Historique, Évolution et Classification des troubles bipolaires

Historique, Évolution et Classification des troubles bipolaires

Le concept du TB a évolué au fil du temps, de la découverte de la manie et de la mélancolie, en passant par la folie circulaire puis la psychose maniaco-dépressive ou PMD, pour arriver au terme actuel de troubles bipolaires. Pinel (1745-1826) dans son ouvrage « Traité médico-philosophique sur l’aliénation mentale » du début du XIXème siècle, décrit la mélancolie et la manie comme des formes d’aliénation mentale au contenu hétérogène, sortes de juxtaposition de deux troubles distincts (Pinel, 1809). Il nomme « manie » un état où le patient présente un ensemble de symptômes délirants et d’agitation. L’intérêt pour ces pathologies se poursuit dans le temps avec l’apport d’un élève de Pinel, Esquirol (1772-1840). Comme lui, il ne décrit pas une maladie unique. Grâce aux données statistiques, il remarque le caractère saisonnier des troubles de l’humeur et note l’influence de l’hérédité (d’Estienne, 2010), (Esquirol, 1838). Il distingue aussi différentes formes de délires : manie générale et monomanie ou encore lypémanie. La manie serait un délire total alors que la monomanie serait un délire partiel. La lypémanie, elle, un genre d’aliénation mentale caractérisée par une extrême tristesse. En 1845, Griesinger (1817-1868), interniste et psychiatre allemand, déclare que la dépression et la manie sont liées (Bourgeois et al., 2014). Les notions de cycle rapide et de saisonnalité sont aussi évoquées dans ses écrits. Dans le même temps, c’est Falret, aliéniste et élève d’Esquirol qui, en 1854, dans « La Dixième leçon de clinique de la maladie mentale » décrit une alternance de phases maniaques et dépressives entrecoupées d’intervalles libres plus ou moins longs (Falret, 1853). Il décrit, je cite, la « folie circulaire » comme « l’évolution successive et régulière de l’état maniaque, de l’état mélancolique et d’un intervalle lucide plus ou moins prolongé ». Il considère que cette pathologie est extrêmement grave avec un pronostic désastreux et que la composante génétique est importante. C’est donc de ces deux auteurs qu’est née la conceptualisation d’une pathologie dans laquelle deux états cohabitent au sein de la même entité. Les états mixtes seront ensuite décrits, états d’excitation avec présence de pensées tristes. Comme en France, les auteurs allemands évoquent les formes atténuées de la maniacodépression. Deux psychiatres, Hecker (1843-1909) et Karl Ludwig Kahlbaum (1828-1899) observent leurs patients à la clinique Kahlbaum de Görlitz et décrivent des formes mineures du trouble sur la base de nombreuses observations cliniques. Dès 1877, Hecker, surtout connu pour ses travaux sur l’hébéphrénie, parle de cyclothymie (Azorin, 2008) et publie un article évoquant ce trouble atténué (Koukopoulos, 2003) . D’autres médecins comme Mendel proposent les concepts d’hypomanie (Mendel en 1881) ou de dysthymie et cyclothymie (Bourgeois, 2001 ; (Kalhbaum 1863; 1882). Kalhbaum, en 1882, introduit le concept d’hyperthymie et de dysthymie (Azorin, 2008). Ce psychiatre allemand a été le premier à essayer de classifier les maladies psychiques sur la base de ses observations cliniques. Gilbert Ballet, en 1894, rassemble, lui aussi les différentes formes de la maladie sous le nom de « folie périodique ». Pour lui, ce qui est important, c’est l’évolution de la pathologie plutôt que la succession des différentes phases constitutives (Caire, 2017). Entre 1899 et 1913, Kraepelin (1856-1926), considéré comme le fondateur de la psychiatrie moderne, continue un travail de synthèse ; il publie la « Manisch depressive Irresein, la Folie maniaque-dépressive » où il inventorie 18 formes de folies maniaco dépressives qui regroupent l’ensemble des troubles bipolaires. Il s’attache à une description clinique, il y classe les symptômes et divise les troubles en 2 grands groupes, psychose maniaco-dépressive et démence précoce. Ces deux groupes se différencient selon différents critères, notamment la périodicité des épisodes récurrents avec un retour à la normale et une prédisposition familiale. Kraepelin estime que le pronostic est bon car il n’y a pas de déficit contrairement à ce que l’on observe dans les démences précoces. Apparaît ensuite le modèle unitaire de la psychose périodique qui perdure jusqu’au début des années 80. On y retrouve le concept d’évolution d’une seule maladie dans laquelle se succèdent des cycles récurrents avec des périodes de rémission. On voit clairement que Kraepelin fait la différence entre l’état mélancolique/dépressif, l’état maniaque et les états mixtes. Il souligne aussi l’aspect héréditaire de la maladie et l’importance des événements stressants de la vie qui favoriseraient la survenue et les rechutes de la maladie. De la première édition de son traité de psychiatrie jusqu’à la neuvième (Cf. Annexe 3, p.168), il fait évoluer son concept (Bourgeois et al., 2014). Il remarque que lorsque la maladie évolue, la fréquence des cycles s’accélère (embrasement). Lorsque le nombre d’épisodes augmente, alors le facteur prédictif de récidive semble être le nombre d’épisodes antérieurs plutôt que la survenue d’épisodes de vie stressants. L’intensité de l’événement déclencheur est de moins en moins élevée et on observe des modifications des neurotransmetteurs. Mais cette théorie ne  semble pas décrire l’évolution de tous les patients bipolaires car il faut aussi prendre en compte le rôle du sommeil, les facteurs de stress, la comorbidité… (« Le modèle du Kindling ou théorie de l’embrasement » Fouques, (2014).

Le terme de psychose maniaco-dépressive (PMD) est inventé par Deny (1847-1923) et son interne Camus (Azorin, 2008). Ces médecins de la Salpêtrière vont faire découvrir en France les travaux de Kraepelin (Deny & Camus, 1907). L’appellation folie va disparaitre au profit de la psychose qui décrit un trouble endogène avec déni du sujet et envahissement total. Le terme « bipolaire » (Zweipolig) sera utilisé la première fois par Kleist en 1953 pour décrire des troubles constitués d’une alternance entre état d’excitation maniaque et état mélancolique, ceci en opposition aux troubles dépressifs dits « unipolaires » (einpolig) (Zigmond, Snaith,et al., 1983). On ne parlera plus alors de la manie et de la mélancolie comme de deux maladies distingues mais constituant les phases d’un même trouble. Cette notion de bipolarité sera reprise dans le DSM III (1980 traduit en français en 1983) et le DSM IV (1994). S’ajoutent à la sémiologie existante les types I et II du trouble bipolaire que l’on retrouvera dans le DSM IV. Ces auteurs vont aussi définir la notion de cycles rapides qui implique d’avoir au moins 4 épisodes par an.

Les TB (troubles bipolaires) vont être constitués d’une part, par les BPI formés par au moins un épisode maniaque ou mixte et le plus souvent accompagnés d’épisodes dépressifs récurrents (MD, Md, M)  et d’autre part par les BPII parmi lesquels on observe des dépressions sévères et récurrentes avec des accès hypomaniaques récurrents (mD) . On trouve aussi le trouble  cyclothymique (md)(Cf. Annexe 4, p.168). Le TB deviendra ensuite le spectre bipolaire. On commence à trouver le terme « Bipolar spectrum » dès 1977 dans la littérature (CTAH-Recherche, 2010). La nécessité d’élargir les formes vient du fait que de nombreuses observations cliniques rapportent l’existence de formes sub-cliniques qui doivent être recensées. Bien que cette notion soit critiquée, des études sont venues valider les autres formes décrites par le spectre (Akiskal, Akiskal, Lancrenon, & Hantouche, 2006). C’est en 1981 que Klerman parle de « spectre de la manie » en différenciant six types de troubles bipolaires (Cf. tableau 1). Il décrit l’état du malade de façon quantitative, le nombre et l’intensité des symptômes déterminant les formes de la pathologie. Ce concept va encore s’enrichir avec Akiskal et ses formes de spectre bipolaire élargi et de soft bipolar . Il décrit les TB de type I, II et III ainsi que la dépression pseudo-unipolaire, dépression unipolaire avec un virage maniaque ou hypomaniaque déclenché par la prise d’un antidépresseur (Akiskal & Pinto, 2000).

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Table des matières

INTRODUCTION
I. PARTIE THEORIQUE
1. Présentation des troubles bipolaires
1.1 Historique, Évolution et Classification des troubles bipolaires
1.1.1 Classification internationale des maladies (CIM)
1.1.2 Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM)
1.1.3 Autres appellations du spectre bipolaire utilisées hors DSM V
1.2 Épidémiologie des troubles bipolaires
1.3 Étiologie des troubles bipolaires
1.4 Évolution des troubles, pronostic et co-morbidités associées aux troubles bipolaires
1.4.1 Le risque suicidaire
1.4.2 Les comorbidités physiques
1.4.3 Les comorbidités psychiatriques
1.5 Coût des troubles psychiatriques et patients bipolaires
2. Clinique des troubles bipolaires de l’adulte
2.1 Troubles bipolaires de type I (TBI)
2.2 Trouble bipolaire type II (TBII)
2.3 Trouble bipolaire non spécifié (NOS) et période inter critique
2.4 Autres troubles de l’humeur
2.5 Diagnostics différentiels
3. Les Traitements
3.1 Traitements médicamenteux
3.2.1 L’éducation thérapeutique et la psychoéducation
3.2.2 Prise en charge TCC
4. L’observance Thérapeutique
4.1 Modèles explicatifs de l’observance
4.2 L’approche cognitive et les représentations des patients
4.3 Les principaux déterminants de l’observance thérapeutique
4.4 Les mesures de l’observance
5. Les représentations sociales de la maladie et du patients bipolaire
5.1 La théorie du noyau central
5.2 Représentations sociales de la santé et de la maladie
5.3 Les représentations du malade
5.4 Les représentations de la maladie dans la population générale
II. PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS DES ETUDES
1. Etude 1: Les principaux déterminants de l’observance et la différence de représentation entre les médecins et les malades bipolaires
2. Étude 2 : La représentation sociale du malade et de la maladie des patients bipolaires et des non malades
III. ETUDE1 : ÉTUDE COMPARATIVE ENTRE LES REPRESENTATIONS DES MEDECINS ET DES PATIENTS BIPOLAIRES
1. Méthodologie
1.1 Participants
1.2 Instruments de mesure
1.3 Procédure
2. Résultats
2.1 Description des participants
2.2 Analyses Statistiques
3. Discussion
3.1 Les facteurs socio-économiques, démographiques
3.2 Les comparaisons entre les représentations des médecins et des patients sur les différentes dimensions étudiées
3.3 Influence de l’alliance thérapeutique sur l’observance
IV. ETUDE2 : ÉTUDE COMPARATIVE DES REPRESENTATIONS SOCIALES DE LA MALADIE ENTRE PERSONNES BIPOLAIRES ET PERSONNES TOUT VENANTES
1. Méthodologie
1.1 Participants
1.2 Instrument de mesure
1.3 Procédure
2. Résultats
2.1 Description des participants
2.2 Statistiques descriptives
2.3 Analyses Statistiques
3. Discussion
3.1 Les similitudes de la représentation sociale des personnes bipolaires et des non bipolaires (H1)
3.2 L’observance du malade selon sa représentation sociale du malade bipolaire, (H2)
V. DISCUSSION GENERALE
VI. CONCLUSION

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