Selon la projection de lโUNICEF, la population tendant ร doubler dans une gรฉnรฉration, implique une forte croissance de la demande de consommation รฉnergรฉtique. A cet effet, les arbres destinรฉs ร devenir des bois de chauffe et de charbon de bois ne suffisent plus face aux besoins des mรฉnages [61]. Le renchรฉrissement du pรฉtrole et la pรฉnurie de bois sur le plan mondial, combinรฉs avec les prรฉoccupations environnementales, ont incitรฉ de nombreux pays ร promouvoir les recherches sur les ressources รฉnergรฉtiques. La crise รฉnergรฉtique constitue donc une des prรฉoccupations mondiales. Beaucoup de pays nโont pas mรฉnagรฉ leurs efforts pour trouver une solution et cherchent ร valoriser les รฉnergies renouvelables et les autres sources dโรฉnergie. Depuis des annรฉes, Madagascar รฉtait connu sous lโappellation ยซIle verte ยป. Actuellement, elle est malheureusement surnommรฉe ยซ Ile rouge ยป par suite de la dรฉforestation due aux effets nรฉfastes conjoints de la pratique du ยซ Tavy ยป ou brรปlis, des feux de brousse et ร lโusage excessif du bois comme source dโรฉnergie. Pour Madagascar, le renforcement de lโapprovisionnement en รฉnergie est inรฉvitable pour permettre sa croissance รฉconomique et son dรฉveloppement. Sur la consommation รฉnergรฉtique globale de Madagascar en 2001, totalisรฉe ร 3149,41 KTEP, 71% sont constituรฉs par le bois de chauffe, 13,8% par les รฉnergies fossiles et 1,9% par lโรฉlectricitรฉ [68]. Le recours ร dโautres sources dโรฉnergie localement disponibles devient nรฉcessaire, dโautant plus que lโutilisation du bois peut porter atteinte ร lโenvironnement et que lโรฉlectricitรฉ et le pรฉtrole nโarrivent pas encore ร desservir lโรฉtendue de Madagascar.
HISTORIQUE ET ORIGINE DU BIOGAZ
Lโexistence dโun gaz inflammable, produit de la matiรจre organique en putrรฉfaction a รฉtรฉ dรฉcouverte par HELMONT vers 1630 [40]. Cโest en 1776 que VOLTA a dรฉcouvert pour la premiรจre fois du mรฉthane dans le gaz rรฉsultant de la dรฉcomposition de dรฉchets vรฉgรฉtaux en atmosphรจre confinรฉe [10; 14]. Trente ans aprรจs, DAVY trouva un mรฉlange de gaz carbonique et de gaz riche en carbone dans les dรฉgagements gazeux se produisant sur du fumier surnageant dans lโeau [71]. La premiรจre installation destinรฉe ร produire du gaz combustible a รฉtรฉ construite en 1857 dans une lรฉproserie en Inde. En 1868, lโacadรฉmicien REISET a mis en รฉvidence la prรฉsence de gaz combustible sur des fumiers en dรฉcomposition [71]. Beaucoup dโautres chercheurs, dans des conditions expรฉrimentales diffรฉrentes, ont confirmรฉ des aspects supposรฉs de la fermentation mรฉthanique et ont montrรฉ que la matiรจre organique en putrรฉfaction dรฉgage du gaz combustible. La fermentation anaรฉrobie dโun mรฉlange de purin et dโeau ร 37ยฐC rรฉalisรฉe par GAYON a permis ร Louis PASTEUR de conclure dรจs 1884 que cette fermentation pourrait devenir une source dโรฉnergie utilisable pour le chauffage et lโรฉclairage [33; 71]. En 1894, en mรฉlangeant du papier et du purin, OMELIANSKI a obtenu du mรฉthane et de lโhydrogรจne [71]. La premiรจre industrialisation est apparue, en 1896 en Grande Bretagne. Il sโagit dโune grande fosse septique construite par DONALD, le gaz produit servait ร lโรฉclairage de la rue de la ville et ร lโusage domestique [71]. En 1920, IMHOFF a mis au point une mรฉthode de production continue de mรฉthane en introduisant pรฉriodiquement une quantitรฉ de substance organique dans une grande masse de ferments anaรฉrobies en activitรฉ [71]. Cette technologie a รฉtรฉ rapidement utilisรฉe pour le traitement des eaux usรฉes des grandes villes. En 1942, DUCELLIER et ISMAN ont dรฉposรฉ un brevet dโinstallation dโunitรฉs de production de gaz biologique ร partir de fumier dans des cuves hermรฉtiques [14]. A Madagascar [17; 18] : La premiรจre rรฉalisation en matiรจre de biogaz est celle du Docteur METZEGER, Chef de la circonscription vรฉtรฉrinaire dโAntsirabe, en 1949 [63]. Il sโagissait de deux fosses en briques servant de cuve de fermentation et qui รฉtaient alimentรฉes avec du fumier de bลufs. Le gaz produit รฉtait utilisรฉ pour la cuisine. Des rรฉalisations dโautres pionniers citรฉes par RASOLOFOARIMANANA, se construisaient plus tard, tels que le digesteur en tรดle mรฉtallique de la ferme dโEtat de la Sakay en 1972, lโinstallation dโAntsahasoa prรจs dโIavoloha en 1980, lโunitรฉ de biogaz du Juvรฉnat de Saint Gabriel ร Mahajanga, les deux digesteurs en bรฉton de Centre Notre Dame de Clairvaux ร Ivato en 1984 et le digesteur ร dรดme mรฉtallique du Centre dโApprentissage Rural de Bevalala en 1984 [63]. Beaucoup dโautres projets de construction de cuve de biogaz ont รฉtรฉ aussi รฉlaborรฉs pour des fermes se trouvant ร Mahajanga, ร Sakay et Ambanja [79]. Certaines installations ont รฉtรฉ suivies avec la collaboration de la FAO, du PNUD et du ministรจre chargรฉ de lโEnergie [47; 60]. Les objectifs รฉtaient la maรฎtrise et lโextension de la technologie du biogaz. Le centre appelรฉ ยซ Cellule du biogaz ยป est nรฉ de cette coopรฉration et a รฉtรฉ installรฉ au sein du dรฉpartement รฉnergรฉtique du CNRIT. Il est en รฉtroite collaboration avec les paysans, et sert de centre de base et dโinformation sur le biogaz. Deux de ces rรฉalisations sont le biodigesteur de lโAkany Avoko dโAmbohidratrimo et celui de la croix rouge dโAntsirabe [61]. Au niveau mondial : La production de biogaz est bien รฉtablie en Chine et en Inde, avec prรจs de 7 millions de digesteurs en Chine ร la fin de 1997 et 3 millions en Inde ร la fin de 1999 [14; 57]. Peu de digesteurs sont installรฉs chez les pays africains, une des raisons est lโinexistence de programme de soutien ou de promotion pour cette nouvelle source dโรฉnergie [80]. Les pays europรฉens et amรฉricains utilisent surtout la biomรฉthanisation ร des fins dโรฉpuration de dรฉchets et des eaux usรฉes. Ces pays sont les dรฉtenteurs des technologies le plus avancรฉes en matiรจre de biomรฉthanisation. Les plus grands digesteurs sont trouvรฉs dans ces pays ร savoir par exemple les digesteurs ovoรฏdes de DINSLAKEN en Allemagne avec un volume de 6000 m3 [32].
GENERALITES SUR LE LISIERย
Caractรฉristiques du lisier
Les lisiers sont les dรฉjections des animaux รฉlevรฉs avec ou sans litiรจre. Le lisier reprรฉsente lโensemble urine-fรจces plus ou moins diluรฉ par les eaux de lavage (des รฉtables) et auquel sโajoutent les pertes dโaliments [43]. Les รฉlรฉments non digรฉrรฉs (comme la lignocellulose) avec certains dรฉchets des rรฉactions mรฉtaboliques sont les principaux constituants du lisier. Un lisier non diluรฉ est constituรฉ pour environ 70% dโurine et 30% de fรจces. Les urines sont essentiellement riches en azote rรฉsultant de la dรฉgradation des composรฉs protรฉiques (cas des lisiers de porc). Les fรจces constituรฉes par des solides agglomรฉrรฉs renferment surtout des produits non digรฉrรฉs et de minรฉraux (cas du lisier de bovin ou bouse de vache).
La pollution associรฉe au lisier
La pollution est lโapport ou lโintroduction de substance ou dโรฉnergie dans un milieu naturel. Cet apport peut se faire directement ou indirectement, provoquant ainsi des effets polluants lesquels sont nuisibles aux milieux rรฉcepteurs: ressources hydrauliques, ressources biologiquesโฆ Les substances polluantes peuvent รชtre gazeuses, liquides ou solides. La pollution que peut provoquer un รฉlevage de porcs et de bovins est, รฉvidemment, liรฉe au mode dโรฉlimination des dรฉjections liquides ร trรจs forte charge organique.
Charges polluantes du lisier
Dโaprรจs THELIER, une charge polluante du lisier de porcherie peut รชtre rapportรฉe ร lโรฉquivalent-porc de 70 kgs, dont la dรฉfinition est la suivante : il sโagit de la quantitรฉ de pollution sous forme de demande biochimique en oxygรจne durant cinq jours (DBO5) รฉmise chaque jour par un porc de 70 kgs nourris aux farines [76]. Le lisier titre 10000 ร 20000 mg/l de DBO5 en moyenne. Il est รฉgalement un liquide trรจs chargรฉ en matiรจre en suspension (MES) de 40000 ร 60000 mg/l. Nous pouvons dรฉfinir quatre types de polluants :
– Les polluants microbiologiques : ils sont caractรฉrisรฉs par les bactรฉries, les virus et les parasites, qui se trouvent dans le lisier. En effet, le lisier est un lieu dโaccumulation dโorganismes vivants. Quel que soit lโรฉtat de santรฉ de lโanimal qui รฉmet les dรฉjections, le lisier constitue un produit trรจs riche en microorganismes. Le contenu des dรฉjections en microorganismes peut atteindre des valeurs considรฉrables (plusieurs milliards de germes) mais il sโagit le plus souvent de germes banals tels que les Coliformes, les Streptocoques, Clostridium etc.โฆ dont le rรดle est essentiel pour la dรฉgradation biologique des effluents. Un nombre รฉlevรฉ de germes pathogรจnes peut aussi apparaรฎtre et lโon compte une centaine de maladies qui peuvent รชtre transmises ร lโHomme et aux animaux.
-Les polluants organiques : Ce sont les matiรจres organiques biodรฉgradables ou non. On trouve ici des protides, des lipides, des celluloses et des lignocelluloses.
-Les polluants organoleptiques : cโest-ร -dire les odeurs qui gรชnent la respiration des รชtres vivants. Le lisier est une source dโodeurs nausรฉabondes.
-Les polluants physico-chimiques : ce sont les effluents solides (MES) et les รฉlรฉments chimiques tels que nitrates, nitrites, cuivre etc.โฆ Plusieurs paramรจtres peuvent varier la charge polluante du lisier puisque la composition du lisier peut aussi varier en fonction de certains facteurs.
Facteurs de variation de la composition du lisier
Nature de lโaliment
Le lisier de porc et de bovin ,qui est constituรฉ essentiellement par les รฉlรฉments non digรฉrรฉs,a une nature et une composition รฉtroitement liรฉe ร celles de lโaliment lui-mรชme. Alors, la connaissance des aliments qui composent la ration alimentaire de porc et de bovin, permet de dรฉterminer la composition du lisier. Les tableaux suivants indiquent la composition chimique de ses rations alimentaires.
Technique dโรฉlevage
Un logement bien aรฉrรฉ diminue le taux dโammoniaque dans le lisier. Lโutilisation de la paille comme litiรจre rรฉduit considรฉrablement la charge polluante du lisier de porc, mais cette technique nโest plus utilisรฉe pour les รฉlevages de grande taille. Les eaux de lavage augmentent le volume du rejet. Le systรจme de distribution de lโaliment pouvant รชtre responsable de gaspillage et de perte dโaliments, est susceptible dโaugmenter la charge polluante car la concentration de chaque matiรจre se retrouvant dans le lisier serait รฉlevรฉe.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
AVANT-PROPOS
I- HISTORIQUE ET ORIGINE DU BIOGAZ [10; 14; 40; 71]
II- GENERALITES SUR LE LISIER
II-1- Caractรฉristiques du lisier [5; 73; 76]
II-2- La pollution associรฉe au lisier
II-2-1- Charges polluantes du lisier [5; 73; 76]
II-2-2- Facteurs de variation de la composition du lisier
II-2-2-1- Nature de lโaliment
II-2-2-2- Technique dโรฉlevage
II-2-2-3- Stade physiologique
II-3- Consรฉquences concomitantes sur lโenvironnement
II-3-1- Sur les eaux
II-3-2- Sur le sol et la flore
II-3-3- Sur la faune
II-3-4- Sur lโhomme
II-4- Les ressources en lisier
III- Aspects fondamentaux de la fermentation mรฉthanique
III-1- Dรฉfinition
III-2- Les principales phases de la fermentation mรฉthanique
III-2-1- Hydrolyse
III-2-1-1- Mรฉtabolisme des composรฉs glucidiques
III-2-1-2- Mรฉtabolisme des composรฉs azotรฉs
III-2-1-3- Mรฉtabolisme des composรฉs lipidiques
III-2-2- Acidogenรจse
III-2-3- Acรฉtogenรจse
III-2-4- Mรฉthanogรฉnรจse
III-2-4-1- Rรฉduction du gaz carbonique
III-2-4-2- Dรฉcarboxylation de lโacรฉtate
III-3- Microbiologie de la fermentation mรฉthanique
III-3-1- Les microorganismes impliquรฉs dans la phase dโhydrolyse
III-3-2- Les microorganismes impliquรฉs dans la phase acidogรจne
III-3-3- Les microorganismes impliquรฉs dans la phase acรฉtogรจne
III-3-4- Les microorganismes impliquรฉs dans la phase mรฉthanogรจne
III-4- Un exemple de la rรฉaction mรฉthanique : la conversion du glucose
III-5- Les principaux facteurs contrรดlant la fermentation mรฉthanique
III-5-1- La tempรฉrature
III-5-2- Le potentiel dโhydrogรจne (pH)
III-5-3- Lโanaรฉrobiose et le potentiel redox
III-5-4- Lโhumiditรฉ
III-5-5- Lโagitation
III-5-6- Le temps de rรฉtention hydrauliques (TRH)
Remerciements
III-5-7- Les facteurs nutritionnels et le rapport C/N
III-5-8- Les matiรจres en suspension (MES)
III-5-9- La production de biogaz
III-5-10- La teneur en mรฉthane
III-5-11- Les facteurs biologiques
III-6- Les facteurs liรฉs aux problรจmes des matiรจres premiรจres
II-6-1- Les composรฉs inhibiteurs contenus dans les substrats
III-6-1-1- La cellulose
III-6-1-2- Les ions minรฉraux
III-6-1-3- Les mรฉtaux lourds
III-6-1-4- Les autres substances toxiques
III-6-2- Les facteurs dโinhibition par prรฉcurseur
III-6-2-1- Lโammoniac
III-6-2-2- Les acides gras volatils
III-6-2-3- Lโoxygรจne dissous
III-7- Les produits de la fermentation mรฉthanique
III-7-1- Le biogaz
III-7-1-1-Dรฉfinition
III-7-1-2 -Composition chimique
III-7-1-3- Principales caractรฉristiques
III-7- 1-4- Utilisations
III-7-2- Lโeffluent biologique
I- Matiรจres premiรจres
I-1- Les substrats utilisรฉs
I-2- Classification des animaux, ressources en lisier
II- Caractรฉrisation dES lisierS
II-1- Dรฉtermination de lโhumiditรฉ et de la matiรจre sรจche du lisier
III-1-1- Dรฉfinition
II-1-2- Principe
II-1-3- Matรฉriels
II-1-4-Mode opรฉratoire
II-1-5- Mode de calcul
II-2- Dรฉtermination de la teneur en carbone total
II-2-1- Dรฉfinition
II-2-2- Principe
II-2-3- Rรฉactifs
II-2-4- Mode opรฉratoire
II-2-5- Mode de calcul
T : volume de FeSO4 nรฉcessaire pour la titration de lโรฉchantillon
W : masse en mg de lโรฉchantillon
b- Teneur en carbone total CT (%)
II-3- Dรฉtermination de la teneur en azote total et en protรฉines totales
II-3-1- Dรฉfinition
II-3-2- Principe
II-3-3-Rรฉactifs
II-3-4- Mode opรฉratoire
II-3-5- Mode de calcul
Remerciements
II-4- Dรฉtermination de la teneur en matiรจres grasses
II-4-1- Principe
II-4-2- Matรฉriels et rรฉactifs
II-4-3- Mode opรฉratoire
II-4-4- Mode de calcul
II-5- Etude des glucides
II-5-1- Dรฉtermination de la teneur en glucides totaux
II-5-2- Dosage de cellulose brute
II-5-2-1- Principe
II-5-2-2- Matรฉriels et rรฉactifs
II-5-2-3- Mode opรฉratoire
II-5-2-4- Mode de calcul
II-6- Dรฉtermination de la teneur en cendres brutes et de la teneur en matiรจre volatile (MV) [3; 33; 40]
II-6-1- Principe
II-6-2- Matรฉriels
II-6-3- Mode opรฉratoire
II-6-4- Mode de calcul
CONCLUSION
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