Historique des chiffres tensionnels
Dรจs la premiรจre mesure faite, en 1733, chez lโanimal, Stephan Hales comprit quโil nโรฉtait pas possible de dรฉcrire la pression artรฉrielle (PA) par un seul chiffre, si bien quโil se rรฉsolut ร publier plusieurs tableaux pour en dรฉcrire les variations; en lโoccurrence les hauteurs du sang, exprimรฉes en centimรจtre, dans un tube de verre reliรฉ ร la carotide ou ร la fรฉmorale. Ces hauteurs oscillaient entre un maximum et un minimum et diminuaient progressivement au fil des expรฉriences jusquโร lโรฉpuisement total des animaux saignรฉs. Au siรจcle suivant, cette variation sโimposa de nouveau aux scientifiques qui mirent au point une mรฉthode graphique pour reprรฉsenter la courbe des oscillationsde pression entre une maxima et uneminima. Ne pouvant exprimer simultanรฉment lโรฉtat du dรฉbit cardiaque, lacompliance des gros vaisseaux et lesrรฉsistances artรฉrielles pรฉriphรฉriques, on agรฉnialement simplifiรฉ pour pouvoir agir etse parler. Autant dire que rรฉsumer la PAaux seuls chiffres de pression artรฉriellesystolique (PAS) et diastolique (PAD)ressort, non seulement dโune simplification,mais aussi du choix rรฉpondant au besoin dedisposer de mรฉthodes simples dโexpressiondes rรฉsultats dโoรน naissent ultรฉrieurementdes bornes simples pour guider les dรฉcisionsmรฉdicales. Depuis un siรจcle, ces repรจres ontlargement รฉvoluรฉ.
Du risque au seuil de traitementย
En 1905, John Welter Fischer, directeur mรฉdical des compagnies dโassurances nord-amรฉricaines sur la vie fut le premier ร proposer la mesure de la PA dans le cadre de lโexamen des postulants aux assurances. Lโidรฉe รฉtait dโautant plus nouvelle quโร cette รฉpoque le tensiomรจtre (inventรฉ en 1896) nโavait pas encore fait la preuve de son intรฉrรชt. Fischer fut le premier ร corrรฉler prรฉcisรฉment le niveau de PA ร la mortalitรฉ et dรจs 1911, il prit la dรฉcision dโexclure de lโassurance les individus dont la PAS dรฉpassait 150 mmHg. Un premier seuil รฉtait inventรฉ.
En 1915, Fischer montrait que mortalitรฉ et pression รฉtaient liรฉes, ce quโil rรฉsuma par cette formule : ยซ plus forte est la tension, plus grand est le risque ยป[11].La mรชme affirmation fut rรฉpรฉtรฉe mot pour mot un demi-siรจcle plus tard par les enquรชteurs de Framingham qui confirmรจrent quโil existe bel et bien une relation continue entre risque cardiovasculaire et PA. Cette cรฉlรจbre enquรชte, dรฉbutรฉe en 1947, permit รฉgalement la dรฉcouverte des autres facteurs de risque vasculaire, hypercholestรฉrolรฉmie et tabagisme qui nโavaient pas รฉtรฉ initialement pris en compte. Dans les annรฉes 1960 ร 1970, lโarrivรฉe des diurรฉtiques, puis des bรชtabloquants fit รฉmerger le besoin de disposer dโun seuil de traitement de lโhypertension artรฉrielle (HTA). Dans un premier temps, assureurs, puis รฉpidรฉmiologistes, avaient trรจs intelligemment tracรฉ une relation continue, sans frontiรจre du risque ; dรฉsormais, le thรฉrapeute rรฉclame une limite dโintervention et des seuils. Il voulait disposer de rรจgles.
Dรฉfinition de lโhypertension artรฉrielle : choix arbitrairesย
Depuis plus dโun siรจcle, la dรฉfinition de lโHTA ne connaรฎt pas de rรฉponse univoque, car il nโexiste pas une PA dite ยซ normale ยป, mais des dรฉfinitions arbitraires de la normalitรฉ. La reconnaissance dโune limite entre ยซ normo tensionยป et ยซ hypertensionยป est une tรขche impossible si bien que George Pickering รฉvoquait la ยซ fallacieuse ligne de partage ยป entre normo tension et hypertension et affirmait que ยซ lโhypertension artรฉrielle essentielle ne reprรฉsente pas une maladie en soi, mais la fraction de la population ayant une pression artรฉrielle plus รฉlevรฉe quโune valeur choisie arbitrairement, ceci sans quโil soit possible dโexpliquer lโรฉlรฉvation tensionnelleยป[12]. La PA ayant une distribution uni modale dans la population, cette conception reste dโactualitรฉ et aujourdโhui les difficultรฉs de dรฉfinition demeurent. La Sociรฉtรฉ europรฉenne dโhypertension (ESH) reconnaรฎt que ยซ la relation continue entre risque et PA rend scientifiquement discutable le terme mรชme hypertension et que sa classification basรฉe sur des valeurs seuils est arbitraireยป[13].Une assertion que les รฉpidรฉmiologistes connaissent mieux que les cliniciens et que les patients traitรฉs ignorent largement en raison de sa relative subtilitรฉ. ยซ Discutable ยป, peut-รชtre, mais le clinicien nโen est pas moins dans lโobligation dโinterprรฉter les chiffres tensionnels et de les classer comme normaux ou pathologiques. Pragmatique, lโOrganisation mondiale de la Santรฉ (OMS) recommandait, en 1959 et 1979, de considรฉrer les sujets ayant une PA infรฉrieure ร 140/90 mmHg comme normo tendus et ceux ayant une PA supรฉrieure ร 160/95 mmHg comme hyper tendues ; entre ces deux valeurs, 140/90 mmHg et 160/95 mmHg, lโHTA fut dรฉclarรฉe ยซ limite ยป[14].Depuis, ces bornes ont รฉtรฉ rรฉguliรจrement revues ร la baisse. Cette rรฉvision pรฉriodique, justifiรฉe par une dรฉfinition plus opรฉrationnelle, est nรฉe des rรฉsultats successifs dโessais thรฉrapeutiques randomisรฉs depuis 1964 : lโhypertension est le niveau tensionnel pour lequel on a dรฉmontrรฉ que la mise en route du traitement fait plus de bien que de mal : cโest lโintroduction dโune balance bรฉnรฉfice / risque de lโintervention mรฉdicale. En 1983, lโOMS dรฉfinissait lโhypertension modรฉrรฉe par une PAD comprise entre 90 et 105 mmHg ยซ de faรงon persistante ยป, et ne faisait pas entrer la PAS dans cette dรฉfinition [5].En 1984, le Joint NationalCommittee(JNC-III) introduisait la notion dโHTA systolique isolรฉe[15].La distribution des hypertendus รฉtant rรฉpartie suivant une courbe de Gauss, les recommandations successives ont peu ร peu dรฉplacรฉ le curseur de la dรฉfinition de lโHTA vers des pressions plus basses. Cette รฉvolution sโest donc calquรฉe sur les dรฉmonstrations successives des bรฉnรฉfices cliniques du traitement testรฉes peu ร peu chez des personnes de moins en moins hypertendues. Ainsi, lโHTA devint un ยซ statut tensionnel non optimal pour un niveau de risque donnรฉยป, selon une analyse plus globale du risque cardiovasculaire.[7]Finalement, le seuil de lโHTA fut fixรฉ ร 140/90 mmHg, y compris pour les personnes รขgรฉes.
Repris en France en 1997 par lโANAES puis par la HAS[16],il a toujours cours aujourdโhui. Toutefois, la tendance ร la baisse se poursuit lorsque la recommandation amรฉricaine du Joint NationalCommittee(JNC-VII) ajouta, en 2003, le concept de ยซ prรฉ hypertension ยป, nouvelle entitรฉ regroupant les catรฉgories de PA. Le premier seuil de pression artรฉrielle liรฉ ร une dรฉcision fut financier : lโexclusion du bรฉnรฉfice dโassurance. ยซ Plus forte est la tension, plus grand est le risque ยป, dรฉmontrรจrent les mรฉdecins dโassurance un demi-siรจcle avant que les enquรชteurs de Framingham ne sโapproprient cette phrase cรฉlรจbre en ยซ oubliant ยป dโen reconnaรฎtre la premiรจre paternitรฉ ร John Welton Fischer.
Les modifications cardiovasculaires et hรฉmodynamiques au cours de lagrossesse
Globalement il y a une augmentation du travail cardiaque. La caractรฉristique essentielle de lโadaptation cardiovasculaire de la femme enceinte est lโinstallation dโune vasodilatation artรฉrielle trรจs prรฉcoce qui pourrait expliquer lโaugmentation du dรฉbit cardiaque et prรฉcรฉderait lโactivation du systรจme rรฉnineangiotensine-aldostรฉrone. Lโautre caractรฉristique est lโhypervolรฉmie qui est lโexpression de la rรฉtention hydrosodรฉe due aux ลstrogรจnes et de lโaugmentation de la sรฉcrรฉtion dโaldostรฉrone. Il en rรฉsulte une augmentation du volume plasmatique. La volรฉmie diminue progressivement pendant les 3 premiers jours du postpartum et le retour ร la normale se fait en 4 ร 6 semaines. Les ลstrogรจnes augmentent la frรฉquence et le dรฉbit cardiaque ainsi que les dรฉbits circulatoires et la contractilitรฉ du myocarde. En parallรจle, la progestรฉrone permet lโadaptation vasculaire ร cette hyper volรฉmie par un relรขchement des parois veineuses et des sphincters capillaires en augmentant la capacitรฉ du lit vasculaire.
Le dรฉbit cardiaque croit de 30 ร 50 % environ. Il dรฉpend de 2 facteurs :
โ La frรฉquence cardiaque qui augmente de 15 % (15 ร 20 bpm ร terme),
โ Le volume dโรฉjection systolique qui augmente de 30 % (+ 10 ร 15 ml).
Compression de la veine cave inferieur
Il dรฉpend de la position maternelle. Dรจs la 24รจme SA, en dรฉcubitus dorsal, une compression de la veine cave inferieure par lโutรฉrus gravide peut rรฉduire le retour veineux et de ce fait, le volume dโรฉjection systolique entrainant une hypotension maternelle, une diminution de la perfusion utero-placentaire, qui a son tour peut entrainer et un ralentissement du rythme cardiaque fลtal.
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Table des matiรจres
1. INTRODUCTION
2. OBJECTIFS
2.1. Objectif gรฉnรฉral
2.2. Objectifs spรฉcifiques
3. GENERALITES
3.1. Historique des chiffres tensionnels
3.1.1. Du risque au seuil de traitement
3.1.2. Dรฉfinition de lโhypertension artรฉrielle : choix arbitraires
3.2. Les modifications cardiovasculaires et hรฉmodynamiques au cours de la grossesse
3.2.1. Compression de la veine cave inferieur
3.2.3. Modification de la pression artรฉrielle au cours de la grossesse
3.2.4. Modification de la pression veineuse au cours de la grossesse
3.2.5. Modification des examens cliniques et paracliniques au cours de la grossesse
3.3. Hypotension et grossesse
3.3.1. Physiologie maternelle
3.3.2. Effets maternels de lโHypotension
3.3.3. Effets de lโhypotension sur lโenfant
3.4. Hypertension et grossesse
3.4.1. Dรฉfinition et classification
3.4.3. Prรฉdiction et prรฉvention
3.4.4. Prise en charge de lโhypertension pendant la grossesse
4. METHODOLOGIE
4.3. Pรฉriode dโรฉtude
4.4. Type dโรฉtude
4.5. Population dโรฉtude
4.6.1. Critรจres dโinclusion
4.6.2. Critรจres de non-inclusion
4.7. Technique de collecte
4.11. Les outils de collecte des donnรฉes
4.12. Plan de collecte des informations sur lโavis des gestantes
4.13. Traitement et analyse des donnรฉes
4.14. Considรฉrations รฉthiques
5. RESULTATS
5.1. Rรฉsultats Descriptives
5.2. Caractรฉristiques Sociodรฉmographiques
5.3. Antรฉcรฉdents Obstรฉtricaux
5.4. Resultat Analitiques
6. COMMENTAIRES ET DISCUSSION
7. CONCLUSION
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