Historique de la greffe
La greffe peut parfois constituer la seule et ultime option thรฉrapeutique d’une maladie terminale et le dernier recours dans un parcours difficile, projetant alors le patient dans une situation d’invaliditรฉ et d’angoisse de la mort (Bjork, & Naden, 2008). Ainsi, pour ceux qui sont atteints d’insuffisance rรฉnale, pulmonaire ou cardiaque, de la fibrose kystique et de nombreuses autres pathologies, la transplantation reprรฉsente la seule possibilitรฉ de survie(Baran, 2008).
Les premiรจres greffes d’organes ont eu lieu au XVIIIe siรจcle (Transplant Quรฉbec, 2013a). ร partir de ce moment, un espoir de guรฉrison a dรฉsormais รฉtรฉ possible pour des patients qui, avant l’avรจnement de la greffe, n’avaient aucune chance de survie. La transplantation est une chirurgie pendant laquelle un organe ou un tissu sain d’un donneur est implantรฉ chez un receveur. Le but de la transplantation est de remplacer un organe devenu non fonctionnel suite ร un processus pathologique aigu ou chronique irrรฉversible par un organe sain provenant d’un autre individu (Beyeler, & Riggenbach, 2012).
Les techniques chirurgicales permettant d’opรฉrer ce transfert d’organe d’un corps ร l’autre ont รฉtรฉ dรฉveloppรฉes autour de 1905, mais les tentatives des pionniers de la greffe, notamment ร Lyon, se sont soldรฉes par le rejet de l’organe greffรฉ par son hรดte, phรฉnomรจne alors incompris (Biomรฉdecine, 2010).
La maladie chronique terminale
Plusieurs auteurs affirment que les patients susceptibles de recevoir une transplantation d’organe sont gรฉnรฉralement ceux vivant avec une maladie chronique en phase terminale, rรฉfractaires aux traitements chirurgicaux et mรฉdicaux, dont la qualitรฉ de vie est diminuรฉe (Bjork, & Naden, 2008; Brown et al, 2006) et qui n’ont comme seule option de survie que la transplantation d’organe (Achille, 2002; Baran, 2008; Bjork, & Naden, 2008; Brown et al, 2006; Young et al., 2010). Les maladies chroniques sont des problรจmes de santรฉ incurables et qui provoquent des symptรดmes ou des incapacitรฉs qui se prolongent dans le temps (Santรฉ et Services sociaux du Quรฉbec, 2005). Elles sont devenues la principale cause de mortalitรฉ chez les patients en phase terminale (Cazale,Laprise, & Nanhou, 2009). En plus du risque de mortalitรฉ, elles entraรฎnent รฉgalement des rรฉpercussions importantes dans plusieurs sphรจres de la vie des personnes qui en souffrent.
La maladie chronique gรฉnรจre particuliรจrement de l’anxiรฉtรฉ chez le patient, car vivre pendant de nombreuses annรฉes avec des symptรดmes et les incapacitรฉs qui en dรฉcoulent peut porter atteinte ร l’identitรฉ, mener ร des changements de rรดles, altรฉrer l’image corporelle et perturber les habitudes de vie (Habraken, Pois, Bindels, & Willems, 2008).
L’expรฉrience d’attendre une transplantation
Une fois l’รฉvaluation terminรฉe et dรจs que l’aval de l’รฉquipe de greffe est obtenu, la personne dรฉbute son attente. D’entrรฉe de jeu, l’attente doit รชtre explorรฉe dans son sens large afin d’รชtre en mesure d’avoir une comprรฉhension plus globale de ce phรฉnomรจne. ร cette fin, l’analyse du concept de l’attente รฉlaborรฉe par Irvin (2001) selon le modรจle d’analyse conceptuelle de Walker initie cette รฉtape de la recension des รฉcrits.
Cette analyse de concept a permis de faire ressortir la dรฉfinition suivante : L’attente est un phรฉnomรจne ร la fois statique et dynamique, couvrant une pรฉriode imprรฉcise de temps au cours de laquelle les manifestations d’incertitude concernant des rรฉsultats personnels sont suspendues, mais dans l’espoir d’atteindre un rรฉsultat escomptรฉ (Irvin, 2001, p. 128) .
Elle a รฉgalement fait รฉmerger que les caractรฉristiques essentielles de l’attente sont l’incertitude et la perte de contrรดle. L’incertitude qui dรฉcoule de l’attente s’avรจre directement liรฉe aux รฉvรฉnements incertains et ร l’รฉvolution de la maladie. L’incertitude provoquera du stress et le sentiment ยซd’รชtre en suspensยป. De plus, les personnes en attente ressentent du stress parce qu’elles รฉprouvent le sentiment de ne pas avoir de contrรดle sur la situation. Ce sentiment de perte de contrรดle reprรฉsente alors une menace pour la personne.
La volontรฉ de vivre
Vivre l’attente d’une transplantation s’avรจre une pรฉriode difficile et remplie d’embรปches, tant pour les participants que pour leurs proches. Cependant, avant de se retrouver sur la liste d’attente, les participants doivent souvent faire face ร une maladie chronique terminale qui les mรจnerait sans aucun doute ร la mort si la possibilitรฉ de transplantation ne leur รฉtait pas offerte. Le dรฉsir de vivre constitue un point culminant de l’expรฉrience d’attendre une transplantation. C’est cette volontรฉ de vivre, profondรฉment enracinรฉe dans chacun d’eux, qui permet aux participants de faire face aux รฉpreuves auxquelles ils sont confrontรฉs tout au long de l’attente.
Bien que les participants atteints d’une maladie terminale conรงoivent la gravitรฉ de leur รฉtat, l’annonce de la nรฉcessitรฉ d’une transplantation pour continuer ร vivre constitue, selon64 eux, un choc important. L’annonce de l’imminence de la mort, la difficultรฉ d’intรฉgrer cognitivement la situation et la prise de dรฉcision d’opter ou non pour la transplantation demeurent des รฉlรฉments qui influencent la maniรจre dont se vit l’attente.
Garder l’espoir de vivre malgrรฉ la tourmente de l’incertitude
Garder l’espoir de vivre malgrรฉ la tourmente de l’incertitude est le second thรจme d l’expรฉrience d’attendre une transplantation. Au cลur de cette expรฉrience, l’espoir constitue un aspect important. Il permet aux participants de faire face aux รฉpreuves rencontrรฉes tout au long de cette attente. Bien que personne ne soit certain de ce que sera demain, la route qui mรจne les personnes en attente vers la transplantation est sans contredit parsemรฉe d’embรปches, de craintes et d’incertitude sur ce que l’avenir leur rรฉserve. L’espoir de vivre permet aux participants de faire face ร cette adversitรฉ, comme en tรฉmoigne รric : ยซQuand on attend comme รงa, ce n’est pas รฉvident. On vit d’espoirยป. L’espoir leur permet de tenir le coup malgrรฉ les tourmentes de l’incertitude. Ce thรจme dรฉcoule des quatre sous-thรจmes suivants : l’omniprรฉsence de la mort, affronter les รฉpreuves, les stratรฉgies de protection et la puissance du soutien.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
CHAPITRE I PROBLรMATIQUEย
But de la recherche
Question de recherche
CHAPITRE II RECENSION DES รCRITSย
Historique de la greffe
La maladie chronique terminale
Nรฉcessitรฉ d’une transplantation
L’expรฉrience d’attendre une transplantation
Incertitude
CHAPITRE III MรTHODEย
Devis
Dรฉroulement de l’รฉtude
Milieu
Participants ร l’รฉtude
Outils de collecte de donnรฉes
Questionnaire sociodรฉmographique
Guide d’entretien
Collecte de donnรฉes
Plan d’analyse des donnรฉes
Critรจres de rigueur en analyse qualitative
Crรฉdibilitรฉ
Fiabilitรฉ
Transfรฉrabilitรฉ
Confirmabilitรฉ
Considรฉrations รฉthiques
CHAPITRE IV RรSULTATS
Donnรฉes sociodรฉmographiques et cliniques des participants
L’expรฉrience d’attendre une transplantation
La volontรฉ de vivre
L’arrรชt de mort
La prise de dรฉcision de continuer ร vivre
Garder l’espoir de vivre malgrรฉ la tourmente de l’incertitude
L’omniprรฉsence de la mort
Affronter les รฉpreuves
Les stratรฉgies de protection
La puissance du soutien
Mettre sa vie en suspens
Vivre au jour le jour pรฉniblement
รtre en rupture avec la vie
Le paradoxe du temps
CHAPITRE V DISCUSSION
Donnรฉes sociodรฉmographiques et cliniques
L’expรฉrience d’attendre une transplantation
La volontรฉ de vivre
Garder l’espoir de vivre malgrรฉ la tourmente de l’incertitude
Mettre sa vie en suspens
Limites et forces
Limites
Forces
Recommandations
Pour la pratique
Pour la recherche
Pour la formation infirmiรจre
CONCLUSION
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