Dans les pans de l’histoire dont nous avons par proximité une certaine appréhension statistique, nous devons bien constater que jamais les prix n’ont diminué. Au travers des siècles, du notre en particulier, les prix ne cessent d’augmenter, souvent beaucoup, parfois lente. On entend par inflation cette augmentation de prix.
L’inflation n’est pas un accident épisodique, mais plutôt un mal chronique ; chronique car toutes les époques ont connues des inflations. De ce fait, depuis des années, la question d’augmentation de prix occupe l’esprit des théoriciens et praticiens en économie. L’inflation règne dans tous les pays quel que soit son niveau de développement (pays développé ou pays en développement) ainsi son régime économique (économie planifiée ou économie de marché). Les pays en développement sont plus vulnérables à ce phénomène, Madagascar en fait partie. Son économie est caractérisée par une instabilité politique générant une crise économique, par une croissance démographique forte et par une forte dépendance avec l’extérieur.
CONCEPT GENERAL SUR L’INFLATION ET SUR LA CROISSANCE
L’INFLATION
Notion générale de l’inflation
Après avoir défini ce qu’on entend par inflation, des diverses formes seront abordés.
Définitions
Il existe plusieurs façons de définir l’inflation, étymologiquement l’inflation vient du mot latin « inflatio » qui signifie enflure. Retenons d’abord la définition selon le dictionnaire économique. Le terme inflation désigne une augmentation durable, générale, auto-entretenue des prix de biens et services. Le dictionnaire d’économie politique définit l’inflation comme un engorgement des canaux de la circulation monétaire par un excèdent de papier monnaie par rapport aux besoins économiques réelles.
Dans l’ouvrage de BITARD et MALO, « l’inflation est un phénomène provoqué par une série de désajustement au niveau de la formulation des prix. Ces désajustements naissent dans certaines zones de l’économie et se propagent dans le circuit économique par l’intermédiaire des mécanismes qui régissent l’activité économique. Il peut être amplifié, transformé, voire atténué » Généralement, l’inflation est la perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation durable et générale des prix, mais il faut que cette hausse de prix soit durable et présente un caractère cumulatif d’année en année. C’est un phénomène macroéconomique, du point de vue que son évolution ainsi son apparition sont en relation avec des variables qui se trouvent dans le system économique. L’inflation n’est donc pas un phénomène isolé ni accidentel. Auto-entretenue car une hausse de prix d’un certain produit peut entrainer une nouvelle hausse au niveau d’autre produit .
Les différents types de l’inflation
En général, les catégories de l’inflation varient selon le rythme d’évolution du taux d’inflation ; à savoir :
• Inflation rampante ou larvée ou encore latente : lorsque le taux d’inflation est environ 3%
• Inflation ouverte : lorsque le taux d’inflation se trouve entre 3% à 6%
• Inflation galopante : lorsque le taux d’inflation est de 10%
• L’hyperinflation : c’est une forme extrême de l’inflation, on parle d’hyperinflation si le taux d’inflation se trouve au-delà de 20% .
Outre, on peut classer aussi l’inflation selon le contexte :
• Inflation de croissance ou inflation de prospérité : elle est due à une forte augmentation des investissements. Elle est favorable à la croissance économique du fait que son taux est modéré (avec un taux environ 3%)
• Inflation de récession ou inflation de pénurie : elle est causée par une rigidité de l’offre globale par rapport à la demande. L’offre n’est donc pas capable de satisfaire la demande ce qui incite le prix à augmenter
• Inflation conjoncturelle : elle est provoquée par une conjoncture économique c’est-à-dire elle est liée à un phénomène passager par exemple une catastrophe naturelle.
• Inflation chronique : elle est le contraire de l’inflation conjoncturelle, on peut l’appeler aussi inflation structurelle. Comme son nom l’indique, elle dépend de la structure économique d’un pays. Elle est donc favorisée par l’existence des mutations structurelles.
• Inflation importée : elle s’explique par une augmentation de prix des biens importés nécessaire à la production
• Inflation par la demande : elle ayant pour origine un excès de la demande par rapport à l’offre pour une raison quelconque. L’incapacité de l’offre à suivre la demande implique donc ce type d’inflation.
• Inflation par les couts : elle a comme source une augmentation de cout de production par rapport au gain de productivité
• Inflation salariale : c’est à cause d’une hausse de salaire entrainant une hausse de prix de revient.
Mesure de l’inflation
On a deux moyens pour mesurer l’inflation : soit par le calcul de l’IPC, soit par le calcul du déflateur du PIB.
• L’Indice de prix à la consommation
L’IPC est le rapport des prix d’un même groupe de biens et services, supposés achetés en même quantité dans les mêmes endroits, à deux dates différentes . Il permet d’estimer la variation du cout de la vie pour les consommateurs. Il est construit à partir d’un échantillon de prix de biens et services destinés à la consommation des ménages et recueillis sur le marché. Les deux indices le plus couramment utilisées sont l’indice de Laspeyres et de Paasche. Ces deux indices nous renseignent sur ce qu’est le niveau général des prix à la date t1 par rapport à celui qui prélevait à une date de référence t0 .
• Le déflateur du PIB
Le déflateur du PIB est le rapport entre le PIB nominal et le PIB réel. Il mesure les prix de tous les biens et services produits dans l’économie ; il ne tient compte que des prix des biens et services produits sur le territoire national.
Les principales sources ou causes de l’inflation
Les causes de l’inflation sont nombreuses et imbriquées, elles peuvent être interne et externe, ainsi conjoncturelles comme structurelles. Elles sont déclenchées par des déséquilibres monétaires, réels, structurels. Cependant, on ne s’intéresse qu’aux trois principales sources dont l’inflation monétaire, l’inflation par la demande et l’inflation par le cout.
Inflation monétaire
L’analyse de l’inflation monétaire nous mène à concevoir le mécanisme de la théorie quantitative de la monnaie La TQM est une théorie selon laquelle le niveau général des prix est fonction de la quantité de monnaie en circulation, et selon laquelle la croissance de la masse monétaire est la cause première de l’inflation .
• L’équation de Fisher
La TQM a été tout d’abord formulé par Irvin Fisher, il a mis en évidence une relation de causalité entre les deux variables qui sont la quantité de monnaie et le niveau général des prix. Une variation de la masse monétaire en circulation entraînerait une variation de prix ; il la montré par l’équation :
MV= PT
Avec
M : stock de monnaie
V : Vitesse de circulation de la monnaie
P : niveau général des prix
T : volume de transaction .
Cette équation part sous l’hypothèse que les variables V et T sont des variables passives et indépendantes, la vitesse de circulation V est une constante. Le volume de transaction T dépend du facteur réel. Dans ce cas le stock de monnaie M n’influence que sur le niveau général des prix P.
• Version du Cambridge
L’équation précédente a été pris par l’école de Cambridge notamment A. Marshall et Pigou. L’école de Cambridge a tiré dans cette équation la fonction de demande de monnaie. Il suppose que les agents économiques définissent leur besoin de monnaie non pas en terme nominaux mais en terme réels. Si le prix des biens augmente, les agents économiques rétablissent leur encaisse pour pouvoir maintenir leur pouvoir d’achat, une variation de prix induit donc à une variation d’encaisse. Supposons qu’on est dans une situation d’équilibre selon laquelle les encaisses effectives détenus par les agents économiques sont proportionnels à leurs encaisses désirées ; lorsque les institutions monétaires émettent plus de monnaie, leurs encaisses effectives excéderaient leurs encaisses désirées. Issu de cet excédent, les agents économiques ont tendance à consommer plus. La demande globale va accroitre ce qui conduit à une hausse de prix.
• La formulation de Keynes
Pour Keynes, l’inflation est d’abord un phénomène macroéconomique, son analyse doit donc prendre en compte les multiples interactions entre les variables du circuit économique. De plus, selon lui encore, la monnaie n’est pas neutre et elle peut être efficacement utilisée dans le cadre de la politique économique. Il précise que «l’accroissement des quantités de la monnaie peut favoriser l’augmentation de la production ou l’accroissement des prix». Cette affirmation s’explique comme suit : une augmentation de l’offre de monnaie permet de réduire le taux d’intérêt , ce qui favorise l’investissement et engendre l’augmentation du niveau de la production. Dans le cadre de plein emploi, l’effet d’une augmentation de la quantité de la monnaie sur la production résulte de la possibilité de son élasticité par rapport à la demande. La production n’augmente pas, seuls les prix gonflent et il y aura inflation.
Mais dans le cas de sous-emploi, la production est élastique, elle augmente et les prix ne change pas.
L’exposé de la théorie de l’inflation s’appuie sur des équations fondamentales qui sont des identités comme l’équation quantitative mais mettent en jeu de tout autre mécanisme.
• Version monétariste
Selon les monétaristes dont le chef de file est Milton Friedman, l’inflation trouve sa source dans une création de monnaie excessive. L’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire. La nouvelle théorie quantitative de la monnaie élaborée par Milton Friedman dégage une corrélation positive entre les mouvements de la masse monétaire et les fluctuations des prix. Milton Friedman soutient qu’à court terme, une augmentation de la masse monétaire se répercute sur le niveau général des prix mais également sur le volume de la production car il n’y a pas plein emploi des facteurs de production. A long terme, la théorie quantitative est à nouveau vérifiée. Les fluctuations cycliques seraient sinon provoquées, du moins aggravées par les politiques monétaires.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : APPROCHES THEORIQUES SUR L’INFLATION ET SUR LA CROISSANCE ECOBOMIQUE
Chapitre1. CONCEPT GENERAL SUR L’INFLATION ET SUR LA CROISSANCE
Section1 : L’INFLATION
Section2 : LA CROISSANCE ECONOMIQUE
CHAPITRE 2/ CONTROVERSES THEORIQUE SUR L’IMPACT DE L’INFLATION A LA CROISSANCE
Section 1 : inflation comme facteur nécessaire à la croissance
Section 2 : l’inflation : un frein à la croissance
PARTIE 2 : ANALYSE EMPIRIQUE DE L’INFLATION ET DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Chapitre 1 : INFLATION
Section1 : les principales causes de l’inflation
Section 2 : évolution de l’inflation à Madagascar de 2000 à 2010
Chapitre 2 : ANALYSE DESCRIPTIVE SUR LA RELATION ENTRE INFLATION ET CROISSANCE ECONOMIQUE
Section 1 : présentation de la croissance économique
Section 2 : Corrélation entre inflation et croissance économique à Madagascar
Section 3 : Les conséquences de l’inflation
Chapitre 3 : POLITIQUE DE DESINFLATION
Section 1 : Instruments
Section 2 : Interventions et reformes sur le marché monétaire
Section 3 : Opération sur le MID
CONCLUSION