Un faรงonneur programmable: la ligne 4f
ย ย Les faรงonneurs programmables fournissent beaucoup plus de degrรฉs de libertรฉ que les compresseurs ร rรฉseaux et ร prismes pour manipuler la formes des impulsions. On peut distinguer deux approches pour rรฉaliser un tel dispositif. La plus ancienne et la plus rรฉpandue sโappelle ligne 4f ou ยซย ligne ร dispersion nulleย ยป. Cโest lโapproche que nous employons et elle fait lโobjet de cette section. Lโautre approche repose sur une interaction acousto-optique longitudinale. Une onde acoustique de forme contrรดlรฉe interagit avec les impulsions et permet de manipuler ร la fois leur phase et leur amplitude spectrales [39, 40]. Ces filtres dispersifs programmables acousto-optiques (acousto-opticย programmable dispersive filters en anglais ou AOPDF) ne sont nรฉanmoins pas optimaux pour notre application. En effet, le temps de propagation relativement long de lโonde acoustique rend le dispositif peu efficace lorsquโil est employรฉ avec un oscillateur de grande largeur spectrale dont le taux de rรฉpรฉtition est de lโordre de la centaine de MHz [23]. Il est en revanche parfaitement adaptรฉ pour une utilisation avec des lasers dont les taux de rรฉpรฉtition sont plus faibles [41], jusquโร quelques centaines de kiloHertz, auquel cas chaque impulsion voit une nouvelle onde acoustique. Pour un vรฉritable รฉtat de lโart des diffรฉrentes techniques de faรงonnages programmables,on peut se reporter aux excellents articles de revue de Weiner [42] et Monmayrant et Chatel [43], au guide dโintroduction au faรงonnage dโimpulsions de Monmayrant et al. [28] ainsi quโร la thรจse de A. Monmayrant [44]. Les dispositifs de faรงonnage dโimpulsions ultra-brรจves sont des gรฉnรฉrateurs de fonctions ร ultra-hautes frรฉquences, capables de produire des formes arbitraires dโimpulsions, dont la durรฉe peut ne compter que quelques oscillations du champ รฉlectrique. Comme il nโexiste pas de composants รฉlectroniques disposant de la bande passante suffisante pour pouvoir manipuler le champ รฉlectrique directement dans le domaine temporel, nous sommes contraints dโeffectuer le faรงonnage dans le domaine spectral, en manipulant la phase et / ou lโamplitude spectrale du champ complexe.
Effet des interstices
ย ย Les interstices sont รฉquivalents ร des pixels quasi-rรฉguliรจrement espacรฉs dans le domaine spectral dโun pas โโฆ, ce qui se traduit dans le domaine temporel par des rรฉpliques centrรฉes sur le retard nul et distantes de 2ฯ โโฆ. Il est possible de sโen affranchir en programmant des impulsions de phases opposรฉes sur le reste du masque de faรงon ร interfรฉrer destructivement avec ces rรฉpliques [50]. En pratique, les interstices sont rรฉguliรจrement espacรฉs dans lโespace mais pas en frรฉquence, ce qui est ร lโorigine dโun รฉtalement temporel de ces rรฉpliques.
Effet de bord
ย ย Les SLM utilisรฉs en pratique ont une excursion de phase qui nโest que lรฉgรจrement supรฉrieure ร 2ฯ. Pour appliquer une phase spectrale supรฉrieure ร 2ฯ,on a donc recours au repliement de la phase dans lโintervalle [0, 2ฯ], ร lโinstar dโune lentille de Fresnel. Cette approche fonctionnerait parfaitement si les bords des pixels รฉtaient parfaitement abrupts, puisque la phase est effectivement dรฉfinie dans cet intervalle. En pratique, cette approche comporte nรฉanmoins des inconvรฉnients. Considรฉrons par exemple le cas dโun retard pur, associรฉ ร une phase spectrale ฯ(ฯ) = ฯฯ . La phase repliรฉe dans lโintervalle [0, 2ฯ] est donc une fonction en dents de scie, avec un saut de phase trรจs abrupt lorsque la phase passe brutalement de 2ฯ ร 0. Si les bords des pixels du SLM ne sont pas parfaitement abrupts, la phase appliquรฉe en rรฉalitรฉ est alors ฯrรฉelle(ฯ) = ฯฯ + ฯerreur(ฯ) oรน ฯerreur(ฯ) est lโerreur de phase introduite au niveau des sauts de phase. Cela signifie que ฯerreur(ฯ) est une fonction pรฉriodique de pรฉriode 2ฯฯ qui se traduira dans le domaine temporel par des rรฉpliques distantes de ฯ . Remarquons que lโimportance de ce type de rรฉpliques est faible dans le cas dโun masque pixelisรฉ dans la mesure oรน les transitions dโun pixel ร lโautre sont relativement abruptes. Lโutilisation dโun faรงonneur dโimpulsions de type 4f avec un masque pixelisรฉ implique donc lโapparition de rรฉpliques temporelles dont lโorigine est double. La premiรจre est purement liรฉe ร la nature pixelisรฉ du masque (prรฉsence dโinterstices et รฉchantillonnage de la phase) tandis que la seconde provient du repliement imparfait de la phase dans lโintervalle [0, 2ฯ] [53]. Remarquons quโun choix judicieux des optiques de la ligne 4f permet de minimiser lโimportance de ces rรฉpliques [44], notamment en ajustant la taille de la fenรชtre temporelle de faรงonnage.
Faรงonnage en phase spectrale
ย ย Nous allons montrer expรฉrimentalement que cette approche permet de faire du faรงonnage purement en phase sans connaitre prรฉcisรฉment la loi de calibration en phase du SLM. Nous utilisons donc une mรชme loi de calibration pour toutes les composantes spectrales. Cette loi est la moyenne des lois de calibration obtenues avec la mรฉthode interfรฉromรฉtrique dรฉcrite prรฉcรฉdemment. Nous caractรฉrisons la phase introduite par le dispositif par interfรฉromรฉtrie spectrale par lโintermรฉdiaire de lโinterfรฉromรจtre de Michelson reprรฉsentรฉ Fig: 1.24. Un diaphragme permet de sรฉlectionner le faisceau diffractรฉ. Nous avons utilisรฉ un spectromรจtre Acton (Princeton Instruments, USA) avec un temps dโintรฉgration de โผ6 ms. La Fig. 1.30 prรฉsente un ensemble de phases spectrales produites avec des masques diffractifs avec une amplitude de diffraction maximale (ฮฑ(ฯ) = 1). La Fig. 1.30(a) montre quโen une itรฉration le SLM compense parfaitement la phase initiale du faรงonneur, avec une prรฉcision qui atteint le bruit de la mesure.
Impact sur une expรฉrience de microscopie non-linรฉaire
ย ย Effet du faรงonnage en amplitude Comme nous lโavons dรฉcrit ร la section 1.4.5,le faรงonnage en amplitude peut se traduire par une dispersion angulaire entre les diffรฉrentes composantes spectrales. Aprรจs focalisation, cette dispersion se traduit par un dรฉcalage des volumes focaux qui ne se superposent plus parfaitement au niveau du foyer de lโobjectif de microscope. Cet effet est en rรฉalitรฉ totalement nรฉgligeable lorsque la transmission varie lentement, cโest-ร -dire sur quelques pixels. Seules les composantes spectrales au voisinage des discontinuitรฉs sont vraiment impactรฉes: elles sont attรฉnuรฉes et sont focalisรฉs, dans le pire des cas, ร un waist du volume focal principal. Dรฉcalage des faisceaux Les objectifs de microscope sont conรงus pour se rapprocher autant que possible dโune lentille parfaite. En dโautres termes des rayons parallรจles, mรชme loin de lโaxe de la lentille, se focalisent au foyer. Cette propriรฉtรฉ a pour consรฉquence que les faisceaux parallรจles mais dรฉcalรฉes en provenance de la ligne 4f, se focalisent tous au niveau du foyer. On peut aussi prendre le point du vue de lโoptique de Fourier. En effet, le champ au niveau du plan focal aprรจs lโobjectif de microscope est la transformรฉe de Fourier du champ du plan focal avec lโobjectif et dans la mesure oรน les champs sont tous colinรฉaires (il nโont pas de composante linรฉaire dans leur phase spatiale), alors, par transformรฉe de Fourier, les taches focales sont toutes centrรฉe en kx = 0. Cependant, cet effet implique que chaque composante spectrale ne surcouvre pas la pupille arriรจre du microscope de faรงon ร ce quโelles soient toutes transmises malgrรฉ leur dรฉcalage relatif. Or il est indispensable de surcouvrir la pupille arriรจre dโun objectif de microscope pour exploiter pleinement son ouverture numรฉrique. Cet effet rรฉduit donc a priori de faรงon significative la rรฉsolution spatiale dโun microscope multiphoton. Dรฉfocalisation La courbure locale de la phase spectrale est ร lโorigine dโune distance de propagation diffรฉrente selon la composante spectrale considรฉrรฉe. On note L(ฯ) lโรฉcart entre les waists des composantes spectrales (Eq. 1.67). Il est donc pertinent dโestimer la distance entre les diffรฉrents waists, aprรจs focalisation
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Table des matiรจres
Remerciements
Introduction
1 Faรงonnage et caractรฉrisation dโimpulsions ultra-brรจvesย
1.1 Introductionย
1.2 Reprรฉsentation dโune impulsion ultra-brรจve
1.2.1 Notations
1.2.2 Fonction de transfert
1.3 Les faรงonneurs historiquesย
1.3.1 Matรฉriaux dispersifs (lentille, lame ร faces parallรจles etc.)
1.3.2 Compresseurs ร rรฉseaux et ร prismes
1.4 Un faรงonneur programmable: la ligne 4fย
1.4.1 Principe
1.4.2 Montage expรฉrimental
1.4.3 Les SLM ร cristaux liquides
1.4.4 Faรงonner en amplitude et en phase avec un SLM 2D
1.4.5 Les couplages spatio-temporels
1.4.6 Conclusion
2 Impulsions faรงonnรฉes et microscopie non-linรฉaireย
2.1 Introduction
2.2 La microscopie de fluorescence excitรฉe ร deux photons
2.2.1 Lโabsorption ร deux photons
2.2.2 Intรฉrรชt pour la microscopie
2.3 Excitation sรฉlective et microscopie 2PEF
2.3.1 Intรฉrรชt pour lโimagerie biologique
2.3.2 Le signal de fluorescence
2.3.3 Contrรดler lโabsorption ร deux photons
2.3.4 Forme dโimpulsion optimale
2.3.5 Conclusion
2.4 Les mรฉthodes de mesure au foyer dโun objectifย
2.4.1 Choix des techniques de caractรฉrisation
2.4.2 Mesure de la durรฉe des impulsions
2.4.3 Balayer la dรฉrive de frรฉquence
2.4.4 FROG interfรฉromรฉtrique
2.4.5 Mesure du spectre ร deux photons
2.4.6 Conclusion
2.5 Microscopie dโun รฉchantillon biologique dynamique avec des impulsions faรงonnรฉesย
2.5.1 Microscopie 2PEF avec impulsions faรงonnรฉes: รฉtat de lโart
2.5.2 Faรงonnage dโimpulsions et commutation rapide
2.5.3 Rรฉsultats et discussions
2.5.4 Conclusion sur lโexpรฉrience
2.6 Faรงonnage dโimpulsions avec des prismes pour la microscopie ร deux photons multiplexรฉeย
2.6.1 Faรงonner avec des รฉlรฉments dispersifs
2.6.2 Multiplexage temporel des impulsions
2.6.3 Spectres ร deux photons
2.6.4 Microscopie ร deux photons sรฉlective dโun embryon en dรฉveloppement
2.7 Microscopie ร deux photon multiplexรฉe de trois fluorophores
2.7.1 Imager plus de fluorophores
2.7.2 Multiplexage temporel
2.7.3 Choix des bandes spectrales de dรฉtection
2.7.4 Formes des spectres ร deux photons
2.7.5 Microscopie dโun รฉchantillon biologique avec trois fluorophores
2.7.6 Conclusion sur lโexpรฉrience et perspectives
2.8 Conclusion
3 Mesures optimalesย
3.1 Problรฉmatique
3.2 Approche classique
3.2.1 Mesurer les fluctuations dโun paramรจtre du champ รฉlectrique
3.2.2 La dรฉtection homodyne
3.3 Une mesure optimaleย
3.3.1 La borne de Cramรฉr-Rao
3.3.2 La dรฉtection homodyne: une mesure optimale
3.3.3 Interprรฉtation
3.4 Quelles mesures envisager ?
3.4.1 Une mesure optimale de distance dans le vide
3.4.2 Plusieurs mesures optimales indรฉpendantes dans un milieu dispersif
3.4.3 Synthรจse des modes de mesure
3.4.4 Critรจre de fidรฉlitรฉ
3.5 Comment faรงonner les modes de mesure ?ย
3.5.1 Pourquoi nous nโallons pas utiliser un faรงonneur 4f
3.5.2 Faรงonner avec des milieux birรฉfringents
3.6 Simulations numรฉriquesย
3.6.1 Hypothรจses et paramรจtres
3.6.2 Un unique compensateur de Babinet-Soleil-Bravais en Quartz
3.6.3 Deux BSB: lโun en Quartz et lโautre en KDP
3.6.4 Un versus deux BSB
3.6.5 Conclusion
3.7 Mise en ลuvre expรฉrimentale
3.7.1 Problรฉmatique
3.7.2 Comment mesurer la fonction de transfert dโun BSB ?
3.7.3 Composants optiques et source laser
3.7.4 Rรฉsultats
3.7.5 Conclusion
3.8 Conclusionย
Conclusion
Rรฉfรฉrences bibliographiques
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