Deux apports fondamentaux des sciences humaines et sociales
Il convient de rappeler dans un premier temps combien la notion d’identité est constitutive du musée à l’époque de la révolution. Si les premiers musées fédèrent symboliquement la nation, le musée d’immigration réinvestit cette première fonction identitaire du musée autour de la nation tout en l’interrogeant selon de nouveaux points de vue. Les processus migratoires remodèlent en effet les relations des identités et du patrimoine. Le patrimoine des migrants s’inscrit dans une logique complexe dans la mesure où il s’inscrit dans une superpositions d’identités, « à la fois dans l’affirmation d’une identité migrante et dans la négociation avec l’identité collective existante (nationale, locale) ». Toutefois, même si ce terme identité, notamment dans son acceptation essentialiste, demande à être dépassé, posons quelques préalables épistémologiques des fondements de cette thèse à partir des problématiques et analyses énoncées par Claude Lévi-Strauss et Paul Ricoeur sur le concept d’identité. Au cours de l’année 1974-1975, Claude Lévi-Strauss dirige un séminaire sur le thème de l’identité qui sera édité en 1977. Il précise dans l’avant-propos combien l’identité se situe aux carrefours de nombreuses disciplines dont les mathématiques, la biologie, la linguistique, la psychologie, la philosophie…, intéresse toutes les sociétés qu’étudient les ethnologues et souvent mis en doute. Certains auteurs comme le concepteur de ce séminaire, J.M. Benoist, s’attachent plus particulièrement à mettre en valeur les différentes facettes de l’identité. Il pointe « l’attitude homogénéisante qui gomme les différences et la diversité culturelle et les résorbe au sein d’une identité de type transcendantal kantien » et trace les deux bornes d’une problématique de l’identité qui oscillerait entre « le pôle d’une singularité déconnectée et celui d’une unité globalisante peu respectueuse des différences. » D’où la nécessité d’une déconstruction de la notion d’identité à partir d’une étude comparative et fondée sur l’altérité : « On voit ici que d’un seul et même geste, par l’opération structurale de « détotalisation », l’inconvénient idéologique de l’ethnocentrisme naïf et immédiat se trouve conjuré au moment même où la nécessité épistémologique de la comparaison formelle et de l’analysis situs se trouve proclamée. Par ce geste, une identité grossière, immédiate, une identité « de surface » doit laisser la place à une quête des structures profondes qui façonnent l’identité dans son aspect relationnel : la question de l’Autre apparaît comme constitutive de l’identité ». Claude Lévi-Strauss constate que l’on assiste plus souvent à une « critique de l’identité qu’à son affirmation pure et simple » L’identité s’affirme alors comme un construit et non une essence : « l’identité se réduit moins à la postuler ou à l’affirmer qu’à la refaire, la reconstruire.» En partant d’une hypothèse de discontinuité irréductible de l’appréhension des cultures, Claude Lévi-Strauss propose de formuler la notion d’identité ainsi : « Ce serait dans la voie opposée à celle d’un substantialisme dynamique ; ce serait en considérant que l’identité est une sorte de foyer virtuel auquel il nous est indispensable de nous référer pour expliquer un certain nombre de choses, mais sans qu’il ait jamais d’existence réelle. Et la solution de l’antinomie dont je suis parti, et dont on fait procès à l’ethnologie en lui disant : « vous voulez étudier des sociétés complètement différentes, mais pour les étudier, vous les réduisez à l’identité », cette solution n’existe que dans l’effort des sciences humaines pour dépasser cette notion d’identité, et voir que son existence est purement théorique : celle d’une limite à quoi ne répond en réalité aucune expérience. » Nous postulons donc dans la lignée de ces recherches que le dispositif symbolique du musée national de l’histoire et des cultures de l’immigration n’est pas un donné, mais un construit, tout en l’envisageant dans la perspective d’une construction plurielle des identités. La question de la méthode comparative concerne ici celle de dispositifs de médiation au sein du musée mais aussi dans la comparaison du musée avec d’autres formes muséales. La quête de structures pour cette thèse consiste à rechercher les éléments organisationnels et juridiques qui fondent les identités de l’établissement culturel. La question de l’altérité pour penser l’identité s’avère au cœur des préoccupations dans le cadre d’un sujet concernant un musée de l’immigration, et a une forte résonnance avec les analyses de Martin Buber ou d’Emmanuel Lévinas. Enfin le séminaire de Claude LéviStrauss rappelle par ailleurs que la question de l’identité se pose de manière privilégiée à propos du nom propre en tant que lieu de l’inscription sociale du groupe sur le sujet. La question de la force du nom fera donc partie des éléments de l’analyse de la construction des identités de la Cité à partir des différents noms qui lui ont été attribués au cours de l’histoire du bâtiment et l’historique du projet d’un musée de l’immigration. Nous serons donc amené à interpréter les évolutions des noms et les polémiques suscitées. Dans ce cadre la contestation par Lévi-Strauss de l’utilisation politique de l’identité nationale s’avère intéressante pour penser un projet de musée de l’histoire de l’immigration devenu Cité nationale de l’histoire de l’immigration. Un article du Monde rappelle qu’ « 2005, Claude Lévi-Strauss prononçait un discours mettant en garde contre les dérives de politiques étatiques se fondant sur des principes d’identité nationale. « J’ai connu une époque où l’identité nationale était le seul principe concevable des relations entre les Etats. On sait quels désastres en résultèrent », disait-il. Dans un entretien avec Philippe Descola, professeur au Collège de France et qui lui succéda, ce dernier explique en quoi la pensée de Lévi-Strauss éclaire le récent débat sur l’identité nationale Philippe Descola : « Lévi-Strauss a été très marqué dans sa vie personnelle par l’échec des démocraties européennes à contenir le fascisme. (…) Il a (…) été contraint à l’exil par les lois raciales de Vichy, donc il a pu mesurer, dans sa vie et dans sa personne, ce que signifiait l’adoption par des Etats de politiques d’identité nationale. » Par ailleurs, toute son expérience d’ethnologue montre que l’identité se forge par des interactions sur les frontières, sur les marges d’une collectivité. L’identité ne se constitue en aucune façon d’un catalogue de traits muséifié, comme c’est souvent le cas lorsque des Etats s’emparent de la question de l’identité nationale. Les sociétés se construisent une identité, non pas en puisant dans un fonds comme si on ouvrait des boîtes, des malles et des vieux trésors accumulés et vénérés, mais à travers un rapport constant d’interlocution et de différenciation avec ses voisins. Et c’est cette double expérience, personnelle et politique d’un côté et d’ethnologue de l’autre, qui l’a conduit à récuser et vivement critiquer l’accaparement, par des Etats, de l’identité nationale. »
Le musée, un média dans l’espace
Les musées et les expositions sont d’abord des médias dans l’espace. « On comprend mieux pourquoi le musée n’est pas, dans sa nature profonde, un « lieu de savoir » (dans le sens langagier de savoir et de la vérité « scientifique », inséparable de l’écriture), et on comprend aussi l’importance de la remémoration et de la « rêverie inconsciente » : ceux ci sont les chemins du corps signifiant. Le musée est en effet un lieu de représentation symbolique qui s’opère par une itinérance du corps du visiteur, d’où l’importance de la muséographie, une forme de mise en scène qui met en espace un discours. Un des ancêtres du musée de l’immigration, l’écomusée dans la mesure où il entretient une relation forte à la question du territoire et de l’identité illustre particulièrement la particularité et la nature de ce média. « les écomusées, ressentis comme « inclassables par rapport à une certaine conception du musée, ne sont peut-être aujourd’hui qu’une étonnante confirmation du fait que l’enjeu du média musée est celui de l’approbation corporelle du sens, à travers laquelle le visiteur reconstruit, encore et toujours, son identité » . Le musée de l’immigration n’échappe pas non plus à la règle, ce n’est pas un livre sur l’histoire de l’immigration mais une mise en scène, une mise en espace de celle-ci, d’où certains liens avec le théâtre et la perspective de l’aborder également du point de vue de l’intermédialité. Toutefois cette mise en scène s’avère très paradoxale, elle oscille entre un univers général, totalement neutre, blanc sur toute la longueur du parcours (alors que d’autres musées insistent par des modulations de couleurs ou d’éclairage sur les phases plus ou moins obscures de l’histoire) et des ilots au contraire très prégnants par leur théâtralité, à la limite du kitsch, et de la définition du musée (cf le bazar).
Le MNHCI au regard des définitions universelles de l’ICOM
La définition la plus universellement reconnue est celle de l’ICOM (Conseil international des musées)94 de 1974 qui n’a pas fondamentalement changé depuis lors : « Le musée est une institution permanente, sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public, et qui fait des recherches concernant les témoins matériels de l’homme et son environnement, acquiert ceux-là, les conserve, les communique, et notamment les expose à des fins d’étude, d’éducation et de délectation. » Pourtant elle est le fruit d’évolutions conceptuelles comme le montre les différentes définitions du musée en 1946,1951 et 1961 dans les statuts de l’ICOM, histoire qui continue à évoluer comme le montre les récents articles de 2007. Si aux origines de l’ICOM en 1946, « le mot »musée » désigne toutes les collections de documents artistiques, techniques, scientifiques, historiques ou archéologiques ouvertes au public, y compris les jardins zoologiques et botaniques, mais à l’exclusion des bibliothèques, exception faite de celles qui entretiennent en permanence des salles d’exposition.», son contenu a évolué pour désigner depuis 2007 « une institution permanente sans but lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation. » La CNHI par sa collection présentant le patrimoine des migrants correspond bien à cette évolution des définitions du musée de l’ICOM qui met à présent l’accent sur la transmission d’un patrimoine matériel et immatériel de l’humanité. Nous verrons également l’aspect immatériel de cette collection à partir d’une démarche sur la muséalité et l’intermédialité. Mais si certains éléments nouveaux apparaissent comme le concept de patrimoine immatériel, la majorité des concepts demeurent. C’est le cas des dimensions d’institution permanente, de finalité non lucrative et des principales fonctions du musée : recherche, conservation, communication par l’exposition, ouverture au public qui perdurent au fil des définitions. Une institution désigne une structure de type organisationelle qui pense et construit des stratégies à court, moyen et long terme. Sans but lucratif signifie que le musée n’a pas pour objectif de faire du profit à l’opposé du organisation de type entreprise qui développe également des stratégies et objectifs sur le long terme mais pas dans la même finalité. L’entreprise vise le profit, le musée, la transmission aux générations future. Toutefois en tant qu’organisation les techniques propres aux organisations ne sont pas fondamentalement différentes (gestion du personnel, établissement de budgets, communication…) mais ce ne sont que des outils et c’est la finalité qui oriente de manière différente la construction des identités. On ne gère pas une collection d’œuvres d’art comme un produit de la grande consommation. De la même manière, un plan de communication pour une exposition (affiches, communiqué de presse, dossier de presse, dossier de mécénat, relations publiques, flyers, documents pédagogiques à l’intention des scolaires, communication sur le site internet, sur les réseaux sociaux…) ne se pense pas de la même manière dans l’univers lucratif et non lucratif. Deux autres notions clef pour la construction des identités d’un musée apparaissent dans ces définitions de l’ICOM : celles de recherche et de conservation. La conservation concerne la politique d’acquisition du musée, des critères d’acquisition puis de classement de la collection, de conservation (lumière, hydrothermie…) mais aussi de restauration. La recherche, de son côté étudie de toutes les informations relatives à la constitution de la collection et l’activité du musée (de la collection aux acteurs du musée et de son environnement). On peut interpréter la communication comme toutes les formes de publicité dans l’espace public au sens d’Habermas et de manière pratiques comme tous les stratégies qui permettent une meilleure accessibilité physique et intellectuelle du musée. Comment communiquer le musée à des publics handicapés ? à des publics de cultures et de langues différentes ? d’âge différents ? A ce sujet les expériences de la Cité de l’industrie ou de Beaubourg s’avèrent pionnières pour une prise en compte d’une multiplicité de publics et la mise en place de stratégies muséographiques, textuelles, audiovisuelles, orales innovantes. Enfin l’ouverture au public s’avère un élément déterminant dans la construction des identités du musée. C’est dans l’histoire ce qui marque le passage du cabinet de curiosité accessible à quelques uns au musée qui s’ouvre à un public plus large. Le XXème siècle accentuera cette tendance en prônant la démocratisation culturelle au sein du musée.
Réalisations et réflexions contemporaines sur le musée de société
La décennie 2000 est marquée par la profusion de grands projets de rénovation et de construction de nouveaux musées de société dans toute l’Europe, de Rennes (Musée de Bretagne, 2003), à Lyon (Musée des confluences, 2004), en passant par Paris (Musée du Quai Branly, 2004) ou Marseille (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, 2008). Toutefois si l’on assiste à une reconnaissance et au développement des musées de société, de son espace et de ses modes d’expression, la question des modalités de l’appropriation réelle de ce patrimoine demeure irrésolue. En dehors de cette problématique essentielle, quelles sont les autres questions d’actualité qui concernent le musée de société contemporain ? Les recherches actuelles s’orientent en premier lieu autour de question des musées de société et de l’exclusion (novembre 2009). La médiation demeure également au cœur des recherches contemporaines comme en témoignent les récentes journées de la fems, La médiation, une culture partagée (avril 2009), dans la mesure où il s’agit, à l’instar des identités des musées de société, d’un thème à la fois symbolique, pragmatique et militant. « Symbolique parce que nos musées se sont construits en développant des formes de médiation inédites suggérées par leur patrimoine et leurs missions sur les territoires, à une époque où ce terme était peu employé, voire non défini. Pragmatique parce que renouveler l’image des musées pour une plus grande démocratisation des publics passe inévitablement par la qualité des médiations développées par les équipes. Et les exigences de la démocratisation sont incompatibles avec la notion de rendement. Militante parce que lorsque les budgets sont en chute libre, la médiation, qui exige des moyens humains, est visée comme un supplément d’âme, un luxe superflu. » Il apparait clairement, suite à cette étude, que le musée national de l’histoire et des cultures de l’immigration s’inscrit dans une lignée de musées de sociétés. Il convient néanmoins de porter un regard critique sur ce type de musée. En effet, si certains modèles de l’histoire des musées de société comme les musée d’ethnographie ont été suivis de par le monde, André Desvallées soulève une critique de Marc Maure qui nous interpelle dans le cadre de notre thèse : « Ces musées sont plus le reflet d’une interprétation romantique d’élites urbaines que l’image représentative de la société paysanne ». Nous nous poserons donc également la question du point de vue à la Cité, d’une certaine élite et/ou de la population concernée, selon le terme consacré par Jean Davallon de muséologie du point de vue. Le musée de l’histoire et des cultures de l’immigration dans une sphère plus large des musées de société, mais à une échelle plus réduite, il s’inscrit également, comme son nom l’indique, dans celui des musées d’histoire, et notamment celui des musées de l’histoire de l’immigration.
Définitions du concept de médiation culturelle
Selon Jean Davallon, la médiation « peut être définie fonctionnellement : elle vise à faire accéder un public à des œuvres (ou des savoirs) et son action consiste à construire une interface entre ces deux univers étrangers l’un à l’autre (celui du public et celui, disons, de l’objet culturel) dans le but précisément de permettre une appropriation du second par le premier. » Si dans les écrits en SIC, il est souvent fait référence à des philosophes comme Ernest Cassirer, Paul Ricoeur, Theodor Adorno, Walter Benjamin ou Jürgen Habermas dans la mesure où la philosophie entretient également un lien avec la médiation symbolique, il n’en demeure pas moins une pensée et des recherches propres au champ des SIC qui se sont aussi intéressés aux trois processus qui caractérisent ce fonctionnement symbolique : comment se produit un corps social à partir d’éléments séparés (question de la religion et du politique) ? Comment se produit du langage à partir de la mise en forme de la matière (question de la symbolisation) ? Comment se produit l’institution à partir de la relation et de l’action (question de l’institutionnalisation, c.à.d. de la cristallisation de pratiques dans des dispositifs). Aux côtés de Jean Davallon, d’autres auteurs comme Bernard Lamizet, Jean Caune, Louis Quéré et Antoine Hennion font référence dans les débuts des recherches sur la médiation en sciences de l’information et de la communication. Bernard Lamizet insiste sur la médiation et ses formes dans l’espace public. Il met en valeur notamment l’impératif social de la médiation : « C’est la médiation qui, par sa dimension sociale et culturelle, nous fonde en tant que sujets sociaux et, par conséquent, met en œuvre l’ensemble des dynamiques constitutives de la sociabilité : la médiation fonde la dimension à la fois singulière et collective de notre appartenance, et au-delà de notre citoyenneté. (…) L’impératif de la médiation est à la fois un impératif culturel, en ce qu’il assure la pérennité des formes et des langages de la représentation, et un impératif politique, en ce qu’il nous assure l’existence d’un langage et d’un système de significations et de représentations » Cet auteur replace donc toujours la médiation culturelle dans une perspective politique en lien avec l’espace public. Dans une perspective radicalement différente, Jean Caune construit sa théorie en étudiant les usages socio-politiques, les approches théoriques et les pratiques sociales de la médiation. Il part des fondements philosophiques, théologiques et mythiques de la médiation. Il rappelle qu’à l’origine la médiation est un concept philosophique que l’on retrouve chez Platon. Elle est également présente dans la théologie ou dans des figures mythiques comme le Golem qui l’envisagent plus comme un passage alors que la philosophie insiste sur le fait que la médiation suppose des constructions intellectuelles et sensibles. Ce concept sera par la suite repensé notamment au XXème siècle par les sciences du langage et prendra son essor sur le plan heuristique avec la philosophie du langage avec des auteurs comme Ernst Cassirer. D’autres auteurs s’en empareront dans d’autres champs, Dewey (l’expérience de l’art par le corps), Mac Luhan (les analyses des processus de communication en fonction de la nature du médium) ou Goffman (les mécanismes de représentation de soi et des effets de cadre). Jean Caune, dans la lignée des réflexions de Cassirer sur la fonction symbolique, considère que « la culture est médiation dans la mesure où « elle opère la mise en relation entre une manifestation, un individu et un monde de références ». Il propose ainsi une conception du symbole comme tiers, qui part du concret pour arriver à un signifié inaccessible. A partir du schéma triangulaire, entre pensées, signes et mondes de référence Jean Caune nous rappelle que si « la relation entre « la pensée » et les signes » ouvre sur la sémiotique » et « la relation entre « la pensée et « le monde » ouvre sur l’interprétation » ; celle « entre « les signes » et le « monde » détermine l’univers de la médiation. Mais cet univers ne peut se comprendre qu’avec l’apport des deux relations précédentes. » Il insiste donc avant tout sur le fait que « la pensée de la médiation est une pensée de la relation, non une pensée du face à face hommes-objet mais une pensée qui met en relation les signes, le monde et la pensée ».Il envisage par ailleurs la médiation culturelle comme un pont entre des pratiques sociales éclatées, développe le thème du lien social, du vivre ensemble, qui constitue un des objectifs primordiaux dans un musée de l’immigration.
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Table des matières
INTRODUCTION
1ERE PARTIE : LA CONSTRUCTION DES IDENTITES DU MUSEE NATIONAL DE L’HISTOIRE ET DES CULTURES DE L’IMMIGRATION : QUELS OUTILS CONCEPTUELS ?
Chapitre 1 Quelles approches pour appréhender l’identité des musées ?
1. Deux apports fondamentaux des sciences humaines et sociales
1.1 L’identité comme construction (Claude Lévi-Strauss)
1.2 L’identité narrative (Paul Ricoeur)
2. Au carrefour de la muséologie et de la médiation culturelle, les fondements des identités du musée
2.1 A la source des identités du musée, l’évolution de la société
2.2 La dimension politique des identités
2.3 Des identités construites à partir de la notion d’institution
2.4 La question de la collection
2.5 Des identités construites à partir d’un lieu
Chapitre 2 Les modèles muséologiques
1. Définitions et fonctions du musée
1.1 Le MNHCI au regard des définitions universelles de l’ICOM
1.2 Le MNHCI dans le cadre de la législation nationale sur le musée
1.3 Le MNHCI au regard des théories muséologiques
2. Des identités et des modèles muséaux spécifiques
2.1 Le MNCHI au regard du musée/bibliothèque/université des origines : le museion
2.2 Des identités qui relèvent d’une tradition spécifique, celle des musées de société
2.3 Des identités qui s’inscrivent dans l’univers des musées de l’histoire de l’immigration
Chapitre 3 Les apports de l’approche de la médiation culturelle
1. Définitions du concept de médiation culturelle
2. Les apports du concept de dispositif à l’analyse de la construction des identités
2.1 Les origines foucaldiennes du concept de dispositif
2.2 Les apports des approches du dispositif en sciences de l’information et de la communication
2.3 Le musée comme dispositif socio-symbolique (Jean Davallon)
2.4 Le site internet du musée, un dispositif hypertextuel
3. L’intérêt de la notion d’espace public pour appréhender la construction des identités du musée
4. L’intermédialité, comme hétérogénéité et interaction entre médias (Silvestra Mariniello)
2EME PARTIE : LA SUPERPOSITION DES MEDIATIONS
Chapitre 4 Le musée imaginé, récits d’une utopie
1. A la source des identités du musée, le contexte historique, politique, intellectuel et social
2. Le musée imaginé dans les documents préparatoires
2.1 La sociologie des rapporteurs
2.2 La mission sociale du projet politique
2.3 Le nom, le type, et le lieu d’implantation de l’institution
2.4 La représentation de l’immigration au sein du musée imaginé
2.5 Les valeurs du musée imaginé
Chapitre 5 L’empilement des médiations
1. La médiation architecturale
1.1 Les mutations successives du palais de la Porte Dorée : du musée permanent des colonies à la CNHI
1.2 Le cadre architectural et iconographique d’origine, poids et présence du passé colonial français
2. La médiation muséographique
2.1 Le parcours muséographique
2.2 Les dispositifs de médiation muséographiques de l’exposition Repères
2.3 Politique de constitution de la collection
2.4 Trame narrative et intermédialité
2.5 Quels modèles muséographiques au MNHCI ?
3. Le site internet : comparaison des dispositifs muséographiques et virtuels des tables Repères
Chapitre 6 Des médiations en conflit ?
1. Conflit de formes ?
2. Des récits en conflit ?
2.1 Récit colonial et récit républicain
2.2 Récits historiques, artistiques et anthropologiques
2.3 Récits historiques et mémoriels
2.4 Récit d’unité de la nation et récit de diversité du patrimoine des migrants
3EME PARTIE : LE DISCOURS REPUBLICAIN A L’EPREUVE DES MEMOIRES : VERS UN NOUVEAU MODELE MUSEAL ?
Chapitre 7 Un musée de l’innovation sociale ?
1. Une structure réticulaire qui fait écho aux recherches en SIC
2. A l’origine du réseau, les associations
3. Le réseau dans les rapports préparatoires
4. Les partenaires actuels du réseau
5. La circulation des valeurs historiques, mémorielles et de reconnaissance
Chapitre 8 Un musée d’histoire de l’immigration à l’heure de la mondialisation : la dimension interculturelle
1. Le contexte politique, juridique, économique et culturel mondial de la diversité culturelle et de l’interculturalité
2. Les enjeux du dialogue interculturel
2.1 Les enjeux politiques
2.2 Les enjeux en sciences de l’information et de la communication
3. Manifestation hors les murs et discours éditorial de la revue de l’institution : remise en cause du modèle muséal de Repères?
3.1 Le colloque d’ouverture de l’année du dialogue interculturel
3.2 En écho, l’interculturalité en débat au sein de la revue de l’institution
3.3 La réception du colloque d’ouverture de l’année interculturelle
Chapitre 9 Un prototype muséal hybride entre musée républicain et musée de voisinage, universalisme et communautarisme
1. Le modèle muséal républicain : rôle éducatif, ouverture au public et gloire nationale
2. Nouveau modèle muséal ou réinterprétation des concepts fondateurs du musée de voisinage ou des communautés ?
3. Un modèle qui s’inspire de la conception de l’espace public de l’écomuséologie
CONCLUSION
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE..
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