Impact de la jacinthe d’eau

Présentation du lac Ibofo 

Physiologie du lac 

Du point de vue physiologique, le lac Ibofo présente les caractéristiques suivantes  :
– il est relié avec la rivière de Sakena par le canal de drainage dénommé « Kinga ». Cela explique la variation saisonnière de son niveau d’eau, il se remplisse en période des crues en apportant des poissons, des alevins et des débris organiques et se vide en saison sèche par infiltration et évaporation
– il est entouré par des espèces de plantes aquatiques comme les bambous et les roseaux. Il s’étend sur une superficie de 274 ha. Le fonctionnement du « Kinga » est un avantage au rempoissonnement naturel du lac. Les couvertures végétales servent de filtre qui empêche l’ensablement du lac. Les végétaux aquatiques sont des zones de frai indispensables à la régénération des poissons.

Production

Dans la commune d’Ankotrofotsy, il y a 134 pêcheurs qui travaillent au niveau du lac Ibofo, parmi eux, 69 ont déjà leur carte professionnel. Depuis l’année 2007, il y a eu des personnels de la brigade de pêche qui travaillent dans la commune d’Ankotrofotsy. Ils ont comme responsabilités la formation des pêcheurs, le recensement des produits de pêche journaliers et annuels et la détermination des espèces de poissons existant dans le lac .

Au cours de ces 3 dernières années, la production a toujours diminué. La différence de cette diminution s’élève d’année en année : du 2007 à 2008, elle est de 2750 kgs et pour 2008 à 2009 elle est de 7 439 kgs. Cette réduction en produit de pêche est en relation avec la destruction de la physionomie naturelle du lac Ibofo qui est originellement riche en poissons. Parmi les espèces existant actuellement, les familles de CYPRINIDAE, CHICHLIDAE et ARIDAE sont originaires de la région mais les autres sont allochtones .

Problèmes spécifiques du lac 

Il y a 3 problèmes principaux qui affectent le lac : envahissement des plantes aquatiques, ensablement et prolifération du « vangolopaky ». La réduction des produits de pêche (Tableau IV) est expliquée par l’existence de ces problèmes au sein du lac. Le premier engendre le disfonctionnement du « Kinga » qui assure le rempoissonnement du lac, le second entraîne la diminution de la superficie et de la profondeur du lac et le dernier la prolifération du « vangolopaky » qui est un poisson carnivore provoquant la disparition des poissons autochtones.

Impact de la jacinthe d’eau 

Impact sur la physionomie du lac 

Cette diminution de la profondeur du lac est expliquée par l’évapotranspiration causée par la plante. Par absorption d’oxygène et libération après le passage d’un processus d’évapotranspiration, la jacinthe d’eau, souligne le docteur Ricardo LABRADO, fait baisser la quantité d’eau ; « la perte d’eau peut être trois fois supérieure dans le milieu infecté » (28). La quantité d’eau est donc inversement proportionnelle avec la qualité de la jacinthe d’eau.

Refroidissement du lac

Trois sortes de températures ont été mesurées à savoir celle de l’air, de l’eau claire et de l’eau de la jacinthe. Les mesures ont été faites 5 jours de suite à compter du 20 avril 2010 au 24 avril 2010. Au cours de ces 5 jours successifs, la température de l’air a légèrement oscillé entre 27 à 30°C, celle de l’eau claire entre 25 et 27°C et celle de la jacinthe entre 22 et 25°C. Et quand on considère la température moyenne, celle de l’air est la plus élevée de 28,2°C, celle de l’eau de la jacinthe la plus faible de 23,6°C et celle de l’eau claire intermédiaire. Il semble que la présence de la jacinthe fait refroidir l’eau du lac de 3°C. Le recouvrement de la surface de l’eau par la jacinthe empêche l’entrée du rayonnement solaire qui est la source de chaleur dans la profondeur du lac. C’est ce phénomène qui engendre la basse température de l’eau recouverte par la jacinthe.

Chaque espèce de poissons a une température optimale à sa survie. Par exemple, chez les Cyprinidés, elle est de 27°C (26). Donc toute température autour de 27°C est acceptable à la survie de cette espèce. Cela entraîne la réduction des espèces de carpes dans le lac Ibofo.

Perte d’oxygène dissous 

Les résultats de comparaison de la mesure de l’oxygène dissous dans l’eau claire et dans l’eau de la jacinthe pendant 5 jours successifs sont donnés dans le tableau VIII. L’oxygène dissous dans l’eau claire varie de 10 à 14 mg/l alors que celui de l’eau de l’eau de la jacinthe est de 02 à 07 mg/l. C’est la journée du 21 avril 2010 que nous avons enregistré la valeur la plus élevée. En outre, la valeur moyenne de l’oxygène dissous dans l’eau claire de 12 mg/l est nettement plus élevée que celui dans l’eau de la jacinthe de 3,8 mg/l. cette dernière valeur est presque trois fois moins élevée que celle de la première. Le taux en oxygène dissous dans l’eau est grandement influencé par la journée et la présence de la jacinthe d’eau fait diminuer nettement sa valeur dans l’eau. La température de la journée a une influence sur l’oxygène dissous dans l’eau. En analysant la journée du 21 avril 2010, elle présente une température et oxygène dissous les plus élevés. La température de l’eau claire de 27°C correspond à une valeur d’oxygène dissous 14 mg/l. pour l’eau de la jacinthe, sa température est de 25 °C et l’oxygène dissous est de 7 mg/l. Par rapport aux autres mesures, c’est cette journée que nous avons enregistrée ceux qui sont les plus élevés. La valeur de l’oxygène dissous s’élève lorsque la température est élevée.

L’amplitude du taux d’oxygène dissous dans l’eau claire et dans l’eau de la jacinthe peut être interprétée de deux phénomènes. D’une part, la faible quantité d’oxygène dissous sous la jacinthe d’eau provient de l’absence de la photosynthèse qui a comme produit le dégagement d’oxygène et elle est assurée par les végétaux chlorophylliens immergés dans l’eau. Cette absence de la photosynthèse est due à l’insuffisance de la lumière solaire qui pénètre dans l’eau ; car sa surface est déjà recouverte par la jacinthe. D’autre part, la jacinthe d’eau utilise l’oxygène arrivé dans son milieu pour sa respiration durant la nuit.

Impact sur la diminution des produits de pêche 

Période d’existence de la Jacinthe d’eau dans le lac Ibofo 

Les pêcheurs enquêtés peuvent se subdiviser en deux groupes selon leurs réponses sur l’existence de la jacinthe d’eau : ceux qui disent OUI et ceux qui disent NON . Le premier groupe travaille dans ce métier de pêcheur depuis une dizaine d’années mais le second groupe est dans ce métier depuis plus d’une quinzaine d’années. La jacinthe d’eau est donc non originaire de ce lac et sa période d’introduction est entre les années 1995 et 1998 et elle a envahit le lac d’Ibofo depuis plus d’une dizaine d’années. Comment s’est fait cet envahissement du lac par le jacinthe ?

Agent de transport de la jacinthe d’eau
La connaissance des agents de transport de la jacinthe d’eau nous permet de savoir la période de son introduction dans le lac.

La plupart des pêcheurs enquêtés (34) montrent que c’est la crue pendant la période des pluies qui apporte la jacinthe d’eau dans le lac. Mais quelques uns (19) ajoutent que c’est le débordement de la rivière lors du passage du cyclone Géralda du 1996 qui a vraiment entrainé son implantation au sein du lac. Très peu de pêcheurs (5) disent que c’est l’homme qui a emmené la jacinthe ici pour piéger les crocodiles. Nous pouvons remarquer un nombre élevé (25) de pêcheurs qui ne répondent pas à la question. D’où la difficulté d’obtenir une bonne réponse en utilisant la question ouverte. Les agents de transport de la jacinthe d’eau seraient donc les rivières et l’homme, mais avec une nette importance de l’effet des rivières. Le débordement de la rivière lors du passage du cyclone Géralda du 1996 conduit à l’implantation de la jacinthe d’eau dans le lac. Puis, chaque année, la crue pendant la saison des pluies en apporte davantage. La jacinthe d’eau une plante flottante suit facilement le sens du courant d’eau. Nous pouvons donc conclure que l’année d’implantation de la jacinthe d’eau au niveau du lac Ibofo est 1996 mais son invasion a nettement remarquable depuis 1998. Comment se fait alors son impact sur le produit de pêche?

Impact sur le gain de poisson

Le lien entre les heures de travail et le poisson obtenu avant et après l’invasion de la jacinthe d’eau est présenté dans le tableau XI. Avant 1998, les pêcheurs travaillent 7h de temps et obtiennent en moyenne 3,5 bidons. Alors qu’après 1998, ils pêchent durant 10h de temps et n’obtiennent en moyenne qu’un bidon. L’invasion de la jacinthe d’eau a réduit la quantité de poissons obtenus. Malgré l’augmentation de l’heure de travail on a encore une diminution du produit de pêche. En bref, la jacinthe d’eau a perturbé les facteurs écologiques du lac et cela affecte la régénération naturelle des poissons. En outre son invasion a réduit la surface exploitable du lac. En fin, elle est considérée comme un lieu d’enfouissement des poissons. Comment se fait alors que cette plante arrive-t-elle à coloniser une surface donnée en un temps très court ?

Moyens de lutte 

Prolifération et propagation très rapide

La multiplication très rapide de la jacinthe d’eau est favorisée par 3 facteurs : mode de reproduction, vent et température du milieu. La jacinthe d’eau se multiplie par 2 modes de reproduction : la reproduction végétative et la reproduction sexuée. Son mode de reproduction s’effectue principalement par voie végétative par l’allongement des stolons alors que la reproduction sexuée est assez rare. En outre, c’est une plante flottante donc facilement poussée par le vent. Ce facteur favorise la plante à coloniser d’autres zones. Le facteur température joue un rôle très important à la multiplication de la jacinthe. La jacinthe d’eau a une croissance maximale à une température entre 20 à 30 °C (28). Au niveau du lac Ibofo, sa température de l’air est de 28,2°C en moyenne et celle de l’eau claire de 26,6°C. Ces valeurs sont favorables à la multiplication de la jacinthe et elle peut y avoir une croissance maximale. C’est pourquoi on y trouve la prolifération très rapide de cette plante. Cela amène les personnels de la brigade de pêche de ralentir sa multiplication en proposant une solution de lutte.

Moyen de lutte local 

Par l’observation que la jacinthe d’eau est facilement poussée par le vent, les personnels de la brigade de pêche dans la commune propose la méthode manuelle comme moyen de lutte au niveau du lac Ibofo. Elle consiste à utiliser un filet à grande maille pour tirer les plantes. Ce sont les pêcheurs qui exécutent ce travail mais les personnels de la brigade de pêche donnent les consignes et les matériels. Cette méthode est appelée système de senne de plage (Figure 14). Les quatre coins du filet sont reliés avec des cordes pour pouvoir le tirer. Le processus du travail se fait comme suit : installer le filet au milieu des plantes, en considérant la densité de la plante pour qu’elle ne soit pas trop lourde, puis tirer le filet à l’aide des cordes de chaque coin, laisser sécher les plantes et les brûler. Ce moyen de lutte se fait tous les trois mois. Cette méthode est efficace pour le nettoyage du lac mais pas pour éradiquer la jacinthe. Après son nettoyage, la plante n’arriverait à occuper la même surface d’occupation qu’après plus d’un mois. Cette période varie avec la saison, en été, elle est plus lente (jusqu’à un mois et demi) tandis qu’en hiver, elle est plus rapide (trois semaines).

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LE MATERIEL D’ETUDE ET LE MILIEU D’ETUDE
Chapitre I : MILIEU D’ETUDE
1.1. Historique du district de Miandrivazo
1.2. Milieu physique
1.2.1. Localisation géographique
a. Hydrologie
a1 Réseaux hydrographiques
a2 Lacs
b. Géologie et sol
1.2.2. Climat
a. Température
b. Pluviométrie
c. Vent
1.2.3. Division administrative
1.2.4. Transport
1.2.5. Population
Chapitre II : DESCRIPTION DE LA JACINTHE D’EAU
2.1. Classification
2.2. Caractéristique botanique
Cliché par l’auteur
2.2.1. Description de l’appareil végétatif
a. Tige
Cliché par l’auteur
b. Feuille
Cliché par l’auteur
c. Racine
Cliché par l’auteur
2.2.2. Description de l’appareil reproducteur : fleur
Cliché par l’auteur
2.3. Moyen de lutte
2.3.1. Lutte physique
2.3.2. Lutte chimique
2.3.3. Lutte biologique
a. Usage des insectes
b. Usage des poissons herbivores
c. Usage des phytopathogènes
DEUXIEME PARTIE : MATERIELS ET METHODES
Chapitre I : MATERIELS
1.1. Matériels de mesure
1.1.1. GPS
1.1.2. Thermomètre
1.1.3. Kit d’oxygène dissous
a. Produits chimiques
b. Verreries
1.2. Matériels d’enregistrement
1.2.1. Appareil photo numérique
1.2.2. Ordinateur
1.3. Matériel de transport : Pirogue
Chapitre II : METHODES
2.1. Travaux de reconnaissance
2.2. Recherche bibliographique
2.3. Travaux sur terrain
2.3.1. Enquête auprès des pêcheurs
2.3.2. Etude des caractères physico-chimiques
a. Température
b. Détermination de l’oxygène dissous
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ET DISCUSSIONS
Chapitre I : Présentation du lac Ibofo
1.1. Physiologie du lac
1.2. Production
1.3. Problèmes spécifiques du lac
Chapitre II : Impact de la jacinthe d’eau
2.1. Impact sur la physionomie du lac
2.1.1. Perte d’eau
2.1.2. Refroidissement du lac
2.1.3. Perte d’oxygène dissous
2.2. Impact sur la diminution des produits de pêche
2.2.1 Période d’existence de la Jacinthe d’eau dans le lac Ibofo
2.2.2. Agent de transport de la jacinthe d’eau
2.2.3. Impact sur le gain de poisson
Chapitre III : Moyens de lutte
3.1. Prolifération et propagation très rapide
3.2. Moyen de lutte local
Quatrième partie : SUGGESTIONS ET INTERETS DE CE TRAVAIL
Chapitre I : SUGGESTIONS
Chapitre II : INTERET PEDAGOGIQUE
CONCLUSION GENERALE

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