Historique du regroupement des Etats en Afrique de l’Ouest de 1959 à 1975

HISTORIQUE DES REGROUPEMENTS D’ETATS EN AFRIQUE DE L’OUEST DE 1959 à 1975

Le contexte politique ouest-africain après les indépendances

A la désintégration de l’Afrique Occidentale Française (AOF) en 1959, le contexte politique ouest-africain a été marqué par la recherche des alliances supranationales de toutes sortes de 1959 à 1975. D’abord, parce que les Etats-nations ont accédé à l’indépendance avec un handicap majeur, en raison des dimensions relativement petites des marchés nationaux. Selon Réal LAVERGNE, «Ces Etats-nations étaient modestes tant sur le plan démographique qu’économique, exceptée le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire dont les produits nationaux bruts étaient équivalents à ceux des petites villes dans les pays industrialisés. Même le Nigeria qui se distinguait des autres pays ouest-africains, avec plus de 100 millions d’habitants, n’en était pas moins un pays de taille réduite en terme économique» . Ainsi, en 1960, au lieu de créer des grands ensembles fédérateurs à l’image de l’AOF, les chefs d’Etat ouest africains ont hérité des espaces territoriaux étroits et les ont maintenu au nom des souverainetés nationales. Pour autant, en 1964, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) édictait le principe de l’intangibilité des frontières issues de la colonisation. Ceci posait deux problèmes aux Etats-nations à savoir sur le plan économique et sur le plan socioculturel.

Sur le plan économique, les chercheurs sont unanimes sur le fait que les frontières issues de la colonisation ont mis les Etats-nations ouest-africains dans des situations de vulnérabilité intérieure et extérieure. Au plan interne, au nom des souverainetés nationales, «le principe du contrôle effectif» a amené la nécessité de l’encadrement territorial des Etats-nations. C’est pourquoi, de 1959 à 1975, on assistait à la prolifération des barrages routiers et à la fermeture des frontières entre certains Etats-nations. Au plan externe, le maintien des frontières a contribué à restreindre le flux des transports et impacter le commerce intra-régional en rendant les marchandises couteuses. Kengne FODOUOP et John IGUE relèvent ce constat que les frontières ouest-africaines ont été des véritables obstacles à la libéralisation des échanges et à la libre circulation des personnes, des biens et des services de 1959 à 1975. Sur le plan socioculturel, en procédant au découpage territorial colonial, les grandes puissances ont tranché dans le vif des liens sociohistoriques des populations, surtout dans les espaces frontaliers ouest-africains. Le Réseau des Plates formes des Organisations Non Gouvernementales d’Afrique de l’Ouest relève ce constat que «L’espace ouest-africain était constitué d’aires de peuplement ethnolinguistiques régionales que les frontières politiques issues de la colonisation ont divisé d’une façon artificielle» . Historiquement, l’Afrique de l’Ouest a été un espace bien intégré tant sur le plan socioéconomique et culturel. Mais les structures précoloniales ont été déstabilisées à travers le tracé frontalier qui a délimité les possessions territoriales des grandes puissances (colonisatrices) sans tenir compte des aspirations des peuples, d’où l’argument de «frontières arbitraires imposées à l’Afrique» . Cet argument de «frontières arbitraires» qui auraient divisé «les peuplements identiques» entre différents Etats-nations ouest-africains n’est pas du tout à renier car, de 1959 à 1975, la principale vocation des regroupements d’Etats a été la restauration des populations dans leurs anciennes aires de solidarités précoloniales. Mais, les projets de mise en commun à caractère politique initiés à cette fin par les chefs d’Etat, n’ont abouti qu’à des résultats embryonnaires en 1959, en ce sens que la volonté d’unité des Etats-nations a appartenu uniquement au politique.

Ainsi, sous le sceau du panafricanisme, idéologie nationaliste de libération qui a connu son éclosion à la fin de la seconde guerre mondiale, la genèse des regroupements d’Etats ouest-africains a été fortement biaisée par une contrariété idéologique entre les dirigeants. Les principaux chantres du panafricanisme ont eu pour ambition, la rencontre des noirs de la diaspora arrachés de force à la mère patrie, avec «leurs frères» du continent pour réaliser l’unité des Etats issus de la colonisation. Cette recherche d’unité visait implicitement dit-on, la libération du continent africain de la domination étrangère. Mais de 1960 à 1973, le mouvement s’est inscrit dans une perspective économique car, les chefs d’Etat se sont rendu compte que le salut ne surviendra que dans l’union des Etats, visant à s’intégrer dans des réseaux régionaux d’échange et de mise en commun des ressources. A notre avis, le vrai problème des Etats postcoloniaux ouest-africains dans les années 1960 a été la question de marchés. Face à l’augmentation de la pression des échanges mondiaux, la création de marchés plus grands devenait une alternative pour ces Etats-nations qui recherchaient leur meilleure insertion dans l’économie mondiale.

C’est pourquoi, de 1959 à 1975, beaucoup d’accords de coopération ont été signés entre les chefs d’Etat. Il s’agissait notamment des accords de décembre 1958, créant l’Union Guinée-Ghana, de janvier 1959 créant l’Union Douanière des Etats d’Afrique de l’Ouest et de mai 1959, créant le Conseil de l’Entente. La trame de ces accords visait l’élimination de certaines entraves administratives qui contribuaient à freiner la dynamique de libéralisation des échanges et la libre circulation en Afrique de l’Ouest. Dans un premier temps, la formule générale appliquée par les Etats a été la création des organismes à caractère politique comme la Fédération du Mali, l’Union Guinée Ghana puis Mali et le Conseil de l’Entente . Quoique certains de ces organismes aient vu le jour sous l’ombre tutélaire des ex-puissances colonisatrices, ils ont à certain égard réussi à initier le regroupement d’Etats en Afrique de l’Ouest de 1959 à 1975. Contrairement à d’autres parties du continent, l’Afrique de l’Ouest a ainsi expérimenté des formules différentes dans le regroupement des Etats.

La fédération du Mali

Selon Sékéné Mody CISSOKO, l’histoire des regroupements des Etats au sein de la Fédération du Mali remonte à l’époque coloniale notamment, à la dislocation de l’Afrique Occidentale Française (AOF) en 1959 . «La fin de la domination coloniale et l’accession des Etats à la souveraineté consacre la rupture du pouvoir central et une volonté d’autonomie par rapport aux mécanismes régionaux organisés par les puissances de tutelle» . Ainsi, le 14 janvier 1959, la première assemblée de cette fédération s’ouvre au palais du Grand Conseil de l’AOF. Parmi les membres présents, 44 délégués représentant 4 pays de la sous-région (le Dahomey, le Soudan, le Sénégal et la Haute Volta) membres de la communauté française, décident de mettre en place un organisme régional d’union des Etats. Ils écrivent l’acte de naissance, suivi le 17 janvier par la tenue de l’assemblée consultante. Mais sous la pression des présidents français et ivoirien (le Général De Gaulle et Félix Houphouët BOIGNY), le Dahomey et la Haute Volta se retirent du projet. L’Union sera réduite à un «tête à tête» entre le Sénégal et le Mali .

C’est ainsi que cette assemblée a écrit la constitution et formé le nouveau gouvernement de la fédération. Les députés ont choisi Léopold Sedar SENGHOR comme le Président de l’assemblée, Modibo KEITA comme le chef du gouvernement et Mamadou DIA , comme le vice président. La fédération fut aussitôt reconnue par la Communauté Internationale notamment, le Général Charles De GAULLE qui a reçu Modibo KEITA à l’Elysée et lui annoncé qu’il reconnait l’existence de la nouvelle fédération . Le 15 mai 1959, le chef du gouvernement a déposé une requête formelle demandant le transfert des pouvoirs souverains des Etats membres à la fédération qui est devenu le nouveau centre de décision. Il a été possible de signer à l’hôtel Matignon, des textes portant sur la dévolution des pouvoirs des Etats à la fédération, un accord particulier portant sur les compétences des Etats membres, deux accords sur les dispositions transitoires et un accord sur les relations de la fédération avec les autres pays de l’AOF et la France. Les premiers domaines visés par le transfert de pouvoir ont touché la politique étrangère, la défense, l’économie, l’enseignement supérieur, les matières premières et les produits stratégiques.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1ère PARTIE : DES PREMIERS ORGANISMES D’INTEGRATION OUEST-AFRICAINS A L’EMERGENCE DE L’UFM DE 1959 à 2008
CHAPITRE 1 : Historique du regroupement des Etats en Afrique de l’Ouest de 1959 à 1975
CHAPITRE 2 : L’UFM dans la perspective de l’intégration régionale de 1973 à 2008
CONCLUSION PARTIELLE
2ème PARTIE: LES ENJEUX DE L’UFM DE 1973 à 2014
CHAPITRE 3 : Les transports, enjeux de l’UFM de 1973 à 2014
CHAPITRE 4: Les échanges, enjeux de l’UFM de 1973 à 2014
CHAPITRE 5: Autres enjeux de l’UFM de 1980 à 2014
CONCLUSION PARTIELLE
3ème PARTIE: LES PAYS MEMBRES DE L’UFM BOUSCULES PAR LES CRISES ET LA REACTION DES ORGANISMES REGIONAUX ET INTERNATIONAUX DE 1989 à 2014
CHAPITRE 6 : La crise libérienne et son impact dans la région du fleuve Mano de 1989 à 2003
CHAPITRE 7: La crise sierra-léonaise et son impact dans la région du fleuve Mano de 1991 à 2003
CHAPITRE 8: L’intégration des réfugiés et personnes déplacées dans la région du fleuve Mano de 1989 à 2003: Le cas des libériens installés en Guinée forestière (Guéckédou, Lola, Macenta, N’Nzérékoré et Yomou)
CHAPITRE 9: La réhabilitation environnementale en Guinée forestière dans les années 1990
CHAPITRE 10 : La crise de l’épidémie à Virus Ebola et la nécessité de coordination régionale dans le domaine de la santé en 2014
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION GENERALE
ANNEXE, SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE

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