Identification du réservoir d’infection chez l’homme

Les maladies causées par certains protozoaires sont responsables d’une morbidité et d’une mortalité importante à travers le monde, principalement dans les régions tropicales et subtropicales. Le paludisme (palus, paludis = marais en latin) ou malaria (= mauvais air en italien), considéré à l’origine comme la fièvre des marais, est de loin la plus importante de ces maladies. Sévissant encore de nos jours, le paludisme fait partie des maladies les plus anciennes qui, d’une forme ou d’une autre a infecté et affecté nos ancêtres pendant longtemps (Laveran, 1880, OMS, 1994a, 2000, 2003). En 1996, l’Organisation Mondiale de la Santé estimait à 2 milliards le nombre de personnes exposées aux risques d’infection palustre. Pour le seul continent africain, le paludisme cause la mort de plus d’un million et demi d’individus par an (OMS, 1996). En dehors de l’Afrique, 70 % des cas mondiaux sont observés dans six pays : l’Inde, le Brésil, l’Afghanistan, le Viêt-Nam, la Colombie et les îles Salomon (Debacker, 2000). Il existe quatre espèces de Plasmodium humains. Responsable de la majorité des cas de maladie et de décès (Carter & Mendis, 2002), Plasmodium falciparum reste l’espèce la plus importante avec une mortalité élevée dans les régions tropicales.

Les campagnes de contrôle menées jusqu’à présent sont confrontées à la résistance acquise du vecteur, l’anophèle femelle, aux insecticides et à celle du parasite aux médicaments dont notamment la chloroquine (OMS, 1996 ; Wongsrichanalai et al., 2002). Dans le contexte actuel, un vaccin antipaludique aurait de nombreux avantages (Greenwood, 2005) ; il compléterait les moyens actuels de contrôle confrontés aux problèmes de résistance et son administration est moins contraignante. Cependant, aucun candidat vaccin n’a encore montré une efficacité suffisante et durable qui soit utile à la santé publique (Rogier et al., 2006).

La transmission du parasite de l’homme au moustique se fait uniquement par le biais des stades sexués, les gamétocytes mâle et femelle qui ne sont présents que chez l’hôte humain. En effet, l’évolution des formes asexuées en stades sexués ainsi que la gamétocytogenèse surviennent dans la circulation sanguine de l’hôte vertébré tandis que la gamétogenèse, la fécondation, et le développement sporogonique s’effectuent chez le moustique infecté (cf. Cycle biologique, P.12). Le rôle du stimulus de l’environnement sanguin dans la gamétocytogenèse a été mis en évidence au cours d’études in vivo (Sinden et al., 1996) et in vitro (Carter & Miller, 1979). La production de gamétocytes chez l’homme survient, pour une large part, à la suite d’une réponse aux facteurs environnementaux qui réduisent la multiplication asexuée du parasite chez l’hôte vertébré. En effet, la gamétocytogenèse est liée au traitement médicamenteux du stade asexué (Buckling et al., 1997) et est associée aux déséquilibres du milieu sanguin telles que l’anémie, la fièvre et la présence de réticulocytes (Trager & Gill, 1992 ; Price et al., 1999 ; Nacher et al., 2002 ; Paul et al., 2002). Jusqu’à présent, les études sur les facteurs de risques de portage de gamétocytes ont été faites globalement ou en partie pendant la saison de transmission de Plasmodium (Gamage-Mendis et al., 1991 ; Githeko et al., 1992 ; Boudin et al., 1993 ; Bousema et al., 2004). Par ailleurs, de nombreuses études sur l’épidémiologie de P. falciparum, l’agent étiologique du paludisme grave chez l’homme, ont démontré des différences marquées dans la production des gamétocytes selon la saison et l’âge (Wilson, 1936 ; Mastbaum, 1957 ; Rosenberg et al., 1990 ; Paul et al., 2004). La diminution des charges gamétocytaires avec l’âge reflète en partie l’acquisition d’une immunité spécifique contre ce stade parasitaire chez les personnes âgées (Wilson, 1936 ; Davidson & Draper, 1953 ; Draper, 1953 ; Davidson 1955 ; Githeko et al., 1992). La variation selon la saison dans la production de gamétocytes est très prononcée en zone de transmission saisonnière et semble être corrélée avec le redémarrage de l’activité de piqûre des moustiques suite aux premières pluies de l’année. Est-ce qu’il y a vraiment une association étroite entre l’apparition de gamétocytes et celle des moustiques ? Qu’est-ce qui déclenche  réellement le réveil des gamétocytes ? Est-ce qu’il y a un réservoir humain d’infection pour les premiers moustiques de l’année ? Ce réservoir est-il identifiable ? Jusqu’à présent, aucune étude sur l’infection palustre n’a examiné le rôle de la piqûre de moustiques dans l’immuno-épidémiologie du paludisme.

GÉNÉRALITÉS 

Le paludisme est une infection parasitaire due aux Plasmodium. L’épidémiologie du paludisme comporte l’étude des agents pathogènes, des vecteurs, des modalités de la transmission et des conséquences de l’infection.

Taxonomie des Plasmodium

Les Plasmodium sont des hémoparasites intracellulaires à corps nus sans cils, produisant du pigment provenant de la dégradation de l’hémoglobine. Les Plasmodium appartiennent à :
– l’embranchement des Sporozoa (ou Apicomplexa),
– la classe des Haemosporidea,
– l’ordre des Haemosporida,
– la famille des Plasmodiidae
– et au genre Plasmodium (Wery & Lanssens, 1987).

Les espèces plasmodiales 

Quatre espèces plasmodiales sont impliquées dans le paludisme humain : Plasmodium ovale, Plasmodium malariae, Plasmodium vivax et Plasmodium falciparum.
-Plasmodium falciparum Welch, 1897, agent de la fièvre tierce maligne (fièvre à périodicité de 48h), est répandu en zones tropicales avec plus de 60% de sujets infectés (Figure 1). Sa longévité en l’absence de réinfection peut atteindre six mois, voire un an (Cassier et al., 1998). De graves complications, soudainement déclenchées, peuvent survenir au cours de l’accès palustre à P. falciparum et provoquer la mort. C’est la seule espèce plasmodiale à pouvoir évoluer vers un accès pernicieux souvent mortel (Debacker, 2000). Cette espèce infecte les globules rouges de tout âge.
-Plasmodium malariae Laveran, 1881, agent de la fièvre quarte bénigne qui survient toutes les 72 heures (durée du cycle schizogonique érythrocytaire), est répandu en zones tropicales. C’est un parasite des hématies âgées qui persiste dans le sang pendant une longue période pouvant atteindre une dizaine d’années voire plus de 30 ans (Cassier et al., 1998, Vinetz, 1998).
-Plasmodium vivax Grassi et Feletti, 1890, agent de la fièvre tierce bénigne, est une espèce cosmopolite qui infecte principalement les jeunes hématies. Les basses températures tendent à le favoriser vis-à-vis des autres hématozoaires, à cause de son développement sporogonique relativement plus court et de sa capacité à rester dans le foie sous forme latente (hypnozoite).

Les hématies à allèles Fy¯ Fy¯ ne sont pas envahies par P. vivax, car elles sont dépourvues de récepteurs nécessaires à l’attachement des parasites à l’érythrocyte. La majorité des africains étant Duffy négatif, ce parasite est absent dans la grande partie du continent africain (Zwetyenga, 1998 ; Carter & Mendis, 2002).
-Plasmodium ovale Stephens, 1892, Bruce-Chwatt, 1895, agent de la fièvre tierce bénigne, P. ovale a une biologie très similaire à celle de P. vivax. Mais contrairement à ce dernier, il est présent sur le continent africain. P. ovale reste peu étudié.

Phylogénie des Plasmodium

Plusieurs espèces de Plasmodium ont été recensées (Figure 2). Certaines se rencontrent chez des mammifères tels que les rongeurs (P. berghei, P. chabaudi encerclés sur le schéma) ou les singes (P. cynomolgi), chez les oiseaux (P. gallinaceum) ou encore chez les reptiles (P. basilisci) avec des cycles biologiques similaires (Sinou, 1998). Dans les régions tempérées d’Europe et d’Amérique du Nord, il est connu que des espèces de Plasmodium humain (P. vivax) et d’oiseau produisent des gamétocytes au printemps, juste avant l’apparition des moustiques. Le mécanisme de ce mode de production de gamétocytes reste inconnu, mais démontre une réponse saisonnière du parasite aux changements climatiques (Paul et al., 2004) également rapporté chez les parasites d’oiseaux dont notamment, ceux du genre Haemoproteus (Paul et al., 2003). Carter et Mendis (2002) montrent que si le lien entre les parasites humains et ceux des autres animaux a longtemps été étudié, il est principalement basé sur la morphologie et la biologie des parasites. Grâce à la génétique moléculaire, il a été démontré que P. falciparum est étroitement lié à P. reichenowi, parasites du chimpanzé, et qu’ils ont un branchement phylogénétique très profond, qui s’éloigne d’autres espèces infectant les mammifères non-primates.

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Table des matières

Introduction
CHAPITRE I : GÉNÉRALITÉS
CHAPITRE II : MATÉRIELS ET MÉTHODES
A- Site d’étude
B- Population d’étude et suivi clinique
C- Considérations éthiques
D- Stratégie expérimentale
E- Volet entomologique
F- Volet parasitologique
G- Volet génotypage humain
H- Volet immunologique
CHAPITRE III : RÉSULTATS
A- Volet entomologique
B- Volet parasitologique
C- Génotypage humain
D- Dosages immunologiques
CHAPITRE IV- DISCUSSIONS
CONCLUSION
Références bibliographiques
Annexes

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