Les rรฉservoirs hydrologiques continentaux ne reprรฉsentent quโune fraction de lโeau sur Terre (de lโordre de 0,025 %), mais ont cependant un rรดle primordial pour la vie sur Terre et dans la dynamique du climat, en raison de leur situation ร lโinterface des continents et de lโatmosphรจre. Si lโon exclut les calottes polaires, lโeau douce est stockรฉe dans les diffรฉrents rรฉservoirs que sont le manteau neigeux, les glaciers, les aquifรจres, la zone racinaire, qui se situe dans les premiers mรจtres du sol, et les eaux de surface qui comprennent fleuves et riviรจres, lacs, retenues dโeau dues ร lโactivitรฉ humaine (lacs de barrage, rรฉservoirs pour lโirrigation,โฆ) et zones humides. Les eaux continentales participent aux รฉchanges avec lโatmosphรจre et les ocรฉans au travers des flux de masse horizontaux et verticaux (รฉvaporation, transpiration, ruissellement).
La pression anthropique et les besoins humains en alimentation conduisent lโhomme ร mobiliser la majeure partie de lโeau disponible pour ses besoins et activitรฉs, et principalement pour la pratique dโune agriculture irriguรฉe. Nรฉanmoins, cette ressource, nรฉcessaire ร toute vie, est bien souvent rare dans de vastes zones de la biosphรจre continentale et soumise aux changements climatiques pouvant conduire soit ร lโaridification et ร la dรฉsertification, soit ร un fort dรฉveloppement du couvert vรฉgรฉtal. Le cycle hydrologique continental demeure, malgrรฉ tout, lโune des composantes les moins bien connues du systรจme climatique. De nombreux processus restent, en effet, difficilement modรฉlisables en raison de leur complexitรฉ. En outre, les rรฉseaux hydrologiques nationaux, en charge du suivi continu des fluctuations du niveau des fleuves ont vu leur nombre fortement diminuer ces derniรจres annรฉes dans certains pays en voie de dรฉveloppement et dans les pays de lโex-URSS, en raison du coรปt nรฉcessaire ร leur entretien.
Lโeau continentaleย
Le cycle hydrologique global
Bien que de formule chimique relativement simple โ 2 atomes dโhydrogรจne pour un atome dโoxygรจne -, lโeau occupe une place centrale dans le fonctionnement de la biosphรจre, car elle est indispensable ร toute vie. Le cycle hydrologiqueย reprรฉsente les รฉchanges incessants de masse dโeau entre les 3 rรฉservoirs de lโhydrosphรจre que sont lโocรฉan, les continents et lโatmosphรจre [Perrier et Tuzet, 2005]. Ses interactions avec le climat revรชtent une importance primordiale dans le contexte du rรฉchauffement climatique [Chahine, 1992 ; Douville et al., 2002 ; de Marsily, 2005 ; Planton et al., 2005]. Elle reprรฉsente un volume de lโordre de 1350 millions de km 3 dans la biosphรจre. Sa rรฉpartition ร la surface de la Terre est trรจs inรฉgale : la majeure partie se trouve dans lโocรฉan (97,5%), une infime partie dans lโatmosphรจre (0,001 %) sous forme de vapeur dโeau, et le reste dans la biosphรจre continentale sous forme de neige, de glace, dโeau courante ou souterraine (2,5 %). Sur les 2,5 % dโeau douce disponible, plus de 99% sont retenus, soit de faรงon diffuse dans les roches, soit concentrรฉs en glace [Cosandey et Robinson, 2000 ; Perrier et Tuzet, 2005]. Il reste finalement 0,3 million de km 3 dโeau douce dans la biosphรจre continentale, dont 95% concentrรฉs dans des zones trรจs limitรฉes comme les lacs ou les mers intรฉrieures (rรฉserves dโeau douce ou saumรขtre) ou inaccessibles comme les aquifรจres profonds qui reprรฉsentent un stock de 285 000 km 3 [Perrier et Tuzet, 2005]. La disponibilitรฉ en eau douce liquide pour la biosphรจre continentale reprรฉsente, en dรฉfinitive, moins de 1%. Cette eau utile reprรฉsente, pour les deux tiers, le stock dโeau courante (soit 1300 km 3 ou 0,007% de lโensemble des ressources en eau prรฉsentes sur la Terre) : neige, fleuves, riviรจres, cours dโeau, et, pour le tiers, lโeau constituant les systรจmes biologiques ou biota (soit 700 km 3) .
Les eaux continentalesย
De maniรจre schรฉmatique, les eaux continentales peuvent รชtre rรฉparties en 5 catรฉgories : les riviรจres et les fleuves, les zones humides, les lacs, lโhumiditรฉ des sols et les aquifรจres.
Riviรจres et fleuvesย
Les riviรจres et les fleuves reprรฉsentent moins de 0,1 % de la surface de la Terre pour environ 0,0001 % de son volume dโeau. Le ruissellement de lโeau ร la surface des continents conduit ร la formation de rรฉseaux hydrographiques de dimension fractale et drainant des surfaces aux limites gรฉographiques prรฉcises, les bassins versants, dรฉfinis par les lignes de partage des eaux. Le rรฉgime et le dรฉbit des cours dโeau dรฉpendent de leurs caractรฉristiques gรฉomorphologiques (profil, largeur, profondeur du litโฆ), de la nature des sols et des sous-sols, du couvert vรฉgรฉtal et des conditions climatiques (prรฉcipitations, รฉvapotranspiration, tempรฉrature). Le coefficient de ruissellement, qui caractรฉrise lโefficacitรฉ du transport de lโeau, est dรฉfini par le rapport entre le volume des eaux en sortie du rรฉseau hydrographique (les rรฉseaux hydrographiques aboutissent le plus gรฉnรฉralement dans les ocรฉans ou dans un lac terminal en cas dโรฉcoulement endorรฉique) et les prรฉcipitations tombรฉes sur le bassin versant. Cette efficacitรฉ est fonction du niveau de saturation des sols et de la nature du couvert vรฉgรฉtal sur le bassin versant.
Les zones humidesย
Les zones dโinondation, marรฉcages, zones humides, qui occupent une faible portion de la surface terrestre, entre 2 et 6%, sont les milieux oรน lโeau est la clรฉ de la vie animale et vรฉgรฉtale. Dโun point de vue hydrologique, les zones humides permettent de maintenir le niveau des nappes souterraines, de lutter contre les crues, de piรฉger les sรฉdiments, de stabiliser le littoral, de purifier l’eau, de recycler les nutriments et de rรฉguler le microclimat. Les vastes zones humides alimentent des aquifรจres pendant la saison sรจche et jouent un rรดle capital dans le maintien des rรฉseaux hydrologiques. En outre, elles neutralisent les eaux usรฉes en absorbant leurs contaminants. Elles jouent un rรดle รฉcologique majeur car elles abritent une multitude dโespรจces animales et vรฉgรฉtales et constituent un important rรฉservoir de carbone dans les sols [Whitting et Chanton, 2001]. Ces zones, caractรฉrisรฉes par des taux รฉlevรฉs dโรฉmission de gaz ร effets de serre (CO2, CH4, โฆ), ont un fort impact sur les changements climatiques [Matthews et Fung, 1987 ; Whitting et Chanton, 2001 ; Richey et al., 2002 ; Friborg et al., 2003 ; Shindell et al., 2004].
Les lacsย
Les lacs couvrent environ 1 % de la surface de la Terre pour moins de 0,01% de son volume dโeau. Ils ont nรฉanmoins un rรดle fondamental de rรฉgulateur des flux au sein des rรฉseaux hydrographiques. Il est par ailleurs frรฉquent que les lacs suffisamment รฉtendus interviennent dans la rรฉgulation climatique, en adoucissant le climat ร lโรฉchelle rรฉgionale.
Lโhumiditรฉ des solsย
La partie des sols incluant la zone racinaire (quelques mรจtres au plus) contient environ cinq fois plus dโeau que lโatmosphรจre et 40 fois plus que lโensemble des riviรจres. La variabilitรฉ spatio-temporelle de lโhumiditรฉ des sols dรฉpend de la tempรฉrature du couvert vรฉgรฉtal, du type de sol et de sa structure, et de la quantitรฉ de prรฉcipitations. Lโamplitude des variations saisonniรจres reprรฉsente jusquโร 15 ou 20 cm de hauteur รฉquivalente dโeau [Dunne et Leopold, 1978]. Ce rรฉservoir nโest pas directement mobilisable par lโhomme qui ne peut y puiser lโeau qui lui est nรฉcessaire.
Les aquifรจres
Les eaux souterraines occupent le 2รจme rang des rรฉserves mondiales en eau douce aprรจs les eaux contenues dans les glaciers. Elles devancent largement les eaux continentales de surface. Leur apport est d’autant plus important que, dans certaines parties du globe, les populations s’alimentent presque exclusivement en eau souterraine par l’intermรฉdiaire de puits, comme c’est le cas dans la majoritรฉ des zones semi-arides et arides. On doit cependant garder ร l’esprit que plus de la moitiรฉ de l’eau souterraine se trouve ร plus de 800 mรจtres de profondeur et que son captage demeure, en consรฉquence, difficile. En outre, son exploitation abusive entraรฎne souvent un abaissement irrรฉversible des nappes phrรฉatiques et parfois leur remplacement graduel par de l’eau salรฉe (problรจme rencontrรฉ en zone cรดtiรจre comme en Libye, Sรฉnรฉgal, Egypte, …).
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Table des matiรจres
Introduction
Chapitre 1 : Le cycle de lโeau
1. Lโeau continentale
1.1 Le cycle hydrologique global
1.2 Les eaux continentales
2. Contraintes observationnelles dโun milieu complexe
3. Apport de la tรฉlรฉdรฉtection spatiale
4. Le suivi des eaux continentales par altimรฉtrie satellitaire
Chapitre 2 : Lโaltimรฉtrie satellitaire
1. Lโaltimรฉtrie satellitaire
1.1 Lโaltimรจtre radar
1.2 Le principe de lโaltimรฉtrie satellitaire
2. Lโaltimรฉtrie satellitaire
2.1 Principe de la mesure radar
2.2 Effet gรฉomรฉtrique et รฉchantillonnage gรฉographique
2.2 Rรฉsolution au nadir et รฉchantillonnage temporel
3. Estimation de la hauteur altimรฉtrique
3.1 Principe
3.2 Lโorbite des satellites
3.3 Les corrections gรฉophysiques et environnementales ร appliquer ร la mesure
altimรฉtrique
3.4 La correction de marรฉe solide
3.5 La correction de marรฉe polaire
4. Les diffรฉrentes missions dโaltimรฉtrie satellitaire
4.1 La mission altimรฉtrique Topex/Posรฉidon
4.2 La mission altimรฉtrique Jason-1
4.3 Les missions altimรฉtriques ERS-1&2
4.4 La mission altimรฉtrique ENVISAT
Chapitre 3 : Le traitement des รฉchos radar โ Cas des surfaces continentales
1. Introduction
2. Traitement des รฉchos radar
2.1 Principe
2.2 Traitement des รฉchos ocรฉaniques
3. Les formes dโonde altimรฉtriques sur les eaux continentales
4. Les principaux algorithmes dรฉveloppรฉs pour lโรฉtude des terres รฉmergรฉes
4.1 Les mรฉthodes de seuillage
4.2 Les algorithmes analytiques : lโexemple dโIce-2
4.3 Les mรฉthodes de reconnaissance des formes
5. Les limitations de lโaltimรฉtrie sur les eaux continentales
5.1 Dรฉcrochage de lโaltimรจtre
5.2 Accrochage de lโaltimรจtre
5.3 Erreurs dues ร la pente
6. Conclusion
Chapitre 4 : De la mesure altimรฉtrique aux niveaux dโeau sur les continents
1. Introduction
2. Les produits altimรฉtriques
3. Construction des sรฉries temporelles de hauteur dโeau
3.1 Sรฉlection gรฉographique
3.2 Sรฉlection des mesures valides
3.3 Sรฉries temporelles de hauteur dโeau
4. Application ร la validation des hauteurs dโeau dรฉduites des mesures
dโENVISAT
4.1 Choix de la zone dโรฉtude
4.2 Comparaison avec les mesures in-situ
4.3 Lโexemple de la vรกrzea de Curuai
5. Conclusion
Chapitre 5 : Estimation des profils hydrologiques des fleuves au moyen de lโaltimรฉtrie satellitaire
1. Introduction
2. Intรฉrรชt de lโestimation des profils hydrologiques
3. Profil hydrologique du Rio Negro et de ses affluents
3.1 Donnรฉes utilisรฉes
3.2 Profils longitudinaux
4. Comparaison avec dโautres sources de donnรฉes
4.1 Comparaison avec des mesures GPS
4.2 Comparaison avec les sorties du modรจle Muskingum-Cunge
5. Conclusion
Conclusion
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