Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études
EPIDEMIOLOGIE DE L’INFECTION PALUSTRE
Situation du paludisme dans le monde
Depuis quelques décennies, des progrès substantiels ont été réalisés dans la lutte contre le paludisme. Selon les dernières estimations, entre 2000 et 2015, l’incidence des cas de paludisme a été réduite de 41% et les taux de mortalité par paludisme de 62%. En début de l’année 2016, la maladie était considérée comme endémique dans 91 pays et territoires, ce qui constitue une importante baisse par rapport aux données de l’année 2000 (108 pays et territoires) (106). Cette baisse serait attribuable au déploiement à grande échelle des moyens de lutte contre l’infection palustre. Malgré ces progrès, le paludisme continue d’avoir un impact dévastateur sur la santé et les moyens de subsistance des populations. Les estimations mises à jour indiquent que 212 millions de cas cliniques avec environ 429 000 décès en 2015, 90% des cas de paludisme et 92% des décès ont été notés en Afrique subsaharienne. Il s’agissait majoritairement d’enfants âgés de moins de 5 ans. Si le taux de mortalité a baissé de 29% entre 2000 et 2015, le paludisme demeure toujours un facteur majeur de mortalité́ chez ces enfants (74).
P. falciparum est l’espèce la plus fréquente et la plus répandue (Figure 1). Les espèces P. vivax et P. malariae évoluent au Nord et au Sud-Est du continent africain chez le vecteur à une température un peu plus basse. Elles débordent la zone de répartition de P. falciparum (Figure 2).
Situation du paludisme au Sénégal
Au Sénégal, la mise en place d’un Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) en 1995 a permis une meilleure définition des politiques et stratégies de lutte contre la maladie ainsi qu’une coordination des activités sur l’étendue du territoire. Au cours des six dernières années, la prévalence parasitaire est passée de 5,9% en 2008 à 1,2 % en 2014. Parallèlement, la morbidité proportionnelle a fortement baissée ces pendant ces années (82), une baisse notable et l’ensemble des zones épidémiologiques sont concernées.
Les populations rurales sont les plus exposées à la maladie comparées aux populations urbaines avec respectivement 1,9% et 0,3 (82). Néanmoins, le paludisme reste encore un problème de santé au Sénégal et sa transmission s’effectue principalement pendant la saison des pluies. En moyenne, il est responsable de 35% des motifs de consultation. Ce taux diminue lorsqu’on passe du Nord au Sud du pays. Du point de vue épidémiologique, la maladie est caractérisée par une grande hétérogénéité des niveaux d’endémicité et des modalités de transmission. Ainsi la prise en compte de l’endémicité palustre et des paramètres impliqués dans la transmission a permis de distinguer deux principaux faciès épidémiologiques: le faciès tropical au Sud du pays et le faciès sahélien retrouvé au centre et au Nord du pays avec une intensité de transmission faible et un caractère instable accentué par des épisodes épidémiques au cours des années de forte pluviométrie (84).
Sur le plan parasitologique, trois des cinq espèces plasmodiales responsables du paludisme humain sont présentes au Sénégal. Il s’agit de P. falciparum, P. malariae et de P. ovale (37). La première espèce représente 80% des infestations des vecteurs et de l’homme ; les deux autres très rarement ou souvent rencontrées en association avec P falciparum représentent respectivement 1 – 15 % et 1 – 5% des infections plasmodiales (87). Cependant, des études menées sur des échantillons datant de 2009 à 2013 dans la région de Kédougou située au Sud-Est du Sénégal a montré la présence de P.vivax même s’il celle-ci demeure faible (31). Plusieurs espèces d’anophèles sont impliquées dans la transmission du paludisme à travers le pays et trois des six espèces du complexe Anopheles gambiae sl sont retrouvées : A. gambiae, A. melas et A. gambiaess. A. funestus et A. nilii ont été récemment impliquées dans la transmission (24).
HOTES ET BIOLOGIE DES PLASMODIUM
Agent pathogène
Les parasites hématozoaires responsables du paludisme appartiennent à l’embranchement des Sporozoaires ou Apicomplexa, à la classe des Haemosporidea ,à l’ordre des Haemosporida, à la Famille des Plasmodiidae et au Genre Plasmodium (57).
Cent quarante six espèces du genre de Plasmodium ont été répertoriées. Ils sont capables d’infecter divers hôtes: homme, singe, oiseaux et rongeurs. Chez l’homme seules quatre espèces sont communément reconnues comme étant responsables du paludisme : P. falciparum, P. vivax, P. malariae, P. ovale ; auxquelles s’ajoute maintenant P. knowlesi. C’est une espèce zoonotique du singe macaque responsable d’un nombre important d’infection humaine en Asie du Sud-Est (24).
Vecteurs
Au niveau taxonomique, les vecteurs des plasmodiums sont des insectes diptères appartenant à la famille des Culicidae et à la sous-famille des Anophelinae. On dénombre environ 500 espèces d’anophèles dans le monde, parmi lesquelles une cinquantaine est capable de transmettre le paludisme à l’homme (11). En Afrique, une douzaine d’espèces est impliquée dans la transmission. Ces vecteurs du paludisme en Afrique tropicale sont répartis en divers grands groupes:
– le groupe gambiae avec sept espèces dont deux seulement sont vectrices : An. gambiaes.s. et An. arabiensis,
– le groupe funestus qui renferme neuf espèces dont deux vectrices : An. funestuss.s. et An. rivulorum assurent la transmission du paludisme,
– le groupe nili contenant quatre espèces dont trois vectrices : An. nili s.s., An. carnevaleiet An. ovengensis (19, 38).
Seuls les deux premiers groupes de vecteurs sont impliqués dans la transmission palustre en Afrique. Chacune de ces espèces a des préférences pour des biotopes particuliers. Ces espèces présentent une grande capacité vectorielle, expliquant la forte endémicité palustre en Afrique (67).
Seule l’anophèle femelle est hématophage. Elle a une activité nocturne son vol est silencieux et sa piqûre décrite comme indolore par opposition aux piqûres beaucoup plus prurigineuses des autres genres de moustiques (75).
Cycle évolutif du parasite
Le cycle des Plasmodium comporte une phase sexuée ou sporogonie chez l’anophèle femelle et une phase asexuée ou schizogonie retrouvée chez l’homme. Cette dernière phase chez l’homme comporte une étape de multiplication dans les hépatocytes (phase pré ou exo-érythrocytaire) et une multiplication intra-érythrocytaire (schizogonie érythrocytaire). Certaines caractéristiques du cycle biologique sont typiques de l’espèce plasmodiale en cause, nous avons défini ci-dessous, les cycles des deux espèces étudiées dans ce travail : P. falciparum et P. vivax.
Cycle évolutif de P. falciparum
Phase sexuée ou sporogonie chez l’anophèle
Lors d’un repas sanguin chez un individu infecté, l’anophèle femelle ingère des gamétocytes, qui constituent des formes parasitaires sexuées mâles ou femelles. Parvenus dans l’estomac du moustique, ces gamétocytes subissent une maturation qui les transforme en gamètes mâles et femelles haploïdes. La fécondation entre un gamète femelle et un gamète mâle donne un œuf mobile appelé zygote diploïde qui s’implante en dessous de la paroi stomacale du moustique pour former un oocyste. Cette phase diploïde s’achève par des mitoses permettant la formation des sporozoïtes qui gagnent préférentiellement les glandes salivaires de l’anophèle d’où ils pourront être injectés avec la salive lors d’un repas sanguin chez l’hôte. Cette phase du cycle chez le moustique dure 10 à 40 jours, suivant la température extérieure et les espèces d’anophèles en cause (13).
Phase asexuée ou schizogonie chez l’homme
Schizogonie pré ou exo-érythrocytaire
L’infection de l’homme par le Plasmodium est initiée par la piqûre de l’anophèle femelle infecté qui inocule des dizaines de sporozoïtes dans les capillaires cutanés. Ces sporozoïtes restent dans le sang circulant pendant une courte durée (Figure 3).Certains y seront détruits par les monocytes tandis que d’autres pénètreront activement différents types cellulaires au sein desquels leur développement avortera. Seuls ceux ayant franchi la barrière des cellules de Küpffer du foie et ayant pénétré dans les hépatocytes pourront continuer leur cycle (54).
Dans l’hépatocyte, s’effectue la première prolifération intracellulaire du parasite. Cette multiplication conduit à la formation de plusieurs trophozoïtes qui se transforment par la suite en schizontes intra-hépatiques renfermant de nombreux mérozoïtes. L’éclatement de l’hépatocyte infecté libère les mérozoïtes qui vont passer dans le sang pour infecter les hématies. Cette phase de réplication intra-hépatique est asymptomatique. Elle dure 7 à 15 jours. A la différence de celles des autres espèces plasmodiales, la schizogonie hépatique de P. falciparum se caractérise par l’absence de formes de persistance hépatique ou hypnozoïtes (104).
Schizogonie érythrocytaire
Les mérozoïtes libérés dans le sang infectent spécifiquement les érythrocytes. Ils montrent une très forte prédilection pour les hématies âgées. Cette invasion des globules rouges initie la phase sanguine asexuée du développement parasitaire. En effet, peu après l’invasion, le mérozoïte se différencie en trophozoïte jeune. C’est une forme en anneau caractérisée par un cytoplasme très fin et qui va par la suite devenir un trophozoïte dit âgé. Ce dernier entreprend des divisions nucléaires pour se transformer en un schizonte plurinucléé. Après une condensation cytoplasmique, le schizonte intra-érythrocytaire éclate en rompant la membrane du GRp (Figure 3). Il libère dans la circulation sanguine 8 à 32 mérozoïtes, des débris érythrocytaires et parasitaires. De nouvelles hématies sont rapidement infectées par des mérozoïtes qui initient d’autres cycles sanguins. Certains mérozoïtes se différencient ensuite en éléments à potentiel sexuel appelés gamétocytes mâles et femelles qui ne pourront poursuivre leur développement que chez l’anophèle femelle. L’ensemble du cycle sanguin asexué dure 48h. Contrairement aux autres espèces plasmodiales, les formes tardives de développement dans l’hématie infectée par P. falciparum, trophozoïtes âgés et schizontes, sont le plus souvent séquestrées au niveau de certains capillaires périphériques et dans certains organes comme la rate, le poumon et le cerveau ou même le placenta chez la femme enceinte (104).
L’apparition de gamétocytes a surtout lieu dans la deuxième semaine qui suit l’infection. A l’occasion d’une nouvelle piqûre par un moustique, ces gamétocytes mâles et femelles, ingérés avec le repas sanguin, sont à l’origine du cycle sporogonique qui aboutit à la différenciation de sporozoïtes infectieux dans les glandes salivaires de l’anophèle.
Le cycle de P. falciparum chez l’homme, représenté sur la figure 3, illustre donc l’existence de divers stades successifs de développement, résidant dans des territoires biologiquement différents, ayant une constitution moléculaire et des besoins métaboliques propres.
La pathologie observée est essentiellement liée à la phase érythrocytaire de l’infection et il n’a pas été attribué de pathologie significative aux sporozoïtes, aux formes hépatiques et aux gamétocytes (61).
Cycle évolutif de P. vivax
C’est un cycle constitué des différentes phases décrites pour P. falciparum, il y existe cependant certaines particularités parfois propres à P. vivax. Il est décrit au niveau de la figure 4. Cependant, dans cette partie nous insisterons plus sur ses particularités.
Cycle sexué ou sporogonie chez l’anophèle
Après un repas sanguin, seuls les gamétocytes mâles et femelles absorbés vont se développer chez l’anophèle, se transformant en gamètes mâles ou femelles. Les éléments asexués seront digérés dans l’estomac du moustique. Après fécondation des gamètes et formation d’un zygote, l’ookinète va traverser la paroi stomacale du moustique et devenir un oocyste qui se divise immédiatement. Dans l’oocyste, les cellules vont prendre une forme allongée ou sporoblaste puis devenir des sporozoïtes. La paroi de l’oocyste va alors se déchirer et les sporozoïtes libérés vont terminer leur maturation avant de gagner les glandes salivaires.
A une température de 25°C, ce cycle de P. vivax aurait une durée de 11 jours pour, durée inférieure à celle du cycle sexué de P. falciparum (13 jours) (30). La durée du cycle est un élément capital pour la transmissibilité de l’espèce parasitaire, avec des répercussions sur la répartition géographique. Ainsi P. vivax peut être transmis dans les régions tempérées durant les courtes périodes chaudes alors que les autres espèces sont limitées aux régions subtropicales et tropicales. Le cycle sporogonique de P. vivax peut de plus se dérouler à des températures extérieures inférieures de 3°C en moyenne à celles de P. falciparum (15°C versus 18°C) (30).
Cycle pré-érythrocytaire chez l’homme
Lorsque l’anophèle femelle infecté prend un repas sanguin, elle injecte de la salive dans le derme. Les sporozoïtes présents dans cette salive sont mobiles et de petite taille (10-15 µm de long) ; ils disparaissent de la circulation au bout d’une heure et peuvent atteindre les cellules parenchymateuses du foie. A l’intérieur de l’hépatocyte, les parasites subissent une division asexuée ou schizogonie exo-érythrocytaire. Des mérozoïtes de P vivax seront libérés au bout de 6-8 jours. Le phénomène de rechute avec l’infection par P. vivax est dû à la formation des hypnozoïtes ou parasites dormants qui peuvent rester intact dans le foie pendant cinq ans (65) (68). La rechute est caractérisée par une réapparition de la parasitémie dans le sang périphérique suite à un traitement adéquat. Il a été longtemps admis que les formes exo-érythrocytaires du paludisme récidivantes persistent dans le foie à cause du développement cyclique (rupture des cellules infectées et invasion de nouvelles cellules) (7).
Plusieurs modèles de rechute ont été décrits et souvent liés à l’origine géographique du parasite. Les souches tempérées de P. vivax peuvent présenter des accès primaires et des rechutes retardées, tandis que certaines souches tropicales apparaissent dans le foie dans les semaines qui suivent l’infection (Tableau I).
PATHOGENIE DE L’INFECTION PALUSTRE
Les manifestations cliniques du paludisme sont liées directement ou indirectement au cycle parasitaire notamment à la phase de schizogonie érythrocytaire. La gravité des symptômes dépend de l’espèce plasmodiale en cause, de la densité parasitaire et du degré de prémunition de l’hôte infecté. Deux principales formes cliniques sont observées dans l’infection par P. falciparum: l’accès palustre simple et les formes graves de paludisme.
Accès palustre simple
La primo invasion apparaît chez un sujet non immun et le temps d’incubation est de 7 à 21 jours et parfois plusieurs mois. Elle est cliniquement muette. Lors de la phase d’état, la fièvre est la manifestation classique. Elle est observée au cours de l’étape sanguin du cycle parasitaire. Avec l’éclatement des schizontes intra-érythrocytaires, il y a une libération des mérozoïtes, d’un pigment parasitaire appelé hémozoïne et de différentes endotoxines aux propriétés pyrogènes comme la PfGPI. Ces substances sont à l’origine d’une inflammation et d’une fièvre (59). La crise débute brutalement par des frissons intenses et des tremblements. La fièvre atteint 40 à 41°C dans le paludisme à P. falciparum et persiste généralement pendant 2 à 4h. Elle est suivie d’une hypersudation. Ces accès de frissons et de fièvre intermittents sont observés. Ils peuvent devenir périodiques survenant toutes les 48h pour les infections dues à P. falciparum et à P. vivax. On parle de fièvre tierce. Pour les autres espèces plasmodiales infectant l’homme, l’intervalle entre les crises serait de 72h (fièvre quarte). En dehors de la fièvre, on peut observer des céphalées, des douleurs articulaires, des myalgies, une anémie et même un ictère, accompagnés souvent de nausées et de vomissements. Un accès dû à P. falciparum ou P vivax peut se transformer en une forme grave surtout chez les enfants et les personnes non immunes (47).
Formes graves du paludisme
L’accès pernicieux palustre a été initialement défini par Laveran comme une «forme suraiguë de paludisme à P. falciparum susceptible de tuer rapidement le malade en 36 à 72h lorsqu’un traitement spécifique n’est pas rapidement et correctement institué» (90). Il touche essentiellement les sujets non immuns. En 1990, l’OMS a défini le paludisme grave comme la présence de formes asexuées de P. falciparum dans le sang associée à un ou plusieurs critères dits majeurs (105). Dans cette définition, des critères mineurs ne permettant pas à eux seuls de parler de paludisme sévère mais devant inciter à la vigilance, étaient également définis. En 2000, de nouveaux critères ont été édités par l’OMS (31) et ces critères sont de type cliniques ou biologiques, faisant ainsi disparaitre la notion de critères mineurs (Tableaux III et IV).
Réponse immunitaire acquise
Elle repose sur l’intervention des lymphocytes T et B qui sont spécifiquement dirigés contre le parasite. Cette réponse immunitaire adaptative se divise en deux composantes essentielles l’immunité à médiation cellulaire et l’immunité humorale.
L’immunité à médiation cellulaire a été mise en évidence à la suite d’un transfert adoptif de ses cellules en absence de réponse humorale détectable. Elle est surtout l’œuvre des cellules TCD4+ et TCD8+ spécifiques au parasite et protégerait l’hôte contre les stades hépatocytaires et érythrocytaires car les parasites y sont intracellulaires et difficilement accessibles par les anticorps. Les lymphocytes TCD4 sont classés en plusieurs sous groupes qui agissent différemment selon le type de cytokines produites. Les cellules Th1 produisent des cytokines pro-inflammatoires telles que l’IFN-γ et l’IL-2 intervenant dans la réponse cytotoxique alors que les Th2 produisent des cytokines anti-inflammatoires comme IL-4 et IL-13 qui régulent la réponse humorale(101). Une forte prolifération cellulaire TCD4+ et TCD8+ liée à une réponse cytokinique Th1 (IFN-γ et IL2) a été retrouvée associée à la protection contre le paludisme, indépendamment de la production d’anticorps (86, 92).
La réponse humorale repose surtout sur l’intervention des cellules B qui après stimulation antigénique puis différenciation en plasmocytes, produisent les Ac. Le rôle des anticorps dans l’immunité anti palustre, bien étudié, est démontré.
Les Ac peuvent bloquer l’invasion des hépatocytes. En effet, les fragments Fab d’Ac monoclonaux spécifiques des séquences répétées de la CSP inhibent l’infectivité des sporozoïtes in vivo et in vitro. Les Ac protecteurs sont principalement de type IgG1 et IgG3. Ils peuvent activer le complément et induire une lyse des sporozoïtes libres dans le sang. Les IgG1 et IgG3 spécifiques peuvent se fixer sur leurs récepteurs présents à la surface de cellules comme les neutrophiles et monocyte-macrophages pour entraîner la lyse des sporozoïtes par ADCI ou par phagocytose (77). Les IgG2 et IgG4 seraient non protecteurs et des études ont montré qu’il existe une relation entre les taux d’IgG non cytophiles et la gravité de la maladie (93). Les sporozoïtes de P. falciparum et de P. vivax semblent activer le complément par la voie classique via des complexes immuns. Les Ac spécifiques des protéines de surface des gamétocytes de P. falciparum 31 ingérés par le moustique peuvent empêcher la fertilisation des gamètes et le développement de l’oocyste (42, 63).
HYPOTHESE ET OBJECTIFS DE L’ETUDE
Le paludisme constitue encore un problème majeur de santé malgré la diminution de sa morbidité et de sa mortalité grâce aux moyens de lutte utilisés. Au vue des stratégies mises en place pour la lutte contre ce fléau, une meilleure connaissance des différentes espèces circulantes et surtout de la contribution de chaque espèce sur la prévalence de l’infection permettrait une avancée considérable vers l’élimination. P. falciparum est l’espèce prédominante au Sénégal (83) et une étude récemment menée chez des enfants sains a rapporté la présence de P. vivax au Sud-Est du Sénégal (70). Aucune donnée n’est encore disponible quand à l’impact de la présence de cette espèce sur la survenue et l’incidence des formes cliniques. Cette interrelation devrait être explorée sur les plans parasitologique, épidémiologique, génétique mais aussi immunologique. La présente étude concerne des investigations immunogénétiques initiées dans les régions de Tambacounda et de Kolda dans le cadre d’une collaboration entre le Service de l’Immunologie de la FMPO/UCAD, l’IMG/IPD et les hôpitaux régionaux des deux sites. Le mérozoïte constituant une cible privilégiée de l’immunité contre les stades parasitaires sanguins et ayant permis à ce titre, l’élaboration de nombreux candidats vaccins, a été choisi dans ce travail à travers l’antigène MSP1p19 de chacune des deux espèces étudiées: P. falciparum et P. vivax. L’analyse des anticorps dirigés contre ces deux types de MSP1p19 devrait permettre d’établir une cartographie de la circulation des espèces plasmodiales dans la région.
Notre travail a eu pour principal objectif d’évaluer les réponses en IgG anti-PfMSP1p19 et PvMSP1p19. De manière plus spécifique cela revient à :
– Evaluer les prévalences et niveaux des réponses en IgG dans les deux localités ;
– Déterminer le profil évolutif des taux d’IgG suivant l’âge des patients ;
– Rechercher des corrélations entre les réponses en IgG dirigées contre les deux types de MSP1p19 ;
– Apprécier les variations des réponses Ac suivant les densités parasitaires.
Caractères géo-climatiques
Région de Tambacounda
La région de Tambacounda est l’une des 14 régions administratives du Sénégal. Très étendue, elle est située dans l’Est du pays. C’est une région frontalière avec quatre pays (Mauritanie, le Mali, la Guinée (Conakry) et la Gambie) et quatre régions: Kédougou, Kolda, Matam et Kaffrine.
Elle couvre une superficie de 42 706 Km2 et compte 698 825 habitants en 2013 (88). Tambacounda se situe dans les zones phytogéographiques soudano-sahélienne et soudano-guinéenne avec une biodiversité très importante. C’est l’une des régions les plus pluvieuses du pays avec environ 800 mm par an. La saison des pluies dure 4 à 5 mois et son installation s’effectue de manière échelonnée du Sud au Nord. Les mois d’Août et Septembre sont les plus pluvieux (1) (58).
Région de Kolda
Elle se situe entre 12°20 et 13°40 de latitude nord, et 13° et 16° de longitude ouest. La région s’étend sur une superficie de 13721 soit 7% du territoire national. Elle est limitée au Nord par la Gambie, à l’Est par la région de Tambacounda, à l’Ouest par la région de Sédhiou et au Sud par la Guinée Bissau et la Guinée Conakry.
Le climat y est de type soudano guinéen avec des précipitations qui s’étalent de Juin à Octobre. Les précipitations moyennes varient de 700 à 1300 mm. Cette pluviométrie est maximale entre les mois d’Août et de Septembre. On y note une saison sèche allant de Novembre à Mai. Les températures moyennes mensuelles les plus basses sont enregistrées entre Décembre et Janvier. Elles varient entre 25 à 30°C et sont plus élevées entre Mars et Septembre avec des variations de 30 à 40°C(2).
Endémicité palustre
La transmission palustre est saisonnière et se déroule pendant 4 à 6 mois couvrant la saison des pluies et une partie de la saison sèche. Elle est assurée essentiellement par An. gambiae, An. arabiensis, à qui peuvent se joindre par endroits An. funestus et An. melas. Le taux d’inoculation entomologique (TIE), en général élevé (> 100 piqûres infectées/homme/an) est variable dans le temps et dans l’espace. Il en est de même de la morbidité palustre, élevée pendant la période de transmission (> 20% de l’ensemble de la pathologie fébrile) (14).
Du point de vue nutritionnel, Tambacounda est la région du pays la plus touchée par la malnutrition infantile. Selon une étude de l’UNICEF, la prévalence de la malnutrition aiguë est de 9 % et celle de la malnutrition chronique de 25 % (140).
|
Table des matières
PREMIERE PARTIE
I. DEFINITION ET HISTORIQUE DU PALUDISME
I. 1. Définition:
I.2. Historique:
II. EPIDEMIOLOGIE DE L’INFECTION PALUSTRE
II.1.Situation du paludisme dans le monde
II.2. Situation du paludisme au Sénégal
III. HOTES ET BIOLOGIE DES PLASMODIUM
III.1. Agent pathogène
III.2.Vecteurs
III.3.Cycle évolutif du parasite
III.3.1 Cycle évolutif de P. falciparum
III.3.1.1 Phase sexuée ou sporogonie chez l’anophèle
III.3.1.2. Phase asexuée ou schizogonie chez l’homme
III.3.1.2.1. Schizogonie pré ou exo-érythrocytaire
III.3.1.2.2. Schizogonie érythrocytaire
III.3.2 Cycle évolutif de P. vivax
III.3.2.1 Cycle sexué ou sporogonie chez l’anophèle
III.3.2.2 Cycle pré-érythrocytaire chez l’homme
III.3.2.3 Cycle érythrocytaire du cycle
IV. MEROZOÏTES : ULTRASTRUCTURE ET ANTIGENICITE
IV.1. Ultra-structure
IV-2 – Antigènes majeurs
IV.2 1- Aspects phylogéniques des deux espèces :
IV.2.2 Protéine MSP1
V – PATHOGENIE DE L’INFECTION PALUSTRE
V.1. Accès palustre simple
V.2. Formes graves du paludisme
V.2.2 Physiopathologie du paludisme sévère
VI – IMMUNITE ANTI-PALUSTRE
VI.1. Notion de prémunition
VI.2 Réponse immunitaire innée
VI.3. Réponse immunitaire acquise
VII – HYPOTHESE ET OBJECTIFS DE L’ETUDE
DEUXIEME PARTIE
I – CADRE D’ETUDE
I.1. Caractères géo-climatiques
I.1.1 Région de Tambacounda
I.1.2. Région de Kolda
I.2. Endémicité palustre
II – MATERIEL ET METHODES
II.1. Matériel
II.1.1. Matériel de laboratoire
II.1.2. Tampons et réactifs chimiques
II-1-3 Matériel biologique:
II.1.3.1. Sérums témoins systématiques:
II.1.3.2. Population d’étude
II.1.3.2.1 Région de Tambacounda
II.1.3.2.2 Région de Kolda
II.1.3.3 Antigènes étudiés
II-2- Méthodologie
II-2-1- Technique ELISA
II.2.2. Analyses statistiques des résultats
III. RESULTATS
III.1.Caractéristiques de la population d’étude
III.1.1. Données générales
III.1.2. Caractéristiques clinico-biologiques
III.2. Analyse des réponses anticorps IgG contre les deux antigènes étudiés
III.2.1. Variations des prévalences des répondeurs
III.2.1.1. Analyse globale des prévalences de répondeurs :
III.2.1.2. Analyses des prévalences de répondeurs suivant l’âge des patients
III.2.2. Analyse des niveaux de réponses en IgG
III.2.2.1 Comparaison des niveaux d’IgG suivant la localité et les années
III.2.2.2 Etude des corrélations entre les niveaux d’IgG dirigées contre les deux antigènes
III.2.2.3. Variations des niveaux d’IgG suivant l’âge des patients
III.2.2.4. Corrélations entre des niveaux d’IgG et les densités parasitaires
IV. DISCUSSION
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES
Télécharger le rapport complet