L’EAU ET LA SANTE
Le lien étroit qui existe entre l’eau et la santé n’est plus à démontrer. Lorsqu’on fournit une eau potable à une population, on améliore considérablement sa santé. Le corps humain est composé d’eau à plus de 60%. Certaines réactions qui se passent à l’intérieur de l’organisme ne peuvent se dérouler qu’en présence d’eau. Grâce à ses propriétés physico-chimiques ; l’eau apporte à l’organisme les éléments minéraux et certains oligo-éléments dont il a besoin pour bien fonctionner. L’eau permet d’éliminer les toxines contenues dans les muscles et ce faisant, de supprimer les crampes. L’eau que l’on boit, chaque jour, doit aussi compenser les pertes dues à la déshydratation et à l’eau éliminée par les urines et les excréments. Un adulte moyen de 70kg doit ingérer 2,5 à 3 l/j dont 1 à 1,5 l sous forme de boisson pour se maintenir en bonne santé. Pour le nourrisson, le besoin en eau rapporté à son poids corporel est encore plus important lorsque ce besoin n’est pas satisfait ou lorsque l’eau est de mauvaise qualité, la santé de l’homme est menacée. A l’échelle de la planète, ce problème de manque d’eau potable, combiné au manque d’assainissement est à l’origine de 80% des cas de maladies CULOT Marc, PROTOS 2006).
L’ANALYSE BACTERIOLOGIQUE DES EAUX
La majorité des microorganismes pathogènes (virus, bactéries ou protozoaires pouvant causer des maladies) susceptibles de se trouver dans l’eau proviennent de déjections humaines ou animales. Or l’eau ne doit contenir ni parasite, ni virus, ni bactérie pathogène. La qualité microbiologique est évaluée lors des contrôles analytiques règlementaires, par la recherche de bactéries, principalement des germes témoins de contamination fécale. La présence de ces bactéries dans l’eau a pour origine une pollution de la ressource, un dysfonctionnement du traitement de potabilisation. Les conséquences dépendent de plusieurs facteurs dont l’état général du consommateur, de la virulence des microorganismes, du mode de transmission ainsi que de la dose ingérée. Les troubles sont principalement des troubles gastro-intestinaux, diarrhées, vomissements. Il est indispensable de toujours contrôler la qualité de l’eau après son traitement et avant sa consommation parce que ce dernier peut être défaillant ou que la qualité de l’eau peut s’altérer avant son arrivée au robinet du consommateur. L’objectif de l’analyse bactériologique d’une eau n’est pas d’effectuer un inventaire de toutes les espèces bactériennes présentes dans l’eau, mais de rechercher soit celles qui sont susceptibles d’être pathogènes, soit celles qui sont indicatrices de contamination fécale. Ce sont : Les Coliformes totaux : correspondent à des bacilles Gram négatif, non sporulé, oxydase négatif, aérobie et anaérobie facultatifs, capables de se multiplier en présence de sels biliaires et de fermenter le lactose avec production de d’acide et de gaz en 48h à une température de 35- 37°C. Ils constituent un groupe hétérogène de bactéries d’origine fécale (dont les bactéries E. coli) et environnementale. En effet, la plupart des espèces peuvent se trouver naturellement dans le sol et la végétation. Leur présence dans l’eau n’indique généralement pas une contamination fécale ni un risque sanitaire, mais plutôt une dégradation de la qualité bactérienne de l’eau. Cette dégradation peut être attribuée entre autres à une infiltration d’eau de surface dans le puits. L’analyse des coliformes totaux permet donc d’obtenir de l’information sur la vulnérabilité possible d’un puits à la pollution de surface. Les Coliformes fécaux (thermotolérants): présentent les mêmes propriétés que les Coliformes totaux mais qui ils se développent à 44°C dont l’origine fécale est plus nette. La plupart d’entre eux vivent en abondance dans les matières fécales des animaux à sang chaud et de ce fait, constituent des indicateurs fécaux de première importance. Par ailleurs, leur résistance aux agents désinfectants et notamment au chlore est voisine de la résistance des bactéries pathogènes vis-à-vis desquelles ce type de traitement est instauré. Leur présence dans l’eau de puits doit être interprétée comme l’indice d’une situation dangereuse. Les Streptocoques fécaux ou Entérocoques : ce sont bactéries Gram positif, sphériques ou ovoïdes, formant des chainettes, non sporulées, catalase négative, possédant l’antigène D, cultivant en anaérobiose à 44°C, et à pH 9.6, et capables d’hydrolyser l’esculine en présence de bile. Ils se répartissent en deux genres : Streptococcus et Enterococcus. L’apport des Entérocoques par rapport aux Coliformes consiste en leur plus grande résistance dans les eaux naturelles ; leur présence serait donc le signe d’une contamination fécale de l’eau plus ancienne. La résistance des entérocoques aux agents désinfectant est également plus importante, probablement du fait de leur mode groupement en chainettes, et est comparable à celle des entérovirus. Cette propriété pourrait permettre aux Entérocoques de mieux représenter la contamination virale d’une eau. Les Spores de bactéries des Anaérobies Sulfito-réductrices : ce sont des formes de résistance de micro-organismes se développant en anaérobiose à 37°C ± 1 en 24h et ou 48h en gélose viande foie et donnant des colonies typiques réduisant le sulfite de sodium. L’intérêt de la recherche de tels indicateurs réside dans la propriété qu’ils sporulent, ce qui les rend particulièrement résistants aux traitements de désinfection. Les Staphylocoques à coagulases positives : ce sont des Cocci à Gram (+), Isolées ou en grappes de raisin, catalase (+) et coagulase (+). L’espèce type du genre est Staphylococcus aureus. Elle est pathogène et très redoutée. Les Salmonelles : ce sont des bacilles Gram négatifs, qui sur milieu Hektoen, forment de petites colonies, lisses à contours réguliers, pigmentées en vert ou en bleu vert à centre noir. Les Salmonelles se divisent en deux grands groupes : les typhoidiques (hautement pathogènes) et les non typhoïdiques.
Dénombrement des germes
Après incubation des boites de Pétri à la température et aux temps convenables, le dénombrement des germes se fait par comptage des colonies caractéristiques qui se développent à l’intérieur et à la surface des milieux de culture dans le cas de la méthode par incorporation, à la surface des milieux de culture dans le cas de la méthode par étalement ; et sur les membranes pour la méthode de filtration sur membrane.
DISCUSSIONS
L’analyse bactériologique des eaux de puits de Sabotsy Namehana et de Soanierana a pu être réalisée dans cette étude. D’après les résultats d’analyse bactériologique obtenus, l’eau de puits de Sabotsy Namehana ne présentait ni germes indicateurs de contamination fécale, ni germes pathogènes. Par contre, celle du puits de Soanierana contenait des coliformes totaux à 5,2.104 ufc/100 ml et des coliformes fécaux à une concentration de 1,4.104 ufc/100 ml. Les spores de bactéries anaérobies Sulfito-réductrices étaient également présentes. Pourtant, les Staphylocoques, les Streptocoques fécaux et la Salmonelle étaient absents. Selon les normes de potabilité de l’eau extraites de recommandations de l’Institut Pasteur de Lille et du décret du 03 janvier 1989, une eau destinée à la consommation humaine doit être exempte de tous germes indicateurs de contamination fécale et de germes pathogènes (cf. Résultats, Tableau) à l’exception des spores de bactéries anaérobies Sulfito-réductrices où le nombre de spores dans 20 ml d’eau inférieur à 2 est tolérable. Ce qui n’est pas le cas de l’échantillon d’eau de puits de Soanierana où les nombres de coliformes totaux, de coliformes fécaux et des spores de bactéries sulfito-réductrices ont dépassé largement les valeurs des normes. L’eau de puits de Soanierana est donc non potable tandis que celle de Sabotsy Namehana est bactériologiquement potable. La présence de Coliformes totaux et fécaux dans l’échantillon d’eau indique que l’eau est fortement contaminée par des matières fécales. La présence des spores de bactéries anaérobies Sulfito-réductrices signifie que l’eau peut-être contaminée par des matières fécales et surtout par des sources polluées, étant donné que les bactéries anaérobies Sulfitoréductrices sont des germes ubiquistes. La raison de cette contamination pourrait être due à l’influence de divers facteurs environnementaux sur le puits. Selon les normes de construction d’un puits (Manuel de procédure page 90), un puits ne doit pas être construit à proximité des latrines, des dépôts de fumiers, d’ordures, d’immondices et de cimetières. Les latrines doivent être obligatoirement équipées de fosse étanche vidangeable si on constate d’après une étude qu’elles polluent la nappe phréatique et construites à 15 m du puits (CREPA). Ces normes de construction ne sont pas respectées pour le cas du puits de Soanierana. Les coliformes et les bactéries anaérobies Sulfito-réductrices pourraient provenir de la latrine à proximité du puits qui a contaminé la nappe phréatique, mais elles pourraient provenir aussi des ordures, des déchets polluants, des rejets d’eau, et du sol contaminé autour du puits. Contrairement à l’eau de puits de Soanierana, l’eau de puits de Sabotsy Namehana est dépourvue de germes pathogènes et de germes indicateurs de contamination fécale. Les alentours du puits de Sabotsy Namehana sont très propres (sans ordures, sans rejets d’eaux industrielles ou à usage domestique). La construction des latrines respectent les normes exigées. Ces résultats nous ont permis de conclure que les facteurs environnementaux du puits ont un grand impact sur la qualité bactériologique des eaux de puits ainsi que sur leur potabilité. Par conséquent, la pollution microbienne de l’eau peut entraîner des maladies graves auprès de la population qui l’utilise et qui la consomme. Des mesures d’hygiène et d’assainissement devraient donc être prises dans les meilleurs délais pour le cas de l’eau de puits de Soanierana. Cependant, des contrôles et des surveillances réguliers de la qualité microbiologique de l’eau doivent être réalisés dans le cas du puits de Sabotsy Namehana. A part l’analyse physico-chimique, Les analyses bactériologiques sont aussi les seuls moyens pour qualifier une eau de potable. Mais aucun usager des puits ne se soucie guère du contrôle de son eau. L’eau, malgré ses caractéristiques organoleptiques acceptables (couleur, odeur, saveur), peut constituer un danger pour la santé humaine. C’est le cas de ces eaux qui contiennent des microbes indicateurs de pollution. Les réservoirs d’eau de ces puits ne sont lavés que rarement ou mal lavés. Les latrines sont construites parfois non loin de ces puits et ne sont pas construites en matériaux étanches. Il faut souligner ici que, malgré le respect de la distance minimale de 15 mètres entre les puits et les latrines, l’eau est polluée. Il est donc souhaitable que les études soient menées afin de déterminer les causes réelles de pollutions et la manière de construction de ces latrines. Il est à signaler également que malgré la protection de ces puits, les eaux sont polluées. Donc la couverture d’un puits ne constitue pas une garantie de la bonne qualité de son eau. Les eaux destinées à la consommation humaine comme eau potable doivent respectées strictement les taux fixés dans ce texte règlementaire. Pour l’étude et le suivi de la qualité de l’eau, afin de déterminer si l’eau concernée respecte la règlementation en vigueur, l’organisation des activités d’analyse est la suivante : Deux types d’analyses doivent être distingue
− analyses complètes et détaillées effectuées par des laboratoires localisés à Antananarivo pour l’eau distribuée en milieu urbain, mais aussi pour toutes les eaux d’alimentation lorsque des expertises sur la qualité de l’eau sont indispensables (cas d’épidémie par exemple),
– analyses à faire sur sites pour les points d’eau, en général du milieu rural, localisés à des endroits éloignés, pour des raisons d’efficacité, c’est-à-dire facilement et rapidement réalisables selon les besoins, Effectuées par des méthodes fiables, rapides, à moindre coût, utilisant un appareillage simple, si possible transportable sur sites, réalisées par des prestataires de services dont les activités sont prises en charge par les bénéficiaires à partir d’un prélèvement sur la caisse villageoise constituée par le recouvrement des couts, pour assurer la systématisation et la fiabilité des données. Faciliter un accès à l’eau potable à tout homme doit constituer une priorité pour un Etat qui se soucie du développement socio-économique de ses populations. L’Etat doit donc élaborer des programmes qui permettent aux populations d’obtenir de l’eau potable à un coût faible supportable. Il doit définir le cadre légal et institutionnel et mettre en place les moyens de régulation, de coordination et de contrôle qui permettent l’exercice de ce droit. L’État doit contrôler l’application des lois qu’il a édictées, notamment en matière de qualité de l’eau et de l’hygiène apportée à cette dernière et les eaux des puits ne doivent pas être négligées. Les populations doivent être associées et sensibilisées. Les puits sont construits presque dans toutes les maisons et sont pollués. Cette pollution doit être évitée et la commune devrait y jouer un rôle très important.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. SYNTHESES BIBLIOGRAPHIQUES
I.1. GENERALITES SUR L’EAU
I.2. L’EAU ET LA SANTE
I.3. L’EAU ET LA POLLUTION
I.4. L’ANALYSE BACTERIOLOGIQUE DES EAUX
II. MATERIELS ET METHODES
II-1-MATERIELS
II.2. METHODES
II.3. DENOMBREMENT DES MICRO – ORGANISMES
III. RESULTATS ET DISCUSSIONS
III.1.RESULTATS
III.2. EXPRESSION DES RESULTATS
III.3.DISCUSSIONS
CONCLUSIONS
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