Définition
Pour classifier les TCA, nous utiliserons la cinquième version du DSM (Diagnostic and Statistical Manual of mental disorders) de la classification de l’Association des Psychiatres Américains, publiée en mai 2013. Elle définit trois diagnostics typiques principaux (anorexie mentale, boulimie nerveuse, hyperphagie boulimique), un autre groupe de TCA atypiques incluant le purging syndrome et d’autres troubles non spécifiés (mérycisme, pica, alimentation sélective).
Anorexie Mentale
Anorexia est un terme venant du grec an (privation) et orexis (appétit) . On définit l’anorexie par la triade classique : Anorexie-Amaigrissement-Aménorrhée. Le terme propre d’anorexie correspond à la conduite active de restriction alimentaire puis à la perte de la sensation de faim dans un second temps. L’amaigrissement est spectaculaire et souvent rapide, sans signes biologiques initialement. L’aménorrhée est soit primaire lorsque la patiente n’était pas initialement réglée, soit secondaire ; elle se définit alors par l’absence de règles pendant plus de 3mois si les règles sont régulières, et plus de 6 mois si elles sont irrégulières chez une femme pubère initialement réglée.
Selon la classification de l’Association des psychiatres américains (American Psychiatry Association), DSM (Diagnostic and Statistical Manual of mental disorders) dans sa 5ème version de mai 2013, l’anorexie mentale se définit par :
1) Dénutrition : IMC < 85% normale
2) Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros (> 75% du temps) alors même que le poids est inférieur à la normale, avec souvent un déni de la maigreur actuelle.
3) Perturbation de l’image du corps et de l’estime de soi.
L’anorexie peut être de deux types soit restrictive: (restricting type) soit mixte (binge eating/purging type) selon la présence ou non de crises de boulimie, ou vomissements provoqués, ou prise de purgatifs (laxatifs, diurétiques, lavements) durant les 3 derniers mois. Néanmoins les formes les plus fréquentes sont les anorexies atypiques définies par une perte de < 10% du poids. Le patiente se plaint initialement d’autres symptômes tels que des troubles digestifs (syndrome de l’intestin irritable), des pseudo-allergies ou intolérance alimentaire (gluten, lactose, fructose…), des troubles gynéco-endocriniens, des pertes de poids inexpliquées, un repli sur soi, une hyperactivité physique, des insomnies, de l’asthénie, des douleurs diffuses, une anémie. Cette grande variété de symptômes retarde le diagnostic du médecin, en lui faisant explorer toutes sortes de causes possibles.
Boulimie
Le terme de bulimia nervosa vient du grec bous (taureau) et limos (faim). Il est défini depuis 1979 par Gérald Russel, psychiatre anglais et intégré au DSM depuis sa version III . La crise boulimique (ou binge eating) selon la dernière classification DSM-V, est définie par :
1) L’absorption en un temps limité d’une quantité de nourriture largement supérieure à ce que la plupart des gens absorberait en une période de temps similaire,
2) Le sentiment de perte de contrôle sur le comportement alimentaire pendant la crise,
3) Des comportements compensatoires inappropriés et récurrents visant à prévenir la prise de poids : vomissements provoqués, prise de laxatifs (ou lavements), diurétiques, hyperactivité physique, périodes de restriction alimentaire et autoagressivité.
4) Fréquence des crises : au moins 1 fois par semaine au cours des 3 derniers mois. Au moins 1 comportement compensatoire par semaine au cours des 3 derniers mois.
Le poids et la forme corporelle sont un élément majeur de l’estime de soi. La crise est précédée d’une tension et d’un désir intense de consommer les mêmes aliments (craving) à forte valeur calorique, généralement au domicile, de manière ritualisée et en solitaire. Après la crise, la tension diminue, suivie par un sentiment de honte et de culpabilité avec agitation, sueurs et douleurs abdominales.
Les signes d’orientation sont:
● Forte préoccupation concernant la forme corporelle,
● Mauvaise estime de soi.
Les facteurs de risques psychiques sont :
● Personnalité rigide et impulsive,
● Anxiété,
● Instabilité émotionnelle,
● Baisse d’estime de soi,
● Antécédent de traumatisme psychique,
● Addictions associées,
● Dépression,
● Phobie et trouble panique.
La boulimie peut avoir des formes variées avec des périodes de grignotage intercritiques ou à l’inverse, des périodes de restriction définissant un tableau anorexieboulimie.
Hyperphagie boulimique (binge eating disorder)
Initialement apparue en 1994, elle est officiellement décrite dans le DSM-V depuis 2012, comme une TCA à part entière. Elle se définit par la consommation massive et brutale de nourriture pendant ou en dehors des repas sans sensation physique de faim. La prise alimentaire est rapide, dépassant le seuil de satiété et ne prenant fin qu’à la sensation d’une réplétion gastrique inconfortable. Elle se fait seule et de manière cachée.
● Elle est accompagnée soit par un sentiment de perte de contrôle, soit par l’incapacité de s’arrêter de manger une fois la crise débutée.
● Elle est suivie d’un sentiment de grande culpabilité, de dégoût et d’un profond mal-être.
● Fréquence : au moins une suralimentation par semaine pendant au moins trois mois.
● Pas de moyens compensatoires, contrairement à la boulimie.
OSFED (Other Specified Feeding and Eating Disorder)
Cette catégorie regroupe les formes atypiques des 3 principaux TCA et 2 autres troubles. Elle reprend la plus grande part des anciens EDNOS (Eating Disorder Not Otherwise Specified) de la classification DSM-IV. Ce sont les plus mal définis par la DSM V car le seuil est discutable entre les TCA typiques (AM, BN, Hyperphagie boulimique) définis plus haut et leur variante « atypique ». Il n’y a pas de graduation somatique sur l’IMC ou sur les principales anomalies somatiques ou psychiatriques. De plus, il n’y a pas de critères de sévérité, d’où le peu d’intérêt pour le pronostic.
Ils présentent les symptômes suivants, à des degrés variables :
● Perte ou fluctuation du poids,
● Dysménorrhée,
● Trouble de la libido,
● Érosion de l’émail,
● Pathologie de mastication, chipmunk cheeks (due aux vomissements répétés),
● Diminution des défenses immunitaires.
Les points psychiatriques en commun associés sont :
● Des troubles anxio-dépressifs,
● Des troubles obsessionnels et compulsifs,
● Des dysmorphophobies,
● Une obsession autour de la nourriture et des repas,
● De l’anxiété et de l’irritabilité,
● Une baisse de l’estime de soi, un sentiment de honte,
● Une personnalité psychorigide et manichéenne.
Une forme initialement restrictive à l’adolescence ou compulsive chez un adulte, peut évoluer secondairement vers une forme complète : crise compulsive (anorexie mixte) ou boulimie. Une forme compulsive peut évoluer vers de l’hyperphagie boulimique, puis se transformer par la suite, en anorexie après une chirurgie bariatrique.
L’anorexie atypique présente plusieurs critères de l’anorexie mentale mais les cycles menstruels sont réguliers et l’IMC se situe dans les limites de la normale (>17,5).
La boulimie atypique est définie par plusieurs critères de la boulimie mais la fréquence des crises de boulimie ou des moyens compensatoires est inférieure à deux fois par semaine, ou durant une période de moins de trois mois.
Le purging disorder se définit par l’utilisation régulière de méthodes compensatoires inappropriées après l’absorption de petites quantités de nourriture, chez un individu de poids normal.
USFED (Unspecified Feeding and Eating Disorders)
Ce sont les troubles non spécifiés résiduels définis par la classification de la DSM V :
♦ Hyperactivité,
♦ Trouble de l’alimentation sélective et évitante ARFID (Avoidant/Restrictive Food Intake Disorder),
♦ Grignotage,
♦ Mérycisme (Rumination disorder),
♦ Pica.
Les troubles de l’alimentation sélective et évitante sont toutes les pathologies ne répondant pas aux définitions des TCA typique et atypiques et qui sont caractérisées par :
♦ une difficulté à digérer ou avaler des liquides ou de la nourriture solide,
♦ un refus de manger dû à un dégoût de certaines caractéristiques sensorielles de la nourriture,
♦ un manque d’intérêt général face à la nourriture.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. Définition
a) Anorexie Mentale
b) Boulimie
c) Hyperphagie boulimique (binge eating disorder)
d) OSFED (Other Specified Feeding and Eating Disorder)
e) USFED (Unspecified Feeding and Eating Disorders)
2. Facteurs de risque
3. Physiopathologie
4. Diagnostic
5. Épidémiologie
6. Pronostic et morbi-mortalité des TCA
7. Le questionnaire SCOFF-F
8. Création d’un algorithme d’orientation diagnostique et d’un site expérimental
OBJECTIFS DE L’ETUDE
POPULATION ET MÉTHODE
1. Population
2. Critères d’inclusion
3. Critères d’exclusion
4. Éthique
5. Critère de jugement
6. Modalité pratique du choix de la cohorte de médecins
7. Création de la vidéo
8. Site web ExpaliTM
9. Utilisation du site
10. Envoi du questionnaire de satisfaction
11. Analyse des résultats
RÉSULTATS
1. Caractéristiques de la cohorte
2. Population
3. Réponses au questionnaire de satisfaction
4. État des lieux des impressions des médecins lors de l’installation d’ExpaliTM au cabinet : analyse qualitative
5. État des lieux des réponses des médecins ayant refusé la participation
DISCUSSION
1. Les forces de l’étude
Originalité du site : efficacité et aide à la prise en charge
Ergonomie du site
Échantillon
2. Limites et biais de l’étude
Le recrutement des médecins : biais de sélection et d’évolution de la cohorte
Absence d’information sur les caractéristiques des médecins non-participants
Manque de temps en consultation
Manque de connaissances en informatique
Manque de connaissance des TCA
Qui dépister ?
Manque de formation au questionnaire SCOFF-F
Perspectives pour ExpaliTM
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES