Le riz est l’aliment de base de plus de la moitié de la population mondiale. Il polarise les activités de près d’un milliard de personnes dans les zones rurales des pays en développement (Sidi, 2011). Madagascar, un pays à tradition rizicole en consomme de 100 à 120 kg par personne par an. Sur la Grande île, 1.280.000 hectares sont rizicultivées, et sa production en 2010 a été estimée à 3.900.000 tonnes (FAOSTAT, 2011). Mais cette production ne parvient pas à satisfaire le besoin de la population Malgache qui augmente de 2,7% par an (ONU, 2014). De ce fait, au cours de l’année 2014, Madagascar a importé 210.000 tonnes de riz (Andriamalala, 2015). Plusieurs facteurs conditionnent la baisse du rendement du riz ici comme ailleurs, comme le manque d’alimentation en eau, les mauvaises herbes, les maladies (pyriculariose…), les divers facteurs entomologiques tels que les criquets, les poux du riz, les foreurs de tiges.
Face à ces divers problèmes, Brenière (1969) a proposé une solution, comme le choix de variété moins sensible et l’amélioration des méthodes de culture. Les raisons pour lesquelles des chercheurs au sein du FOFIFA /DRR ont effectué des essais sur l’utilisation de nouvelles variétés résistantes aux conditions défavorables, et de nouvelles pratiques culturales telles que le SRI afin d’accroitre le rendement.
Ce mémoire parlera essentiellement des foreurs de tiges. Ces derniers constituent le plus grand problème d’ordre entomologique pour la culture vivrière (Dembele, 1995). Ils appartiennent à deux familles qui sont les PYRALIDAE et NOCTUIDAE. Les Pyrales peuvent être polyphages ou monophages et représentent deux tiers des borers du riz, et les Noctuelles polyphages constituent le reste (Delucchi, 1987). Ces foreurs de tiges sont répartis en Asie, en Afrique et aussi à Madagascar. Deux espèces sont les plus réputées sur la grande île : Sesamia calamistis HAMPSON (1910) ou borer rose et Maliarpha separatella RAGONOT (1888) ou borer blanc africain.
La riziculture pluviale de la côte Est de Madagascar est attaquée par Sesamia calamistis. Quant à Maliarpha separatella, il est spécifique du riz irrigué et se rencontre sur les Plateaux et sur la Côte Ouest. Cependant, il n’est pas inhabituel de voir du borer rose sur riz irrigué et du borer blanc sur riz pluvial (Raveloson, et al., 2011).
Pour le cas présent, l’étude se focalise sur Maliarpha separatella qui a une préférence pour le riz irrigué. En effet, c’est une espèce de longue date (Ragonot, 1888) et est apparue comme ennemi du riz à Madagascar où il a fait l’objet d’une étude détaillée (Delucchi, 1987). La perte du rendement causée par Maliarpha separatella est de 22-24% au Lac Alaotra pour une infestation comprise entre 60 et 100% (Bianchi, 1989). Plus tard Rahalivavololona (2001), affirme que la baisse du rendement est enregistrée à partir de 30% d’infestation par le borer blanc.
Certes, des études ont été effectuées auparavant concernant la relation entre l’infestation de Maliarpha separatella et la diminution du rendement rizicole. En même temps, des tentatives de limitation des dégâts causés par le borer blanc ont été mises en place. Après 2001, les études sur les borers n’ont pas continué et les données s’y rapportant manquent. Cette recherche vise alors à améliorer les connaissances, et à réactualiser les données sur l’affinité entre Maliarpha separatella et les variétés de riz, d’analyser l’impact de l’infestation du borer blanc sur le rendement du riz en riziculture irriguée dans le site d’Andranovaky Mahitsy .
DISCUSSIONS
Sur les 2916 tiges disséquées 77,64% ont été infestées par Maliarpha separatella Ragonot(1888), mais seulement 25,24% de larves et chrysalides ont été recensés. Pour le reste, certains ont probablement déjà émergé d’autres sont morts ou ont fait l’objet de prédation. Selon Delucchi en 1987, M. separatella est parasitée par différents Hyménoptères comme Phanerotoma saussurei KHOL et Bracon testaceorufatus GRANGER, qui sont des espèces présentes à la station d’Andranovaky Mahitsy.
En fonction de leurs propres caractéristiques variétales, l’attractivité de Maliarpha separatella Ragonot (1888) pour les différentes variétés du riz est variable. Plusieurs caractéristiques déterminent l’attractivité de M. separatella pour les variétés telles que la taille de la plante, la durée du cycle phénologique de la variété, la largeur et la qualité de la feuille, la vigueur de la plante et les stimuli émis par la plante qui permet la coïncidence avec l’abondance du borer blanc (Ranaivoson & Raveloson, 2011). Il y a également l’origine de la variété qui influe sur l’attractivité du borer blanc, les variétés introduites sont plus attractives aux femelles du borer blanc (Rahalivavololona, 1999). Dans le cadre de ce travail, la longueur du cycle et la taille de la plante sont évaluées autour de leur moyenne. La durée moyenne du cycle des variétés choisies est de 195 jours, et leur taille moyenne est de 99 cm.
Selon l’affinité du borer blanc par rapport aux variétés, ces dernières ont été classifiées en trois catégorie, dont : les variétés attractives, moyennement attractives et peu attractives. Les variétés à feuilles tendres sont plus attractives aux femelles de Maliarpha separatella Ragonot (Rahalivavololona, 1999). De même pour les variétés vigoureuses, avec un plant érigé et ayant un cycle court (Ranaivoson & Raveloson, 2011).
Parmi les neuf variétés choisies, trois sont classées parmi les variétés attractives. Ces variétés sont Mailaka (X265), Rojofotsy (1285) et Soameva (4181). Leurs taux d’infestation sont respectivement 97,94 – 86,35 et 79,60 %.
L’attractivité de Maliarpha separatella pour les trois variétés s’explique par le fait que: Mailaka est une variété introduite, à feuilles tendres, et possédant un cycle court (187 jours), le plus court de toutes les variétés choisies. Rojofotsy et Soameva sont des variétés vigoureuses ayant une taille supérieure à 99 cm (100-110 cm) et un cycle de durée avoisinant la moyenne 196 et 192 jours.
Quatre variétés sont moyennement attirantes pour la femelle de Maliarpha separatella, dont Tche-kouai (2897), Rojomena (Paysan), Kalila (473), Madirat 217 (2822). Les variétés Tche- kouai et Rojomena ont des feuilles étroites et de petites tailles (95 et 98 cm) mais enregistrent quand même des taux d’infestation moyen de 56,57- 67,70%. Madirat 217 permet un bon développement larvaire due à la qualité de son feuillage et possède un taux d’infestation de 75,69%. Kalila a une durée du cycle court (177 jours) et attire le borer blanc à 74,36%.
Les deux dernières variétés Manjamena (4182) et FOFIFA 160 (4354) sont les moins attractives de toutes les variétés choisies. Manjamena est une variété à feuilles dressées et non tendres, son cycle phénologique est le plus long (214), d’où sa qualité d’attraction faible pour Maliarpha separatella avec un taux d’infestation de 18,72%. FOFIFA 160 est une plante demi naine (90 cm) et donc peu attractive aux femelles du borer blanc (30,69%).
Un piégeage nocturne a été mis en place au mois de Décembre pour évaluer l’abondance de Maliarpha separatella lors de leur premier vol, et identifier si possible les parasitoïdes susceptibles d’être utilisés comme moyen de lutte contre le borer blanc. Le résultat de ce piège lumineux a été nul suite à de nombreuses contraintes. La période ciblée pour repérer le premier vol des borers coïncidait avec le passage des fortes pluies qui se succédaient chaque nuit, donc le temps a été un facteur limitant pour cette pratique.
Au lac Alaotra, une infestation du riz de 60 à 100% implique 22 à 24% de perte du rendement (Bianchi, 1989). Pour les quatre variétés mises à l’épreuve : Soameva et Rojofotsy ont été infestées à 79,60 et 88,35% et leur rendements ont subi 9,73 et 16,34% de perte. Par rapport à Madirat 217, qui a 75,69% d’infestation pour 18,92% de baisse du rendement. Et pour Manjamena, 18,72% d’infestation par le borer blanc implique 2,50% de perte du rendement. En effet, l’impact du borer blanc sur les variétés diffère du fait que les variétés ont chacune des caractéristiques différentes. Et les facteurs déterminant la tolérance des variétés vis-àvis du borer blanc sont le pouvoir de tallage et la grosseur des tiges (Ranaivoson & Raveloson, 2011). Si l’attaque du borer blanc intervient au moment du tallage, les talles infestées peuvent être remplacées par de nouvelles talles. Et si les tiges sont grosses, malgré l’attaque du borer blanc le transport de la sève n’est pas perturbé.
Les variétés Soameva et Madirat 217 sont toutes les deux des variétés attractives pour Maliarpha separatella. Soameva est plus attractive que Madirat217, mais produit moins de perte au niveau du rendement. Soameva a un plus haut pouvoir de tallage que Madirat217 et est plus résistante aux ravageurs, notamment au borer blanc. De même, Rojofotsy est très attractive au borer blanc mais est tolérante à son infestation. Manjamena a perdu 2,50% de son rendement pour une infestation de 18,72 %. Pourtant, Rahalivavololona (2001) affirme que la perte du rendement est enregistrée à partir de 30% d’infestation.
C’est une variété à feuilles dressées donc très peu attractive au borer blanc, mais son faible pouvoir de tallage (5 tiges par touffe) lui confère une forte sensibilité aux attaques de Maliarpha separatella. Ce qui pourrait expliquer que même avec un faible taux d’infestation du borer blanc, Manjamena enregistre une perte au niveau du rendement. Le manque de données à exploiter n’a pas totalement permis une analyse complète sur l’étude de l’impact du borer blanc sur le rendement. Mais pour les données antérieures et actuelles, l’estimation de la perte du rendement à 100% d’infestation par le borer blanc ne présente aucune différence significative. Il est donc possible d’utiliser les droites de régression linéaire pour chaque variété afin d’effectuer des prévisions.
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Table des matières
1. INTRODUCTION
2. REVUE DE LA LITTERATURE
2.1. Le riz
2.2. Maliarpha separatella RAGONOT (1888)
2.3. Sesamia calamistis HAMPSON (1910)
3. MATERIELS ET METHODES
3.1. Le site d’étude
3.1.1. La station d’Andranovaky Mahitsy
3.1.2. Les parcelles de prélèvements
3.2. Matériels
3.2.1. Matériel biologique végétal : le riz
3.2.2. Matériel biologique animal : Maliarpha separatella ou borer blanc
3.2.3. Matériels techniques
3.3. Méthodologie
4. RESULTATS
4.1. Evaluation de l’abondance du borer blanc ou Maliarpha separatella
4.2. Impact du taux d’infestation de Maliarpha separatella sur le rendement du riz
5. DISCUSSIONS
6. CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Bibliographie
Annexe 1 : Maliarpha separatella Ragonot (1888)
Annexe 2: Sesamia calamistis Hampson (1910)
Annexe 3: Le riz
Annexe 4: Coïncidence phénologique entre le cycle du riz et celui du Maliarpha
separatella Ragonot (1888)
Annexe 5 : Tableau de comptage des larves
Résumé
Abstract