HISTORIQUE
La microfinance a existé depuis des lustres, mais sa forme d’origine était loin de ressembler aux formalités actuelles. Pourtant, le principe qui consistait à contracter des prêts aux gens pauvres y était déjà. Le concept de microfinance remonte au temps des Babyloniens. Déjà en ces temps, le principe de microfinance était retrouvé, car les prêtres accordaient des prêts à caractère financier aux plus démunies de la société à l’époque. Cette pratique fut reprise par les religieux de l’église catholique au XVe siècle. La forme de microfinance actuelle n’apparait que vers le XIXe siècle, Mais le principe d’offrir aux pauvres une aide pour leur permettre de se développer reste la motivation principale de la microfinance. Au Québec, la microfinance vit le jour au XXe siècle. En même temps des institutions de microfinance se créaient en Amérique latine pour aider les paysans dans leurs activités et mobiliser leur épargne. De 1945 aux années 70, des banques publiques pour le développement des pauvres ont été créées par les bailleurs de fonds internationaux. Cette initiative fut un échec total car le taux de change établit occasionnait des lourdes charges que les personnes pauvres n’arrivaient pas à suivre. Et encore le taux de recouvrement était très bas, ce qui entrainait les banques à l’époque vers la faillite. Donc nous en revenions au problème principal, c’est-à-dire l’incapacité des gens pauvres à obtenir des prêts pour financer leurs activités. Ce qui est un blocage économique majeur car les gens pauvres constituent la majorité de la population surtout dans les pays subsahariens. C’est face à cela que les premiers IMF ont été créées en Asie et en Amérique Latine. Muhammed Yunus, professeur d’économie rural à l’université de Chittagong (Bungladesh) et fondateur de la Grameen Bank, fut le premier à se rendre compte que les pauvres avaient aussi besoin de service financier pour nourrir leur activité. En même temps, des programmes de microcrédit s’élaboraient silencieusement en Amérique latine, soutenus par la ACCIüN International. A la base c’est un organisme à but non lucratif mais l’appui du programme par la firme a permis la création de 32 institutions de microfinance qui prêtaient pour l’Afrique, l’Amérique Latine et l’Asie. La Grameen bank est l’ancêtre de toutes les institutions de microfinance. Comme susmentionné, Muhammed Yunus était le premier à se rendre compte qu’il était possible de créer un système financier adapté aux besoins des personnes pauvres afin de leur donner une chance de participer un peu plus à la production nationale et donc à la croissance d’un pays. Il affirme : « J’ai toujours eu la certitude qu’éliminer la pauvreté de la planète était davantage une affaire de volonté que de moyens financiers. […] La charité, de son côté, ne résout rien. Elle ne fait que perpétuer la pauvreté en retirant aux pauvres toute initiative » 7 Dans ses propos l’auteur démontre que les critères de développement du milieu rural ne peut être que d’origine interne. Il porte bien son surnom de « banquier des pauvres ». L’idée s’est ensuite rependue dans le monde entier, même dans les pays développés. En général Yunus applique un taux d’intérêt modeste de 26%. Ces taux sont effectivement plus élevés que ceux rencontrés dans le système classique. Les taux d’intérêt appliqués dans le modèle de Yunus sont de 26% en moyenne, et sont certes plus élevés que dans le cadre d’un système bancaire classique. Mais nous aborderons, plus bas, la question du taux d’intérêt. Malgré le taux élevé, la demande d’octroi de financement augmente car ces personnes sont plus motivées par la possibilité de financement que par son coût.
Caractéristiques des produits et services offerts
L’offre des IMF intervenant à Madagascar présente les caractéristiques suivantes :
> La taille est fonction des zones d’intervention des IMF. En milieu urbain, les montants moyens des prêts ADéFI et SIPEM varient entre 4,6 et 16 millions de Fmg (le plafond de crédit atteint 100 millions Fmg pour les Micro et Petites Entreprises et PME), ceux des ménages pauvres touchés par les ONG ou associations varient entre 50.000 Fmg à 400.000 Fmg. En milieu rural, en dehors des prêts CECAM et OTIV d’une valeur moyenne de l’ordre de 2.000.000 Fmg, les autres institutions (TIAVO et AECA) ont des niveaux de prêts moyens qui se situent autour de 400.000 Fmg. Ces crédits sont essentiellement destinés aux secteurs productifs (agriculture, transformation, pêche, élevage), au commerce, aux activités de transport, à l’artisanat. Cependant, des prêts d’équipement (acquisition de petits matériels, location-vente mutualiste, amélioration de l’habitat…) connaissent un début de financement et certains prêts sont accordés pour des besoins sociaux ou de consommation. > La durée des crédits n’excède généralement pas 12 mois. Cette situation s’explique en partie par l’insuffisance de ressources financières stables pour réaliser des crédits d’investissement à moyen terme. Cependant, les réseaux ADéFi et CECAM peuvent octroyer des prêts d’une durée atteignant respectivement 36 et 72 mois ;
> Les garanties exigées par les IMF sont variables : épargne bloquée ou nantie, nantissement et caution solidaire ;
> Les taux d’intérêt nominaux affichés varient entre 2 % et 4 % par mois.
> Même si on ne peut pas généraliser, le portefeuille des institutions a tendance à se dégrader.
Cette situation ne peut pas être uniquement imputable aux effets de la crise socio – politique qu’a connue le pays au cours de l’année 2002 : elle découlerait également du manque de professionnalisme de certains acteurs du secteur, notamment dans la maîtrise de croissance ;
> Enfin, les produits d’épargne sont peu diversifiés : ils sont à vue et à terme. Les dépôts à vue qui constituent la plus grande partie de l’épargne mobilisée ne sont pas rémunérés tandis que les dépôts à terme sont rémunérés dans une fourchette entre 3 % et 6 % l’an par certaines IFM. La croissance des IMF s’avère être rapide et durable, elle se manifeste par l’augmentation de client ciblé, de volume de dépôts collecté et de volume des crédits distribués. Dans le court intervalle de 1999-2003, l’encourt de dépôt a été décuplé, et le montant des crédits a été quadruplé.
Les besoins en crédit des UPI
86 % des UPI interrogées se sont prononcées sur les problèmes ou difficultés qu’elles rencontrent dans différents domaines, soit un nombre important, qui permet de penser que les réponses reflètent la réalité. Dans la hiérarchie des difficultés qui affectent les producteurs informels, le problème du crédit vient en sixième position, cité par un quart des micro entrepreneurs. Plus que son coût, c’est la difficulté d’accéder au crédit que dénoncent les microentrepreneurs. Le problème semble plus aigu pour ceux ayant une activité commerciale : un tiers en font mention contre 24 % dans l’industrie et 17 % dans les services. L’évolution observée entre 1995 et 2004 va dans le bon sens, puisqu’en 1995, soit deux ans avant que ne démarre l’activité d’ADéFI à Antananarivo, les difficultés d’accès au crédit venaient en deuxième position (contre une sixième position aujourd’hui) et étaient citées par 40 % des micro-entrepreneurs (contre 25 % aujourd’hui). A l’inverse, le problème du coût du crédit semble gagner en importance : 14 % des micro-entrepreneurs l’évoquent en 2004 contre 10 % en 1998 et 6 % seulement en 2001. Ce qui est peut-être logique : avant, il était plus difficile d’accéder au micro-crédit, donc la question du coût se posait moins souvent. Ajoutons que le frein constitué par les difficultés d’accès au crédit apparaît plus clairement si l’on intègre à l’analyse les effets indirects : manque de matériel, local inadapté, etc… Ainsi, près de 28 % des entrepreneurs ont des problèmes d’approvisionnement en matières premières, 30 % se plaignent du manque de machines ou d’équipements (cette proportion atteint 52 % dans l’industrie) et 29 % manquent de place ou exercent dans un local inadapté. Conséquence directe de ces contraintes, un accès facilité au crédit est sollicité par près de 36 % des micro-entrepreneurs toutes activités confondues (contre 29 % en 2001) et par 46 % des micro entrepreneurs ayant une activité commerciale. Si ces chiffres montrent le chemin restant à parcourir en matière d’offre de crédit au secteur informel, les résultats suggèrent toutefois que d’autres contraintes, celles inhérentes aux débouchés en l’occurrence, sont encore plus sérieuses. L’évolution observée depuis une dizaine d’années montre que dans l’ensemble, les microentreprenenurs sont en proportion plus nombreux à solliciter des aides en 2004 que dans les années antérieures. Le classement des aides souhaitées ne varie toutefois pas sensiblement depuis 1998. Ces données suffisent pour pouvoir affirmer que presque la majorité des microentrepreneurs interrogés voudrait ouvrir un autre établissement et voudrait se lancer dans la diversification de leur activité, d’autres répondent à opter pour la maintenance de leur matériel s’ils auraient accès à une dette financière. Des proportions moindres répondent à faire des dépenses en dehors de leur établissement. Il est à noter qu’aucun des entrepreneurs n’a opter pour l’embauche en cas d’octroi de crédit. Ce qui nous ramène donc à dire que la microfinance, c’est-à-dire le financement des pauvres via un système bancaire mieux adaptés pour eux, aurait un impact sur le niveau de la production mais n’agirait pas, en tout cas, à court terme, sur le niveau de l’emploi.
CONCLUSION
Le secteur de la microfinance est aujourd’hui en pleine expansion. Il contribue au développement du marché financier. Sa santé reste cependant instable mais elle dispose de plusieurs atouts : la volonté du gouvernement de continuer d’en faire l’instrument privilégié de réduction de la pauvreté, la faiblesse du taux de pénétration et les besoins croissants de la population, une demande potentielle élevée, l’intérêt des investisseurs à opérer dans le secteur… La finalité de la microfinance ne se limite pas à promouvoir la croissance économique, et le développement, mais vise aussi à ce que le service survie durablement pour satisfaire constamment les populations concernées. Après des études plus approfondies des résultats d’autres problématiques sont apparus, et des questions s’y référant n’ont pas trouvé de réponses :
-les services offerts répondent-ils réellement à l’attente de la population ciblée et contribuentils effectivement à la réduction de la pauvreté quand le coût du crédit reste aussi élevé ? Comment réduire le taux d’intérêt tout en préservant la viabilité de l’IMF Sous quelle circonstance les banques centrales peuvent-elles apporter son aide au financement des IMF pour que les taux d’intérêt que ces IMF doivent imposer à la population soient plus abordables et contribuent effectivement à l’amélioration de son niveau de vie ?
-Au niveau institutionnel, la mission des autorités de contrôle doit-elle s’étendre à l’accompagnement des réseaux jusqu’à leur maturité ? En effet ; étant donné les conditions de fonctionnement ainsi que le dilemme entre mission sociale et atteinte du profit auquel les réseaux sont confrontés, les autorités de contrôles sont souvent les seules qui soient aptes, du fait de leur indépendance à dénoncer certaines pratiques nuisibles à l’intégrité du secteur. Ce sont ces questions qu’on doit se poser pour réfléchir à propos de la microfinance en tant que qu’instrument d’enrichissement des riches et ne dérive pas de leur objectif de contribuer à la production et tout en sortant les pauvres du joug de la pauvreté.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE
I.1 DEFINITION ET CONCEPT
I.1.1 L’IMF
I.1.2 LES BENEFICIAIRES
I.1.3HISTORIQUE
I.2THEORIE FONDAMENTALE SUR L’EVOLUTION DE LA MICROFINANCE
I.2.1 PRINCIPE DE LA MICROFINANCE
I.2.2 FONCTIONNEMENT ET ORGANISATION DE LA MICROFINANCE
I.2.2.1L’IMF, UNE ORGANISATION IDENTIQUE A CELLE DES ENTREPRISES
I.2.2.2OBJECTIF D’UNE IMF
I.2.2.3 LE CYCLE DE VIE D’UNE IMF
I.3 L’ IMPACT DE LA MICROFINANCE SUR L’ECONOMIE
I.3.1UN IMPACT REEL
I.3.2 IMPACT PLUS GLOBAL
PARTIE II : ETUDE DE L’IMPACT DE LA MICROFINANCE DANS L’ECONOMIE, CAS DE MADAGASCAR
II.1 L’OFFRE ET LA DEMANDE DE MICROCREDIT A MADAGASCAR
II.1.1 L’OFFRE DE CREDIT A MADAGASCAR
II.1.2 DU CÔTE DE LA DEMANDE
II.2 GAIN NET DU PROJET
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Télécharger le rapport complet