Historique de l’occupation humaine et de la mise en valeur de l’espace

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Des sols à potentialité agricole moyenne

Le sol est un élément du milieu naturel qui détermine les activités agricoles. La nature du sol est en général assez fertile dans notre zone d’étude.(Dufournet, 1962, pp29). On peut classer en deux catégories les sols : le sol des « tanety « et le sol de la plaine.

Le sol des « tanety » :

Les collines entourent la plaine. Le sol épais est de couleur rouge. C’est du type argile ferralitique qui est le résultat de la décomposition de la roche mère cristalline (granite magmatique). Sa couleur rougeâtre très marquée est la conséquence de sa composition en teneur de fer oxydé (IRAM, 1971, p 8 ) . L’érosion attaque facilement ce sol de type fragile. C’est pourquoi il y a une formation de fossés sur le « tanety » de Behintsy à Anosikely.
Ces fossés sont très profonds. Le resurgissement des roches mères marque le paysage. Ce sol est de fertilité moyenne. Les paysans y pratiquent les cultures sèches. L’érosion est très fréquente sur les collines. Elle laisse le sol à nu et fait apparaître les roches mères. Des carrières sont exploitées intensivement dans cette zone.

Le sol de bas fond et de la plaine :

Le principal facteur de pédogenèse est l’ hydromorphie qui est totale et permanente, un atout pour l’agriculture surtout la riziculture dans la plaine. La rivière Ampasimbe améliore la valeur du sol en apportant les éléments dont les plantes ont besoin. En général ce sont des sols alluvionnaires (cf carte N°4) ou sols humiques à gley très utiles pour la culture de riz, très riches en matières organiques (Deschamps, 1961, pp 22). Mais ils sont hydromorphes, de textures limoneuses, difficiles à irriguer. Les colluvions de bas de pente sont des sols fertiles ; les cultures maraîchères y sont favorisées.
(cf. photo n°1). On retrouve aussi ce type de sol le long de la rivière Ampasimbe qui est insuffisamment exploité. L’existence de différents types de sols dicte aussi les différences sur la végétation naturelle.
Au second plan : Les colluvions de bas de pentes favorisent le développement des cultures maraîchères
A l’arrière plan : Les collines caractéristiques de la zone
E . Des végétations dégradées :
« Le paysage est dominé par une prairie dégradée par les feux de brousses ( Douessin ,1976, pp 28).La couverture végétale varie sur les collines et dans le marais.

Des formations herbeuses:

La formation herbeuse caractérise les « tanety ». Elle est intercalée par quelques forêts de manguiers et de « rotra » sur la colline de Behintsy et d’Ampanasana.
Les touffes d’herbes « vero » et les herbes dures « bozaka » donnent un aspect particulier du paysage. Les habitants fabriquent des balais avec ces herbes. On observe également quelques pieds de sisal en bas des pentes. Ces plantes sont utilisées comme bois de chauffage en l’absence de forêt. Les forêts n’existent plus et la population utilise le sisal séché et les branches des arbres fruitiers comme le goyavier, le manguier et le « rotra ». On n’y trouve plus de trace de forêt naturelle ni de reboisement. La différence entre la couverture végétale des collines et des plaines s’explique par les conditions hydrologiques du sol

Végétation marécageuse dans la plaine et dans le marais :

Le marais occupe une superficie de 250ha environ. La couverture y est du type marécageux. Il s’agit des « herana » ( cyperus latifolius ), des « zozoro » (Cyperus madagascariensius), de « harefo » (Helexhoris plantaginea) , et de « tsikafona ».Les « zozoro » dominent dans cette zone marécageuse assez profonde ( marais permanente ou périodique ) quand l’épaisseur d’eau est faible. Ces végétations sont utilisées pour les nattes et les vanneries que plusieurs femmes exploitent, notamment à Amoronankona et à Andralanitra. Elles sont difficiles à éradiquer parce que les conditions du marais sont favorables à leur développement. Les conditions hydrographiques sont d’ailleurs en partie responsables des différences qui existent entre la plaine et celle des « tanety »

Un réseau hydrographique important:

Les régimes hydrographiques

La rivière Ampasimbe

Ampasimbe est une rivière qui prend sa source aux alentours de Manankavaly (voir carte N°5). C’est un bras droit de l’Ikopa dont le confluent est situé à peine à 10m du barrage de la JIRAMA à Ambohipo. Jadis elle avait comme nom Andranonahoatra, mais depuis la construction de la route nationale n°2.
Elle a pris le nom d’Ampasimbe. De sa source jusqu’au confluent avec l’Ikopa elle a 35 km de long. Ampasimbe a un bassin versant important. Elle arrose de grandes superficies. Pour assurer l’irrigation de son bassin versant et pour protéger la route, un barrage hydraulique a été construit à Ambohimalemy (voir photo n°2). D’après les services hydrologiques, les rivières qui ne sont pas surveillées par des stations de contrôle ne figurent pas dans la classe des rivières importantes. Ampasimbe ne figure pas dans cette catégorie parce que par rapport aux autres cours d’eau le bassin versant de cette rivière est peu étendue
Elle ne figure même pas dans les principaux affluents droits de l’ Ikopa comme Kotoratsy,Isandrano, Manakazo, Andranobe et Namokotra (Chaperon, 1993, pp 573). Malgré cela Ampasimbe est le seul cours d’eau important de la zone.

Les caractéristiques de l’Ampasimbe :

L’hydrométrie est l’ensemble des opérations permettant de connaître les caractéristiques d’un cours d’eau. Or, l’hydrométrie de ce cours d’eau reste inconnue faute d’instruments. Mais il convient de remarquer que cette rivière se trouve sous un climat tropical d’altitude à précipitations abondantes dont la moyenne annuelle atteint 1300mm. Son régime suit les caractéristiques des cours d’eau des Hautes Terres Centrales.
Les variations du débit rendent nécessaire la maîtrise de l’eau pour l’accroissement de la productivité. Le débit est la quantité d’eau écoulée pendant un temps déterminé. On l’exprime en m3/s. Il varie suivant la saison. D’après les services météorologiques et hydrographiques, Ampasimbe a un étiage faible avec un taux de 6m3/s. Son débit moyen, atteignant 50m3/s, est enregistré au mois de mai.
Pendant les périodes de crues, le débit maximal atteint 400m3/s environ. En général, la rivière d’Ampasimbe est classée parmi les petits cours d’eau. (Source : Services hydrographiques par référence à l’Ikopa). Ampasimbe traverse le marais d’Andralanitra ; par conséquent, son intervention constitue un facteur prépondérant dans l’agriculture dans la plaine de cette zone.

Un peuplement d’origine « merina »

L’occupation d’Ambohimangakely remonte à la période de la royauté Merina sous le rège d’Andriamanelo et Ralambo.
Ambohimangakely fut le berceau de deux grandes castes de la royauté Merina. : les Andriandranando et les Andrianamboninolona qui sont groupés dans le caste Andrianteloray. Ainsi, l’histoire du peuplement est un facteur non négligeable pour connaître la mise en valeur de l’espace.

Historique de l’occupation humaine et de la mise en valeur de l’espace

Ambohimangakely où se situe la zone d’étude vient de l’assemblage de deux mots « Ambohimanga » et « kely ».Le premier mot désigne le lieu où se situe le palais du roi Andrianampoinimerina. Mais quand ce souverain s’installa à Manjakamiadana, il donna le nom d’Ambohimangakely en regardant les collines de Ranovao qui se trouve à l’est du chef lieu de la commune actuelle. Ces collines ont le même aspect physique qu’Ambohimanga. Plus tard Ambohimangakely désigne le village qui se trouve le long de la route nationale et devient le chef lieu de sa commune. Au point de vue histoire, elle est connue par les deux groupes nobiliaires Andrianadranando et Andrianamboninolona.

Ambohimangakely, berceau d’Andriandranando :

Les descendants d’Andriandranando appelé aussi Andriandranandobe qui occupent cette région. Ce serait un prince venu de la forêt de l’Est à l’époque d’Andriamanelo (1540 – 1575 ) qui fut le premier roi et donna du prestige à la nation Hova.( Andrianaivoarivony, 1993,pp 45) Andriandranando était le cousin au 7ème degré d’Andriamanelo .
Il aurait été un homme intelligent. Andriamanelo en respectant la force d’Andriandranando et son intelligence le plaça comme gardien de « vavan-tany » ( Andrianaivoarivony, 1993, pp 15) à Mokajy. Une sorte de passage obligatoire avant d’entrer dans le royaume .Cette localité devenait surpeuplée et Andriandranando a dû limiter l’immigration et Mokajy devient Ambohipeno.
Il était aussi le chef de forgeron du « lefona » et des bijoux de la caste noble sous le règne d’Andriamanelo et de Ralambo.Il avait trois fils avec Rasoavimbahoaka ; ses descendants se sont considérés comme les Andriandranando . Plus tard vers la fin du XVIIème siècle, les habitants de ces villages avaient commencé à occuper les zones environnantes en contrebas et créer d’autres centres de peuplement à cause de l’accroissement de la population.
D’après l’histoire, Andriandranando aurait été polygame .C’est pourquoi il avait une autre femme appelée Ramahafoloarivo. Cette femme appartenait à la caste Hova installée à Ambohipeno où elle est ensevelie. Les descendants d’Andriandranando issus de cette femme ne faisaient pas partie du groupe des Andriandranando. Ce dernier groupe devenait de plus en plus nombreux ; il occupait la zone autour d’Ambohipeno comme Behitsy ,Ampanasana , Andranovaky.
Andriandranando était devenu beau-frère d’Andriamanelo. Les écrits divergent sur l’identité du mari de la sœur d’Andriamanelo : Rasoavimbahoaka ou Rafitsindraotra serait épouse soit d’Andriandranando, soit d’Andrianamboninolona. Mais qui était Andriamboninolona 2 – Les Andrianamboninolona à Ambohimangakely :
Il était le fils unique d’Andriamanantany frère d’Andriamanelo avec Randranomboahangy. Il avait quatre fils et une fille. La mort de son père, Andriamanelo qui est son oncle avait porté toute son affection sur Andriamboninolona et sa fille nommée Ratsitohaina ( Andriamanantsiety, 1975, pp 19) . Il demanda à son petit-fils Ralambo de prendre Ratsitohaina pour épouse. Andriamboninolona accepta la demande de son oncle. Ainsi Ralambo avait placé Andriamboninolona à Ambohitrombihavana qui se trouve tout près du territoire d’Andriandranando.Les descendants d’Andriamboninolona étaient le « foko » les plus nombreux et avaient un taux d’ accroissement assez élevé de l’époque. Donc ils se rependaient très vite dans sa région et aussi dans la zone environnante. Il semblerait possible qu’ils vivent dans le territoire des Andriandranando qui étaient leurs voisins

Ambohimangakely , un territoire de Tsimiambolahy :

Sous le règne d’Andrianampoinimerina, la région étudiée faisait partie des Tsimiambolahy. Ce roi avait divisé le royaume Merina en six grands territoires : Avaradrano, Vakinisisaony, Vonizongo, Marovatana, Ambodirano, Vakinankaratra. Ambohimangakely se trouvait dans le territoire d’Avaradrano.(cf carte N°7) . Les Avaradrano qui se trouvent au nord comme son nom l’indique et au nord – est Antananarivo à partir d’Andranobevava furent appelés aussi « père des hommes » ou « Ray aman-dreny » car ils avaient formé le premier royaume d’Ambohimanga. Ce groupe d’avaradrano est composé des Tsimahafotsy, Mandiavto,Tsimiambolahy, appelé plus tard Voromahery » ou gardien de la ville. Avaradrano était un grand territoire de l’Imerina dont la limite sud se trouve à Andranobevava ; Le district de Tsimiambolahy représente le tiers de la surface totale de l’Avaradrano. (Callet, 1958, pp 575) (Voir carte n° 7). Son territoire se trouve au nord-est de l’Avaradrano c’est – à – dire autour d’ Ambohimangakely : Betafo, Ankadindambo, Ikianja, et Behitsy.Ils occupaient donc en générale la partie qui se trouve à l’ouest de la plaine d’Andralanitra. Le roi Andrianampoinimerina avait aussi surnommé les Tsimiambolahy sous le terme Imafiloha car ils avaient toujours cherché à étendre leur territoire sans penser aux autres surtout à la limite est où il y a la digue qui sépare leur territoire avec les Tsimahafotsy L’histoire du peuplement explique l’aspect de la population actuelle de cette zone.

Etat actuel de la population vivant autour du marais

La mise en valeur de l’espace et l’histoire de l’occupation humaine sont toujours étroitement liées. D’après l’histoire, les descendants d’Andriamboninolona et d’Andriandranando seraient les premiers occupants de cette région. Et ils occupent toujours cette région. De plus le fait d’être près de la ville d’Antananarivo donne un aspect assez particulier pour la population.

Une population jeune :

L’étude démographique de la zone nécessiterait l’établissement des pyramides des âges de chaque fokontany pour voir l’aspect de la population.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Première partie : Andralanitra, une localité dotée d’un milieu naturel et humain propice à l’agriculture
Chapitre I : Des conditions physiques favorables à l’agriculture
A- La localisation de la zone d’étude
B- Un relief des Hautes Terres Centrales
C- Des facteurs climatiques non répulsifs
1- Une température clémente
2- Des précipitations abondantes
3- Une année à deux saisons bien distinctes
a) Saison sèche et fraîche
b) Saison chaude et humide
4- Des vents généralement calme
D- Des sols à potentialités agricoles moyennes
1- Sol du bas fond et de la plaine
2- Sol des « tanety »
E -Des végétations dégradées
1-Des végétations herbeuses
2-Des végétations marécageuses sur la plaine et du marais
F – Un réseau hydrographique important
1-Les régimes hydrograaphiques
a) La rivière Ampasimbe
b) Les caractéristiques de l’Ampasimbe
2- Le marais d’Andralanitra
a) Présentation
b) Le marais en crue
Chapitre II –. Un peuplement d’origine « merina »
A – Historique de l’occupation humaine et de la mise en valeur de l’espace
1- Ambohimangakely, berceau d’ Andriadranando
2- Andrianambonimbonilona à Ambohimangakely
3- Ambohimangakely , un territoire des Tsimiambolahy
B – Etat actuel de la population habitant autour du marais
1- Une population jeune
2- Une population à famille nombreuse
Conclusion de la première partie
Deuxième partie : L’exploitation agricole, enjeu pour l’acquisition du sol
Chapitre I : Un paysage agraire dominé par l’acquisition du sol
A- Les différents terroirs
1- Le terroir rizicole : le « vary aloha »
2- Le terroir des cultures sèches
3- Le terroir des cultures maraîchères
4- L’habitat
a) Les maisons rurales
b) Les maisons traditionnelles
c) Les maisons modernes
d) Les taudis
e) La cité d’AKAMASOA
B – La riziculture : Mode des cultures et calendrier agricole
1 Les techniques culturales
a) Le labourage et piétinage
b) Repiquage
c) Moisson
d) Les variétés et les rendements rizicoles
e) Le calendrier rizicole
C – Les autres cultures vivrières
1- Les cultures sèches
a) Le manioc
b b) La patate douce
c) Le maïs et les haricots
2 – Les cultures maraîchères importantes
a) Les techniques culturales
b) Destination et mode d’écoulement de productions
Chapitre II : Les structures agricoles des exploitations : Un mode d’acquisition de terre
A- Le MODE DE FAIRE VALOIR
51- Un aperçu historique du régime foncier
a) Situation pendant la période pré coloniale
b) Situation pendant la colonisation
c) Le régime foncier après l’indépendance
2- Les problèmes relatifs au régime foncier
a) Procédure d’immatriculation
b) Procédure préparatoire et acquisition d’un titre
c) Lois sur la mise en culture de terres à vocation agricole
3- Les structures fonciers actuelle dans cette zone
a) Domination des grands propriétaires
b) Des propriétaires « Zanaka am-pielezana »
c) La situation des exploitants à Andralanitra
4- Les modes de faire valoir
a) Le mode de faire valoir directe
b) Le mode de faire valoir indirect
5- La main d’œuvre agricole
a) La main d’œuvre familiale
b) L’entre- aide
c) Le salariat
B- Les impacts des modes de propriétés dans la vie paysanne
1- Sur le plan social
a) Formation des différentes couches sociales
b) Intensification de « hala-botry »
2- Sur l’exploitation
a) Diminution de la surface cultivée
b) Retour des rizières à son état initial
Chapitre III : L’aménagement hydroagricole, un problème majeur de cette zone
A- Un aménagement mal entretenu
1- Historique de digue d’Ampasimbe
2-Les aménagements hydroagricoles
a) Le système d’irrigation
b) Le système de drainage
B- Les difficultés de la gestion de l’eau
1- Des aménagements mal entretenus
2-Ensablement des rizières
Conclusion de la deuxième partie
Troisième partie : Agriculture, une activité refuge sur les terroirs disponibles
Chapitre I : Problèmes de l’agriculture et l’extension urbaine
A – Le dépôt d’ordure d’Andralanitra
1- Historique de l’installation
2- Son rôle sur la population
B – L’occupation de l’espace par les nouvelles activités
1- L’habitat
2- Les industries franches
3- Le projet routier « By pass »
Chapitre II : Andralanitra : zone d’accueil et d’insertion des marginaux
A – Population à majorité migrante
1- Behintsy
2- Amoronankona
3- Ikianja
B– Les dispositifs existants dans cette zone d’accueil
1 – L’historique de l’ « AKAMASOA »
2 – Les occupations informelles
3 – Une zone peu équipée d’ infrastructure adéquate
a) Infrastructure scolaire
b) Infrastructure sanitaire
c) Infrastructure routière
d) Les autres infrastructures
4 – Les activités marginales
a) L’élevage
b) L’artisanat
Chapitre III : Solutions proposées
A- Amélioration des infrastructures locales
B- Le reforme sur le régime foncier
C- L’orientation de l’enseignement
D -Autres recommandations
Conclusion de la troisième partie
CONCLUSION GENERALE

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