Toutes les sociétés cherchent à accroître leur richesse, cependant la croissance peut parfois atteindre des plafonds qui la rendent difficile à gérer. Ce phénomène peut découler d’une mauvaise gestion des politiques, programmes et projets qui la sous-tendent. Ainsi, en Afrique, on constate que les effets de croissances urbaines mal maîtrisées, sont à l’origine de divers problèmes sociaux.
En effet, l’urbanisation et son corollaire de la société, entraîne un nouveau mode de vie, ouvre de nouvelles perspectives économiques, lui procure de nouvelles compétences, et l’engage dans un processus de création de richesses. Lorsqu’elle n’est pas maîtrisée, l’urbanisation galopante pose de graves problèmes de gouvernance (les facteurs et les capacités institutionnelles deviennent insuffisants, inopérationnels en l’absence d’exercices de planification idoines). L’urbanisation rapide, sauvage et non planifiée dans certains pays africains a causé la détérioration de l’environnement urbain de plusieurs grandes métropoles. Ainsi, on retiendra la lancinante problématique de la gestion des déchets dans les villes. Ce phénomène atteint des proportions telles que les mesures prises à différents niveaux (administrations, spécialistes) se sont révélées plusieurs fois infructueuses (ONIBOKUM A. G, 2001).
Les grandes villes abritent la plus grande partie des activités économiques ainsi que les infrastructures liées à l’éducation, à la santé et aux autres services sociaux. Mais en raison de la concentration des moyens de production et de l’accroissement démographique, les villes génèrent des quantités considérables de déchets et de pollutions. Les problèmes de santé publique qui en résultent sont énormes (maladies respiratoires, épidémies, etc.) C’est ainsi que Dakar à l’image des autres villes du pays n’est pas épargné par ce phénomène, ce qui fait que l’on note en plusieurs endroits des amoncellements de déchets de toute nature le long des routes, des plages, sur les espaces publics etc.
CONTEXTE ET JUSTIFICATIONS DE L’ETUDE
La problématique
La concentration démographique effrénée et la faiblesse de l’habitat (rapportées aux besoins des populations) placent la Médina en particulier, et l’agglomération de Dakar en général, dans une situation inquiétante en matière d’insalubrité publique et de destruction du cadre de vie. Cette situation est fortement influencée par les déchets solides ménagers et assimilés. En effet, la faiblesse qualitative et quantitative du service fourni, fait qu’on observe partout une cohabitation permanente, s’inscrivant dans la durabilité, entre les populations et les ordures ménagères. Ce phénomène se traduit en en quasi vécu quotidien et a des conséquences négatives sur la santé publique (risques de pandémies, d’épidémies) ; sur le cadre de vie des populations (encombrements, désagréments visuels, mauvaises odeurs ; sur l’environnement (pollutions des eaux, de l’air et des sols) Ces manquements sont constatés tout au long de la chaîne de gestion (de la production à l’élimination des déchets).Ainsi, il est nécessaire de passer en revue tous les aspects liés à la gestion du secteur des déchets pour savoir l’origine des défaillances.
Les différentes étapes de la gestion du secteur à Dakar
La gestion des déchets est caractérisée par plusieurs étapes dont :
– Une première étape : 1969/70-1971/83
Marquée par l’arrivée d’un promoteur privé, la SOADIP (Société Africaine de Diffusion et de Promotion),qui assurait le service public,dans toute la région urbaine,à l’exception des cités privées, des HLM, SICAP et zones rurales.
– Une seconde étape : 1984/85
Elle se traduit par une gestion en régie par la Communauté Urbaine de Dakar (CUD) avec l’appui des forces armées nationales dont le génie militaire. Il s’agissait ici d’une gestion de transition.
– Une troisième étape : 1985/1995
Marquée par l’arrivée d’une société d’économie mixte (la SIAS), avec participation majoritaire de l’Etat, accompagné par d’autres actionnaires dont la CUD, la SITA((Société Industrielle de Transport Automobile), société privée française et un opérateur privé sénégalais,la SNHLM,la SICAP, l’IPRES.
– Une quatrième étape : 1996/2000
C’est le retour de la CUD de manière opérationnelle avec l’appui de l’AGETIP (Agence d’Exécution des Travaux d’Intérêt Public contre le sous emploi) qui assurera la maîtrise d’œuvre en s’appuyant sur des transporteurs privés locaux ;
– Une cinquième étape : 2000/2001
L’alternance politique de 2000 donnera naissance à l’APRODAK (agence pour la propreté de Dakar) qui a dans sa lettre de mission une compétence régionale. Elle est placée sous la tutelle du ministère chargé de l’environnement.
– Une sixième étape : de 2002/2006
L’Etat retourne à un ancien système avec un prestataire privé, AMA/Sénégal, régie municipale de la ville de Rome (Italie) qui va travailler en sous-traitance avec des concessionnaires sénégalais. Ainsi sur un intervalle de 35ans, le nettoiement a connu six grandes étapes. C’est assez pour témoigner éloquemment des difficultés liées à la gestion de ce secteur.
D’une manière générale, les insuffisances constatées dans le système de collecte favorisent la dégradation du cadre de vie et constituent une menace pour la santé publique.
Les indicateurs des insuffisances du service fourni
Certains indicateurs parmi d’autres, ont particulièrement retenu notre attention à savoir :
– Indicateurs 1.
. La fréquence et l’heure de passage des camions ramasseurs (c’est- dire la régularité) ;
. Le niveau de propreté des rues ;
. Le groupe scolaire de la Médina est allégrement oublié par la collecte, suite à l’absence de routes goudronnées et l’étroitesse des ruelles.
– Indicateurs 2.
. Le temps d’exposition (les OM parfois restent 2 à 3 jours voir plus dans les rues et les quartiers) ;
. Les risques de maladies sont beaucoup plus nombreux ;
– Indicateurs 3.
.Le niveau de sensibilisation des populations ;
.Le degré d’implication des populations dans la collecte ;
.Le degré d’implication de la municipalité ;
.La perception des populations vis -vis des collecteurs.
Le choix de ces indicateurs est plus ou moins justifié par les différentes étapes qu’a connues l’organisation de la gestion à Dakar, depuis plus de 35 ans.
Les objectifs de l’étude
Les principaux objectifs de cette étude consistent à susciter la réflexion et l’action en direction:
– de l’amélioration du cadre de vie des populations ;
– de la participation des populations à la gestion de leur environnement par l’information, l’éducation et la sensibilisation (l’éveil des consciences) ;
– de donner aux DSM (et Assimilés) leur potentiel économique par leur valorisation .
Les données de superficie et limites géographiques
La Commune d’Arrondissement de la Médina a une superficie de 24,5 kilomètres carrés. Elle est limitée :
-Au Nord par le boulevard de la Gueule Tapée (Le Grand Dakar) ;
-Au Sud par l’AMS (Le Plateau) ;
-A l’Est par l’autoroute et les zones portuaires et industrielles ;
-A l’Ouest par l’océan atlantique (les plages de Koussoum et de Soumbédioune)
L’urbanisation
Le taux d’urbanisation est de 98%. Les relevés en la matière sont les suivants :
– La voirie :
. 5 grandes artères ;
. 50 rues secondaires ;
. Niveaux de stabilisation des accotements 95%.
– L’assainissement :
. Réseau collectif 100%
. Branchements individuels 90%.
– L’eau potable :
. Branchements individuels 95%.
– L’électricité :
. Standard (quartiers) 600 points lumineux ;
. Moderne (grandes artères) 190candélabres ;
. Domicile 99%
– L’occupation de l’habitat :
. Propriétaires 57% ;
. Locataires 30,3% ;
. Loges (maisons familiales) 13%.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE. CADRE DE L’ETUDE
CHAPITRE 1. CONTEXTE ET JUSTIFICATIONS DE L’ETUDE
1.1. La problématique
1.1. 1. Les différentes étapes de la gestion des déchets à Dakar
1.1. 2. Les indicateurs des insuffisances du service fourni
1.2.Les Objectifs de l’étude
1.3. La méthodologie de recherche
1.3.1. La recherche documentaire
1.3.2. L’approche quantitative
1.3.3. L’approche qualitative
1.3.4. L’échantillonnage
CHAPITRE 2. PRESENTATION PHYSIQUE
2.1. La commune d’arrondissement de la Médina: historique et états des lieux
2.1.1. Les zones,les quartiers et la voirie actuels de la commune
2. 1.1.1. Les zones et les quartiers
2. 1.1.2. La voirie communale (les dessertes principales)
2.1.2. Les données de superficie et limites géographiques
2.1.3. L’urbanisation
2.1.4.La population : démographie et répartition
2.1.5.L’éducation
2.1.6. Les structures de santé
2.1.7. Liste non exhaustive des établissements publics et privés implantés dans la CAM
2.1.8. L’économie
2.1.8. 1. Le commerce
2.1.8. 2. L’artisanat
2.1.8. 3. Le tourisme
2.2. Les principaux problèmes rencontrés par les populations de la Médina
2.2.1. L’assainissement
2.2.2. L’urbanisme et l’habitat
2.2.3. L’aménagement urbain
2.2.4. Les problèmes d’infrastructures commerciales
2.2.5. La voirie
2.2.6. Les pollutions
2.2.7. Les infrastructures sportives
DEUXIEME PARTIE. LA GESTION DES DECHETS SOLIDES MENAGERS ET ASSIMILES DANS LA COMMUNE D’ARRONDISSEMENT DE LA MEDINA
CHAPITRE 3. L’ENVIRONNEMENT INSTITUTIONNEL DE LA GESTION DES DECHETS AU SENEGAL, DEFINITIONS, CONCEPTS, TYPOLOGIES ET CLASSIFICATION DES DECHETS
3.1. Le cadre institutionnel de la gestion des déchets au Sénégal les compétences institutionnelles
3.2. Définitions et conceptualisation
3.2. 1. Le cadre de vie
3.2. 2. L’hygiène publique
3.2. 3. La quantification
3.2. 4. La notion de déchet
3.2.5. Typologie et classification des déchets
3.2.5.1. Typologie selon les états
3.2.5.2. Classification des déchets
3.2.5.2. 1. Les déchets ménagers et assimilés
3.2.5.2. 2. Les déchets industriels
3.2.5.2.3. Les déchets inertes
CHAPITRE 4. LES IMPACTS DES DECHETS SOLIDES MENAGERS ET ASSIMILEES SUR LE CADRE DE VIE ET /OU LA SANTE DES POPULATIUONS
4.1. Les sources et le cycle de vie des déchets
4.2. Le cycle évolutif comparé des déchets et de l’Homme : la cascade évolutive
4.3. Les impacts des déchets
4.3.1. Les impacts sur les sols
4.3.2. Les impacts sur les eaux
4.3.3. Les impacts sur l’air
4.3.4. Les impacts sur le cadre de vie et la santé humaine
4.3.5.Schéma récapitulatif
TROISIEME PARTIE. LES BASES DE LA GESTION DU SECTEUR DES DECHETS
CHAPITRE 5. LES ASPECTS LIES À LA GESTION DU SECTEUR DES DECHETS SOLIDES URBAINS
5.1. Les aspects réglementaires
5.1.1. La réglementation (outils, instruments et mécanismes)
5.1.1.1. Le code des collectivités locales
5.1.1.2. Le code de l’hygiène
5.1.1.2. 1. Les missions du service national d’hygiène
5.1.1.3. Le code de l’environnement
5.1.1.4. Le code de l’eau
5.2. Les aspects techniques et organisationnels
5.2.1. Les voies et les moyens de gestion du secteur des déchets
5.2.1.1. La collecte des déchets solides ménagers et assimilés à la Médina
5.2.1.2. La gestion du service
5.2.1.3. La société AMA/ Sénégal
5.2.1.3.1. L’Organisation de la structure
5.2.1.3.2. Les démembrements et les prérogatives
5.2.1.3.3. Les principales activités de AMA/Sénégal
5.2.1.3.4. Les facteurs limitants du système de gestion des déchets par AMA
5.2.1.3.5. Les relations de partenariat avec les autorités
5.2.2. La caractérisation et la quantification des déchets à la Médina
5.2.3. Les circuits de recyclage à la Médina
5.2.4. Les aires de stockage
5.3. Les aspects économiques et financiers
5.3.1. Les sources de financements du secteur
5.3.2. Les formes de financements du secteur
5.4. Les aspects sociaux économiques
5.4.1. La récupération, le recyclage et la valorisation dans la Médina (origines et utilisations) : Evaluations par matières
5.4.2. Les composantes de la récupération à la médina
5.5. Les aspects socioculturels
5.5.1. Les aspects liés au conditionnement à domicile
5.5.2. Les aspects liés à la collecte, au transport et à la récupération
CHAPITRE 6. LES ACTEURS : IDENTIFICATION, FORCES ET FAIBLESSES
CONCLUSION