Hypothèses de l’impact des médicaments sur des séquelles avérées de l’aprèscarrière des footballeurs

2010 : l’obstination

Les rapports sur les coupes du monde 2002 et 2006 ont mis en évidence une consommation trop importante de médicaments par les joueurs, et notamment d’AINS. Plusieurs conclusions ont été tirées et de sérieuses mises en gardes ont suivi. Les médecins d’équipes ont été informés de cette surconsommation et encouragés à agir selon des recommandations plus avares en anti-inflammatoires.
C’est dans ce contexte qu’intervient le mondial 2010 en Afrique du Sud. Pour cet événement, le professeur Jiří Dvořák et son équipe ont reconduit le même dispositif d’analyse, avec un recueil de tous les médicaments et suppléments consommés par les joueurs dans les 72h précédant un match. Les résultats sont présentés, analysés, et comparés de la même manière que pour les précédentes éditions (Tableau V).

Le bilan

Depuis la décision de la FIFA de prendre des mesures pour réguler la consommation de médicaments autorisés, 16 ans se sont écoulés et 5 rapports ont été publiés. Un sixième rapport proposant une rétrospective des données recueillies lors des coupes du monde de 2002 à 2014 a été publié en 2015 [7].
Malgré quelques évolutions à la marge, la prise de médicaments par les joueurs est très élevée et relativement constante dans le temps (figure 1). Une moyenne de 0,77 médicament par joueur par match est observée sur l’ensemble des coupes du monde. Les AINS sont de très loin les médicaments les plus utilisés, représentant près de la moitié de la consommation totale. D’autres classes de médicaments comme les analgésiques, les injections de corticostéroïdes, les médicaments de la sphère respiratoire, et plus récemment les médicaments de la sphère psychiatrique sont également prescrits de façon importante.
On a pu identifier un effet de l’âge dans la consommation de médicaments (et notamment d’AINS), tendance confirmée avec l’analyse des médicaments prescrits lors des coupes du monde de moins de 17 ans et moins de 20 ans : la moyenne pour ces jeunes joueurs se situe autour de 0,51 médicament par joueur par match. 43% des joueurs adolescents ont pris au moins un AINS pendant le tournoi contre 55% en moyenne chez les adultes [7].
De façon intéressante, une grande variabilité des comportements entre les équipes a été observée. Si certaines équipes sont plutôt bons élèves et prennent en compte les recommandations, ce n’est pas le cas d’autres équipes au sein desquelles on observe une multiplication des prescriptions, négligeant complètement la sécurité des joueurs. On trouve par exemple que 10% des joueurs utilisent plus d’un AINS différent simultanément, ou qu’il n’y a pas de différences significatives entre les joueurs participant aux matchs et les remplaçants. Ce dernier point est particulièrement inquiétant et démontre que la prise de médicaments peut avoir un aspect « systématisé » dans les vestiaires, une démarche tout à fait à l’opposé d’un idéal où les prescriptions seraient mesurées et adaptées à chaque joueur.
Ces variations s’expliquent notamment par les différences culturelles entre les différentes nations. Les équipes d’Amérique du Sud et Centrale sont largement en tête avec une consommation moyenne respective de 0,9 et 0,98 médicament par joueur par match (p<0,001). A l’inverse, les nations africaines consomment en moyenne 0,48 médicament par joueur par match (p<0,001), un chiffre nettement en dessous des autres confédérations(0,66 pour l’Europe et 0,81 pour l’Asie).
On voit que pour les AINS 93% sont prescrits per os pour seulement 7% en topique, alors que l’efficacité pour soulager les douleurs post-efforts est similaire, mais avec des effets systémiques beaucoup moins importants pour les topiques.
L’acide acétylsalicylique représente environ 3% des « autres analgésiques » utilisés, alors que ses propriétés anti-inflammatoires et analgésiques sont faibles comparé au risque hémorragique lié aux traumatismes, il est globalement très peu recommandé en médecine du sport.
Les autres analgésiques comme le Paracétamol ou le Métamizole sont assez peu utilisés par rapport aux AINS pour les mêmes indications alors qu’ils semblent aussi efficaces et moins dangereux. Un changement positif dans ce sens a tout de même été observé en 2018 ce qui est prometteur.
Ces chiffres soulèvent donc beaucoup d’inquiétudes alors qu’ils sont très certainement sousestimés. Si ce système de recueil est très pratique et a fourni de précieuses informations, il a plusieurs limites non négligeables. Premièrement, les rapports sont fournis par les médecins des sélections et sont donc basés sur ce qu’ils acceptent de déclarer. Il n’y a pas de vérification plus poussée. Si les médecins concernés semblent coopératifs, on ne peut pas rejeter la possibilité que certaines prescriptions ne soient pas déclarées.
Ensuite, ces chiffres concernent uniquement les prescriptions officielles des médecins mais ne prennent pas en compte l’automédication. Certains joueurs peuvent prendre de leur propre chef des médicaments en plus des prescriptions de leur staff médical.
Autre limite importante, nous n’avons aucune information sur les posologies de tous ces médicaments. Sont-ils majoritairement prescrits aux doses recommandées, aux doses maximales… Impossible de le savoir. Il y a également les prescriptions au long cours, qui ne comptent pas dans ces rapports : certains joueurs peuvent avoir l’habitude de prendre certains médicaments sur le long-terme, on pense par exemple que le nombre d’agonistes- β2 est largement sous-estimé, puisqu’ils sont utilisés par les joueurs au cours de la saison et pas spécialement renouvelés pour la compétition.
Enfin, ces statistiques concernent des groupes de 23 joueurs participant aux coupes du monde. Or, parmi ces derniers, 7 ou 8 joueurs ne participent que très peu aux rencontres (remplaçants) et font probablement diminuer les moyennes de consommation de médicaments.
Nous avons donc des chiffres alarmants mais probablement largement plus bas que la réalité.
Cela constitue tout de même une base d’informations très solide, qu’il va falloir confirmer et/ou compléter par d’autres rapports ou témoignages de professionnels proches du milieu.
Il s’agira ensuite de déterminer si cette consommation est problématique pour les joueurs, et si oui, dans quelle mesure.

Analyse des autres documents officiels

Méthode similaire

D’autres rapports officiels permettent d’estimer la consommation de médicaments par les joueurs de football de haut niveau, permettant d’augmenter significativement l’échantillon de données, dès lors qu’on élargit à la pratique du football en salle (ou futsal). Ainsi, des études menées en parallèle par les mêmes chercheurs, ont porté sur les Coupes du monde de futsal.

Autres approches

Au cours des deux dernières décennies, d’autres approches ont été proposées pour tenter de déterminer la consommation en médicaments et en suppléments nutritionnels des joueurs de football de haut niveau. C’est le cas de cette étude anglaise de 2005 qui a envoyé un questionnaire à tous les joueurs membres de la PFA (Professional Footballers’ Association, le syndicat des footballeurs) sur l’usage de médicaments divers. Les données sur le sujet sont en général difficiles à obtenir car les joueurs sont plutôt réticents à s’exprimer. L’astuce de ce questionnaire réside dans la formulation de ses questions, qui ne ciblent pas directement le joueur concerné, mais son entourage. Les chercheurs ont obtenu au final un taux de réponse de 25%, satisfaisant pour ce type de questions. L’échantillon est plutôt fiable et varié (en termes d’âge, de statut, de niveau…) et les sondés sont des joueurs professionnelsissus des différents championnats anglais, jusqu’à l’élite [3]. Il est intéressant de voir que le questionnaire est plus orienté sur la consommation de médicaments améliorant les performances (stéroïdes anabolisants, stimulants) et de substances récréatives (cannabis, cocaïne). Des substances évidemment interdites par la WADA [10] et même par la loi pour certaines. 49% des joueurs répondant estiment qu’il n’y a pas de consommation de médicaments améliorant les performances dans le football. 34% estiment que cette consommation existe, mais qu’elle est rare (concerne <2% des joueurs) et 6% des joueurs déclarent connaître personnellement des joueurs prenant des médicaments de ce type. Chiffre assez marquant, seulement 29% des joueurs estiment que l’usage de substances récréatives (SR) ne concerne pas le football professionnel, de fait 71% estiment que cette consommation existe. 28% estiment que l’usage de SR concerne moins de 2% des joueurs. 13% estiment que cet usage concerne 3 à 5% des joueurs. 9% pensent que cet usage concerne entre 6 et 10% des joueurs.
Enfin, 4% estiment que cela concerne plus de 10% des joueurs. 45% des joueurs estiment connaître personnellement des joueurs consommant des SR (31% en Premier League, l’élite du football anglais). 87% des joueurs rapportent que leurs clubs ne font jamais de tests sanguins sur les joueurs (un peu plus de tests quand on monte vers le très haut niveau). 65% des sondés ont subi au moins un test antidopage lors des deux dernières années, 33% testés une seule fois. 60% des joueurs estiment ne pas être testés au cours de 12 prochains mois, ce qui montre bien que lafréquence des tests n’est absolument pas dissuasive. Pourtant 73% des sondés sont d’accord pour dire que les tests antidopage sont dissuasifs.
Les réponses concernant l’entourage qui conseille les joueurs sont assez surprenantes. A propos des conseils sur la prise de médicaments ou de suppléments nutritionnels, 28% sont conseillés par un physiothérapeute de leur club, 21% par un coach sportif, 21% par un
nutritionniste, 15% seulement par un médecin de club et 18% prennent des médicaments sans aucun conseil particulier. Cela montre que l’entourage des joueurs varie énormément,et que tous ne sont pas forcément bien conseillés quant à la prise de substances.
Une autre étude, menée en 2007 par Emanuela Taioli, a repris l’idée du questionnaire adressé aux joueurs, et diffusé à la majorité des joueurs professionnels italiens (Série A et Série B) [11]. Les résultats mettent en évidence que 93% des joueurs ont consommé des AINS dans l’année, et 86% se considèrent comme consommateurs réguliers. 22% des utilisateurs réguliers en utilisent plus de 60 jours dans l’année. 36% des joueurs ont consommé d’autres analgésiques dans l’année, 33% se considèrent comme consommateurs réguliers. 80% des joueurs consomment régulièrement des suppléments nutritionnels.
Presque tous les utilisateurs réguliers en consomment tous les jours (certains jusqu’à deux ou trois fois par jour). Environ 10% des joueurs sont à la fois des utilisateurs réguliers d’antiinflammatoires, d’analgésiques et de suppléments nutritionnels. Enfin, 30% des joueurs étaient sous antibiotiques au moment de l’interview.
Ces chiffres très élevés révèlent une consommation routinière pour les joueurs, puisqu’ils ne concernent pas une compétition particulière comme une coupe du monde.
En 2021, une enquête effectuée sur 378 joueurs professionnels issus de la deuxième division – toujours sous forme de questionnaire – fait état d’un taux de 91% de joueurs qui rapportent avoir utilisé au moins un AINS au cours de l’année précédente, dont plus d’un tiers se déclarant comme consommateurs réguliers (plus de 30 jours par an) [12]. 64% des joueurs rapportent avoir utilisé au moins un analgésique, et 20% en sont des consommateurs réguliers. On voit que ces chiffres sont toujours élevés, mais ils n’ont pasénormément évolué par rapport à ceux obtenus une dizaine d’année auparavant.

La question des substances psychoactives

Abordons un sujet un peu plus sensible, celui de la consommation de substances psychoactives. Les informations sont assez rares sur le sujet mais on peut tout de même en trouver quelques-unes. L’activité sportive de haut niveau n’empêche pas la consommation de produits psychoactifs. On peut distinguer trois types de consommations : [17]
– Un usage récréatif en dehors des pratiques sportives : Les produits sont pris pour décompresser et rompre avec le quotidien. On a aussi des détournements d’usage de produits initialement sur ordonnance, comme des somnifères, surconsommés pour obtenir d’autres effets. L’importance de ces prises semble corrélée à l’augmentation du niveau de la compétition et donc à l’augmentation de la pression. Un joueur confie par exemple connaître plusieurs joueurs addicts au Zolpidem, un hypnotique puissant, mais que ceux-ci garderont le silence à ce sujet [13].
– Un usage occasionnel pendant la pratique sportive : Simplement pour se tester, pour voir les effets ou bien sous encadrement médical, avec des suppléments vitaminiques par exemple comme le Guronsan. A ce sujet, le docteur Jean-Pierre Mondenard ajoute que beaucoup de ces substances sont très appréciées par les joueurs : la nicotine, plus souvent consommée en chicha ou par le snus, tabac à chiquer populaire notamment au RoyaumeUni. Mais aussi la caféine, retrouvée dans le maté, boisson très appréciée des joueurs sudaméricains, ou dans les chewing-gums régulièrement mâchés par les joueurs avant les matchs (ceux-ci sont chargés en caféine) [14]. En effet la caféine à haute dose n’est pas interdite depuis 2015, même si ces produits ont une utilisation d’origine militaire, on recherche ici une amélioration momentanée des performances.
D’ailleurs la caféine répondrait aux trois critères du dopage : l’amélioration des performances physiques et mentales, le danger en cas de surdosage et l’atteinte à l’éthique sportive. L’utilisation de celle-ci peut parfois même entraîner la consommation d’autres substances, puisqu’un joueur raconte qu’on donnait aux joueurs de son club des pilules de caféine avant les matchs, puis des somnifères pour les aider à dormir après les matchs…Un exemple assez criant de médication abusive [15].
– Un usage quotidien peu régulé (cannabis, alcool, psychotropes, ou même amphétamines et héroïne), utilisés à des fins d’amélioration de performance : Les sportifs se serviraient de l’argument de leur corps prétendument « supérieur » et plus résistant pour justifier cette consommation. Attention, ces pratiques semblent plutôt rares et il est impossible d’affirmer qu’elles ont encore lieu aujourd’hui, mais on sait qu’elles ont existé [17].
Une partie assez sombre de la consommation de médicaments par les footballeurs de haut niveau, qu’il sera difficile d’étayer par des témoignages, puisqu’on joue ici avec les limites de la légalité, que ce soit vis à vis des codes du sport, ou tout simplement de la loi.

Les classes demédicaments concernées

Dans cette deuxième partie nous nous intéresserons de façon plus spécifique aux classes de médicaments concernées par ce mésusage. Pour chaque classe, nous allons revenir sur les chiffres de la consommation, comparer aux chiffres moyens de la consommation par la population « normale » (non sportive de haut niveau), expliquer la place et le rôle de ces médicaments dans l’arsenal thérapeutique des footballeurs, avec en toile de fond la prise en compte des recommandations médicales sur le sujet.

Les AINS

Les AINS sont de très loin les médicaments les plus consommés par les footballeurs de haut niveau et représentent environ 50% de la consommation totale des footballeurs. Différentes molécules sont utilisées mais parmi les plus populaires on trouve en premier lieu le Diclofénac, mais également le Kétoprofène ou encore l’Ibuprofène. Si on trouve quelques utilisations de formes topiques, en pommade par exemple, la forme privilégiée est le comprimé à avaler.
Grâce aux différentes études présentées en première partie, on peut estimer que plus de 90% des joueurs de foot professionnel consomment des AINS au moins une fois dans l’année.
Ce chiffre est très largement supérieur à celui retrouvé en population générale. Une étude Finlandaise réalisée en population générale sur près de 500 000 personnes a conclu qu’environ 18% de la population consommait des AINS au moins une fois dans l’année [18] ; soit près de 5 fois moins que chez les footballeurs professionnels. Ces données sont par ailleurs cohérentes avec une autre étude finlandaise qui a mis en avant chez des athlètes (tous sports confondus), une consommation d’AINS près de quatre fois plus importante par rapport à leurs contrôles du même âge [19]. Enfin, une étude plus ancienne effectuée sur 500 000 personnes dans la population allemande suggère cette fois-ci qu’environ 9% de la population a consommé au moins une fois des AINS dans l’année [20]. Ainsi, d’une façon générale, si les chiffres peuvent varier entre les études (selon les pays et les époques), les ordres de grandeurs et les conclusions sont les mêmes : les sportifs de haut niveau et notamment les footballeurs consomment beaucoup plus d’AINS que la population générale.
En population générale, les AINS sont classiquement indiqués en cas de douleurs diverses (fièvre, traumatisme notamment tendineux ou articulaire tel qu’une entorse, tendinite ; ou en cas de rhumatismes inflammatoires ou encore d’arthrose). Dans le football, ils sont souvent utilisés pour soulager les douleurs et réduire l’inflammation dus aux coups et multiples microtraumatismes subis pendant les matchs. Ils sont aussi utilisés pour réduire le temps de convalescence après une blessure. On a pu constater qu’il y avait également une grande utilisation de ces molécules de manière prophylactique, pour prévenir d’éventuelles douleurs et/ou blessures avant un effort intense. Une utilisation très controversée puisqu’elle s’avère même dans certains cas être de l’ordre de l’habitude ou de la superstition plus que de la nécessité médicale [21].
Mais alors qu’en est-il des recommandations médicales à ce sujet ?
Premièrement l’usage des AINS en prophylaxie est très fortement déconseillé. L’intérêt de ces médicaments dans ce contexte n’est pas prouvé et leur consommation serait même dangereuse [123]. Cela va entraîner la diminution du « signal d’alarme » que représente la douleur et permettre au joueur de mieux tolérer certains traumatismes alors que ceux-ci sont bien présents. De la même manière, leur utilisation pour masquer des douleurs et revenir d’une blessure plus vite que prévu est une pratique très risquée, puisqu’une blessure pas entièrement soignée a de grandes chances de s’aggraver. Une utilisation trop importante et inappropriée des AINS va obligatoirement exposer les joueurs inutilement aux effets indésirables de ces médicaments, surtout lorsque cette consommation devient une habitude. Ainsi, devant l’absence de preuve justifiant l’utilisation régulière d’AINS et la preuve de leurs risques d’effets indésirables, la prescription d’AINS n’est justifiée que pour la douleur et l’inflammation dues à des blessures musculosquelettiques précises, et ce sur des durées les plus courtes possibles. Il est également précisé que les AINS ne représentent pas une solution de remplacement à la récupération et à la rééducation classique. Ils peuvent par exemple être utilisés en phase 1 d’une blessure lorsque les signes inflammatoires sont bien présents et que la douleur (notamment nocturne) est gênante. L’utilisation prophylactique, à titre de « rituel » n’a évidemment pas de justification rationnelle [22].
Concernant le strict soulagement de la douleur, il semble que les AINS ne se révèlent pas particulièrement plus efficace que des antalgiques classiques comme le Paracétamol, contrairement aux idées reçues qui circulent dans les vestiaires et ailleurs. De nombreuses études se sont penchées sur le sujet, dont celle-ci, réalisée par des chercheurs Hongkongais, qui compare l’efficacité de différentes molécules d’AINS au Paracétamol en termes de soulagement des douleurs liées à des blessures musculosquelettiques. Il s’agit d’une étude randomisée en double-aveugle menée sur 3000 patients qui conclut qu’il n’y a pas de différences significatives entre le Paracétamol et les différents AINS testés [23]. L’utilisation régulière des AINS dans le seul but de réduire la douleur n’est donc pas pertinente au vu des alternatives existantes beaucoup moins risquées en termes d’effets indésirables, nous y reviendrons.
Les médecins spécialistes en orthopédie et traumatologie du sport des hôpitaux de Genève se sont penchés en détail sur les différentes blessures rencontrées en médecine du sport et ont donné leur verdict quant à la pertinence de l’utilisation d’AINS au cas par cas. Ils combinent leur expertise à une revue complète de la littérature pour donner leur verdict.
Pour ce qui est des lésions ligamentaires, comme les entorses aiguës par exemple, l’utilisation d’AINS est potentiellement utile à court terme (moins de 5 jours) pendant la phase inflammatoire de la blessure. Elle permettrait une réduction de la douleur et de la tuméfaction et un retour à l’exercice accéléré. Attention toutefois puisqu’un usage à plus long terme semble diminuer la qualité de la cicatrisation et serait propice à une laxité articulaire résiduelle augmentant le risque de récidive.
En ce qui concerne les lésions tendineuses, le rôle des AINS est beaucoup plus incertain car les tendinopathies chroniques ne présentent pas de réactions inflammatoires. Concrètement, dans la plupart des cas il n’y a aucun bénéfice sur la guérison et on obtient seulement un effet antalgique passager. L’utilisation d’AINS sur les blessures tendineuses est donc probablement inutile puisque plus à même de provoquer des effets indésirables que d’autres antalgiques à l’efficacité équivalente.
Pour les blessures osseuses comme les fractures, les AINS ne sont absolument pas indiqués, ils n’aident pas la guérison et auraient même des effets délétères sur la régénérationosseuse, dus aux mécanismes d’action de ces molécules.

Les autres antalgiques

Le football, pratiqué à haut niveau, met le corps des athlètes à rude épreuve. La douleur est une composante malheureusement indissociable de la pratique, comme cela a pu être confirmé dans les différents témoignages. Ainsi, la consommation de médicaments antalgiques est très élevée dans ce milieu. On a déjà évoqué les AINS, largement utilisés dans cette indication, mais d’autres médicaments antalgiques sont utilisés. Ils représentent 10 à 15% des médicaments utilisés par les joueurs dans les rapports officiels, mais ce chiffre est un des plus difficile à estimer car ce sont les médicaments les plus propices à être consommés en automédication ou sans déclarations officielles.
Le plus courant est le célèbre Paracétamol qui semble être de loin la molécule la plus utilisée. Impossible de donner des chiffres exacts puisque dans la grande majorité des cas, ces médicaments sont regroupés sous la bannière « autres antalgiques », il faut donc lire entre les lignes. Mais les témoignages des joueurs le confirment, l’usage de Paracétamol est courant dans les vestiaires. C’est l’antidouleur de référence, il brille par sa polyvalence et sa sécurité d’emploi, il n’est donc pas surprenant de le retrouver ici. Cette fois-ci ce n’est pas une habitude propre au sport de haut niveau, on rappelle qu’il s’agit d’un des médicaments les plus consommé au monde, officiellement le plus consommé en France [27].
Concernant les recommandations médicales, le Paracétamol est l’antalgique préconisé en première intention dans le cas de douleurs faibles à modérées liées aux convalescences de blessures par le Comité Olympique International [21]. Et même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’une recommandation, il est préférable d’utiliser le Paracétamol que les AINS pour soulager les douleurs d’après effort intense (match, entraînement…). L’effet antalgique n’est pas inférieur à celui des AINS et les effets indésirables beaucoup moins importants aux doses recommandées [23]. Le Paracétamol serait donc le seul médicament à être « sous-consommé » par les footballeurs, s’il était bien sûr consommé à la place des AINS et pas en plus…

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Table des matières

Liste des abréviations
Liste des Figures
Liste des tableaux
Introduction
Partie 1 : État de la situation
I – Données générales sur le consommation de médicament par les footballeurs
A) Analyse des Rapports des coupes du monde 2002-2018
1) 2002 : Le lancement
2) 2006 : La confirmation
3) 2010 : l’obstination
4) 2014 : Le sursaut ?
5) 2018 : L’espoir
6) Le bilan
B) Analyse des autres documents officiels
1) Méthode similaire
2) Autres approches
3) Presse et littérature
II – Les classes de médicaments concernées
A) Les AINS
B) Les AIS
C) Les autres antalgiques
D) La sphère respiratoire
E) La sphère psychiatrique
F) Autres
1) Les antibiotiques
2) La sphère gastro-intestinale
3) Les décontractants musculaires
4) Les antihypertenseurs
5) Injections de PRP
G) Les supplémentations nutritionnelles
Partie 2 : Effets indésirables
I – Les Anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS)
A) Aux origines physiologiques
B) Classifications, structures et mécanismes
C) Effets indésirables
1) Toxicité gastro-intestinale
2) Toxicité rénale
3) Toxicité Cardiovasculaire.
4) Toxicité hépatique
5) Toxicité respiratoire
6) Risque Infectieux
7) Autres effets
8) Fragilisation, aggravation de lésions déjà existantes
D) Conclusion sur les AINS
II – Les autres médicaments
A) Les AIS
B) Les autres antalgiques
1) Le Paracétamol
2) Le Métamizole
3) Les antalgiques de pallier II
4) La mésothérapie
5) Le cas de l’Acide acétylsalicylique
C) Les médicaments de la sphère psychiatrique
1) Les hypnotiques
2) Les anxiolytiques
3) Les antidépresseurs
D) Les médicaments de la sphère respiratoire
E) Autres médicaments
F) Les supplémentations nutritionnelles
III – Hypothèses de l’impact des médicaments sur des séquelles avérées de l’aprèscarrière des footballeurs
A) Sclérose latérale amyotrophique (SLA)
B) Arthrose
C) Crises cardiaques subites
D) Mortalité
IV – Infographie anatomique des troubles possibles
Partie 3 : Discussion et réflexion sur les enjeux et alternatives thérapeutiques
I – Les causes de tels comportements
A) Un univers qui dépasse le sport
1) Le grand méchant football
2) Des organismes mis à rude épreuve
B) Sportifs de haut niveau, conditionnés pour gagner
1) La culture du sportif de haut niveau
2) L’optimisation des performances
II – Alternatives et solutions envisageables
A) Solutions administratives
1) Limite médicaments/dopage
2) Réglementations, contrôles, et suivi
B) Alternatives thérapeutiques
Complément d’étude sur le terrain
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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