays en voie de développement. Leur contribution au PIB (3,2%), à la balance commerciale, l’emploi, à la sécurité alimentaire etc., justifie l’importance de son apport aux indicateurs macroéconomique et sociaux. Selon ANSD dans rapport sur la Situation Economique et Sociale de la région de Thiès (SES-Thiés-2017), la pêche occupe une place privilégiée dans les stratégies et politique pour le développement du pays. Car, en 2015, la pêche occupait le premier poste d’exploitation avec 194 ,6 milliards de francs CFA, correspondant à 20,8% des recettes nationales et 3,2 du PIB. Selon l’ANSD, l’intérêt accordé à ce secteur se traduit par des investissements publics et privés importants. Malgré son rôle incontestable dans l’économie du pays, le secteur de la pêche est en crise ces dernières années. Ces crises sont liées à la surexploitation des ressources halieutiques qui est amplifiée par les navires étrangers qui fréquentent les côtes sénégalaises; à la surcapacité de capture et de traitement à terre et à des investissements mal orientés. Cette situation a comme effet la rareté de certaines espèces de poissons, la baisse des captures (production), la baisse de revenus des acteurs du secteur, une chute de l’emploi qui induit à une baisse des revenus des ménages, réduction du niveau d’achat ainsi que la baisse de la contribution économique et financière du secteur. Les contraintes de cette activité constituent un frein pour le développement de la commune de Joal-Fadiouth qui est une ville dont la pêche représente l’activité dominante. Toute l’économie de la ville tourne autour de la pêche. Si cette activité est confrontée à des difficultés, cela se répercute sur presque toutes les autres activités. Elle détient le monopole de l’économie de la ville. Vu l’importance que porte cette activité sur le plan national et les problèmes que rencontrent celle-ci, l’Etat du Sénégal inquiet de cette situation décide de mettre en place un projet de création de cinq aires marines protégées (AMP) que sont : AMP de Saint-Louis, Kayar, Banboung, Abéné et de Joal-fadiouth. C’est un projet de valorisation économique et sociale au profil du développement endogène des communautés locales. Dans ce projet, l’aire marine protégée est défini comme un espace délimité par la loi où les animaux, les plantes et les ressources culturelles et historiques sont protégées. Autrement dit, c’est un habitat, une zone d’alimentation et de reproduction d’animaux (poissons, coquillages, tortues, oiseaux…) L’AMP de Joal-Fadiouth est mise en place en 2004 par le décret n° 2004- 1408. Elle s’étend sur une superficie de 174Km2 soit 18km de long et 9Km de largeur vers la mer, comprenant les dépendances maritimes de la commune, les rias (bras de mer) et les mangroves. L’objectif de cette AMP est de :
Conserver la biodiversité marine et côtière.
Améliorer les rendements de la pêche.
Améliorer les retombées socio-économiques de la population.
Un comité de gestion est mis en place pour la surveillance de la zone pour permettre une pêche durable et lutter pour une amélioration de l’environnement. Il informe et sensibilise les populations sur les bonnes pratiques d’utilisation de la nature qui nécessite une protection car elle est l’héritage de la génération future.
Autres contraintes liées à l’activité de pêche
Malgré, son importance et sa contribution sur le plan économique et social, les acteurs de la pêche sont confrontés à des problèmes. C’est en grande partie le problème de la destruction des matériels des pêcheurs. Ces destructions sont l’œuvre de bateaux industriels qui arrivent jusqu’à moins de trois kilomètres (3 km) de la côte. Ces navires étrangers pêchent en quantité et détruisent les matériels tels les filets et les piroguiers. Ces dégâts peuvent aussi être causés par d’autres piroguiers, les pêcheurs qui utilisent les petits filets (félé-félé) détruisent également les filets des autres. Ce qui peut entrainer un conflit d’intérêt entre pêcheurs. Il existe des conflits sur la gestion de la ressource et le non-respect des mesures de sécurité. Ce conflit oppose les acteurs de la pêche et les services de l’Etat (service de pêche) lorsque les premiers cités s’activent dans la pêche des juvéniles. Ce conflit se manifeste par une amande et/ou d’un saisi des équipements et matériels de pêche en cas de non-respect des règlements. Ces interdictions concernent en quelques sortes, le respect des zones de pêche, l’abstinence en vers l’AMP, les espèces interdites, le port de gilets de sauvetages, conflit avec les étrangers qui ne connaissent pas le mode de fonctionnement du quai. Conflit entre autorité municipale et pêcheurs: Les pêcheurs pour aller en mer, prennent des sacs de sable à partir de la plage et une fois en mer, et trouve du poisson, ils délaissent le sable en mer. Ce qui est une forme de participation de l’érosion côtière. La pêche est en quelque sorte un frein dans la scolarisation des enfants et par ce biais, c’est systématiquement le non-respect de l’interdiction du travail des enfants. Ce qui est une source de conflit entre pêcheur et population local (autochtones).
CONCLUSION GÉNÉRALE
La présentation du cadre physique et de la situation géographe de la ville de Joal-Fadiouth nous ont permis d’avoir une vision synoptique de la ville toute entière. Cette présentation et cette situation ont permis de déterminer la superficie et la densité de cette localité qui émerge entre la ville de Thiès et celle de Mbour d’une part et de l’océan atlantique d’autre part, conférant ainsi une position attractive à la zone dont l’étude du cadre humain permet de mettre en valeur. C’est parce qu’elle est une zone côtière que la ville de Joal Fadiouth connait une croissance démographique fulgurante consécutive à l’exode rurale de la population du bassin arachidier après l’échec de la crise agricole des années 1970. Cette rusée vers cette zone côtière booste les activités de transformation et attire la convoitise et la concurrence entre autochtones et étrangers autour des activités de transformation comme celle du poisson fumé qui occupait une position secondaire. C’est d’ailleurs, cette ruée spectaculaire vers la commune de JoalFadiouth qui favorise le développement de certaines activités de transformation, l’expansion urbaine mais aussi la venue et le développement de certaines religions comme l’islam. La population autochtone, au départ majoritairement chrétienne, se voit dépasser par la vague d’étrangers en quête de travail, souvent de confession musulmane. L’analyse de cette activité de pêche face l’expansion urbaine expose déjà le cadre dans lequel l’émergence et la ruée vers la ville de Joal-Fadiouth constitue un défi. Elle évalue la perspective du progrès de la commune et des activités qui émergent autour de celle-ci grâce à la pêche et ses activités dérivées. C’est pourquoi d’ailleurs, dans ce travail l’analyse de l’expansion de la ville est posée de manière subtile comme le défi majeur auquel fait face les villes côtières en l’occurrence celle de Joal-Fadiouth. Cette expansion dut au développement des secteurs d’activité qui s’organisent autour de la pêche et ses activités dérivées favorisent la création des PME, des GIE et d’usines de transformation des produits halieutiques qui impactèrent fortement sur toute la ville. La ville connait alors un essor, grâce à la pêche et ses activités dérivées. Avec la création d’infrastructure comme les stations-services, des boulangeries etc. C’est d’ailleurs, ce qui entraine une seconde vague migratoire de population venant des localités voisines et la venue d’étrangers, après la vague migratoire qui a occasion cet intérêt pour la ville et ses activités. C’est ce dont il est question, en effet, dans la lecture et l’analyse du comportement des villes côtières face au défi de la migration. De plus, le processus d’extension de la ville de Joal-Fadiouth met en évidence l’impact de ces vagues migratoires sur la ville toute entière sur le plan territorial et socio-économique. C’est qu’avec ces flux humains, la ville subit de tout bord un élargissement de la surface habitable, les espaces autrefois, inhabités disparaissent de manière spectaculaire entrainant ainsi la naissance de nouveaux quartiers d’une part, et d’autre part, elle occasionne l’augmentation du prix du foncier sur l’étendue de la zone. Par ailleurs, c’est parce que la migration a un réel potentiel de restructuration de la dynamique économique autour de la ville, que l’activité de pêche impacte sur la vie de la population d’une manière générale. Le principal mérite de la pêche et de ses activités dérivés c’est qu’elles permirent la création d’une zone ou d’un espace économique et financier qui impacta non seulement dans l’essor de la ville mais aussi dans le quotidien de la population. Ainsi, elles facilitent la vie des populations, luttant contre la malnutrition et famine de toutes les catégories. C’est pourquoi d’ailleurs la pêche occupe une place charnière dans l’économie sénégalaise, parce qu’elle est un outil d’indication qui permit aussi l’émergence de certaines zones et d’une nouvelle catégorie sociale appelée : les nouveaux riches. Mais qui sont donc ces nouveaux riches ? Et pourquoi sont-ils ainsi appelés ? C’est justement ce dont on se chargera de montrer dans l’analyse consacrée à l’arrivée et à l’insertion des migrants dans les activités de transformation des produits de la pêche. Pour comprendre cela, il faut prendre en considération d’abord l’impact dévastateur de la crise agricole des années soixante dans le bassin arachidier. Ce n’est qu’après cette fameuse crise de la traite des années soixante, que les populations du bassin arachidier confrontée aux difficultés se ruent vers ces zones côtières. Ces difficultés sont entre autres la prise en charge alimentaire et sanitaire pour ne citer que ceux-là favorisèrent les flux de migration vers des villes comme Joal-Fadiouth. En effet, ces migrants initialement recasés dans des bidonvilles s’activèrent énergiquement dans les activités de pêche et de transformation, créant ainsi une véritable convoitise et concurrence avec les autochtones dans toute la zone. Ils s’installèrent peu à peu faisant fortune grâce à la pêche et faisant même venir leur famille. Dès lors, ils s’investissent dans les activités comme la pêche, le mareyage et la transformation. Par ailleurs, l’étude de la relation entre pêche, mareyage et transformation montre comment la pêche, activité centrale a permis de créer une véritable activité génératrice de revenus à tous les niveaux. Car, la pêche la principale activité de la non seulement des zones économiques à l’image du quartier pécheurs, de nouveaux riches et l’élargissement de la surface urbaine mais comme activité de transformation, elle participe à la destruction du cadre de vie et sanitaire. Certes la pêche et les activités qui orbite autour d’elle ont façonné la ville, mais elles accélèrent sa destruction. Car, avec le développement de cette activité on assiste à la pollution de l’environnement et de l’atmosphère, les relents de poisson, les fumées qui s’échappent des zones de transformation du poisson, la création clandestine de dépotoir d’ordure dans toute la ville rendent précaire le cadre de vie et la santé des riverain. Ainsi, la pêche et ses activités dérivées constituent une réelle source de danger pour toute la population. Malgré cela, il ne faut pas perdre de vue que la pêche, bien qu’elle est une activité génératrice de revenus, qu’elle fait par ailleurs face à de nombreuses difficultés qui constituent un réel obstacle à sa percée. Les pêcheurs rencontrent d’énormes difficultés dans la pêche comme la destruction de leurs matériels de pêches : filets, pirogues etc. En définitive, cette étude aura permis de voir comment les activités piscifères constituent de réels facteurs dans la mise en place et à la restructuration de sérieuse politiques d’aménagement qui aboutissent au développement des villes côtières. Ces activités qui s’organisent en général dans ces zones côtières mettent à la disposition des autorités locales en coopération avec les autorités centrales des moyens de gérer librement des potentialités dont dispose la localité. Cela grâce aux politiques de décentralisations initiées par le pouvoir central c’est le cas de la loi de transfert de compétence de 1996 mentionnée dans notre étude. Ainsi, par cela les autorités locales bénéficient de la liberté et de l’opportunité à partir d’une politique qui prend en charge les disparités sociales diagnostiquées et de participer au redressement économique, infrastructurel et professionnel de ces localités. Car les activités aquatiques qui s’organisent autour des sites de transformations des ressources halieutiques favorisent comme susmentionné des collaborations et des partenariats entre bailleurs, les autorités locales et centrales, les GIE et d’autres acteurs à créer de réel projet développement. Ainsi, ces acteurs par le canal des activités aquatiques créent par leurs investissements des emplois améliorant ainsi les conditions de vie des riverains.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
I-CONTEXTE ET JUSTIFICATION
1-CONTEXT
2-JUSTIFICATION
II- PROBLEMATIQUE
1-ANALYSE CONCEPTUELLE
2-OBJECTIFS DE RECHERCHE
III-METHODOLOGIE DE RECHERCHE
1-REVUE DOCUMENTAIRE
2-COLLECTE DES DONNEES
3-TRAITEMENT DES DONNEES
PREMIÈRE PARTIE : PRÉSENTATION ET EXPLORATION DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE I: PRÉSENTATION DE LA ZONE D’ÉTUDE
1. Situation géographique
2. Le cadre physique favorable
3. Le cadre humain
4. Joal, un village Chrétien à une ville à majorité musulmane
CHAPITRE II : LA PÊCHE FACE L’EXPANSION URBAINE
1. Processus d’expansion des villes-côtières
2. Les villes côtières face au défi de la migration
3. Joal une ville attractive/ convoitée en plein changement
4. Processus d’extension de la ville de Joal-Fadiouth
5. Structure urbaine
DEUXIÈME PARTIE : IMPACST SOCIO-ÉCONOMIQUE DE LA PÊCHE
CHAPITRE 1: IMPACT SOCIO-ÉCONOMIQUE DE LA PÊCHE
1. Impacts de l’activité pêche
2. Genèse et insertion des migrants dans l’activité de transformation
3. Relation entre pêche mareyage et transformation
4. Impact socio-économique de la pèche
CHAPITRE II : LA PART DE LA PÊCHE DANS LE BUDGET
TROISIÈME PARTIE : GOUVERNANCE ET CONSÉQUENCE DE L’ACTIVITÉ DE PÊCHE : DÉFIS ET ENJEUX
CHAPITRE I: GOUVERNANCE ET GESTION DES RESSOURCES PISCIFERES
1. Gouvernance de l’activité de pêche
2. La gestion du quai de pêche
3. Origine et gestion des recettes
4. Rôle du service de pêche dans la gestion des ressources halieutiques
CHAPITRE II: LES VILLES COTIÈRES FACE AUX DÉFIS DE L’ENVIRONNEMENT
1. Défis / Enjeux de l’activité de pêche
1.1- Sur le plan économique
2. Contraintes liées à l’aménagement de la ville /urbain
2.1-Sur le plan social
2-1-a-Assainissement
2-1-b-L’insalubrité
3-La pollution des activités de pêche
4-Autres contraintes liées à l’activité de pêche
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIOBLIOGRAPHIE
ANNEXE
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