HYPOEXTENSIBILITE MUSCULAIRE DU MEMBRE INFERIEUR: FREQUENCE ET PREVENTION

HYPOEXTENSIBILITE MUSCULAIRE DU MEMBRE INFERIEUR: FREQUENCE ET PREVENTION

Définition et intérêt :

L’extensibilité musculaire est la capacité du muscle à s’étirer, elle détermine la longueur maximale qu’il peut effectuer (1,22). Gajdosik (22) apporte un autre élément en définissant l’extensibilité passive, comme la capacité d’allongement du muscle en l’absence de toute activation. Cette variable conditionne en partie, l’amplitude articulaire totale, ce qui influence les activités fonctionnelles quotidiennes et les performances athlétiques. La force musculaire est la charge maximale développée par un muscle ou un groupe de muscles (23). Exprimée en newton, elle correspond à l’accélération d’une masse (24) par exemple, un muscle qui se fait selon une vitesse donnée. Elle traduit la tension générée par une stimulation au sein d’un muscle (25). Si l’évaluation de l’extensibilité permet de déterminer si la longueur du muscle est limitée ou excessive, l’évaluation de la force permet de déterminer la capacité du muscle à réaliser un mouvement et à assurer maintien et stabilité (1).

Ces deux caractéristiques sont étroitement liées, et elles font partie intégrante de l’examen clinique devant plusieurs situations pathologiques. De plus, elles permettent de définir une autre variable d’un grand intérêt, Il s’agit de la raideur active (en anglais : stiffness), qui est l’estimation de la force de résistance que le muscle exerce en réponse à un changement de longueur. Elle joue un rôle important dans la stabilité articulaire (26). Enfin, il convient de différencier l’extensibilité, de la flexibilité ou la souplesse qui se définit comme la capacité de s’adapter rapidement aux changements de position ou de posture (1). Une autre définition de la souplesse est utilisée par d’autres auteurs, c’est une qualité physique qui permet de réaliser un geste ou une suite de geste avec un maximum d’amplitude et d’harmonie (27). Les termes d’extensibilité, de flexibilité et de souplesse sont souvent utilisés comme des synonymes. La souplesse a plusieurs effets (27) :

• Elle développe les effets kinesthésiques et sensitifs, en régulant le tonus musculaire et en facilitant la synergie musculaire.

• Elle améliore la performance, en développant la coordination musculaire, en facilitant l’exécution, en améliorant l’efficacité avec un minimum d’énergie et en augmentant l’amplitude.

• Elle a un effet de prévention et de sureté sur le plan traumatique.

Posture normale :

Selon Bouisset (25), la posture est un aspect fondamental de l’activité motrice, c’est l’activité de positionnement du corps et de ses organes, préparant à l’action, la soutenant dans son cours et assurant l’efficacité de son exécution. La posture globale est une attitude de l’ensemble du corps, composée à partir des positions relatives de ses différentes parties. Une bonne posture est une bonne habitude posturale qui contribue au bien être de l’individu (1). Comme nous l’avons déjà discuté, le bon alignement postural dépend du bon équilibre musculaire, évalué par la force et l’extensibilité. De plus, le maintien postural requiert la mise en jeu appropriée de la musculature du fait de l’architecture des segments corporels et des perturbations périodiques de l’état d’équilibre (25). Les inséparables qualités d’alignement et d’équilibre musculaire font partie intégrante du concept de mécanique corporelle adéquate. En pratique, l’amplitude articulaire doit être satisfaisante mais non excessive car plus la souplesse est grande, moins la stabilité est bonne. C’est pour cette raison, qu’on considère que la souplesse normale est une qualité, alors que son exagération est une anomalie. Les techniques d’examen et de traitement sont orientées vers la restauration et la préservation d’une mécanique corporelle satisfaisante sur le plan postural et lors du mouvement.

La population étudiée :

Le choix de la population cible de notre étude, qui est une population de jeunes adultes sains, a été dicté par le manque de données chez les sujets normaux de façon générale, et par l’intérêt faisant le consensus du dépistage et de la prévention en dehors de tout symptôme. Ceci, au moment où beaucoup d’études se sont intéressées à explorer ces paramètres chez certains groupes de malades, notamment les enfants infirmes moteurs (30), ou les patients traumatisés nécessitant l’immobilisation prolongée(9), pour permettre une approche physiopathologique de ces situations. D’autres études se sont intéressées aux sportifs de haut niveau (3, 13), afin de comprendre les mécanismes déterminant leurs performances, et les facteurs de risque de lésions associées à leurs pratiques sportives. Pour tous ces travaux, l’objectif ultime était de proposer des mesures thérapeutiques ou préventives adéquates.

Pour l’âge, nous nous sommes limités à la tranche de 18 à 30 ans, étant donné que l’anomalie qui nous intéresse, qui est l’hypoextensibilité musculaire, constituée au cours de la croissance, est souvent, déjà installée à cet âge, quoiqu’elle peut apparaître à n’importe quel moment (8). Bien évidemment pour que notre échantillon soit le plus représentatif possible de la population générale, nous avons exclu les sportifs de haut niveau, tout comme les sujets ayant des antécédents pathologiques pouvant entraver les mesures ou biaiser les résultats. Nous n’avons pas exclu les sujets ayant dans les antécédents des entorses de la cheville, étant donné leur fréquence au sein de la population. Enfin, il faut préciser que nous avons sollicité des volontaires, étudiants en médecine. Ils ont bien compris le but et la technique, ce qui les a mis en confiance et nous a garanti leur entière coopération. Nous admettons bien évidemment, qu’une situation clinique serait très différente.

Le déroulement de la collecte de données :

De façon générale, et en pratique clinique, il est clairement établi, que les mesures doivent être comparatives afin de se rapprocher au mieux des variations individuelles de chacun (31). D’un autre côté, la standardisation de la séquence de l’examen minimise les risques d’erreurs de mesures. En effet, Le bilan diagnostic kinésithérapique impose la normalisation des pratiques d’évaluation, afin de pouvoir rendre les bilans objectifs, fiables et reproductibles (19). Pour ces raisons, le protocole de mesures au cours de notre étude a été standardisé : ainsi, tous les sujets ont été examinés de façon comparative ; de proximal en distal, et membre inférieur droit puis gauche. De plus, les positions de l’examen ainsi que les repères de mesure ont été préétablis. Faute de moyens techniques, qui auraient permis de standardiser le degré de l’activité physique avant les mesures, les sujets de notre étude ont gardé leur activité usuelle et n’ont effectué aucun exercice ou échauffement préalable. Perrin et coll. (19) ont également conservé une activité habituelle chez les participants lors de l’évaluation de la reproductibilité du test d’élévation de la jambe étendue. Pour ces auteurs, un échauffement par étirement passif ou une course de 10 minutes permettrait d’améliorer l’extensibilité des ischio-jambiers, ce qui nous mettrait dans une situation de tests sportifs et non pas de bilans cliniques. Corkery et coll. (7) ont préconisé une séance d’échauffement de 3minutes, mais ils n’ont pas mis en évidence un effet de cet échauffement sur les valeurs obtenues.

Ilio- psoas :

Notre moyenne de l’extensibilité de l’ilio-psoas était de 5.2° ± 3.1, elle témoigne d’une extensibilité moindre de ce muscle comparée à celle retrouvée par Corkery et coll. (7) ayant utilisé le même test, chez une population et dans des conditions comparables. Dans leur étude, réalisée auprès d’un groupe d’athlètes, Krivkkas et coll. (4) ont rapporté des moyennes de 6° ± 7 chez les sujets de sexe masculin, et de 1° ± 3 chez les volontaires de sexe féminin. Dans d’autres études, les auteurs ont utilisés le test de Thomas modifié, ce qui explique les écarts plus ou moins importants avec nos résultats. (Tableau XII)

Tout comme Corkery et coll. (7), nous n’avons pas trouvé de différence statistiquement significative entre les deux sexes, ni entre côté droit et gauche pour les longueurs de l’iliopsoas. Ceci est peut être dû aux impératifs fonctionnels lors de la marche. En effet, une extension symétrique de la hanche est requise pour une marche normale. Par contre, chez une population d’athlètes professionnels, Harvey (3) a trouvé que l’ilio-psoas du membre non dominant était plus extensible que celui du membre dominant. Aussi, il semble y avoir une différence statistiquement significative entre groupes ayant une activité sportive d’intensité variable : les sujets ayant une activité sportive régulière ou soutenue ont des ilio-psoas moins extensibles (p<0.05). Harvey (3) a trouvé qu’il y a une différence significative entre athlètes pratiquant des sports différents, et que les coureurs avaient des ilio-psoas plus extensibles par rapport aux joueurs de tennis et de basketball. Pour Krivkkas et Feinberg (4), les athlètes de sexe féminin avaient des ilio-psoas plus extensibles que les hommes, la différence entre les deux sexes était statistiquement significative.

Valeurs limites :

Nous rappelons ici les valeurs limites que nous avons prises en considération pour parler d’une hypoextensibilité des muscles étudiées, en nous référant aux données de la littérature. Pour le muscle ilio-psoas, nous n’avons pas trouvé de données précises sur les intervalles des valeurs normales de l’extensibilité de ce muscle, les auteurs considèrent grossièrement que toute flexion de la hanche lors du test de thomas, correspond à une hypoextensibilité des ilio-psoas (1,4). Pour cela nous avons considéré comme hypoextensibles les sujets ayant une extension de la hanche strictement supérieure à 5°. Les valeurs normales de l’extensibilité des ischio-jambiers sont variables d’une étude à l’autre, en plus, la validité de nombreuses d’entre elles est compromise par les biais de sélection et la taille réduite des échantillons (18). Les ischio-jambiers permettent normalement de porter le membre inférieur d’un sujet en décubitus dorsal à 70° du plan de la table, tout en contrôlant l’immobilité de la colonne lombaire (8). Kendall et coll. considèrent qu’un angle de 80° entre la table et la jambe levée correspond à une amplitude normale de l’extensibilité de ces muscles (1).

A la base de ces données, nous avons considéré comme hypoextensibles les ischiojambiers ayant une extensibilité strictement inférieure à 70°. Pour l’extensibilité du rectus femoris nous avons pris pour valeur limite, une flexion du genou de 50°. Ainsi les rectus femoris autorisant moins de 50° de flexion du genou ont été considérés hypoextensibles (7). Selon Kendall et coll. (1), au moment de l’évaluation de l’extensibilité des gastrocnémiens, et lorsque le genou est en extension maximale, la dorsiflexion du pied est d’environ 10°. Pour Kowalski et coll. (8), elle varie de 10 à 15°. Mais pour ces deux auteurs, il s’agissait d’amplitudes passives. Nous avons utilisé un test actif, nous avons donc considéré comme hypoextensibles, les gastrocnémiens dont l’extensibilité autorisent une dorsiflexion de la cheville strictement inférieure à 5° (4). Le tableau XVI résume les valeurs normales de l’extensibilité des muscles étudiés et les valeurs limites de l’hypoextensibilité.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTICIPANTS ET METHODE
I.TYPE D’ETUDE
II.POPULATION CIBLE
III.ECHANTILLON
IV.VARIABLES A L’ETUDE
V.COLLECTE DES DONNEES
Matériel nécessaire
Fiche d’exploitation
Le goniomètre
Tests d’extensibilité
VI.SAISIE ET ANALYSE DES DONNEES
VI.CONSIDERATIONS ETHIQUES
RESULTATS
I.TAUX DE REPONSE
II.CARACTERISTIQUES GENERALES DE L’ECHANTILLON
Sexe
Age
Paramètres anthropométriques
Membre dominant
Activité sportive
Entorses de la cheville
Plaintes algiques
Anomalies morphologiques
III.VALEURS MOYENNES DE LONGUEURS MUSCULAIRES
IV.VARIATIONS DE LONGUEURS MUSCULAIRES
Variations selon le côté
Variations selon le sexe
Variations selon l’activité sportive
V.PREVALENCE DE L’HYPOEXTENSIBILITE
DISCUSSION
I.NOTIONS FONDAMENTALES
Extensibilité musculaire.
Equilibre musculaire
Posture et mouvement
Bilan articulaire et musculaire
II.METHODE DE L’ETUDE
La population étudiée
Le goniomètre
L’examinateur
Le déroulement de la collecte des données
Les tests d’extensibilité
Les limites de l’étude
III.VALEURS NORMALES ET VARIATIONS
Ilio- psoas
Ischio-jambiers
Rectus femoris
Gastrocnémien
IV.PREVALENCE DE L’HYPOEXTENSIBILITE MUSCULAIRE
Définitions
Mécanismes de l’hypoextensibilité
Valeurs limites
Prévalence de l’hypoextensibilité
V.IMPLICATIONS PRATIQUES
Conséquences pathologiques
Modalités de prise en charge
CONCLUSION
RESUMES
BIBLIOGRAPHIE

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