Historique et cadrage spatial de la ville d’Ambohimahasoa

Actuellement, les villes sont considérées comme des organismes dévoreurs d’espaces. Le phénomène d’urbanisation qui est un processus de croissance de la population urbaine et d’extension des villes traduit l’ampleur de cette situation. Les villes surtout celles des pays pauvres et des pays émergents attirent la population grâce aux nombreuses fonctions qu’elles peuvent attribuer. Parallèlement à cette augmentation rapide du nombre des citadins, la gestion et la gouvernance de ces villes sont souvent difficiles et complexes d’autant plus qu’elles se développent de manière chaotique et sans planification au niveau de l’espace. Faisant partie des pays sous-développés, les villes malgaches souffrent encore de ces problèmes. Plus de 200 000 habitants supplémentaires s’installent en milieu urbain chaque année et parmi les 172 localités reconnues comme villes, seulement 15 disposent d’un outil de planification urbaine comme le Plan d’Urbanisme Directeur (M2PATE, 2013). La majorité des centres urbains de Madagascar est formée par des quartiers informels, non structurés et qui ont été créés en dehors du cadre réglementaire de l’urbanisation (PNATH, 2006).

Depuis plusieurs années, les dirigeants de notre pays ont toujours priorisé le milieu rural du fait que 63% des malgaches sont tous des ruraux (INSTAT, 2014). L’amélioration de la gouvernance urbaine n’est pas priorisée par l’État, pourtant, le milieu urbain constitue un moteur de croissance économique pour le pays. Nous avons choisi de faire une recherche sur ce point. Ainsi, le sujet s’intitule : « Les enjeux de la planification spatiale au sein de la ville d’Ambohimahasoa, Région Haute Matsiatra » .

Historique et cadrage spatial de la ville d’Ambohimahasoa

L’analyse du fondement de la ville à travers son histoire et sa localisation dans l’espace est essentielle pour mieux éclaircir le sujet.

Une ville stratégique du royaume Betsileo

L’historique de la première implantation humaine dans la ville d’Ambohimahasoa remonte au XVIIème siècle où la région a été le berceau des royaumes du centre de l’ethnie Betsileo créée par Andriamanalina. La colline de Lanjaina, un grand village du côté Ouest de la ville actuelle, a été le premier site occupé par les premiers habitants. En 1893, sous le commandement de Ramanamiraondy, l’État malgache y avait délocalisé les centres administratifs sur l’actuel site à cause d’une épidémie. D’où la nouvelle ville, qui fut appelée « Ambohimahasoa ». Le nom «Ambohimahasoa » renvoie, grâce à son nom, à l’image d’un endroit qui est reconnu pour le bonheur, car c’est dans ce lieu que Ramanamiraondy a trouvé la guérison de son fils. En effet, le mot « Ambohimahasoa » provient de la composition de « vohitra » qui signifie colline et de « mahasoa » qui conduit à un état de bien être, de ce qui est bien. Il s’ensuit que le terme « Ambohimahasoa » signifie littéralement « la colline du bien-être ». La création de la ville aussi est étroitement liée à la présence de deux routes nationales, celles de la nationale 7 et de la nationale 25. À l’époque, la voie de desserte qui mène vers la région Sud-Est de Madagascar se trouve à 2 km, à la sortie de la ville. Les colonisateurs, étant conscients de l’importance de cette situation, ont fait de la ville un lieu de stockage des produits agricoles qui par la suite, sont acheminés et exportés vers le port de Manakara. Ainsi, la ville a joué un rôle de taille alors que la ligne ferroviaire Fianarantsoa Côte Est qui relie aujourd’hui Manakara à Fianarantsoa n’existait pas encore.

En 1932, Ambohimahasoa a tenu également une place importante dans l’économie nationale grâce à l’usine de conserverie fondée par P. LABORDE et P. LACHAIZE. Par ce fait, la ville fut la 3ème localité à avoir bénéficié de l’électricité dans tout Madagascar parce que les fondateurs de cette industrie ont distribué gratuitement leur surplus d’énergie à la population de l’agglomération.

Ambohimahasoa : une plaque incontournable du grand Sud malgache

La ville d’Ambohimahasoa se trouve au cœur du réseau urbain des Hautes Terres Centrales de Madagascar. Située à 347 km d’Antananarivo, la capitale du pays, et à 58 km au Nord de la métropole régionale de Fianarantsoa, Ambohimahasoa est une ville carrefour sur l’axe de la Route Nationale 7. La commune urbaine d’Ambohimahasoa se situe entre les méridiens 21°4’ Sud et 21°6’ Sud, et entre les parallèles 47°11’ Est et 47°13’ Est. Elle s’étend sur une superficie de 13,81 km² et est bordée au Nord par la commune rurale de Vohiposa, au Sud et à l’Est par la commune rurale d’Ampitana et par la commune rurale d’Ankerana à l’Ouest . Du point de vue administratif, Ambohimahasoa fait partie intégrante de la région Haute Matsiatra et est composée de 9 Fokontany dont Antalata, Ampanidinana, Ankiboka, Anteviahitra, Antoabe, Ambohimanatrika, Avaratsena, Andondona, Bemasoandro. À la fois chef-lieu de district et chef-lieu de commune, la ville se place juste en 45ème position après la ville de Vatomandry dans le classement du forum national urbain 2015 des centres urbains de Madagascar tandis qu’Antananarivo, Toamasina et Antsirabe occupent respectivement la première, la deuxième et la troisième place. Ce classement rang/taille des villes est déterminé en fonction du nombre d’habitant de chaque localité ayant plus de 5 000 habitants. À Madagascar, l’armature urbaine nationale est marquée par le poids important de la métropole d’Antananarivo et par le dynamisme de la trame urbaine des Hautes Terres Centrales sur l’axe de la RN 7 (villes bordières et produits spécifiques). La ville d’Ambohimahasoa fait partie de cet axe fondamental de croissance économique. Dès lors, l’organisation spatiale de la ville dépend largement de la présence de cette voie de communication.

Analyse conceptuelle

Comme le thème principal de ce travail se penche sur la planification spatiale en milieu urbain, la connaissance des différentes notions et concepts se rapportant au sujet nous permet de bien définir le terrain de recherche.

Notions et concepts

Il est nécessaire alors d’expliquer quelques concepts et notions qui ont des liens et des rapports avec la géographie urbaine et l’urbanisme.

❖ Ville

« C’est une agglomération d’immeubles et de personnes de quelque importance, qui à l’origine se distinguait de la campagne agricole. » « C’est une agglomération aux fonctions quasi-exclusive non-agricoles, formant une centralité par rapport à l’espace rural ambiant, auquel elle confère une certaine impulsion ; la ville est structurante d’espace. » Alors, la notion de ville fait référence à un espace structuré qui comporte plus d’entités, un espace de vie et d’activités. En outre, une ville est aussi un lieu d’échanges, de concentration et d’accumulation (P. LE GALES, 1993). D’après la définition statistique de la conférence de Prague (1966), laquelle a une valeur universelle, une agglomération accède au rang d’une ville, lorsqu’elle répond aux trois critères suivants :
– Le critère spatial : un groupement d’habitation compact dans lequel aucune habitation n’est distante des autres de plus de 200 mètres ;
– Le critère démographique : dans tous les cas, ce groupement compte au moins 10 000 habitants ;
– Le critère fonctionnel : l’effectif vivant de l’agriculture ne doit pas dépasser les 25%.

Pour la réalité urbaine malgache, seul le critère démographique est retenu dans la définition du terme « ville ». Ainsi, à Madagascar, on appelle ville toute localité ayant une population de 5 000 habitants et plus (code de l’urbanisme, 2004).

❖ Petite ville

La petite ville « est le premier niveau authentiquement urbain bien distinct du système villageois, mais le dernier échelon en contact direct avec la campagne et la vie rurale. » (G. SAUTTER, 1978). Dans l’armature urbaine malgache, toutes les localités ayant 5 000 à 50 000 habitants sont appelées petite ville et sont au quatrième niveau de la hiérarchie urbaine . La ville d’Ambohimahasoa est alors une petite ville parce qu’en 2016, elle comptait 27 232 habitants. Les petites villes, malgré leur dimension, jouent un rôle considérable dans le fonctionnement du réseau urbain. Il en existe trois prototypes à Madagascar :
– Les pôles relais où les fonctions de services sont dépendantes de la présence d’un axe routier de grande importance
– Les villes qui accèdent à un statut administratif confirmé à travers son histoire
– Les villes qui ont pour fonction d’encadrement et de desserte du territoire .

❖ Planification spatiale

La planification spatiale est une pratique de l’urbanisme réglementaire. Elle est décrite comme « un dispositif politique ayant pour objectif la prédiction du contexte et la mise en cohérence des actions, publiques et privées, dans un domaine et/ou un espace, pour une durée et à une échéance déterminée. » Selon les dires de J. LEVY et M. LUSSAULT. Pendant la période de la révolution industrielle, en Angleterre, les villes ont connu une croissance rapide, alors les responsables de la gouvernance ont mis en place des dispositifs pour contrôler ce phénomène. C’est ainsi que les plans d’organisation de l’espace urbain (master plan) à l’échelle des villes sont apparus au début du XXème siècle (en 1909 pour la Grande-Bretagne et en 1919 pour la France). La planification va définir la vocation de l’usage des sols en identifiant les différents zonages et en se focalisant sur l’équilibre du développement spatial. La planification spatiale est aussi la traduction d’une division de développement que ce soit à court ou à long terme. Elle consiste à répartir les activités urbaines dans l’espace afin de corriger le déséquilibre spatial de leur implantation. « C’est l’organisation de l’activité, ou du développement économique selon un plan. » « La planification urbaine avait pour objectif l’aménagement des infrastructures nécessaires à la croissance économique. » (P. LE GALES, 1993).

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
Première partie : CADRAGE CONTEXTUEL ET CONCEPTUEL DU SUJET
Chapitre 1. CONTEXTE DU SUJET ET CONCEPTUALISATION
1.1 Historique et cadrage spatial de la ville d’Ambohimahasoa
1.1.1 Une ville stratégique du royaume Betsileo
1.1.2 Ambohimahasoa : une plaque incontournable du grand Sud malgache
1.2 Analyse conceptuelle
1.2.1 Notions et concepts
1.2.2 Contexte de la planification spatiale
1.3 Démarche de recherche
1.3.1 La documentation
1.3.2 Les travaux de terrain
1.3.3 Le traitement des données
1.3.4 Les contraintes de la recherche
Chapitre 2. LES CONDITIONS GÉOGRAPHIQUES DU MILIEU
2.1 Les conditions physiques
2.1.1 Une topographie typique des zones montagneuses
2.1.2 La pédologie
2.1.3 Un climat de haute altitude
2.1.4 Les formations végétales
2.2 Le poids démographique
2.2.1 Le dynamisme de la population
2.2.2 Une répartition inégale dans l’espace
2.3 Les croissances fonctionnelles les plus dynamiques
2.3.1 Un secteur tertiaire en plein essor
2.3.2 Le rôle capital de l’éducation
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
Deuxième partie : L’INSCRIPTION SPATIALE DE LA CROISSANCE URBAINE À AMBOHIMAHASOA
Chapitre 3. UNE PETITE VILLE SPATIALEMENT STRUCTURÉE
3.1 La structure spatiale de la ville
3.1.1 Le centre-ville
3.1.2 Les zones d’habitation et les quartiers de résidence
3.1.3 Les zones pédagogiques
3.2 L’inscription spatiale des activités
3.2.1 Le marché d’Antalata et le marché hebdomadaire de Sabotsy
3.2.2 Le CHD I et le CSB II
3.2.3 Une structure commerciale linéaire
3.3 La morphologie de la ville
Chapitre 4. LES MUTATIONS SPATIALES DE LA VILLE
4.1 L’extension de la ville
4.1.1 La construction récente dans la partie Est de la ville
4.1.2 L’extension sur la structure linéaire de la RN7
4.2 Les autres zones d’extensions
4.3 La zone délaissée
CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE
Troisième partie : LES DÉFIS DE LA PLANIFICATION SPATIALE
Chapitre 5. LES PROBLÈMES DE LA PLANIFICATION SPATIALE DANS LA VILLE D’AMBOHIMAHASOA
5.1 La défaillance de la gouvernance urbaine
5.1.1 Une municipalité en difficulté
5.1.2 Manqued’outil de planification
5.1.3 Les problèmes liés à l’insuffisance des moyens
5.2 Manque de culture d’aménagement
5.2.1 Les litiges fonciers
5.2.2 La méconnaissance du texte de l’urbanisme
5.3 Situation des services urbains de base insatisfaisante
5.3.1 L’accèsà l’eau potable et l’électricité
5.3.2 L’assainissement et les équipements sanitaires
5.3.3 Les infrastructures de santé et les équipements scolaires
Chapitre 6. LES PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT DE LA VILLE
6.1 Les rôles du ministère de tutelle
6.1.1 Mise en place d’un service topographique et d’un guichet foncier
6.1.2 Le budget alloué à la commune
6.2 Les propositions
6.2.1 Amélioration de la budgétisation de la commune
6.2.2 La réalisation du projet communal via PCD
6.3 L’élaboration d’un PUDi
6.3.1 Les phases administratives
6.3.2 Les phases techniques
6.3.3 Les orientations pour la ville selon le PUDi
CONCLUSION DE LA TROISIÈME PARTIE
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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