Historique de la borréliose de Lyme

En 1969, William H. Stewart, un chirurgien général New Yorkais affirmait : “ Le temps est venu de fermer le livre des maladies infectieuses”. A la fin des années 60, le développement de l’antibiothérapie, l’avènement des antiviraux et les progrès toujourscroissant de la médecine, offraient au monde des promesses de vie éternelle. Mais la nature est ainsi faite que rien ne peut jamais être considéré comme acquis, et, aujourd’hui, les paroles de monsieur Stewart semblent résolument optimistes et présomptueuses. Dès 1980, la pandémie du SIDA étale son spectre à travers le monde ; des épidémies localisées d’infection par le virus Ebola concourent à créer un climat généralisé d’inquiétude, et l’apparition de plus en plus fréquente d’antibiorésistance redonne aux bactéries le potentiel morbide qu’on leur croyait perdu.

Lyme, une petite ville de l’état du Connecticut aux Etats-Unis d’Amérique, est célèbre depuis 1975, non pas pour ses attractions touristiques, mais pour la première description dans ce pays d’un syndrome clinique connu, au moins en partie, en Europe depuis le début de ce siècle, à savoir un érythème chronique migrant (erythema chronicum migrans) accompagné de signes cliniques généraux de type grippal et suivi d’épisodes d’arthrites récidivantes, de troubles nerveux et de séquelles éventuelles et que les médecins dénommèrent « la maladie de Lyme ».

Les études aujourd’hui ne servent plus seulement à cerner l’épidémiologie de certaines maladies transmissibles à l’homme, mais font également avancer les connaissances fondamentales en vue d’améliorer la lutte contre ces parasites. Les maladies émergentes sont des maladies infectieuses dont l’incidence chez l’Homme a augmenté au cours des deux dernières décennies ou qui menace d’augmenter dans un avenir proche ». (CDC, 2004). Cependant, d’autres auteurs ont essayé de formaliser la notion d’émergence, ne trouvant pas cette première définition assez satisfaisante pour couvrir la variété des situations épidémiologiques.

Dans les maladies émergentes, dérives des rapports de l’homme avec la nature, (Fassi Fehri ,2001), Propose la définition suivante : « il s’agit de maladies transmissibles nouvellement identifiées, d’extension rapide, susceptibles de poser des problèmes de santé publique à l’échelle locale, régionale ou internationale ». Plus récemment, les vétérinaires. (Toma et E. Thiry ,2003).Ont appliqué la notion d’émergence à une maladie dont « l’incidence réelle augmente de manière significative dans une population donnée, d’une région donnée et pendant une période donnée, par rapport à la situation épidémiologique habituelle de cette maladie ». Ils soulignent que « par définition une maladie n’est émergente que dans un cadre spatio-temporel donné ». Pour ces deux auteurs, les caractéristiques d’espace et de temps correspondant à cette émergence doivent être précisées systématiquement dès lors que l’on emploie l’expression « maladie émergente ».

Le dernier rapport sur les maladies infectieuses humaines a montré qu’il existe près de 1407 agents pathogènes touchant l’espèce humaine à travers le monde. Parmi eux, 800 soit 58% sont provoquées par des agents pathogènes zoonotiques transmis aux personnes par les animaux.

Historique de la borréliose de Lyme 

La Borréliose, maladie oubliée presque jamais diagnostiquée, est actuellement en phase d’expansion géographique et constitue après le paludisme la première cause de consultation pour syndrome fébrile dans plusieurs régions d’Afrique. (Trape et al, 1991 et 1996); (Vial et al ,2006). La Borréliose est transmise par des tiques du genre Ixodes ricinus présent en Europe, en Maroc, Tunisie et en Algérie. (Sarih M.Jouba F, 2003), (Younsi H, Bouattour A, 2001). La borréliose de Lyme a été décrite au début du siècle par Afzelius, (1910) en Suède et Lipschütz (1913) en Autriche. Ces auteurs ont décrit pour la première fois l’érythème migrant (EM), la lésion qui se développe autour du site de la piqûre de la tique. Quelques années plus tard des formes neurologiques de la maladie ont été rapportées par l’observation des cas de méningo-radiculite suite à une morsure de tique et à un érythème. (Garin et Bujadoux, 1922), (Bannwarth, 1941). En 1975, aux États-Unis une augmentation de cas d’arthrites inflammatoires, en particulier chez les enfants, a été signalée près d’une ville du Connecticut: Lyme. (Steere et al, 1977). Des études entomologiques ont permis d’impliquer un agent infectieux transmis par des tiques ou d’autres arthropodes hématophages. En 1979, Steere et Malawista ont rapporté une corrélation étroite entre la maladie de Lyme et I. dammini au nord-est des États-Unis et I. pacificus à l’Ouest. Au début des années 80, le Dr W. Burgdorfer cherchait sur la côte du nord-est des États- Unis la présence de rickettsies dans des tiques. Il découvre des spirochètes dans le tube digestif des tiques I. dammini .(Burgdorfer et al, 1982).

Et plusieurs pays d’Europe telle que la Suisse. (Burgdorfer et al, 1983), (Barbour et al, 1983).Et en Allemagne. (Ackermann et al, 1984). Des études récentes menées en Afrique occidentale et centrale par IRD, en collaboration avec des équipes de 10 pays africains, ont montré que les vecteurs et leurs agents pathogènes sont massivement présents dans toute la moitié ouest de l’Afrique occidentale. (Diatta et al ,2009). Remontent au Maroc depuis le sud du pays jusqu’au littoral méditerranéen. (Diatta et al ,2009).

Plusieurs espèces de Borrelia sont transmises par des tiques molles du genre Ornithodoros sont maintenues dans la nature par des rongeurs réservoirs à l’exception de B.duttoni dont le réservoir est l’homme. (Camicas. Ji N, Peng ,2004).

Situation de la borréliose de Lyme au Maghreb

Au Maghreb, quelques cas séro-cliniques de la borréliose de Lyme ont été décrits, ce qui a poussé certaines équipes à mener des investigations épidémiologiques relatives à cette pathologie au cours de ces dernières années. La collecte des tiques, réalisée dans les sous-bois des régions humides du Maghreb (Tunisie, Algérie et Maroc), a permis de récolter Ixodes ricinus. La prévalence de l’infection par Borrelia burgdorferi sl, évaluée par IFI, varie de 50% à 60% chez les Ixodes adultes; elle est de 30 à 40 % chez les nymphes et elle est inférieure à 2,5% chez les larves.

Ces taux ont été également confirmés par PCR. Les souches véhiculées par ces Ixodes se sont révélées (PCR-RFLP et séquençage) en majorité B. lusitaniae et très rarement B. garinii, B.burgdorferi ss et B. valaisiana. Des anticorps anti-Borrelia ont été retrouvés exceptionnellement chez des sujets tunisiens et marocains testés par ELISA. Les rares sérums positifs ont été également confirmés par Western-Blot. Sur le continent africain, la borréliose de Lyme ne semble être décrite qu’en Afrique du Nord. En effet, un cas d’encéphalite aiguë à B. burgdorferi a été signalé chez un enfant algérien. (Rousselle et al, 1989).

Deux cas de borréliose de Lyme ont été diagnostiqués chez deux patients marocains sédentaires chez qui, la maladie se manifestait par une paralysie faciale. (Ouhabi H., et al ,1994). En Tunisie, (Aoun et al, 2001) ont décrit 29 cas de borréliose de Lyme dont la symptomatologie est dominée par des signes neurologiques et articulaires. Ces cas ont été également confirmés par ELISA. (Aoun K et al, 1998).

Les espèces de Borrelia véhiculées par ces vecteurs ainsi que la séroprévalence de l’infection chez les forestiers de certaines régions de Tunisie. (Younsi H et al, 2001), (Bouattour A et al, 2003). Il en est de même au Maroc. (Sarih M et al, 2003), (Jouda F, 2003). Par ailleurs, l’impact de cette zoonose sur les animaux domestiques reste très peu étudié particulièrement en Tunisie. (Bouattour A et al, 2001). Mais également dans le monde. Les travaux récents menés dans le cadre de projets de recherche financés par le Secrétariat d’Etat à la Recherche Scientifique de Tunisie et la Communauté Européenne ont permis de déterminer la prévalence de l’infection d’I. ricinus par Borrelia .

La borréliose de Lyme en Algérie 

Elle est très peu connue en Algérie. Seuls quelques rares cas ont été rapportés jusque-là, essentiellement dans l’algérois et en grande Kabyle. (Achour B, 2004), (Alem A, Hadji N ,1999), (Benabdallah et al, 2004). En1998, chez une trentaine de personnes considérées comme étant à risque, cinq sérologies ELISA se sont avérées positives dans un service hospitalier de Sétif. Elle reste peu explorée dans notre région et en Algérie alors que les tiques vectrices sont disponibles et recèlent des informations bactériologiques et épidémiologiques insoupçonnées. Au nord de l’Algérie où le climat est tempéré la tique vectrice a été identifiée à l’est du pays, en Kabylie et dans l’Algérois. (Bitam, 2008), (Abdoun et al, 2003-2004), (Boughareb et al, 2003-2004) , (Hammouda et al ,2003-2004). Elle héberge B. garinnii et B.lusitaniae. (Abdoun et al, 2003-2004).

Quelques niches écologiques se sont avérées favorables à son développement, il s’agit de zones ombragées où poussent les fougères et les chênes zéen. (Bitam, 2008). Ces derniers en plus du rôle protecteur de leurs feuilles mortes, alimentent avec leurs glands les micromammifères qui à leurs tour vont nourrir les tiques. Ainsi il existe interdépendance entre les arbres et les tiques.

Le nord de la wilaya de Sétif comprend des régions au climat subhumide avec des zones boisées, de chênes à feuilles caduques, de garrigues denses susceptibles de constituer des niches écologiques favorables au développement d’Ixodes ricinus et de ses nombreux hôtes. Les monts de Babor, de Ain Kebira, de Bougaaet de Béni ainsi au nord, en sont le parfait exemple. Au sud, les monts Boutaleb, Hamma et Ouled Tébben, plantés de résineux et de chénes Kermes, pourraient par endroits constituer un biotope favorable au développement de la borréliose de lyme. 133 sujets ont été dépistés pour la maladie de Lyme à Alger entre 1996 et 1999. 21 d’entre eux ont été trouvés positifs. Alem A, Hadji N (1996 ,1999). La demande de cet examen est de plus en plus fréquente mais reste faible en regard de l’incidence présumé de la maladie. Les manifestations cliniques les plus fréquentes sont constituées par les signes articulaires et neuro-méningés. Le diagnostic de la maladie de Lyme doit être plus souvent évoqué et l’étiologie plus souvent recherchée. Ce faible nombre de cas (et de demande d’analyse) ne reflète nullement la réalité, un nombre plus élevé de cas est plutôt à craindre en raison de l’invasion, constatée dans les pays occidentaux. Première étude de séroprévalence de la maladie de lyme en Algérie réalisée dans la wilaya de Sétif. A. Lacheheb, S Mechakra, S, 2008. Sur 874 sujets appartienent à trois groupes: 574 éleveurs, 100 forestiers, 200 donneurs d’ages diferenst entre (8-85ans) ,20 sérums étaient sorties positifs en Elisa en IgG et 10 confirmés en Wester Blot soit 1.1 %, 2% Donneur de sang, 1% forestiers et 87% éleveurs. (Mechakra S, 2006).

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Table des matières

Introduction
Chapitre 1
I. Partie bibliographique
1 Historique de la borréliose de Lyme
1.1Situation de la borréliose de Lyme au Maghreb
1-2La borréliose de Lyme en Algérie
2-Aspects cliniques de la borréliose de Lyme
Chez l’homme
a) La phase primaire (ou phase précoce localisée)
b) La phase secondaire (ou phase précoce disséminée)
c) Les manifestations générales
Les atteintes rhumatologiques
Les atteintes cardiaques
a) Les manifestations neurologiques
b) Les atteintes périphériques
1) Atteintes radiculaires sensitives
2) Atteintes motrices périphériques
3) Atteintes des nerfs crâniens
4) Atteintes centrales
5) Atteintes méningées
6) Atteintes oculaires
2.1Epidémiologie de la borréliose de Lyme
2.2 Eléments de bactériologie
2.3Cycle des Borrelia
2.4 Bases rationnelles du traitement de la maladie de Lyme
2.5Prophylaxie
2.5.1 Prophylaxie médicale
2.5.1.1 La vaccination
Chez l’homme
3 Les vecteurs
3.1Lutte contre les vecteurs
Les réservoirs
5 Rôles de la faune sauvage dans l’émergence des maladies infectieuses
5.1 Définition d’une émergence
5.1.2Les maladies infectieuses émergentes : d’hier à aujourd’hui
6 Alphaprotéobacteries : Rickettsiales
6.1 Rickettsia sp. Du groupe boutonneux
6.2 Manifestations cliniques
7La vie des tiques
487.1 Cycles de développement
7.2 Systématique
7.3 La famille des Ixodoidae, ‘’ tiques dures
7.3.1 Morphologie et Anatomie générale des Ixodidae
7.3.1.1 Ixodes spp
7.3.1.2 Rhipicephalus spp
7.3.1.3 Dermacentor spp
7.3.1.4 Hyalomma spp
7.4 La famille des Nuttalliellidae
7.5 Les Argasidae ou tiques molles
7.6 Pouvoir pathogène propre des tiques
7.6.1 Toxicité de la morsure
7.6.2 Contrôle des populations de tiques
7.6.3 Caractères zoonotiques des maladies à tiques
7.6.4 Répartition géographiques des zoonoses transmises par les tiques
7 .6.5Les bactéries considérées comme symbiontes de tique
7.6.6Les rapports Tique – Borrelia
7.6.7Par transmission trans-stadiale
7.6.8Par transmission trans-ovarienne
8 Ixodes ricinus
8.1 Biologie d’Ixodes ricinus
8.2Ecologie d’Ixodes ricinus
8.3Cycle de vie d’Ixodes ricinus
8.4Hôtes d’Ixodes ricinus
8.5Ixodes ricinus et la transmission d’agents pathogènes
8.6 Température et humidité, deux facteurs-clés dans le développementd’ixodes ricinus
8.7 Dynamique saisoniere
Chapitre 2
II – Matériels et méthodes
1- Objectif de l’étude
1.1Animaux
1.2 Zone d’étude
1.2.1 Séraidi
1.2.2 El-tarf
1.2.3 EL-KALA (zone El-Ghorra)
1.3 Collecte et identification des tiques
1.3.1 Technique de récolte
1.3.1.1 Collecte des tiques dures
1.3.1.2 Collecte de tiques molles
1.3.2 Prise desphotos
1.3.3 Conservation des tiques
1.3.4 Identification des tiques
2 – Détection des agents infectieux (Borrelia responsable de la Fièvres récurrentes et de la Maladie de lyme
2.1 Préparation de l’échantillon
2.1.1 L’extraction d’ADN
2.1.1.1 Broyage et pré-lyse d’ADN
2.1.1.2 L’extraction proprement dite d’ADN
3 qPCR (PCR quantitative en temps réel)
3.1 Préparation de Mix
4 La PCR standard (classique)
4.1 Programme d’amplification
4.2 Avantage de la PCR
5 La méthode du séquençage
5.1 La purification de l’ADN
Chapitre 3
III résultats et discussions
1 Identification des tiques Ixodes ricinus
2 Identification des tiques molles
3 Identification d’agents patogénes
Conclusion
Références bibliographiques
Annexe

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