Hydroclimat de l’estuaire du Sine Saloum
Les principales variables de l’environnement qui entrent en jeu dans l’hydroclimat et qui peuvent être utilisés pour décrire les conditions physico-chimiques des milieux aquatiques, nous pouvons citer la salinité, la pluviométrie, la température, l’humidité relative de l’air et l’évaporation. Cependant, du fait de son rôle important dans l’estuaire (principal facteur de structuration des peuplements), la salinité sera abordée dans le paragraphe suivant.
La pluviométrie
L’estuaire du Sine Saloum fait partie du domaine climatique de type soudanien. Ce domaine est caractérisé par l’alternance deux saisons nettement tranchées due à la succession de la circulation des vents d’alizé et des vents de mousson (Diop, 1990).
– une saison sèche, fraiche de novembre à mars, chaude d’avril à juin, au cours de laquelle les vents dominants sont les alizés maritimes frais et continentaux secs ou harmattan.
– une saison chaude et humide ou saison des pluies, (de juillet à octobre) qui a tendance à s’écourter dans les années récentes (Unesco 1985) et se caractérise par des vents de mousson. L’évolution annuelle de la pluviométrie, représentée à partir d’une série chronologique de données à la station Kaolack de 1920 à 200. Ces données sont tirées de la bibliographie de 1920 à 2000 (Dacosta 1993 ; Diouf 2002) et de 2001 à 2005 de la Direction de la Météorologie Nationale du Sénégal .
Des variations interannuelles de précipitations sont observées depuis 1920. De 1920 à 1969, le cumul annuel variait entre 600 à 900 mm à l’exception de 1927, 1936 et 1950. Les années 1927, 1936 et 1950 sont les plus pluvieuses durant cette période avec respectivement 972, 1016 et 1068 mm de pluie. L’année 1941 a enregistré la plus faible valeur au cours de cette période avec 483 mm. A partir de 1970, nous assistons à une baisse généralisée de la pluviométrie. Les précipitations annuelles sont comprises entre 400 à 600 mm. Cependant une valeur de 878 mm a été notée en 1999. L’année 1983 reste la moins pluvieuse avec 337 mm. La pluviométrie présente de très fortes variations saisonnières. L’évolution mensuelle de la pluviométrie de la région au niveau de trois stations (Kaolack, Fatick et Foundiougne), met en évidence que les pluies se concentrent sur une période qui dure quatre mois, de juillet à octobre. Au cours de cette période, les valeurs maximales mensuelles de pluviométrie sont enregistrées au mois d’août (au niveau des trois stations). En dehors de cette saison, de novembre à juin, les précipitations sont faibles et les valeurs minimales mensuelles de hauteur d’eau sont notées entre février et avril, mois durant lesquels les précipitations sont nulles.
La température de l’air
La température est un facteur qui joue un rôle important dans de nombreux processus biologiques et chimiques. Une température plus élevée de l’eau augmente la production primaire. Les données de température de l’air ont été enregistrées à la station de Kaolack de 1991 à 2005. La moyenne mensuelle couvrant ces quinze dernières années a été calculée pour suivre l’évolution mensuelle des températures. Ces températures présentent des variations saisonnières avec deux maxima. Les plus basses températures se rencontrent entre décembre et janvier avec environ 27°C. A partir de février les températures augmentent pour atteindre un pic principal entre avril et mai (31 à 32°C). Aux mois d’août et septembre, un fléchissement des températures est observé (Fig.1.4). Ces deux mois (août, septembre) correspondent aux mois où l’humidité relative est la plus élevée. Au mois d’octobre la température augmente légèrement par rapport aux deux mois précédents avec un pic en octobre (30°C). Les variations mensuelles de température dans la région (station de Kaolack), restent peu significatives, de l’ordre de 5°C (entre 26 en janvier et 31 en mai) . Les écarts interannuels de température sont plus faibles de l’ordre du degré C.
L’humidité et l’évaporation
L’humidité relative de l’air varie en fonction des saisons (Fig.1.6). Les valeurs maximales d’humidité à la station de Kaolack sont relevées entre août- septembre (79%). Les minima sont observés en saison sèche froide en février (38%). L’évaporation est un élément très important du climat au Sénégal, car il est à l’origine de l’aridité et par-là même, de l’augmentation de la salinisation des eaux de l’estuaire. L’évaporation reste forte en saison sèche. Elle est maximale entre février et mars (151 mm) (Fig.1.7). Elle diminue en saison des pluies avec des minima en août et septembre (44 et 41 mm). La plus faible évaporation est observée aux mois de forte humidité et vis versa. Ce phénomène s’explique par le fait que l’évaporation est d’autant plus faible que l’humidité relative de l’air est d’autant plus forte. L’évaporation reste toujours supérieure à la pluviométrie sauf en 1994, année durant laquelle un gain d’apport d’eau est noté. Ce phénomène met en évidence un déficit pluviométrique, observé par d’autres auteurs (Dacosta 1993 ; Diouf 1996) (Tab.1.1). La diminution des apports d’eau douce (Diop, 1990) et la pente faible du complexe ont favorisé un envahissement de l’estuaire par les eaux marines, combiné à la forte évaporation ont provoqué une forte augmentation de la salinité en amont.
La salinité
La salinité des eaux de l’estuaire présente des variations à la fois spatiale et temporelle. Sur le plan interannuel, pour suivre l’évolution de la salinité de l’estuaire du Sine Saloum, nous avons utilisé une série chronologique de données mesurées à la station de Kaolack de 1926 à 1987. Cette série est tirée de la bibliographie (Pagés et Citeau 1990) . L’examen de cette figure permet de constater que la salinité de l’estuaire a évolué depuis 1926. En effet, au départ en 1926, elle était inférieure à celle de l’eau mer (20). Par la suite, elle a augmenté de façon progressive tout en restant inférieure à celle de l’eau de mer (35) jusqu’en 1930. Au cours de la période 1931 jusqu’à 1938, cette salinité a oscillé entre 40 et 50. A partir de l’année 1941, la salinité a brusquement augmenté et même de fortes valeurs de salinité (≥ 70) ont été enregistrées, en 1942 (83), en 1946 (78). Cependant, des baisses de salinité ont été observées en 1939 (32), en 1951 (31) et 1967 avec 36. A partir des années 1970, cette tendance se confirme avec des valeurs qui deviennent supérieures à 60. La valeur la plus élevée atteinte durant cette période, de 1926 à 1987 est enregistrée en 1986 avec 102.
Une comparaison entre la pluviométrie et la salinité au niveau de l’estuaire à la station de Kaolack (Fig.1.8), permet de mettre en évidence qu’il existe une relation étroite entre ces deux variables. La salinité varie en sens inverse de la pluviométrie. En effet, lorsque la pluviométrie augmente, la salinité baisse. De plus, la corrélation entre la pluviométrie annuelle et la salinité montre une relation entre ces deux paramètres avec un coefficient de corrélation de 0,58 qui est très significatif (Fig.1.9). Cette corrélation entre la pluviométrie et la salinité des eaux pourrait expliquer les baisses de salinité observées en 1940 (31) puis en 1951 (31) et en 1967 (36) en relation avec une bonne pluviométrie observée au cours des années 1950, 1967 et 1983. En effet, ces années hydrologiques ont été marquées par des pluies abondantes avec respectivement 1068 mm, 861 mm et 1020 mm, valeurs nettement supérieures à la moyenne couvrant toute la période (652 mm). Ces pluies ont entraîné l’augmentation du niveau de l’eau de l’estuaire du Sine Saloum et la diminution des salinités.
Au niveau annuel, des variations spatio-temporelles de salinité sont observées. Pour suivre cette évolution spatiale et temporelle de la salinité au niveau annuel, nous avons utilisé différentes séries de données. Dans le bras du Saloum ces données ont été mesurées dans trois stations situées respectivement de l’aval vers l’amont (Ndangane Sambou, Foundiougne et Sibassor). Ces données ont été collectées dans le cadre des prélèvements des variables physico-chimiques de l’équipe RAP, entre 2002 et 2003. La variation moyenne mensuelle de la salinité de l’estuaire dans ces différentes stations . L’examen de cette figure permet de constater que les salinités des stations situées en aval (Ndangane Sambou et Foundiougne) restent toujours inférieures à celle de la station plus en amont (Sibassor) quelque soit la saison de l année. Donc dans le bras du Saloum, le gradient de salinité est croissant de l’aval vers l’amont durant toute l’année.
Dans cette partie de l’estuaire, les variations de salinité entre l’aval et l’amont diffèrent selon les saisons. Elles sont très importantes en fin de saison sèche (mai) , la salinité passe de 38 à Djifère (aval) à 134 à Kaolack (en amont du pont), soit un écart de l’ordre de 100. En revanche, la différence de salinité entre l’aval (Djifère) et l’amont (Kaolack) est moins importante en saison des pluies passant de 38 en aval à 61 en amont en octobre 2002 .
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Table des matières
INTRODUCTION
1. IMPORTANCE ECOLOGIQUE ET ECONOMIQUE
2. PROBLEMATIQUE GENERALE
3. CHOIX DE L’ECOSYSTEME DU SINE SALOUM
4. OBJECTIFS ET APPROCHE
I. PRESENTATION DU MILIEU
I.1. ENVIRONNEMENT ESTUARIEN
I.1.1. Présentation de l’estuaire du Sine Saloum : cadre de l’étude
I.1.2. Hydroclimat de l’estuaire du Sine Saloum
I.1.2.1. La pluviométrie
I.1.2.2. La température de l’air
I.1.2.3. L’humidité et l’évaporation
I.1.3. La salinité
I.1.4. L’environnement biologique
I.1.4.1 L’environnement végétal, les mollusques et crustacés
I.1.4.2. Les peuplements de poissons
I.1.4.3. Les catégories écologiques
I.1.5. Conclusion sur l’environnement estuarien
II. SYNTHESE DES TRAVAUX ANTERIEURS
2.1. SYNTHESE DES RESULTATS DE BOUSSO (1996)
2.1.1. Présentation du plan d’échantillonnage et traitement des données
2.1.2. Les éléments de l’unité de pêche et des villages
2.1.2.1. Les unités de pêche
2.1.2.2. Les villages et campements de pêche
2.1.3. Dynamique de l’exploitation : approche par village
2.1.3.1. La flottille de pêche
2.1.3.2. Répartition spatiale des moyens de production
2.1.3.3. Variations temporelles des activités de pêche
2.1.3.4. Variations des captures et des rendements
2.1.4. Dynamique de l’exploitation : approche par unité de pêche
2.1.4.1. Proposition d’une typologie des engins de pêche
2.1.4.2. Exemple de variation d’un type de pêche : le saïma à ethmaloses
2.1.5. Synthèse et conclusion générale
2.1.6. Le futur
2.2. SYNTHESE DES RAPPORTS DE DEME ET AL
2.2.1. Les recensements
2.2.2. Les résultats halieutiques
2.2.2.1. Les sites de pêche
2.2.2.2. Les unités de pêche
2.2.2.3. Le nombre de pirogues
2.2.2.4. Le nombre de pêcheurs
2.2.2.5. Le nombre d’engins et sorties de pêche
2.2.2.7. Les captures
2.2.3. Synthèse des rapports
2.2.5. Les questions non traitées dans ces deux rapports
III. MATERIEL ET METHODES : PRESENTATION DES BASES DE DONNEES ET METHODES DE TRAITEMENTS STATISTIQUES
III.1. MATERIEL : BASES DE DONNEES
III.2. METHODES DE CALCUL ET DE TRAITEMENT
III.2.1. Détermination des grands types de pêche les plus fréquents
III.2.2. Calcul des débarquements et de l’effort de pêche enquêté
III.2.3. Analyses statistiques
IV. RESULTATS
IV.1. COMPARAISON DES SYNTHESES
IV.1.1. Les recensements
IV.1.1.1. Les villages et campements de pêche
IV.1.1.2. Le nombre d’unités de pêche et de pirogues
IV.1.1.3. Le nombre de pêcheurs
IV.1.1.4. Les engins de pêche
IV.1.1.5. Evolution de l’effort de pêche
IV.1.2. Evolution des débarquements
IV.1.3. Conclusion sur la comparaison
IV.2. REPARTITION DE L’ACTIVITE DE PECHE
IV.2.1. Les engins de pêche
IV.2.1.1. Les filets maillants dormants moyenne maille
IV.2.1.2. Les filets maillants encerclants moyenne maille
IV.2.1.3. Les filets maillants dérivants moyenne maille
IV.2.1.4. Les sennes de plage
IV.2.1.5. Les nasses, les palangres et les lignes
IV.2.1.6. Conclusion sur les engins de pêche
IV.2.2. Analyse des captures et des rendements des divers engins de pêche
IV.2.2.1. Les filets maillants encerclants (saïma)
IV.2.2.2. Les filets maillants dérivants moyenne maille
IV.2.2.3. Les filets maillants dormants moyenne maille
IV.2.2.4. Les sennes de plages
IV.2.3. conclusion sur la répartition de l’activité de pêche
IV. DISCUSSION GENERALE
VI.1. EVOLUTION DE LA PECHERIE ENTRE LES DEUX PERIODES
VI.2. ACTIVITE DE PECHE
VI.3. LES CAPTURES ET LES RENDEMENTS
CONCLUSION GENERALE