Définitions de l’IDE
Selon le FMI, l’IDE peut se définir comme « investissements qu’une entité résidente d’une autre économie (l’entreprise d’investissement direct) acquièrent ou ont acquis un intérêt durable dans une entité résidente d’une économie autre que celle de l’investisseur. Par intérêt durable, on entend qu’il existe une relation à long terme entre l’investisseur direct et l’entreprise. Les IDE comprennent non seulement la transaction initiale, qui établit la relation entre l’investisseur et l’entreprise, mais aussi toutes les transactions ultérieures entre eux et entre les entreprises apparentées, qu’elles soient ou non constituées en sociétés et donc dotées d’une personne morale distincte » .
IDE horizontal
Les IDE horizontaux ou IDE de marché a pour but de produire d’une part, pour le territoire d’implantation, une gamme de biens qui reproduit intégralement ou partiellement celle de la maison mère en fonction des caractéristiques locales de la demande ; et d’autre part, ils concernent des pays de niveau de développement similaire. Les investissements considérés sont de type Nord-Nord, d’où le qualificatif de stratégie horizontale. La stratégie horizontale illustre les caractéristiques de la spécialisation internationale intra-branche fondée sur les marchés imparfaits. Ce type d’IDE vise à faciliter l’accès de l’investisseur à un marché étranger solvable aux perspectives de développement favorables. Ainsi, dans cette perspective de conquête ou de préservation de marché, l’investissement étranger vise à satisfaire la demande locale à travers la création de « filiales relais ».La stratégie horizontale ou de marché (market-seeking) a pour objectif de desservir les marchés domestiques. Dans ce cas, les produits sont fabriqués dans le pays hôte et vendus sur le marché local. En conséquence, ce type d’IDE est motivé par la demande intérieure à savoir, la taille des marchés et le niveau de revenu du pays hôte. Ce qui suggère que les pays les moins attractifs en IDE ont été moins susceptibles d’être en quête de débouchés.
La théorie éclectique de Dunning : paradigme OLI
C’est dans les années 1970 que la théorie développée par Dunning a été apparue, elle constitue la première contribution majeure de l’analyse des flux d’investissements internationaux, bien que la première firme multinationale se soit développée au milieu du XVIIe siècle sous le nom de « East India Company ». La théorie éclectique est conçue comme une synthèse des théories de l’internationalisation et de la théorie des coûts de transaction qui n’apportent chacune que des explications partielles de la localisation des firmes. Dans cette approche, Dunning s’est inspiré des travaux de Hirsch relatifs à un arbitrage qu’effectue une firme entre les trois modalités d’exploration du marché étranger: soit l’investissement direct étranger, soit l’exportation ou la vente de licence. En distinguant les différents coûts relatifs à chaque modalité, la simple comparaison entre ces coûts détermine le choix de la modalité la plus rentable pour la firme. L’approche de Hirsch suppose ainsi une information parfaite sur tous les coûts, ce qui ne peut être le cas à l’échelle mondiale compte tenu de la grande asymétrie des coûts et des avantages. En outre, cette approche qui fait partie des modèles statiques (non stratégiques) ne considère que le choix d’une firme isolée et pour qui seul le coût importe dans la décision de localisation. C’est dans ce cadre d’arbitrage que Dunning construit un modèle simple à deux pays dans lequel les firmes font le choix entre les trois modalités de pénétration du marché étranger (IDE, Licence ou Exportations). Ce choix s’effectue sur la base des trois types d’avantages qu’une firme doit posséder pour s’internationaliser et résumé par le paradigme OLI. Il s’agit de:
– Ownership advantage (O) qui se traduit par la possession d’un actif spécifique ou avantage spécifique de la firme. C’est un produit ou une technologie dont les autres firmes ou sociétés ne disposent pas ou n’y ont pas accès (brevet, marques, secrets commerciaux, etc.) ;
– Location advantage (L) C’est un avantage de la localisation à l’étranger, qui signifie que l’actif doit être durable pour l’entreprise de l’exploiter à l’étranger plutôt que dans le pays d’origine. Il s’agit ici de rechercher les débouchés qui minimisent les coûts de production, de commercialisation, etc.
– Internalization advantage (I) qui s’explique par le fait qu’il y a moins d’avantage à soustraiter qu’à exploiter soi-même cet actif spécifique. C’est un avantage à l’internalisation, en vue de contourner ou d’éviter le risque lié à la vente de technologie aux autres firmes pour ne pas s’exposer à la concurrence. Ainsi, le choix de la modalité de pénétration du marché étranger est fonction de la conjecture entre ces trois types d’avantages. En effet, une implantation à l’étranger par le biais des IDE n’est possible que si les trois avantages spécifiques (O, L et I) sont réunis. En revanche, si l’avantage des coûts à la localisation L n’existe pas en présence des deux autres avantages O et I, la firme préfère exporter vers les marchés étrangers. La vente de licence sera le choix le plus favorable si elle ne détient qu’un avantage au niveau de l’industrie O ; d’après Dunning. Cependant, cette théorie reste marquée par son approche purement microéconomique de la question de la localisation et de l’absence d’une analyse macroéconomique en termes d’avantages comparatifs des pays. En outre, dans les approches de Hirsch et de Dunning, le choix de la modalité de pénétration du marché résulte d’un simple arbitrage statique entre des coûts ou des avantages, ce qui réduit le cadre d’analyse de la localisation. Cette théorie est aussi critiquée par l’absence d’interactions stratégiques entre les firmes dans les choix isolés qu’effectuent ces firmes, sans prise en compte des actions et choix des firmes concurrentes locales et étrangères. Toutefois, Dunning, lui-même a tenté de dépasser le cadre statique de son modèle pour une approche dynamique de la théorie éclectique, en considérant l’évolution dans le temps des trois types d’avantages O, L et I.
La théorie de la croissance endogène et l’IDE
Les nouvelles théories de la croissance sont généralement désignées dans la littérature économique sous le vocable « théories de la croissance endogène ». Il s’agit de nouvelles approches de la croissance qui connaissent un important développement depuis la décennie 1980. Elles sont nées des travaux d’économistes tels que ceux de Grossman et Helpman, qui se nourrissent des avancées de la nouvelle économie industrielle, qui intègre la concurrence imparfaite, les stratégies d’innovation, la recherche-développement, la différenciation des produits, le non constance des rendements d’échelle, etc. Cette nouvelle approche de la croissance se focalise sur le rôle central de l’accumulation et la diffusion de la technologie dans la croissance économique. L’existence des externalités technologiques et de connaissances viennent contrebalancer les effets des rendements décroissants de l’accumulation du capital du modèle de Solow et donc, maintiennent l’économie sur un sentier de croissance soutenue à long terme. L’avènement de la théorie de la croissance endogène a encouragé la recherche sur les canaux, par lesquels, l’IDE peut promouvoir la croissance à long terme. En effet, l’IDE peut contribuer significativement à l’accroissement du stock des connaissances dans le pays d’accueil, en fournissant non seulement de nouveaux biens d’équipement, mais aussi de nouveaux procédés de production. L’amélioration des qualifications peut avoir lieu soit par une formation formelle des travailleurs, soit par le learning by doing au sein des filiales étrangères. L’IDE en améliorant le stock des connaissances du pays hôte, aura aussi bien un effet à court terme qu’à long terme sur l’économie d’accueil, et permet de soutenir le taux de croissance de long terme. En effet, les firmes multinationales en fournissant de nouvelles connaissances aux pays en développement, réduisent les écarts technologiques entre ces pays et les pays avancés, ce qui peut constituer un facteur important de croissance et de convergence économique. Plusieurs facteurs (capital humain, l’accumulation du capital, le commerce international et la politique gouvernementale), qui selon la théorie de la croissance endogène expliquent la croissance, à long terme, peuvent être véhiculés par l’IDE. Ce dernier est supposé, stimuler la croissance, par la création d’avantages comparatifs dynamiques conduisant au transfert de technologie, l’accumulation du capital humain et l’intensification du commerce international, selon l’OCDE 2002. Ces avantages dynamiques, souvent connus sous le nom des spillovers, sont liés les uns aux autres, complémentaires, et ne doivent pas être étudiés séparément. En effet, le gain engendré par l’IDE sur un facteur de la croissance est susceptible de stimuler le développement des autres facteurs, une sorte de synergie.
La théorie relative au taux de salaire et les IDE
En 1994 Tsai a fait plusieurs études sur le sujet et il a abouti à des résultats confirmant la théorie relative au taux de salaire qui postule que les plus hauts salaires ont tendance à décourager les IDE. Par exemple, dans son analyse sur 51 pays de 1975 à 1978 et sur 62 pays de 1983 à 1986, Tsai a trouvé, conformément à la théorie du taux de salaire, que les augmentations du taux de salaire nominal dans le secteur manufacturier tendent à décourager les IDE. Plus tard, Wheeler et Mody, dans leur investigation à travers 42 pays sur l’investissement dans le secteur manufacturier en général et, dans l’industrie électronique, ont trouvé que si le taux de salaire est relativement peu important dans la détermination des flux d’IDE dans les pays industrialisés, la théorie du taux de salaire reste l’un des plus importants facteurs déterminants des flux d’IDE entrant dans les pays en développement. Quoique la majorité des recherches aient trouvé un lien négatif et significatif entre les salaires et les IDE, le taux de salaire, perçu comme un facteur déterminant de l’IDE est bien loin de faire l’unanimité. Plusieurs études ont montré que le taux de salaire était insignifiant comme facteur explicatif des flux d’IDE alors que d’autres, au contraire, ont révélé un lien positif, considérant que les augmentations du taux de salaire encouragent les flux d’IDE entrant. En dehors du taux de salaire, d’autres facteurs importants ont été pris en compte dans la recherche des déterminants de l’IDE.
Facilitation de l’intégration du pays d’accueil aux échanges internationaux
Le principal intérêt de l’IDE pour les pays en développement en matière d’échanges tient à sa contribution à long terme à l’intégration de l’économie d’accueil dans l’économie mondiale selon un processus faisant vraisemblablement intervenir une augmentation des importations ainsi que des exportations. Les exemples les plus manifestes de l’effet positif qu’exerce l’IDE sur les exportations sont ceux que l’on observe lorsque les apports d’investissements aident les pays d’accueil qui connaissent des difficultés financières à utiliser soit leur dotation en ressources (par exemple investissements étrangers dans l’extraction de minerais) soit leur situation géographique (par exemple les investissements dans certaines économies en transition). On accorde une place grandissante aux mesures visant spécifiquement à exploiter les avantages de l’IDE pour intégrer les économies d’accueil plus étroitement aux échanges internationaux, notamment par la création de zones de transformation des exportations. Dans nombre de cas, ces mesures ont contribué à accroître les importations ainsi que les exportations des pays en développement. Il n’est cependant pas certain que les avantages qui en découlent pour l’économie locale justifient le coût que représente l’existence des zones de transformation des exportations pour les deniers publics ou le risque de créer des conditions de concurrence imparfaites entre les entreprises locales et étrangères et de déclencher une surenchère internationale.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : LITTERATURE ECONOMIQUE CONCERNANT LE CADRE CONCEPTUEL DU RAPPORT ENTRE L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE
CHAPITRE I : CONCEPTUALISATION ET REVUE DE LITTERATURE
I. CADRE CONCEPTUEL DE L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER
A. Notion de l’Investissement Direct Etranger
1. Définitions de l’IDE
2. Les acteurs de L’IDE
a. Investisseurs
b. Pays d’accueil ou pays hôte de l’IDE
B. La typologie de l’IDE
1. La typologie de l’IDE selon leur forme
a. IDE horizontal
b. IDE Verticale
2. La typologie de l’IDE selon leur logique
a. Les IDE primaire
b. Les IDE à stratégie complexe
II. APPROCHE THEORIQUE DE QUELQUES COURANT DE PENSEE ECONOMIQUE SUR LA RELATION ENTRE L’IDE ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE
A. La théorie éclectique de Dunning : paradigme OLI
B. La théorie néoclassique
C. La théorie de la croissance endogène et l’IDE
D. La théorie du commerce international
E. Les Nouvelles Théories du Commerce International (NTCI)
CHAPITRE II : ANALYSE EMPIRIQUE DE L’INTERACTIONS ENTRE IDE ET CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
I. QUELQUES TRAVAUX PORTANT SUR LES DETERMINANTS DE L’IDE DANS LES PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT
A. La théorie relative au taux de salaire et les IDE
B. La taille du marché facteur important dans l’attractivité de l’IDE
C. Le taux de croissance du PIB comme déterminant de l’IDE
D. L’exportation comme déterminant de l’IDE
E. Etude de Wilhelms sur les déterminants de l’IDE
II. EFFETS DE L’INVESTISSEMENT DIRECT SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE DANS LES PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT
A. EFFET POSITIF DE L’IDE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE
1. Effet direct de l’IDE sur la croissance économique
a. Contribution à la formation de capital humain
b. Facilitation de l’intégration du pays d’accueil aux échanges internationaux
2. Effet indirect de l’IDE sur la croissance économique
a. Le transfert de technologie
b. Favorise la création d’un climat plus compétitive et Améliore le développement des entreprises
B. EFFET NEGATIF
PARTIE II : APPROCHE ECONOMETRIQUE DE L’IMPACT DE L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER SUR LE CAS DE MADAGASCAR
CHAPITRE III : ANALYSE EMPIRIQUE ET CONCEPTUALISATION DU MODELE ECONOMETRIQUE SUR L’IMPACT DE L’IDE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE : CAS DE MADAGASCAR DE 1984 à 2016
I. Analyse empirique : cas de Madagascar
A. EVOLUTION DE L’IDE A MADAGASCAR
B. ATTRACTIVITE DE L’IDE A MADAGASCAR
II. Concept de modèle économétrique sur l’impact de l’IDE sur la croissance économique
A. SPECIFICATION DU CHOIX DES VARIABLES
B. PRESENTATION DU MODELE
CHAPITRE IV : ESTIMATION ECONOMETRIQUE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
I. Analyse de la corrélation et de la stationnarité
A. Etude de la corrélation
B. Analyse de la stationnarité des séries
II. Diagnostic de la regression
A. Recherche des observations atypiques
B. Estimation des paramètres du modèle
C. Test de significativité globale des paramètres
D. Test sur les résidus
1. Test de normalité des résidus
2. Test d’autocorrélation résiduelle
III. Interprétation générale des résultats
A. Interprétation empirique des résultats
B. Interprétation économique des résultats
CONCLUSION GENERALE
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