Impact du capital culturel sur une scolarité difficile

Depuis un certain nombre d’années, l’éducation nationale est confrontée à un problème. Ce problème est celui des élèves en difficultés scolaires ou en échec scolaire. En effet, le système scolaire français n’est pas adapté à tous les élèves car certains ne réussissent pas et ne trouvent pas leur place. Certains de ces élèves n’arrivent pas à faire face à leurs difficultés, qui, au fur et à mesure des années deviennent insurmontables. Ces élèves finissent par décrocher du système scolaire et le quittent sans diplôme ou sans avoir fait d’études secondaires. Cela peut devenir vite problématique pour l’insertion dans la vie professionnelle pour ces jeunes sans qualification. Selon Eurostat et l’éducation nationale, en 2015, il y a eu plus de 110000 jeunes qui ont décroché. En France, 9% des jeunes de dix-huit à vingt quatre ans sont sans diplôme. Cependant, ce taux est en baisse depuis quelques années. En 1995, il y avait 15% des jeunes de dix-huit à vingt-quatre ans qui sont sortis du système scolaire sans diplôme (rapport CNESCO 2016). Malgré cette baisse, le chiffre reste important. Ceci est problématique car les jeunes sans diplôme ont des difficultés à s’intégrer dans la vie professionnelle et à trouver un emploi. Afin de réduire davantage ce taux, l’éducation nationale met en place des actions pour limiter le décrochage scolaire et réintégrer les décrocheurs dans le système scolaire. Ces actions sont, par exemple, un renforcement du dialogue entre les parents et l’école, des accompagnements personnalisés ou des rencontres entre l’école et les décrocheurs pour tenter de les raccrocher. Ces actions semblent fonctionner puisque le nombre d’élèves décrocheurs est en baisse. L’action « reviens te former » a eu un impact positif puisque sur l’année 2015-2016, 39 000 jeunes ont repris contact avec un conseiller d’orientation psychologue et 26 000 ont repris une formation continue (Bernard, 2016 – rapport CNESCO). De plus, le nombre de micro-lycées est en augmentation. Il y en avait douze en France en 2012, il y en a désormais trente-neuf. Les micro-lycées permettent à d’anciens élèves décrocheurs de revenir à l’école afin de suivre une formation dans l’optique d’obtenir un diplôme ou une certification (education.gouv.fr, novembre 2016).

Des causes plurielles

Il n’y a pas qu’une seule cause qui explique les difficultés scolaires vécues par certains élèves, il y en a une multitude. Elles peuvent être externes ou internes à l’école. Ces différentes causes vont être analysées dans la partie qui suit.

Les causes externes à l’école 

Il existe différentes causes externes à l’école. En effet, l’élève a des caractéristiques qui lui sont propres, il évolue dans une famille qui est la sienne avec un contexte précis. Cette première partie sur les causes externes va être scindée en trois parties. L’élève a des caractéristiques qui lui sont propres comme son âge ou son sexe. Ensuite, il a un état psychologique qui lui est propre également. C’est par exemple son comportement. Enfin, il évolue dans un contexte familial et socio-économique propre à sa famille.

Les caractéristiques propres de l’élève 

Les trois principales caractéristiques qui vont être étudiées dans cette partie sont l’âge, le genre et l’appartenance ou non à une minorité ethnique de l’élève. La caractéristique de l’âge représente tout simplement l’âge qu’a un élève dans une classe à un moment précis. Plus les élèves sont âgés par rapport à la moyenne d’âge de la classe, plus le risque de décrochage est élevé (Rumberger, 2004). En effet, un âge plus élevé représente un élève qui a déjà redoublé une ou plusieurs classes. Le redoublement est un prédicateur du décrochage scolaire (Rumberger, 2004). Ainsi, l’âge des élèves par rapport au niveau et au cycle où il se situe a de l’importance. La seconde caractéristique à prendre en compte est le sexe de l’élève. Plusieurs recherches ont été effectuées afin de définir s’il y a une différence entre le décrochage scolaire des filles et le décrochage scolaire des garçons. Sur ce point, tous les chercheurs ne sont pas du même avis. Ils ont analysé le risque de décrochage sur différents élèves. Certains chercheurs, en se basant sur leurs travaux, affirment qu’il n’y a pas de différence significative entre le décrochage scolaire des filles et le décrochage scolaire des garçons (Everett, 1997 ; Gélinas, 2000 ; Ripple & Luthar, 2000).

Cependant, d’autres chercheurs ne sont pas d’accord puisqu’ils affirment qu’il existe une différence entre décrochage scolaire des filles et décrochage scolaire des garçons mais seulement au collège (Lipsey et Derzon, 1998 ; Lessard, 2005). Enfin, d’autres chercheurs estiment qu’il existe bien une différence face au décrochage scolaire entre les filles et les garçons mais pas seulement qu’au collège mais sur tous les niveaux. Les garçons ont un risque de décrochage plus élevé que les filles. Aux Etats Unis, parmi 7,4% d’élèves décrocheurs, 8,5% sont des garçons et tandis que 6,3% sont des filles. En France la différence est plus frappante puisque 22% des garçons sortent du système éducatif sans diplôme contre 13% des filles (Bernard, 2015). D’autres travaux vont également dans ce sens puisqu’il a été prouvé que 20% des garçons ont des risques de décrocher contre 13,6% des filles (Blaya, 2010). Selon de nombreuses recherches, les filles réussissent mieux scolairement car elles sont travailleuses, autonomes et savent s’auto-contraindre au travail (Henri Panabière, 2011).

Les caractéristiques psychologiques des élèves 

Chaque élève a un profil psychologique qui lui est propre. Certains comportements ou certains ressentis peuvent être liés à des risques de décrochage. Il existe ceux qui sont liés au comportement, ce sont les troubles du comportement, les comportements agressifs et les conduites délinquantes (Alexander, 1997). Ensuite, il y a les problèmes vécus par les élèves suite à des difficultés d’apprentissage et des déficits d’attention (Battin-Pearson 2000 ; Jimerson, 2002). Puis, il y a les états dépressifs pour certains élèves (Blaya, 2010).

Certains élèves ont des problèmes comportementaux qui sont le signe de décrochage. C’est le cas des élèves qui ont des « troubles du comportement » ou « conduites agressives » que ce soit avec d’autres élèves ou avec les professeurs et les autres adultes de l’établissement (Jimerson, 2000). Ce sont les plus faciles à repérer puisqu’ils ont des mauvaises notes et un comportement inadéquat en classe (Kronick et Hargis, 1990).

D’autres élèves ont des conduites inadéquates et délinquantes en ne suivant pas les règles de l’établissement par exemple. Ces conduites ont pour conséquence un nombre élevé de retenues, d’absences et d’exclusions de l’école (Alexander, 1997). Ce sont généralement les garçons qui ont ce type de comportement, les filles sont plus réservées (Blaya, 2010).

Les caractéristiques des familles des élèves 

L’élève vit et évolue dans une famille qui est la sienne. Chaque famille est différente et se définit par un milieu socio-économique et une structure qui lui est propre. Un élément très important qui se rattache à la famille est le capital culturel. Cette notion ne sera pas abordée dans cette partie puisqu’elle fait l’objet de la seconde grande partie de ce dossier. Le milieu socio-économique de la famille représente une multitude de facteurs à prendre en compte. Ces facteurs sont les suivants : le diplôme des parents, le niveau de revenu des parents, la catégorie socio professionnelle des parents, les pratiques éducatives et l’implication dans le travail scolaire des parents, les attentes des parents vis-à-vis de l’école, la réactivité des parents face aux difficultés scolaires des enfants et enfin l’emploi du temps familial (Bernard, 2015 ; Blaya, 2010 ; Henri-Panabière, 2011 ; Lahire, 1995 ; Rumberger, 1995).

La structure familiale doit également être prise en compte. En effet, certaines structures sont plus propices à l’émergence de difficultés scolaires que d’autres. Les structures qui vont être étudiés sont les familles monoparentales et les familles recomposées (Blaya, 2010 ; Caille, 1999 ; Henri-Panabière, 2011). Tous ces points seront analysés et approfondis dans la seconde partie de ce dossier qui porte sur le capital culturel. Ainsi, nous pourrons voir que la famille a de très fortes répercussions sur la scolarité des enfants que ce soit par sa composition, ses habitudes ou sa structure.

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Table des matières

Introduction
I – Des causes plurielles
1. Les causes externes à l’école
1.1 Les caractéristiques propres de l’élève
1.2 Les caractéristiques psychologiques des élèves
1.3 Les caractéristiques des familles des élèves
2. Les causes internes à l’école
2.1 L’effet-établissement
2.2 L’effet-classe et l’effet-maître
2.3 L’effet groupe de pairs
II – L’impact du capital culturel
1. La situation socio-économique de la famille
1.1 Les diplômes, la catégorie socioprofessionnelle et les revenus
1.2 La structure familiale
2. Le mythe de la démission parentale
2.1 Les relations avec l’école
2.2 L’emploi du temps familial
III – Les liens avec la pratique professionnelle
1. Le rôle au sein de la classe
1.1 La relation avec les élèves
1.2 La relation avec le travail
2. Le rôle au sein de l’établissement
2.1 La relation avec le personnel de l’établissement
2.2 La relation avec les parents
Conclusion
Bibliographie

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