Identite culturelle negre

La littérature est généralement définie comme étant l’ensemble des productions littéraires d’une société, d’un pays ou d’un continent. Par sa nature, sa manifestation et ses spécificités, chaque littérature diffère des autres. Il faut savoir que la littérature est une pratique sociale sous-tendue par deux actes: la création et la réception. Le premier acte suppose le producteur et la production, le second le produit et la consommation. Ces quatre composantes entretiennent chacune un rapport d’implication et forment une relation complète de l’institution de la littérature: toute œuvre littéraire n’est considérée achevée qu’après avoir été consommée. L’évidence, c’est que l’artiste-écrivain et le public sont deux partenaires qui s’identifient l’un par rapport à l’autre, par l’intermédiaire de l’œuvre: l’existence de l’un est liée à celle de l’autre.

IDENTITE CULTURELLE NEGRE 

Beaucoup d’analystes, de chercheurs, de politiciens ont essayé de donner des définitions au concept de Négritude. Lié à l’anticolonialisme, le mouvement influença par la suite des nombreuses personnes proches du Black nationalisme, s’étendant bien au-delà de l’espace francophone L’un des fondateurs de ce terme, Léopold Sédar Senghor affirme que la Négritude est:

« C’est un concept à deux faces, objective et subjective: une culture et un comportement. C’est d’abord l’ensemble des valeurs culturelles du monde noir: de la Négritude, en Afrique et de la Diaspora aux Amériques. C’est aussi, pour chaque Nègre, la manière de vivre ces valeurs.» .

Il continue sa définition en disant que c’est un fait, une culture, l’ensemble des valeurs économiques, politiques, intellectuelles, morales, artistiques et sociales des peuples d’Afrique.

De plus par la vocation de ce que le nègre fut jadis et des cultures qu’il a créées, la Négritude détruisait le sentiment d’incapacité intellectuelle, le sentiment de sous homme du noir et développait en lui le sentiment de son honneur.

En d’autres termes, la Négritude est en fait l’expression d’une race opprimée.

Ainsi, Aimé Césaire donne la sienne en affirmant que:

« Ce mot désigne en premier lieu le rejet. Le rejet de l’assimilation culturelle; le rejet d’une certaine image du Noir paisible, incapable de construire une civilisation. Le culturel prime sur la politique. » .

Cette volonté d’expression fait évoluer la signification de la Négritude, elle est également la manifestation d’une manière d’être originale, un instrument de lutte et est un outil esthétique. En outre, tout commence par la conscience d’être noir, la simple reconnaissance d’un fait, et celle-ci implique une acceptation, une prise en charge de son destin Noir, de son histoire et de sa culture. Nous serons, en effet, amenés à étudier ce désir de « retrouver ses sources » pour la construction d’une littérature authentique.

Nous ne devons pas, non plus, oublier que RENE Maran, né à la Martinique, qui faisait ses études en France, est considéré comme un précurseur de la Négritude, mais un précurseur isolé en Afrique, car il faudra attendre quelques années pour qu’apparaissent les premiers écrivains africains de la Négritude. Il a publié en 1921, Batouala, son premier roman et a obtenu par ce véritable roman nègre le prix Goncourt. Dès le début, la Négritude se caractérise par sa lutte pour: la dénonciation de l’injustice des blancs qui réduisent les nègres à l’état de mendiants culturels, la recherche de l’identité véritable du nègre et la revendication d’une littérature authentiquement nègre. En un mot, la Négritude est la recherche passionnée de la spiritualité nègre détruite, de sa personnalité aliénée et de sa culture effacée.

LE STYLE DE L’AUTEUR 

DE LA LANGUE MATERNELLE AUX LANGUES ETRANGERES

Si dans l’œuvre, KOUROUMA traduit les éléments de la langue maternelle insérés dans le récit, il est un des rares écrivains africains romanciers à le faire. Depuis son œuvre Les Soleils des indépendances jusqu’à Allah n’est pas obligé, les romans sont fondés sur la tradition. Ce fond traditionnel se manifeste dans l’œuvre par le recourt constant du romancier à l’usage des mots malinkés qu’il essaie de traduire selon l’ IFA (Inventaire des particularités du Français en Afrique noire) comme Gnamokodé (p 73) qui signifie Batard et le Makou (p 60) qui signifie Silence, et tant d’autres exemples. Il les traduit tout librement; cette libre transcription qui dispense l’écrivain de toute fidélité structurelle à la langue originelle a fait dire que KOUROUMA crée une langue nouvelle, qu’il renouvelle un certains nombres d’usages littéraires. S’agit-il d’une recherche stylistique consciente? L’auteur a-t-il décidé de casser la syntaxe classique pour lui en substituer une autre, de son cru, par une élaboration voulue telle ? Il est vrai que cette volonté est manifestée par-ci, par-là, donc, il décide d’autorité de remplacer le mot par un autre dans sa langue maternelle.

Dans ce roman d’Ahmadou KOUROUMA, il existe une caractéristique brutale de l’écriture de l’auteur, sur ce côté, nos analyses nous permettent de dire que le retour aux valeurs ancestrales ne peut donc se faire que dans la violence mais par d’autre forme: le style d’écriture. Les valeurs ont été effacées par la violence et elles doivent y revenir de la même manière. Ahmadou KOUROUMA, auteur des plus grands romans tels que Les Soleils des indépendances; En attendant le vote des bêtes sauvages, et d’après les indépendances africains, (1968) déclarait :

« Les Africains, ayant adopté le français, doivent maintenant l’adapter et le changer pour s’y trouver à l’aise, ils y introduiront des mots, des expressions, une syntaxe, un rythme nouveaux. Quand on a des habits, on s’essaie toujours à les coudre pour qu’ils moulent bien, c’est ce que vont faire et font déjà les Africains du français. Si on parle de moi, c’est parce que je suis l’un des initiateurs de ce mouvement. 

La francophonie intègre maintenant beaucoup de néologismes originaires d’Afrique, tient compte de notre usage du français comme le prouvent ces dictionnaires du français d’Afrique, ces dictionnaires pour la francophonie, etc. que je vois paraître de plus en plus nombreux. Pour nous, cela est très important: le fait d’entrer dans ces dictionnaires confère une légitimité à notre usage de la langue et nous libère en quelque sorte. Considérez le cas du portugais et de l’espagnol et voyez combien l’usage que font les Latino-Américains de ces langues leur a permis de se développer et de se générer.

Douze années plus tard, Ahmadou KOUROUMA nous livre un nouveau chef d’œuvre, Allah n’est pas obligé (Prix Renaudot 2000) dans lequel l’enfant soldat,Birahima, au terme d’une aventure toujours aux frontières de l’indicible, de l’indescriptible et de l’inexprimable, nous révèle son plus grand secret à la page 11:

« Pour raconter ma vie de merde, de bordel de vie dans un parler approximatif, un français passable, pour ne pas mélanger les pédales dans les gros mots, je possède quatre dictionnaires. Primo, le dictionnaire Larousse et le Petit Robert, secundo L’Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire et tertio le dictionnaire Harrap ‘s. Ces dictionnaires me servent à chercher les gros mots et surtout à les expliquer. 1/ faut expliquer parce que mon blablabla est à lire par toute sorte (sic) de gens: des toubabs (toubab signifie blanc) colons, des noirs indigènes sauvages d’Afrique et des francophones de tout gabarit (gabarit signifie genre). Le Larousse et le Petit Robert me permettent de cherche » de vérifier et d’expliquer les gros mots du français de France aux noirs nègres indigènes d’Afrique. L’Inventaire des particularités lexicales du français d’Afrique explique les gros mots africains aux toubabs français de France. Le dictionnaire Harrap’s explique les gros mots pidgin à tout francophone qui ne comprend rien de rien au pidgin « .

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
IDENTITE CULTURELLE NEGRE
Chapitre 1 LE STYLE DE L’AUTEUR
1-1 DE LA LANGUE MATERNELLE AUX LANGUES ETRANGERES
1 – 2 UNE ECRITURE SUBVERSIVE
Chapitre 2: IDENTIFICATIONS DES PERSONNAGES
2-1 LES PERSONNAGES IMPORTANTS
2 LES FONCTIONS DES PERSONNAGES
DEUXIEME PARTIE
LES REALITES AFRICAINES
Chapitre 1.-.ATTACHEMENT AUX TRADITIONS
1 – 1 LES DIFFERENTES PRATIQUES TRADITIONNELLES
1- 2 LES VALEURS DE LA CROYANCE
Chapitre 2 – L’ ŒUVRE ET LES GUERRES TRIBALES
2-1 LES CAUSES DES GUERRES TRIBALES
2- 2 LES CO SEQUENCES DES GUERRES TRIBALES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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