Le tabagisme contribue de manière importante dans la prévalence de diverses maladies. Les pathologies liées au tabagisme constituent un problème majeur de santé publique. Cet ennemi connu depuis longtemps ne fait qu’élargir son champ d’action. Le faible être qui est l’homme est aussi à l’origine de ce malheur. Il se plaint, se lamente, cherche par tous les moyens à se débarrasser de ce phénomène fatal. Le tabagisme entraîne une dépendance physique et psychique importante nécessitant un accompagnement et un traitement spécifique. Les mesures pharmacologiques de l’arrêt du tabac sont efficaces et leur mise en œuvre en pratique pourrait réduire le risque de morbidité et mortalité liée au tabagisme. Le milieu médical essaie de tenir son rôle préventif d’information et se spécialise dans le combat contre ce phénomène. Le pharmacien possède lui aussi, de par ses compétences et sa proximité, des moyens pour réduire ce danger comme l’information qu’il peut facilement diffuser au grand public. Aujourd’hui, malgré une histoire déjà ancienne, la lutte contre le tabagisme est arrivée à un tournant grâce à une prise en charge médicale.
HISTORIQUE ET DEFINITION DU TABAGISME
HISTORIQUE
Dans l’antiquité, le tabac était inconnu en Europe. Pourtant, les hommes brûlaient diverses herbes dont ils utilisaient la fumée pour soigner ou pour prier. On a même retrouvé à Pompéi des fresques prouvant l’usage de pipes. En Amérique, les Indiens connaissaient le tabac, qu’ils considéraient comme une plante précieuse. Ils l’utilisaient lors de rituels pour la purification des adultes et pour entrer en communication avec le grand Esprit [164]. Le tabac était utilisé comme plante médicinale. En 1492, Christophe Colomb découvre l’Amérique et s’aperçoit que les Indiens fument une plante nommée Petum. Plusieurs modes de consommation sont utilisés : Christophe Colomb mentionne que les Indiens brûlent la plante avec de petits morceaux de charbon et en aspirent la fumée odorante, d’autres utilisent des bâtons creux remplis de feuilles hachées, d’autres encore fument des calumets, chiquent ou respirent une sorte de poudre.
En 1527, Bartolomé de Las Casas raconte qu’après avoir allumé le bout de ces chalumeaux qu’ils appellent tabacos ou Petums, les indigènes aspirent à l’autre extrémité par la bouche, ce qui provoque de la stupeur, une sorte d’intoxication et selon eux, enlève la fatigue. En 1493, le missionnaire espagnol Fray Romano Pane accompagne Christophe Colomb dans son deuxième voyage au Nouveau Monde, pour y convertir les habitants au christianisme. Il envoie du tabac à Charles Quint. L’Espagne choisit alors Cuba pour y faire pousser son tabac. Plus tard, quand le bateau accoste sur les côtes portugaises, l’équipage a pris l’habitude de consommer du tabac, dont il vante les mérites. Les premières graines de tabac sont rapportées en Europe en 1520. Au Portugal, quelques années plus tard, le tabac est cultivé et utilisé comme une plante médicinale. Jean Nicot est à cette époque ambassadeur de France au Portugal.
Il envoie en 1561 des feuilles de tabac râpées à Catherine Médicis, reine de France. Le tabac est décrit à la reine comme une plante qui peut soulager ses terribles migraines. Elle donne l’ordre d’en cultiver en Bretagne, en Gascogne et en Alsace. On l’appelle alors l’herbe à la Reine ou encore la cathorinaire. La reine utilise le tabac sous forme de prises. Toute la cour adopte cette nouvelle mode et le tabac se popularise rapidement (en dépit de l’opposition de certains qui y voient de la sorcellerie). Au XVIIe siècle, Molière écrit dans une de ses pièces : qui vit sans tabac est indigne de vivre et les enfants se mettent à fredonner la célèbre chanson j’ai du bon tabac dans ma tabatière…
Dans les autres pays, l’engouement est tout aussi rapide. Il apparaît en même temps en Angleterre, en Italie, en Allemagne, en Turquie, en Corée, au Japon, en Chine, etc. Dès la fin du XVIe siècle, le tabac est connu dans le monde entier. Et en Afrique est pénétré par le Maroc en 1593 et progresse rapidement vers le reste du continent. Au Maroc le tabac fut introduit par les commerçants du Soudan sous le régime du sultan Ahmed Mansour El Dahbi en 1598. Bien plus tard, le Sultan Moulay Abderrahmane (1822-1899) instaura le commerce du tabac pour faire face aux dépenses militaires. Ce n’est que le 31 décembre 1967 que l’état marocain créa une société anonyme : la régie des tabacs. La nicotine a été découverte en 1809 par un Normand, Louis Nicolas Vauquelin, professeur de chimie à l’école de médecine de Paris. Cet alcaloïde fut appelé nicotine en référence à Jean Nicot qui, au XVIe siècle, fut le premier à envoyer du tabac à la reine Catherine de Médicis. L’industrie du tabac est développée à partir du siècle, on ramasse des mégots de cigare et on les enroule dans du papier pour les fumer. Les premières cigarettes fabriquées de façon industrielle apparaissent en 1830 et c’est en 1843 que la première machine à fabriquer les cigarettes est inventée. Les cigarettes ainsi fabriquées vont peu à peu supplanter la chique et la prise, mais le tabagisme reste cependant beaucoup moins fréquent qu’à l’heure actuelle. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale qu’il se répand massivement, gagnant peu à peu toutes les classes de la société. Lacigaretteapparait entre 1830 et 1840 et constitue un moyen efficace et peu coûteux pour l’utilisation du tabac .
DEFINITION DU TABAGISME
Le tabagisme est un nom masculin qui désigne l’intoxication chronique par le tabac, une toxicomanie provoquée par le tabac [197]. Le tabagisme est à l’origine un terme médical désignant l’intoxication aiguë ou chronique provoquée par l’abus du tabac [185]. Par extension, il désigne également la consommation de tabac en général. C’est également l’usage prolongé donc abusif de n’importe quelle forme de produits à base de tabac (cigare, pipe, cigarette). L’OMS a défini la cigarette comme étant un instrument de mort à l’égard duquel la neutralité n’est pas possible. Et actuellement on distingue selon l’OMS deux types de tabagisme distinct : le tabagisme passif et le tabagisme actif. Il est aujourd’hui de plus en plus associé aux jeunes. Considéré comme étant une maladie, le tabagisme est une dépendance à la nicotine, le plus souvent initié au collège ou au lycée.
PRESENTATION ET BOTANIQUE DE LA PLANTE
PRESENTATION ET REPARTITION GEOGRAPHIQUE
Les tabacs appartiennent au genre Nicotiana [94], qui fait partie de la famille des Solanacées comme la tomate (Lycopersion esculentum), la pomme de terre (Solanum tuberosum) ou le poivron (Capsicum annum). Les Solanacées sont classées dans l’embranchement des Spermatophytes, le sousembranchement des Gymnospermes, la classe des Dicotylédones, l’ordre des Zamopétales, la famille des Solanacées et le genre Nicotiana. On admet qu’il existe 60 espèces différentes de Nicotiana, réparties dans les 3 sous-genres Tabacum, Rustica et Petunioîdes (Good Speed, et al. 1954). Cette classification est basée sur les caractères morphologiques des espèces, leurs répartitions géographiques, leurs caractères cytologiques et le comportement des chromosomes chez les hybrides interspécifiques [94]. La plupart des tabacs sont d’origine américaine, les autres sont originaires d’Australie ou des Iles du Pacifique Sud. Pour ce qui est des trois grands sous- genres de tabac :
– Le sous-genre Tabacum, avec 6 espèces, originaire d’Amérique du Sud. Dans la sous section Germinae se trouvent le plus grand nombre de tabacs cultivés au Sénégal dont Nicotiana tabacum cultivé industriellement. Des essais ont été encadrés en Casamance par les Manufactures de Tabac de l’Ouest Africain puis abandonnés faute d’une participation active des populations. En Casamance toujours, depuis 1970-1971, des pieds de tabac sont de plus en plus plantés de façon artisanale autour des habitations. C’est aussi le cas dans des villages d’autres zones en particulier au Sénégal Oriental [46].
– Le sous-genre Rustica avec 9 espèces originaires d’Amériques du Sud. Ce sont des herbes vigoureuses, parfois même des arbustes cultivés au Sénégal dans la région orientale et au Sine Saloum [46] et il est riche en nicotine et présente surtout un intérêt en pharmacologie.
– Le sous-genre Petunioîdes, avec 45 espèces, beaucoup plus hétérogènes et dispersés et il présente des origines diverses : Amérique du Sud, Amérique Centrale, Amérique du Nord, Australie et les Iles du Pacifique Sud. Il n’a pas d’intérêt au niveau industriel.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LE TABAGISME
CHAPITRE I : HISTORIQUE ET DEFINITION DU TABAGISME
1- Historique
2- Définition du tabagisme
CHAPITRE II : PRESENTATION ET BOTANIQUE DE LA PLANTE
1- Présentation et répartition géographique
2- Description de la plante
2-1 Caractéristiques de Nicotiana tabacum
2-2 Caractéristiques de Nicotiana rustica
CHAPITRE III : COMPOSITION CHIMIQUE DU TABAC
1- Composition du tabac frais
1-1 Substances minérales
1-2 Substances organiques
2- Composition du tabac sec
3- Composants du tabac sans fumée
3-1 Les alcaloïdes
3-2 Les arômes
3-3 Les Nitrosamines
4- Composition de la fumée du tabac
4-1 Formation de la fumée de tabac
4-2 Substances contenues dans la fumée du tabac
4-2-1 Les Alcaloïdes du tabac
4-2-1-1 Les Alcaloïdes mineurs
4-2-1-2 Les Alcaloïdes majeurs du tabac : la nicotine
CHAPITRE IV : LES DIFFERENTS TYPES DE TABAGISME ET LEURS EFEETS SUR L’ORGANISME
1- Tabagisme actif
1-1 Définition
2- Tabagisme passif
2-1 Définition
2-2 Dangerosité du tabagisme passif
2-2-1 Chez l’adulte
2-2-2 Chez l’enfant
2-2-3 Chez le fœtus et le nourrisson
2-3- Les effets du tabagisme actif sur l’organisme humain
2-3-1- Action sur l’appareil respiratoire
2-3-1-1 Le cancer du poumon
2-3-2 Actions sur l’appareil digestif
2-3-3 Actions sur l’appareil cardio-vasculaire
2-3-3-1 L’hypertension artérielle
2-3-3-2 Les maladies cardio-vasculaires
2-3-4 Les actions au niveau de l’appareil uro-génital
2-3-5 Actions sur les autres organes
2-3-5-1 Sur l’œil
2-3-5-2 Sur la peau
2-3-5-3 Sur le cerveau
2-3-6 Le tabagisme et grossesse
DEUXIEME PARTIE : SEVRAGE TABAGIQUE
CHAPITRE I : LE SEVRAGE, LES DIFFERENTS TYPES DE DEPENDANCE ET LA PRISE EN CHARGE DE CERTAINES COMPLICATIONS
1- Définition du sevrage tabagique
2- Bénéfice du sevrage
3- Syndrome du sevrage
4- La dépendance à la nicotine : la dépendance physique
5- La dépendance à la cigarette : dépendance psychique
6- La prise en charge de certaines complications
6-1 Troubles du sommeil
6-2 Prise de poids
6-3 Ralentissement du transit intestinal
6-4 Troubles anxieux
CHAPITRE II : ASPECTS PRATIQUES DE L’AIDE A L’ARRET DU TABAC
1- Evaluation et renforcement de la motivation
1-1 Parcourt d’un fumeur selon Prochaska
1-2 Approche d’un fumeur selon des stades de Prochaska
1-3 Evaluation de la motivation à l’arrêt
1-4 Conseil minimal
1-5 Aide à la maturation de la motivation
1-5-1 Fumeur non prêt à faire une tentative d’arrêt
1-5-2 Fumeur prêt à faire une tentative d’arrêt
CHAPITRE III : LES MOYENS THERAPEUTIQUES
1- Substitution nicotinique
1-1 Mécanisme d’action
1-2 Efficacité
1-3 Formes galéniques
1-3-1 Gomme
1-3-2 Comprimés sublinguaux : tablettes
1-3-3 Comprimés à sucer : losanges
1-3-4 Inhaler
1-3-5 Spray nasal
1-3-6 Timbres ou « nicotine patch »
1-4 Substitutions nicotiniques en combinaison
1-5 Contre-indications
1-6 Problèmes soulevés lors de l’usage des substituts nicotiniques
1-6-1 Ajustement de la posologie
1-6-2 Risque de dépendance
2- Traitements médicamenteux
2-1 Bupropion (Zyban®)
2-1-1 Formule chimique
2-1-2 Efficacité
2-1-3 Mécanisme d’action
2-1-4 Posologie et durée du traitement
2-1-5 Pharmacocinétique
2-1-6 Effets indésirables
2-1-7 Interactions médicamenteuses
2-1-8 Contre-indications
2-1-9 Précautions d’emploi
2-1-10 Bupropion et risque de dépendance
2-1-11 Association de substituts nicotiniques et bupropion
2-2 Varenicline
2-2-1 Mécanisme d’action
2-2-2 Etudes comparatives
2-2-3 Tolérance
2-2-4 Posologie
2-3 Autres voies thérapeutiques
2-3-1 Voies anciennes
2-3-2 Les thérapies cognitivo-comportementales
2-3-3 Vaccin contre la nicotine
3- Les méthodes d’arrêt du tabac
3-1 L’auriculothérapie
3-2 L’acupuncture
3-3 L’homéopathie
3-4 La mésothérapie
3-5 L’hypnose
4- La cigarette électronique
4-1 Historique
4-2 Définition de la cigarette électronique
4-3 Anatomie de la cigarette électronique
4-4 Mode de fonctionnement de la cigarette électronique
4-5 La composition des e-liquides
4-6 Les aspects positifs de la cigarette électronique
4-7 Les aspects négatifs de la cigarette électronique
4-8 La réglementation de vente de la cigarette électronique
TROISIEME PARTIE : ENQUETE
I- METHODOLOGIE
1- Cadre d’étude
2- Population d’étude
3- Echantillonnage
4- Collecte et analyse des données
5- Matériels
6- Objectifs de l’étude
II- RESULTATS
III- DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES