IMPACT DU TABAGISME SUR LA GROSSESSE

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IMPACT DU TABAGISME SUR LA GROSSESSE

Le tabagisme est associé de manière statistiquement significative à une augmentation du risque de GEU (environ 35 % des GEU seraient attribuables au tabac). Une relation dose-effet et une réversibilité partielle ont été retrouvées. Des études expérimentales chez l’animal ou in vitro proposent un mécanisme physiopathologique plausible diminution des battements ciliaires ; altération de la contractilité tubaire ; altération de l’adhésion de l’ovocyte au pavillon tubaire.
Il existe une augmentation du risque d’avortement spontané chez les fumeuses actives et passives.(13)
Le tabac n’a pas d’effet tératogène important puisqu’il n’augmente pas la fréquence globale des malformations, qui est de 2 à 3 % dans l’espèce humaine. L’augmentation du risque de fentes faciales associée au tabagisme maternel est faible. Une relation dose-effet a été mise en évidence dans certaines études, mais reste à confirmer. Il a été montré une augmentation faible du risque de craniosténose associée au tabagisme maternel pendant la grossesse. Aucune augmentation statistiquement significative n’a été mise en évidence pour les anomalies de fermeture du tube neural, pour les malformations cardiaques et pour les hypospadias.
Huit études ont montré une relation entre le tabagisme et la survenue d’hématome rétro-placentaire (HRP) ; 25 % des HRP seraient liés au tabagisme. Le risque d’HRP est d’autant plus important que le taux sérique de carboxyhémoglobine (HbCO) est élevé et il augmente avec l’âge et la parité. La survenue d’HRP lié au tabac s’explique par l’effet vasoconstricteur des produits du tabac (dont la nicotine) et l’augmentation de la fragilité capillaire.
Le tabagisme de la femme enceinte est un facteur de risque de petite (≪ 37 semaines d’aménorrhée (SA)) comme de grande prématurité (≪ 33 SA), indépendamment des autres facteurs de risque de prématurité.(6) Plusieurs études ont retrouvé une relation statistiquement significative entre tabagisme maternel et prématurité avec une relation dose-effet dans certaines études.(8,14) Cette prématurité est en grande partie induite par la survenue plus fréquente d’accidents obstétricaux (HRP, placenta bas inséré hémorragique ou rupture prématurée des membranes). La part de prématurité due à l’HTA maternelle semble moins fréquente chez les fumeuses. Le tabagisme au cours de la grossesse s’accompagne d’un doublement du risque de rupture prématurée des membranes surtout pour la grande prématurité. Une relation dose-effet n’a pas été mise en évidence.Le mécanisme évoqué passe par une stimulation de la PGE2 à l’origine de contractions utérines et par l’augmentation des vaginoses bactériennes chez les femmes enceintes fumeuses.(15)
Le tabagisme chez la femme enceinte est un facteur de risque avéré de retard de croissance intra-utérin (RCIU).(6) Le déficit pondéral est en moyenne de 200 grammes. Il s’agit d’un RCIU harmonieux (poids, taille, périmètre crânien inférieurs au dixième percentile) portant davantage sur la masse musculaire. L’incidence du RCIU est de 17,7 % si la femme fume pendant toute la grossesse. Cette incidence se réduit d’autant plus que l’arrêt du tabac est précoce au cours de la grossesse, en tout cas avant le troisième trimestre de gestation. La fréquence et l’intensité du RCIU s’aggravent en fonction du nombre de cigarettes fumées. Mais les effets délétères du tabac sur la croissance fœtale s’observent également dès les faibles quantités de CO expiré qui sont habituellement considérées comme des marqueurs de tabagisme passif (6 à 10 ppm).(16) Le mécanisme physiopathologique du RCIU lié au tabagisme est probablement multifactoriel, résultant en particulier :
d’une hypoxie chronique ;
d’une vasoconstriction utérine et ombilicale ; de la toxicité du cadmium ;
de la sous-alimentation de la femme enceinte fumeuse.
La réduction du périmètre crânien à la naissance est associée au tabagisme maternel, avec une relation dose-effet. Cette réduction laisse craindre un développement cérébral anténatal insuffisant, notamment lorsque la réduction est supérieure ou égale à 15-20 mm. En plus des effets de l’hypoxie, une toxicité biochimique directe de la nicotine sur le développement du cerveau fœtal est rapportée dans plusieurs études chez l’animal.
Le tabagisme de la mère est associé à un excès de morts fœtales au cours du troisième trimestre. Ces morts in utero ne sont pas liées uniquement aux RCIU, ni aux complications placentaires. La stimulation permanente des récepteurs cérébraux à la nicotine impliqués dans le contrôle de la respiration et du sommeil d’une part, et une cardiomyopathie d’autre part, pourraient exposer le fœtus au risque de mort subite in utero.

JUSTIFICATIF DE L’ETUDE

Selon les recommandations de la HAS, tous les patients devraient être interrogés sur leur consommation de tabac, et leur statut tabagique devrait être documenté régulièrement.
Conseiller l’arrêt du tabac et proposer une aide aux fumeurs adultes, aux femmes enceintes et aux adolescents augmente significativement de 2% le taux de sevrage tabagique spontané à long terme. L’efficacité est prouvée par rapport à l’absence de conseil (17). De plus, plusieurs essais et méta-analyses ont montré que l’ensemble des interventions d’aide à l’arrêt du tabac (brochures spécifiques, mesures incitatives et entretiens motivationnels, psychothérapie et thérapie cognitivo- comportementale, traitements substitutifs nicotiniques, formation des professionnels de santé au sevrage, etc.) réduit la proportion de femmes qui continuent de fumer en fin de grossesse, et réduit le nombre de petits poids de naissance et de naissances avant terme.(18–21)
La conférence de consensus sur le thème « Grossesse et Tabac » qui s’est déroulée en octobre 2004 sous la responsabilité de l’Agence Nationale d’Accréditation et de l’Évaluation en Santé (ANAES), a témoigné d’une prise de conscience de ce problème de santé publique et de la nécessité de la mise en place d’actions spécifiques pour apporter des solutions concrètes et adaptées (22). Elle a permis aussi de rappeler de manière claire les conséquences du tabagisme au cours de la grossesse. Ce texte a été actualisé en octobre 2014 sous la forme d’une recommandation de bonne pratique sur le thème : « Arrêt de la consommation de tabac : du dépistage individuel au maintien de l’abstinence en premier recours » (23), dont une partie concerne le cas particulier de la femme enceinte.
Certaines études démontrent que les femmes ne sont pas assez informées sur les effets néfastes du tabagisme et les outils d’aide disponibles, et certaines se sentent peu soutenues par les professionnels de santé dans leur démarche de sevrage tabagique. (24,25)
D’autre part, dans le peu d’études retrouvées interrogeant les professionnels de santé sur leurs pratiques, nous constatons que les outils de prise en charge sont mal connus et par conséquent peu utilisés par l’ensemble des professionnels de santé. En effet, le conseil minimal (« fumez-vous ? Si oui, souhaitez-vous arrêter de fumer ? ») est connu mais n’est pas systématiquement appliqué, l’abstinence totale n’est pas toujours conseillée, et les outils simples de sevrage ou de prévention (mesure du CO expiré, test de Fagerström fourni en Annexe 1) ne sont pas connus de tous. A propos de l’aide au sevrage, les consultations spécialisées en tabacologie ne sont pas toujours proposées (seulement 24,8% des médecins le proposent toujours ou souvent (26)), les TSN peu prescrits (18,2% le proposent toujours), et encore certains professionnels (une minorité) pensent que le tabagisme épisodique est sans conséquence sur la grossesse.(26,27)
Le médecin généraliste, en tant que médecin traitant, suit les femmes durant tout leur parcours de vie : adolescentes, femmes, femmes enceintes, mères. Il est donc au cœur de la prévention du tabagisme et de la prise en charge du sevrage tabagique pendant la grossesse. Si chaque médecin généraliste pratiquait le conseil minimal, on estime qu’il y aurait 200 000 arrêts soutenus (6 mois) par an en France.(17)
Pour mieux appréhender la proposition faite aux femmes enceintes, nous avons aussi choisi d’interroger les sages-femmes, gynécologues et interne en SASPAS.
Commenté [PB3]: qq chiffres pour étayer
Commenté [PB4]: Bien que les MG soient mentionnés un peu plus loin, il faut quand même les citer là, à moins que je n’ai pas compris pourquoi tu ne les cites pas.
Commenté [CC5R4]: Car j’en parlais juste au dessus

QUESTIONS DE RECHERCHE ET HYPOTHESES

Devant la faible proportion de médecins généralistes utilisant l’ensemble des outils efficaces pour le sevrage ; ce qui diminue l’efficience de la prise en charge du sevrage tabagique chez la femme enceinte, ma question de recherche fut de déterminer comment est pris en charge le sevrage tabagique par différents professionnels de santé (médecins généralistes, internes en SASPAS, gynécologues et sages-femmes) et quelles sont leurs difficultés à proposer les outils connus comme efficaces.

RECHERCHES BIBLIOGRAPHIQUES

Plusieurs sites ont été explorés, majoritairement pas le biais d’internet, et la littérature retenue était anglophone ou francophone. Voici les principales sources :
– Bases de données en ligne : Medline via Pubmed, Elsevier Masson, Cochrane Library
– Catalogue de thèses : Sudoc, Cismef, BIU Santé (regroupe plusieurs catalogues de thèses, ex : Dumas, etc.)
– Bibliographie des documents parcourus : les articles cités dans de nombreuses bibliographies et/ou paraissant pertinents sur le titre étaient retenus
Les principaux mots-clés utilisés pour la recherche bibliographique associés à leurs termes MeSH ont été :
– Tabac = tobacco
– Sevrage tabagique = smoking cessation
– Femme enceinte = pregnant woman, Grossesse = pregnancy
– Médecins généralistes = general practitioners
– Professionnels de santé = health professionnals
– Prise en charge = medical care
– Complications obstétricales = obstetric complications
– Complications périnatales = perinatal complications

TYPE D’ETUDE

Il s’agit d’une étude observationnelle descriptive transversale par questionnaire destiné aux professionnels de santé intervenant dans la prise en charge de la femme enceinte (médecins généralistes, internes en SASPAS, gynécologues et sages- femmes)
La période de l’étude s’est étendue du 1er septembre 2017 au 1er mai 2018.

MATERIEL

Population étudiée

Notre population étudiée est les professionnels de santé pouvant être amenés à prendre en charge les femmes enceintes en Normandie. Les différents acteurs autour des femmes enceintes sont les gynécologues, les médecins généralistes, les internes en SASPAS et les sages-femmes.
Pour faire appel à tous ces intervenants, nous avons eu le soutien des réseaux de périnatalité de Rouen et Caen, l’URML Normandie et les facultés de Caen et Rouen pour diffuser notre questionnaire.

Le questionnaire Sources

Il n’a pas été retrouvé dans la littérature de questionnaire validé s’adressant aux professionnels de santé et explorant leurs connaissances et pratiques dans le sevrage tabagique chez la femme enceinte.
L’élaboration du questionnaire s’est basée sur les recommandations de pratique résumées dans la Conférence de consensus de 2004 « Grossesse et tabac »(17) , et s’est inspirée de différents travaux de thèse.(26,27)
Contenu
Ce questionnaire est présenté en Annexe 2. Il comprenait 38 questions au total.
Une première partie « Profil du professionnel de santé » (Q1-9) permettait de connaître la profession du professionnel de santé, le profil sociodémographique du professionnel de santé, son statut tabagique et son niveau de formation en tabacologie.
Une deuxième partie « Pratique du professionnel de santé » (Q10-25) permettait d’appréhender la manière dont le professionnel prend en charge le sevrage tabagique face à ses patientes. On recherche les différentes méthodes que le professionnel utilise pour initier une discussion autour de la consommation tabagique. Les méthodes de sevrage sont aussi abordées. Et pour finir, comment
le professionnel réagit en cas de poursuite du tabagisme ?
Une troisième partie « Motivation du professionnel de santé » (Q26-36) permettait de se rendre compte si le statut fumeur du professionnel pouvait modifier sa prise en charge. On cherchait à identifier quels arguments le professionnel utilisait pour aider la patiente dans son cheminement vers un sevrage. On demandait aux professionnels s’ils étaient en difficultés pour proposer un sevrage et s’ils arrivaient à identifier leurs difficultés.
La quatrième et dernière partie « Formation » (Q37-38) permettait d’évaluer le besoin ressenti des médecins de se perfectionner sur le sevrage tabagique et la manière dont ils souhaitaient que cette formation soit proposée.
Relecture
Ce questionnaire a été testé au préalable par 3 médecins pour juger de la pertinence et de la bonne compréhension des questions. Il n’a pas été modifié suite à cette relecture.
Commenté [PB6]: Tu cherches à identifier ce qu’il pourrait utiliser ou ce qu’il utilise. On se demande car la dernière phrase de ce paragraphe est bien

METHODE

Déroulement de l’enquête

Le questionnaire était anonyme pour l’envoi et l’analyse des résultats.
Nous avons décidé de l’envoyer par courrier électronique pour des questions pratiques (facilité et rapidité de l’envoi et du recueil, saisie informatique des données, faible coût).
La première partie du mail introduisait l’étude par un texte explicatif.
Le support internet Limesurvey a été utilisé pour créer ce questionnaire et recueillir les réponses. L’enquête a duré 9 mois au total, du 1er septembre 2017 au 1er mai 2018, avec une relance faite à 1 mois pour les internes en SASPAS. Nous n’avions pas la possibilité de faire des relances avec les autres listes de diffusion.
Nous avons envoyé le questionnaire aux médecins généralistes via l’URML, ceux des sages-femmes et gynécologues via les réseaux de périnatalité de chaque région et aux internes via les facultés de médecine de chaque région.

Recueil des données et analyses des résultats

Une base de données a été réalisée à l’aide du logiciel tableur Excel, afin de ranger, coder puis analyser les données obtenues. Les analyses statistiques ont été réalisées avec le site « biostatgv » et l’aide des internes de biostatistiques du département d’appui à la recherche clinique du CHU de Rouen.

Interrogatoire de la patiente

84% des professionnels (n=264) demandent à la patiente si elle a déjà fait une ou des tentatives de sevrage.
70,7% des professionnels (n=222) considèrent que le statut tabagique du conjoint est important. Les professionnels cherchent dans 60,5% des cas (n=190) à aborder le tabac à chaque consultation.
A la question, « quand discutez-vous pour la première fois du sevrage tabagique ? », les professionnels pouvaient répondre : lors du désir de conception, lors du bilan du premier mois, 1e mois, 2e mois, autre.
La réponse « autre » était le plus souvent « lors de l’ouverture du dossier ou lors de la première rencontre » qui est considérée comme « déjà trop tard » pour certains professionnels.

Motivation du professionnel de santé (Q18 à 27)

70% (n=14) des professionnels fumeurs considèrent que leur statut de fumeur ne modifie pas leur motivation à proposer un sevrage.
Leurs arguments sont : « je reste un médecin face à mes patientes et j’applique les recommandations », « je connais les difficultés à arrêter et je pense donc être plus impliquée dans cette démarche. Je connais aussi les bienfaits de l’arrêt », « je connais les inconvénients mineurs et la difficulté à l’arrêt », « mon statut de fumeur n’embrume pas mon jugement de professionnel de santé », « je pense que cela a une influence sur la proposition du sevrage car il faut quand même réfléchir en tant que médecin, cela est difficile de convaincre quelqu’un de faire quelque chose que l’on est incapable de faire soi-même », « je perçois bien les difficultés du sevrage et de la gestion des émotions qui en découlent »
Nous leurs avons demandés quel(s) argument(s) ils utilisent préférentiellement pour proposer le sevrage. (la prématurité, l’hypotrophie du nouveau-né, les anomalies congénitales, la mort subite du nourrisson, les risques lors de l’accouchement, les maladies cardio-vasculaires chez la mère, le diabète, les maladies aiguës (pneumopathie), autre)
Les autres arguments utilisés par les professionnels de santé sont :
– liés à l’enfant :
« Le risque de bronchiolite du nourrisson », « Si grosse fumeuse, je parle des risques de sevrage à la naissance pour le bébé. Je ne parle pas de la mort subite du nourrisson, mais il y a des dépliants en salle d’attente. Je trouve que c’est trop violent », « fumer en cours de grossesse équivaut à faire fumer un nouveau-né », « risque d’asthme chez l’enfant », « le manque d’oxygène fœtal pour un bon développement du cerveau », « mort fœtale in utero », « j’explique que le tabac passe par le placenta et que ça entraine des infarctus au niveau du placenta. Le bébé est alors moins alimenté », « susceptibilité augmentée a ce que l’enfant fume lui-même plus tard »
Commenté [PB11]: Est-ce qu’il est possible de les ranger en nommant des thématiques : cout, impact santé, hygiène, social etc
Cela peut aider à montrer la diversité parfois peu scientifique des arguments et aider à justifier dans la discussion la nécessité de se former pour savoir quels arguments sont utiles à utiliser pour renforcer le sevrage tabagique
– liés à la mère :
« Cancers liés au tabac pour la mère », « BPCO, infarctus, AVC, dents jaunes, rides, mauvaise haleine, perte de l’odorat et du goût », « risques d’infertilité, fausse couche et grossesse extra-utérine : je le dis mais je n’insiste pas trop »
« En général, les femmes enceintes connaissent les risques et je n’ai pas besoin d’insister pour les motiver. La difficulté est de trouver le meilleur moyen pour l’arrêt. », « Je laisse la patiente trouver ses propres arguments sans chercher à lui faire peur. », « j’évite d’apporter trop d’arguments déjà connus par les patientes ; cela les met dans une position de résistance… il vaut mieux les questionner sur leurs connaissances et en discuter que de culpabiliser (n’apporte que peu de résultats en prévention!) », « Les menaces ne sont pas une bonne motivation », « Le retour du mieux-être et l’amélioration de l’estime de soi »
– liés au coût :
« Ruine financière », « remboursement de 150E pour les substituts nicotiniques »
– liés à l’impact social :
« Je réponds aux questions s’il y en a car la femme sait déjà beaucoup de choses et se culpabilise tellement que je pense que c’est contre-productif. En fait, je passe du temps et utilise mon énergie aux volontaires (pour ceux qui ne le sont pas j’attends). Par contre je passe beaucoup de temps à aider et accompagner ensuite sans objectif de date de fin. Et s’il y a reprise du tabac, je valorise la tentative. Je me sers beaucoup du côté sage-femme et la relation que la femme installe avec moi qui est très différente de celle qu’elles ont avec leur médecin traitant », « valoriser plutôt que faire peur », caractère socialement inacceptable de la dépendance, relation de soumission à la manipulation de l’industrie du tabac »

Eléments manquants pour bien proposer un sevrage

40,5% (n=121) des professionnels ont l’impression qu’ils leur manquent des éléments pour bien proposer un sevrage.
Si l’on regarde pour chaque profession la réponse à cette question : 39,9% des sages-femmes/ 33,3% des gynécologues/36,4% des internes en SASPAS/19,4% des médecins généralistes ont l’impression de manquer d’éléments pour proposer un sevrage.
Les femmes ont plus l’impression de manquer d’éléments 30,3% vs 21,6%.
Suite à cette question, les professionnels pouvaient librement expliquer leurs difficultés :
– Formation :
« Peu de formation lors des études médicales. Nous connaissons le nom des molécules, mais pas tous les effets et les modes de prescription ex bupropion…) Chez la femme enceinte pas de formation du tout pendant les études d’externe e d’interne surtout (cela dépendra de nos praticiens avec qui l’on est en 1er niveau) : je n’ai vu pour ma part aucune mise en place des traitement médicamenteux »
« J’aimerais tellement faire un DU de tabacologie : mais tous sont compliqués à faire : stages, temps et mémoire. Je suis en libéral avec une vie de famille, le travail de mémoire pour ça me rebute : pas le temps ni l’énergie. (J’en ai fait un pour le DIU de gynéco mais là ça me paraissait plus justifié). Si on veut que les professionnels se forment : pourquoi pas des formations plus simples, plus maniables, avec formation à l’entretien motivationnel par exemple et rappel des fonctionnements qui conduisent à l’addiction, avec des profils types, et un répertoire de professionnels pour avoir un réseau, notamment en cas d’addiction associées : alcool par exemple ou cannabis. Aujourd’hui je ne sais pas vers qui adresser mes patientes, (il y a des tabacologues parfois en maternité mais ça n’accroche pas toujours surtout quand c’est « à l’ancienne ») »
« Manque de formation : quelques heures seulement… Le fait de n’être pas parfaitement à l’aise et d’adresser la patiente à un tabacologue peut entraîner l’échec car va-t-elle vraiment consulter… » « Pas de formation. Je crois qu’il est urgent de former tous les professionnels localement et que cette formation soit intégralement prise en charge par le réseau périnatalité ou autre organisme impliqué dans la santé des femmes et des enfants… et des pères ! Je suis en attente d’une formation, sans aller jusqu’au DU. »
« Il me manque des techniques d’entretien motivationnel qu’il faudrait que j’acquière pour que cela me soit plus naturel, il faudrait que je prenne plus le temps d’explorer les motivations à l’arrêt et à la poursuite du tabagisme ; il faudrait que je sois moins dans le discours médical sur les risques uniquement qui a parfois tendance à braquer certaines patientes. »
– Méthodes de sevrage :
« Améliorer entretien motivationnel être moins moralisateur dans mon discours »
« Je suis persuadé que la cigarette électronique est très intéressante dans cette Commenté [PB13]: ? situation. De même que les patchs à la nicotine. Il faudrait « interdire » aux politiques de gloser sur la cigarette électronique et demander l’avis des pneumologues sur leur utilisation et leur innocuité. »
« Peut-être un protocole. Que tous les soignants aient le même discours la même prise en charge si elle voit des soignants différents »
« Une information grand public comparable à celle concernant la consommation d’alcool, les effets du tabac sont méconnus et minimisés »
– Difficultés techniques :
« Le temps : pour assurer une écoute empathique, il faut du temps !! Dans le cadre du suivi de grossesse, il y a déjà beaucoup de contraintes et d’impératifs.
De plus, l’insistance sur le sujet est parfois vécue, non comme une attention bienveillante, mais comme un stress, ce qui est contre-productif… »
« Le manque de moyens mis en œuvre dans ma maternité concernant le sevrage tabagique est un frein à la prise en charge des patientes (je n’ai pas de CO testeur par exemple…)»
« Je conseille parfois l’acupuncture ou l’hypnose, mais sans pouvoir dire aux patientes à qui s’adresser »

Proposition de formation (Q 28-29)

76,6% (n=219) des professionnels seraient intéressés par une formation sur le sevrage tabagique.

Comparaison des résultats pour les professionnels fumeurs et les professionnels non-fumeurs.

Caractéristiques de la population

Seulement un fumeur a une formation en addictologie/tabacologie contre 56 non-fumeurs (p=0,07).
95,7% des fumeurs incitent leurs patientes à réfléchir sur leur tabagisme versus
99,7% des non-fumeurs (p=0,14).
La notion de tabagisme est référencée dans les dossiers chez 56,5% des fumeurs versus 74,7% des non-fumeurs (p=0,11).

Motivation des professionnels

73% des fumeurs demandent à la patiente si elle a déjà arrêté de fumer versus 85% des non-fumeurs (p=0,22). La consommation du conjoint est demandée par 65,2% des fumeurs versus 71,1 des non-fumeurs (p=0,54).
82,6% des fumeurs modifient leur prise en charge si la patiente est enceinte contre 78,3% des non-fumeurs (p=0,63).
91,3% des fumeurs explorent le tabagisme lors de la grossesse contre 96,2% des non-fumeurs (p=0,24).
Pour les fumeurs, l’incitation à stopper le tabagisme vient de la patiente dans 82,6% des cas alors que pour le non-fumeur elle vient dans 89% des cas du professionnel de santé.
Le fumeur aborde le tabagisme à chaque consultation dans 52,1% des cas contre 61,2% pour le non-fumeur (p=0,39).
En cas de poursuite du tabagisme, le statut du professionnel n’entraine pas de modification de la prise en charge. Les professionnels proposent les mêmes méthodes d’aides au sevrage peu importe leur statut.
Les freins à proposer un sevrage tabagique chez le professionnel fumeur :
– quelques fois des connaissances insuffisantes pour 50% d’entre eux contre 35,9% des non-fumeurs (p=0,4)
– quelques fois un désintérêt de leur part pour 20% d’entre eux contre 5,4% des non-fumeurs (p<0,05)
– la plupart du temps un manque de temps pour 35% d’entre eux contre 24,3% des non-fumeurs (p=0,45)
– quelques fois un manque de réceptivité de la patiente pour 55% d’entre eux contre 49,1% des non-fumeurs (p=0,84)
– rarement une peur de culpabiliser la patiente pour 35% d’entre eux contre 31,9% des non-fumeurs (p=0,84)
– jamais le taux de rechute pour 45% d’entre eux contre 42,8% des non-fumeurs (p=0,9)
– jamais le prix des substituts nicotiniques pour 60% d’entre eux contre 41,6% des non-fumeurs (p=0,33)
– quelques fois les difficultés de mise en place de l’exploration et du sevrage tabagique au cours de la consultation pour grossesse pour 40% d’entre eux contre 33,7% d’entre eux (p=0,69)

Comparaison des résultats entre les différentes professions.

Vous trouverez en Annexe 3 un tableau reprenant chaque question pour chaque classe de profession.
On remarque que les sages-femmes sont plus formées en tabacologie que les autres professionnels (p<0,05).
Les sages-femmes mettent en avant des difficultés techniques pour noter la présence de tabagisme dans leur dossier ; contrairement aux autres professionnels qui accusent un manque de temps.
On retrouve une disparité dans les aides proposées aux patientes : les médecins généralistes et les internes en SASPAS proposent les traitements substituts nicotiniques, les gynécologues une consultation dédiée et les sages-femmes un rendez-vous avec un tabacologue.
En cas de poursuite du tabagisme, les gynécologues vont avoir plus tendance à réexpliquer les risques encourus alors que les autres professionnels restent à l’écoute.
L’argument le plus utilisé par les professionnels pour proposer un sevrage tabagique est l’hypotrophie. Seuls les médecins généralistes utilisent le plus souvent la prématurité.
Concernant les freins que peuvent rencontrer les professionnels, on notera que les sages-femmes trouvent que le prix est quelques fois un frein versus jamais pour leurs collègues. Les sages-femmes trouvent aussi que la plupart du temps.

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Table des matières

ABREVIATIONS
INTRODUCTION
I. EPIDEMIOLOGIE
II. IMPACTS DU TABAGISME SUR LA FERTILITE
1) Fertilité masculine
2) Fertilité féminine
III. IMPACT DU TABAGISME SUR LA GROSSESSE
IV. JUSTIFICATIF DE L’ETUDE
V. QUESTIONS DE RECHERCHE ET HYPOTHESES
VI. OBJECTIFS
MATERIELS ET METHODES
I. RECHERCHES BIBLIOGRAPHIQUES
II. TYPE D’ETUDE
III. MATERIEL
1) Population étudiée
2) Le questionnaire
IV. – METHODE
1) Déroulement de l’enquête
2) Recueil des données et analyses des résultats
I. PARTICIPATION
II. CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION
1) Caractéristiques socio-démographiques (Q1 à 6)
2) Caractéristiques de la population par rapport au tabagisme (Q7 à 9 et Q26)
III. RESULTATS DE L’ENQUETE
1) Résultats sur la pratique du professionnel de santé (Q10 à 17)
a. Information dans le dossier médical
b. Interrogatoire de la patiente
c. Aides proposées
2) Motivation du professionnel de santé (Q18 à 27)
a. Freins à proposer le sevrage
b. Eléments manquants pour bien proposer un sevrage
3) Proposition de formation (Q 28-29)
4) Comparaison des résultats pour les professionnels fumeurs et les professionnels nonfumeurs
a. Caractéristiques de la population
b. Motivation des professionnels
5) Comparaison des résultats entre les différentes professions.
DISCUSSION
I. POPULATION
II. FORCES ET LIMITES
1) Forces
2) Limites et biais
III. RESULTATS PRINCIPAUX
1) Objectif principal
2) Objectifs secondaires
IV. PERSPECTIVES DE RECHERCHE
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIES

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