Histoires d’entrepreneurs en situation de handicap social

Handicap social et entrepreneuriat

      Quelques années après la fin de ma thèse de sociologie, je revois un jeune sans domicile que je connais depuis une dizaine d’années. Je prends un rendez-vous avec Maxime pour réaliser un entretien enregistré sans savoir ce que je ferai vraiment des données, en reprenant son histoire, en lui demandant de ses nouvelles, en me laissant porter par ses réponses,. Cette rencontre donnera lieu à une publication en 2018 dans la revue Entreprendre et innover intitulée : « conversation avec un jeune entrepreneur qui dort dans la rue ». Les prénoms des différents informants cités dans cette recherche doctorale en sciences de gestion sont modifiés par respect de la confidentialité.
Julien Billion : Bonjour, peux-tu te présenter, nous parler de toi ?
Maxime : Je m’appelle Maxime, j’ai 29 ans, je suis SDF, sans emploi. Je cherche à m’en sortir dans la vie quand même. Je dors à Beaubourg ou place des Vosges quand il pleut.
JB : Quelle est ta relation avec ta famille ?
M : Je n’ai pas vraiment de relation familiale, excepté avec ma sœur qui est à Bordeaux mais que je vois très rarement. Des fois je la vois une fois par an. Des trucs comme ça. Sinon ma famille, c’est les gens de la rue, on va dire.
JB : Tu as suivi une formation ? Tu as un diplôme ?
M : Conducteur d’engin, chargeuse, livreuse et grue. C’est des engins de chantier pour faire des terrassements, des maisons, des routes. Sinon je suis maçon-terrassier, j’ai appris sur le tas, en fait. C’est une passion, la construction surtout la maçonnerie et la pierre, maçonnage de pierre, ou la pierre sèche. C’est vraiment ce que j’aime faire.
JB : Pourrais-tu raconter comment cela s’est passé pour toi à l’école ?
M : J’ai eu une scolarité normale jusqu’en cinquième. En fait, je supportais pas de rester assis sur une chaise pendant huit heures à emmagasiner des informations qui m’ont servi jusqu’en cinquième mais pas plus que ça pour ma vie. J’avais pas eu de problème majeur jusqu’en sixième. J’avais des bonnes notes, j’étais bien vu des professeurs, j’avais un bon bulletin scolaire. Mais j’ai changé de foyer car à l’époque j’étais en foyer donc ça m’a perturbé un peu peut-être… Et j’ai commencé à ne plus suivre les cours, à sécher. Et en cinquième j’ai arrêté parce que je supportais plus l’enfermement d’une salle de classe. A l’époque, je sentais que je ne faisais pas partie du groupe. J’étais à l’écart des gens parce que j’avais déjà goûté à la rue. Je faisais déjà des fugues… On va à l’école, on rentre, on va à l’école le lendemain, c’est pas ça. J’allais de temps en temps à l’école, c’était toujours pas trop bien avec les autres élèves et les professeurs…
JB : Il y a des histoires de violence ? T’as été renvoyé ?
M : Y en a qui ont mangé des chaises et tout. Ça a toujours été par rapport à ma vie, mon passé, qui je suis, d’où je viens, mes parents qui sont absents, tout le temps pas là. J’ai été expulsé, même viré définitivement. J’ai été viré du lycée, de plusieurs collèges, dans  plusieurs départements. Des histoires de taper des gens car ils avaient mal parlé, insulté les parents, des trucs comme ça, des conneries, des pétages de plombs. Et à la fin, on se fait virer.
JB : A la fin de cinquième, qu’est-ce que tu fais au niveau travail et formation ?
M : Je fais un CAP pâtisserie. Ça me plaît grave. J’y suis à trois, quatre heures du matin, jusqu’à 18h le soir. J’apprends la pâtisserie, confiserie. Je fais ça pendant un an et demi. Après, mon patron il est parti en retraite. Vu que j’étais le petit apprenti du nouveau patron, ça passait pas. J’étais pas un employé normal, je lui faisais pas gagner d’argent. J’ai arrêté. On ne te traitait pas comme une merde mais presque. On est rabaissé si on se trompe alors qu’on est en formation. J’étais pas stable. Je suis plus stable dans ma tête qu’avant mais avant j’étais vraiment pas stable. Après ça, j’ai vraiment été à la rue, à la rue. « Je suis taré », je me suis dit. Je fais plus rien derrière ça. Je vais de boulot en boulot. Là où le vent me mène. Je trouve un travail là, je le fais. Je peux bosser, je bosse. Je peux pas bosser, je fais la manche.
JB : Et quand tu bosses, qu’est-ce que tu cherches ? Qu’est-ce qu’on te propose ?
M : Ça dépend. Y a débroussaillage dans les jardins. Après, c’est là que commence le bâtiment pour moi. Puis y a les saisons, les vendanges, les pêches, les abricots. C’est du bouche-à-oreille, puis souvent je propose. Après si vraiment je cherche du travail déclaré chez un patron, je vais à Pôle Emploi prendre des annonces. Je prends l’adresse, le numéro et puis j’y vais sans passer par eux.
JB : Sur les quatorze dernières années, combien d’années tu as travaillé à ton avis ?
M : Entre cinq et huit ans, en comptant tout à la suite.
JB : Cela veut dire que tu as travaillé un mois sur deux depuis que tu as fini ton CAP ?
M : En fait, une fois sept mois, une fois huit mois, une fois deux ans. Il y a une année où j’ai rien foutu et une autre où je suis parti au Maroc où je suis resté trois mois. C’était pour une œuvre humanitaire…
JB : Quand tu travailles, tu as un bulletin de salaire ?
M : Ouais, des fiches de paie. Mais là j’en ai plus trop. J’en ai plus du tout. Je les ai toutes jetées, perdues. Ça me sert à rien, ça me chauffe pas, ça me fait pas manger. Sur le coup oui, mais après… Rien que cette année, j’ai travaillé six mois. Trois mois avec des fiches de paie, trois mois à mon compte.
JB : Tu cherches un travail tous les jours ou est-ce que la manche, ça te suffit ? Est-ce que tu as besoin d’un travail ?
M : Depuis le CAP, j’ai quand même bien travaillé. Depuis la fin de CAP, j’ai travaillé un bon moment. Déjà deux ans à mon compte.
JB : Qu’est ce que t’appelles à ton compte ? Au black ?
M : Non ! Déclaré avec un numéro de SIRET. Auto-entrepreneur pour le dernier carrelage.
JB : Et tu as passé ce chantier sur le compte de ton entreprise ?
M : Ça rentrait. Faut pas dépasser 32.000 euros. Cette année, j’ai fait que 7.000 euros.
JB : Comment as-tu trouvé ce travail ?
M : Par un ami, mais après c’est une recherche de clientèle, c’est du porte-à-porte, du bouche-àoreille, de la sous-traitance pour beaucoup de choses.
JB : T’as travaillé combien de mois en tant qu’auto-entrepreneur ?
M : Deux ans et demi.
JB : Quels types de job ?
M : Ça a été au début nettoyage de bâtiment à Paris. Après j’ai changé de nom de la boîte, de spécialité. Je suis passé de nettoyage de bâtiment à terrassement.
JB : Tu as changé de numéro de SIRET ?
M : Non, le numéro de SIRET ne change pas. Ça reste à vie. Chaque personne, chaque entreprise a son numéro de SIRET si on s’inscrit en tant qu’auto-entrepreneur.
JB : Pourquoi as-tu créé ton entreprise ? Pourquoi le statut d’auto entrepreneur ?
M : Parce que tu déclares ce que tu veux, en fait. L’État n’est pas toujours derrière toi pour savoir le client que tu as.
JB : Tu connaissais le statut d’auto-entrepreneur ?
M : Je connaissais. Mon frère l’était. Il me l’a dit mais sans plus et puis moi, j’ai regardé Internet et tout. À l’époque, on voulait travailler ensemble, chacun son auto-entreprise, mais quand on travaille on fait les choses ensemble. Il a une spécialité et moi aussi. On se complète. Dans le truc d’autoentrepreneur, y a plein de trucs où il faut les diplômes. Pour moi, y’a que dans le terrassement où il ne faut pas de diplôme pour créer son entreprise. Je peux acheter un engin et dire je suis terrassier et faire des travaux chez les gens. Y a aucun souci.
JB : Toutes les informations sur l’auto-entreprise, c’est par Internet ?
M : Internet, la chambre des métiers, la chambre de commerce. Je me rendais là-bas. Après, c’est bien de travailler un petit peu déclaré, pas assez pour payer des impôts mais juste ce qu’il faut…
JB : Quand tu ne passais pas par l’auto-entrepreneur, c’était quel type de boulot, c’était en CDD ? Est-ce que t’as déjà eu des CDD ?
M : Oui, j’ai même eu des CDI. C’était des CDD de trois mois, six mois. Je faisais tout : magasinier, manœuvre. Après j’ai beaucoup bossé au black aussi. Si je compte les jours comme ça. Après y’a les travaux que je fais pour le collègue, pour les aider gratuitement.
JB : Au black, c’est toujours dans le bâtiment ?
M : Au black, je peux construire une maison. Ça coûte moins cher qu’une entreprise. Moi, c’est la pose. Je coûte beaucoup moins cher. C’est les prix entreprise car avec mon numéro de SIRET, j’ai des rabais. Au black, je fais tout en fait. Je fais tout au black. Pas les vendanges. Je suis toujours déclaré. Je fais quoi au black, ramassage des abricots. A Paris, y a une dame qui me prenait pour porter des vêtements des magasins à un autre.
JB : Comment l’as-tu trouvée, cette dame ?
M : Dans la rue. Je faisais la manche, elle est venue me voir. Ça t’intéresse de te faire un petit billet ? Tu ramènes ça là-bas.
JB : Si tu as le choix, tu préfères travailler au black, avec un contrat, ou en tant qu’auto-entrepreneur?
M : Je préfère en tant qu’auto-entrepreneur mais je préfère quand même au black on va dire. On ne donne rien à l’État. Que dalle. C’est tout dans notre poche, payé en liquide.
JB : Et tu as déjà eu un CDI ?
M : Oui, j’en ai eu un. En 2009, pour faire magasinier dans un petit Casino à 1.200 euros par mois. Cette personne reste un ami qui me dit que j’ai bien fait de pas rester car de toute façon, il m’aurait licencié économiquement car ils ne pouvaient plus payer.
JB : Quels ont été tes rapports avec tes employeurs ? Est-ce que t’as été renvoyé ? Est-ce que c’est toi qui est parti ?
M : J’ai été renvoyé, je me suis barré. Il y en a un à qui en a qui j’ai jamais demandé la paye parce qu’il fallait plus qu’on se voie. Il y en avait avec qui ça s’est très, très bien passé. Je suis toujours en contact. S’ils ont besoin d’aide, ben je suis là.
JB : Est-ce que tu sais pourquoi tu demandes ta paye ou pas ?
M : Ben y en a qui peuvent se faire taper, vu leur comportement, leur façon de parler. On est travailleur d’accord. On est rentable mais on n’est pas des animaux, on est humain. Un employé, si tu veux qu’il fasse du bon boulot, il faut lui dire quand ça va pas, s’il s’est trompé quelque part. Mais y en avait vraiment ils te parlent comme si t’étais un chien.
JB : Et quand tu as été renvoyé, c’était pour quoi ?
M : J’ai tapé quelqu’un, il parlait mal. Il a dit les mots qu’il fallait pas, je l’ai tapé, c’est comme ça.
JB : Et quand tu partais, c’est parce que tu ne les supportais plus ?
M : Ouais, c’est trop.
JB : Est-ce que tu te verrais avoir un CDI, rester au même endroit ?
M : Si j’avais un CDI dans ce que je veux faire, ok. Si j’ai un CDI en taille de pierre, je prends. Je veux habiller des maisons, construire des murs en pierre. Si une mairie me propose chaque mois 1200 euros, tous les murs à refaire, tous les chemins, les petits escaliers en pierre, je le refais.
JB : Tu cherches un boulot actuellement ou tu vis comme ça ?
M : Pour l’instant c’est pas le luxe, mais je m’en contente. Pour l’instant, c’est comme ça.
JB : C’est pas prioritaire le boulot ?
M : Non, pour l’instant, j’ai d’autres projets qui vont faire que je vais toucher mon but.
JB : Quel est ton projet ? Qu’est ce que t’as envie de faire ?
M : Pour l’instant, je vais mettre 1.500, 2.000 euros de côté, un peu à la manche, un peu en vendant mes petites bougies. Je vais vendre certaines choses, ça va me rapporter de l’argent… Une fois que j’ai cette somme-là, 1.500 euros, 2.000 euros, je vais passer mon permis et voir pour trouver un camion. Je prends la route. L’auto-ethnographie reflète le besoin d’introspection (Ellis, 2004). Cette conversation constitue un tournant scientifique. La « conversation » est l’occasion de recueillir des insights, des pistes d’innovations potentielles, des éléments d’étude (De Montety & Patrin-Leclère, 2011). Un de ses effets productifs est de faire émerger la sérendipité. Elle met en relief de manière très nette la thématique de l’entrepreneuriat comme mode de travail d’un jeune sans domicile. Je décide d’exploiter cette conversation, de réexploiter les données collectées dans ma recherche doctorale en sociologie en me focalisant sur l’entrepreneuriat dans le cas des jeunes sans domicile à Paris et à New York. Dans le même temps, je souhaite découvrir d’autres formes de handicap et je m’oriente vers le handicap moteur et sensoriel.

L’ENTREPRENEURIAT

        L’entrepreneuriat correspond à une solution professionnelle de plus en plus envisagée par les personnes handicapées et a été promu comme une stratégie de lutte contre la pauvreté pour combattre la prévalence du chômage, du sous-emploi au cours des deux dernières décennies (Caldwell et al., 2020). Il peut se traduire par la création, le développement ou la reprise d’une entreprise. Si les termes d’entrepreneuriat et de travail indépendant ont été utilisés de manière interchangeable dans la littérature pour les personnes en situation de handicap, des différences conceptuelles importantes prennent forme entre eux (Yamamoto, Unruh & Bullis, 2011). Le travail indépendant vise à employer une seule personne, dans le but d’atteindre l’autosuffisance financière. L’entrepreneuriat, quant à lui, est orienté vers le profit, et vise à créer non seulement des emplois pour un individu, mais aussi d’autres emplois liés à la croissance de l’entreprise (Parker Harris et al., 2013). Néanmoins, différents types d’entrepreneuriat existent. Alors que l’entrepreneuriat commercial est uniquement orienté vers la croissance et le profit, l’entrepreneuriat social présente également une mission sociale. Les entrepreneurs sociaux sont souvent motivés par leur expérience personnelle des problèmes sociaux et des besoins non satisfaits. De plus, la mission de leur entreprise se mêle à leurs valeurs sociales (Austin & Stevenson, 2006). L’entrepreneuriat social peut ainsi constituer un modèle d’emploi efficace des personnes handicapées, même s’il est actuellement sous-utilisé (Parker, Renko & Caldwell, 2014). Il correspond pourtant à une source d’opportunités et d’innovations réussies (Ouimette & Rammler, 2017). L’entrepreneuriat peut être appréhendé comme un moyen d’accéder, selon Olmedo-Cifuentes & Martínez-León (2019) à l’autonomie de la personne en situation de handicap. La création de sa propre activité professionnelle manifeste la montée en compétence et le développement de son potentiel. Elle permet alors d’accéder à l’emploi, de casser les plafonds de verre, de s’émanciper professionnellement, d’acquérir une indépendance financière et de s’épanouir. Elle permet également de contourner les discriminations potentielles (Maritz & Laferrière, 2016). L’entrepreneur en situation de handicap souhaite alors contrôler sa destinée (Ashley & Graf, 2017). Il occupe également une place, un rôle, fait partie intégrante de la vie en société. Lorsque l’entrepreneur emploie d’autres travailleurs, en situation de handicap ou non, il participe d’autant plus de manière effective à l’économie locale, nationale et parfois internationale. Ceci constitue une source d’inclusion sociale et peut engendrer aussi de la fierté, de la reconnaissance, de la dignité et de l’estime de soi. L’accessibilité à l’emploi et à l’entrepreneuriat élargit donc le champ de liberté d’action, de développement personnel et de réalisation de soi.

BRAHIM ET LES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP VISUEL

        Brahim évoque la recherche à Jean, 60 ans. Malvoyant au début de sa carrière, il travaille en tant que comptable salarié. Puis, il crée une entreprise dans l’informatique. Il se déplace, sans canne, en bus et en métro. Sa maladie s’aggrave, et il perd totalement la vue à 32 ans. Il décide de se reconvertir pour devenir kinésithérapeuthe. Depuis 20 ans, il exerce cette profession en libéral dans un centre de santé. Il possède son cabinet et loue une partie du local à des kinésithérapeutes libéraux. Son entreprise fonctionne convenablement. Ses expériences antérieures dans la comptabilité et l’informatique lui servent en tant qu’entrepreneur. Ses préoccupations portent sur l’accessibilité aux non-voyants des appareils électroniques et des logiciels professionnels. En tant que président d’une association, il se bat notamment pour que ce type de logiciel soit accessible, et défend les droits des personnes déficientes visuelles à exercer ce métier. Un jour, Jean appelle Claire de manière impromptue au saut du lit. Le deuxième entretien est long, riche et agréable. Il conseille de ne pas traduire en braille mais de  prévoir un PDF adapté pour l’ouvrage que nous souhaitons publier. Il accepte également de réaliser le troisième entretien. « Le plus facile, ce serait par téléphone ». Ce dernier entretien est sympathique, rapide et efficace. Jean nous met également en contact avec un entrepreneur aveugle, ce qui démontre que le bouche-àoreille et la mise en réseau fonctionnent très favorablement par type de handicap. Tristan, 47 ans, titulaire d’un niveau master, travaillait au début de sa carrière au sein d’une entreprise pharmaceutique. Il décide de devenir entrepreneur, après plusieurs années de réflexion. Il se lance en s’associant avec une amie également déficiente visuelle. Son entreprise est lancée depuis deux ans et fonctionne relativement convenablement. Son cœur de métier est associé au développement d’une plateforme web fournissant des contenus de formation à destination des déficients visuels. Tristan a réussi à imposer une image de marque au cours du temps. Il considère que son handicap affecte de manière positive son entreprise sur de nombreux points. Tout d’abord, sa cécité demeure à l’origine de sa motivation à créer une entreprise, et contribue également à sa réputation. Sa force consiste à former des déficients visuels à partir d’un vécu, d’un quotidien empreint de difficultés que les personnes formées rencontrent aussi. La contrepartie est que l’entreprise s’adresse à une niche, à un marché relativement restreint. Par ailleurs, ses clients sont encore relativement habitués aux services gratuits, et éprouvent donc des difficultés à comprendre l’obligation de payer. Tristan note aussi des difficultés relatives à l’aspect administratif lié à l’entrepreneuriat et à l’accessibilité aux informations. Avec son associée, ils développent beaucoup la formation à distance. Durant les trois entretiens, Tristan se montre avenant. En réponse d’email à la sollicitation pour le troisième entretien, il transmet son questionnaire rempli et démontre son intérêt pour cette recherche. « J’espère que vous avez reçu suffisamment de réponses à vos enquêtes ». Brahim demeure très actif pour trouver des informants. Il nous oriente vers Gabriel, un autre entrepreneur kinésithérapeuthe aveugle. Âgé de 62 ans, retraité kinésithérapeute et ostéopathe, il est chevalier de l’ordre national du mérite. Il devient entrepreneur par nécessité administrative. Il est à l’origine locataire d’une association qui lui permet d’exercer son activité dans leurs locaux. Cependant, la réglementation évolue. Le conseil d’administration de l’association, propriétaire des lieux, lui laisse alors deux options : partir ou créer une société. Il décide alors de fonder une entreprise rassemblant, dans le même lieu, des kinésithérapeutes voyants et déficients visuels. « Alors mon handicap, c’est le handicap visuel. Il ne fait que s’aggraver ». Les déplacements et la prise de contact avec les documents s’avèrent difficiles. Pendant les trois entretiens réalisés par téléphone, Gabriel se montre très gentil, incisif, parfois sans filtre, rapide et constructif. « Je pense que par téléphone ce sera plus facile ».

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA RECHERCHE SUR LA JEUNESSE SANS DOMICILE
PROFIL DES INFORMANTS
TRAJECTOIRES SOCIALES SINGULIÈRES ET COMMUNES
JEUNESSE SANS DOMICILE ET HANDICAP SOCIAL
HANDICAP SOCIAL ET ENTREPRENEURIAT
ANNONCE DU PLAN : UNE THÈSE SUR TRAVAUX EN DEUX PARTIES
PARTIE I 
INTRODUCTION DE LA PARTIE I
CHAPITRE I UNE RECHERCHE SUR LE HANDICAP MOTEUR OU SENSORIEL 
1.1. INTRODUCTION DU CHAPITRE I
1.2. UNE PRÉSENTATION DE LA NOUVELLE RECHERCHE SUR LES ENTREPRENEURS EN SITUATION DE HANDICAP MOTEUR OU SENSORIEL
1.2.1. LE HANDICAP
1.2.2. L’ENTREPRENEURIAT
1.2.3. L’ENTREPRENEURIAT DES ENTREPRENEURS EN SITUATION DE HANDICAP : UN SUJET PEU TRAITÉ
1.2.4. LES OBJECTIFS DE CETTE RECHERCHE
1.2.5. UNE PRÉSENTATION SUCCINCTE DES INFORMANTS
1.3. LES ENTREPRENEURS EN SITUATION DE HANDICAP : UNE REVUE DE LITTÉRATURE
1.3.1. LA MÉTHODOLOGIE ET LA REVUE SYSTÉMATIQUE DE LA LITTÉRATURE
1.3.2. LE PROFIL PARTICULIER DES ENTREPRENEURS EN SITUATION DE HANDICAP
1.3.2.1. LE CHOIX DU TRAVAIL INDÉPENDANT, DE L’ENTREPRENEURIAT ET DE L’ENTREPRENEURIAT SOCIAL
1.3.2.2. LA MOTIVATION ET LES OBSTACLES À SURMONTER
1.3.2.3. LE TRAVAIL DE L’IMAGE DE SOI ET LA PERSONNALITÉ
1.3.2.4. L’IMPORTANCE DES COMPÉTENCES ET DE LEUR DÉVELOPPEMENT
1.3.3. UNE MISE EN PERSPECTIVE DE L’ENTREPRENEURIAT AU PRISME DU HANDICAP
1.3.3.1. LE POSITIONNEMENT DE L’ENTREPRENEUR EN SITUATION DE HANDICAP EST-IL RÉELLEMENT SINGULIER ?
1.3.3.2. DE L’IMPORTANCE DE LA RECHERCHE SUR LE HANDICAP POUR MIEUX COMPRENDRE LE PHÉNOMÈNE ENTREPRENEURIAL
1.3.4. L’ENTREPRENEURIAT ET LE HANDICAP : UNE THÉMATIQUE DE RECHERCHE À SON DÉMARRAGE
1.4. SYNTHÈSE DU CHAPITRE I
CHAPITRE II LE POSITIONNEMENT ET LA PROBLÉMATIQUE 
2.1. INTRODUCTION DU CHAPITRE IV
2.2. LE POSITIONNEMENT
2.2.1. UN PARCOURS À LA LUMIÈRE DE LA RÉFLEXIVITÉ
2.2.2. UN CHERCHEUR MÉTIS
2.2.3. LES AVANTAGES DU CHERCHEUR MÉTIS
2.2.4. LES INCONVÉNIENTS DU CHERCHEUR MÉTIS
2.2.5. DE LA SOCIOLOGIE VERS LES SCIENCES DE GESTION
2.3. LA PROBLÉMATIQUE
2.4. SYNTHÈSE DU CHAPITRE II
CHAPITRE III LA THÉORIE DE L’EFFECTUATION 
3.1. INTRODUCTION DU CHAPITRE II
3.2. LES THÉORIES ENTREPRENEURIALES ÉMERGENTES : EFFECTUATION ET BRICOLAGE
3.3. LA THÉORIE DE L’EFFECTUATION ET SES ÉVOLUTIONS
3.3.1. LES PRÉMISSES DE LA THÉORIE DE L’EFFECTUATION
3.3.2. LES PRINCIPES DE LA THÉORIE ET APPROFONDISSEMENTS
3.4. LA PRÉSENTATION D’UNE REVUE DE LITTÉRATURE SUR L’EFFECTUATION
3.4.1. UNE MÉTHODOLOGIE STRUCTURÉE ET PRÉCISE
3.4.2. LES RÉSULTATS ET LES PERSPECTIVES
3.5. UNE NOUVELLE REVUE DE LITTÉRATURE
3.5.1. UNE REVUE DE LITTÉRATURE DANS LA CONTINUITÉ DE GRÉGOIRE & CHERCHEM
3.5.2. DE NOUVEAUX RÉSULTATS
3.5.3. DES RECHERCHES LIMITÉES SUR LE TERRITOIRE
3.6. SYNTHÈSE DU CHAPITRE III
CHAPITRE IV UNE MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE INNOVANTE
4.1. INTRODUCTION DU CHAPITRE III
4.2. UNE STRATÉGIE DE RENCONTRE
4.2.1. UNE PRISE DE CONTACT AVEC LES INFORMANTS
4.2.2. UN ÉCHANTILLON TRÈS QUALITATIF
4.3. L’ENTRETIEN ET LA CARTOGRAPHIE
4.3.1. LE PREMIER ENTRETIEN EXPLORATOIRE
4.3.2. LE DEUXIÈME ENTRETIEN ET LA CARTOGRAPHIE
4.3.3. LE TROISIÈME ET DERNIER ENTRETIEN
4.4. LES RENCONTRES AVEC LES INFORMANTS
4.4.1. LE RÉSEAU DES CHERCHEURS
4.4.1.1. LES AMIS
4.4.1.2. LES PAIRS
4.4.1.3. L’ENTREPRENEURIAT
4.4.1.4. L’ENTREPRISE
4.4.1.5. L’ASSOCIATION
4.4.2. UNE MISE EN RELATION PAR LES INFORMANTS
4.4.2.1. BRAHIM ET LES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP VISUEL
4.4.2.2. MALIK ET LES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP MOTEUR
4.4.2.3. JESSICA ET LES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP AUDITIF
4.5. SYNTHÈSE DU CHAPITRE IV
PARTIE II 
INTRODUCTION DE LA PARTIE II
CHAPITRE V « « DÉJÀ 2 ANS A MON COMPTE ». HISTOIRE D’UN JEUNE SANS DOMICILE RÊVEUR ET ENTREPRENEUR ». (TRAVAIL I) 
5.1. INTRODUCTION
5.2. L’ENTREPRENEURIAT DANS LE CAS DES JEUNES SANS DOMICILE
5.3. LA THÉORIE DE L’EFFECTUATION
5.4. LES RÊVES
5.5. LE PROTOCOLE ETHNOGRAPHIQUE
5.6. MAXIME, UNE HISTOIRE PRIVILÉGIÉE
5.7. LES RÊVES D’ENTREPRENEURIAT
5.8. LA CRÉATION DE SON ENTREPRISE
5.9. DISCUSSION
5.10. CONCLUSION
CHAPITRE VI FROM PENN STATION TO MIDTOWN, NEW YORK : THE INFORMAL ENTREPRENEURS IN THE CASE OF HOMELESS YOUTHS AND OF THEIR SURVIVAL STRATEGIES. (TRAVAIL II) 
6.1. INTRODUCTION
6.2. LIMINALITY THEORY AND HOMELESSNESS
6.2.1. NON-TRADITIONAL SPACES AS LIMINALITY EXAMPLES
6.2.2. ENTREPRENEURIAL TERRITORIES IN THE CASE OF HOMELESS YOUTH
6.3. OUR METHODOLOGY : COMBINING ETHNOGRAPHIC WORK WITH SPATIAL ANALYSIS
6.4. MIDTOWN AND PENN STATION, TERRITORIES OF INFORMAL ENTREPRENEURSHIP
6.5. DISCUSSION
6.6. CONCLUSION
CHAPITRE VII « I WILL HAVE MY OWN PLACE ». LA FORMATION À L’ENTREPRENEURIAT DES JEUNES SANS DOMICILE À PARIS ET À NEW YORK. (TRAVAIL III) 
7.1. INTRODUCTION
7.2. LA BIFURCATION, LA RUPTURE ET LES TURNING POINTS
7.3. LE PROTOCOLE ETHNOGRAPHIQUE
7.4. DES LIENS FRAGILES AVEC L’EMPLOI
7.5. LES RUPTURES AVEC L’EMPLOI
7.6. LES RÊVES D’ENTREPRENEURIAT
7.7. UNE FORMATION À L’ENTREPRENEURIAT
7.8. CONCLUSION
CHAPITRE VIII L’ENTREPRENEUR. « IL FAUT ÊTRE GONFLÉ » 4. (TRAVAIL IV) 
8.1. LE CHOIX DE L’ENTREPRENEURIAT
8.1.1. L’EXPÉRIENCE DU CHÔMAGE
8.1.2. L’EXPÉRIENCE NÉGATIVE EN ENTREPRISE « CLASSIQUE »
8.1.3. L’EXPÉRIENCE DU HANDICAP
8.1.4. L’ESPRIT ENTREPRENEURIAL
8.1.5. UNE IDÉE POUR ENTREPRENDRE
8.2. UNE TYPOLOGIE D’ENTREPRENEUR
8.2.1. L’ENTREPRENEUR JUNIOR
8.2.2. L’ENTREPRENEUR CONFIRMÉ
8.2.3. L’ENTREPRENEUR SÉNIOR
8.2.4. L’ENTREPRENEUR SÉNIOR HYBRIDE
8.2.5. L’ENTREPRENEUR EN SÉRIE
8.2.6. L’ENTREPRENEUR À L’ARRÊT
8.3. LE SECTEUR D’ACTIVITÉ
8.3.1. LE HANDICAP
8.3.2. DES ACTIVITÉS HYBRIDES OU MULTIPLES
8.3.3. HORS DU SECTEUR DU HANDICAP
8.4. LES TRAITS DE PERSONNALITÉ DE L’ENTREPRENEUR
8.4.1. L’ANGOISSE
8.4.2. LA FORCE MENTALE
8.4.3. LE MARKETING DU SOI ET DU HANDICAP
8.4.4. L’ADAPTATION ET L’ANTICIPATION
8.4.5. L’INNOVATION
8.4.6. L’ENGAGEMENT
CHAPITRE IX L’ÉCOSYSTÈME. « J’AI DES PILIERS »5. (TRAVAIL V) 
9.1. L’ENTOURAGE
9.1.1 LA FAMILLE ET LES AMIS : UN PREMIER CERCLE ÉVENTUEL DE SOUTIEN
9.1.2. UN CERCLE PROFESSIONNEL PROCHE
9.1.3. LES DIVERSITÉS D’ACCOMPAGNEMENT DU HANDICAP
9.2. LES ACTEURS TIERS
9.2.1. UN ÉTAT DES LIEUX
9.2.2. LES CLIENTS
9.2.3. LES PRESTATAIRES
9.2.4. LES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES
9.2.5. LES FINANCEURS
9.2.6. LES PARTENAIRES NON FINANCEURS
CHAPITRE X L’INTÉGRATION PROFESSIONNELLE DE DEUX MASSEURSKINÉSITHÉRAPEUTES AVEUGLES. (TRAVAIL VI) 
10.1 INTRODUCTION
10.2. INTÉGRATION PERSONNELLE
10.3. INTÉGRATION INTERPERSONNELLE
10.4. INTÉGRATION PAR L’ACCESSIBILITÉ DES LIEUX ET DU MATÉRIEL DE TRAVAIL
10.5. INTÉGRATION PAR L’ACCESSIBILITÉ DES TRANSPORTS ET LA MOBILITÉ
10.6. CONCLUSION
CONCLUSION GÉNÉRALE
LES ENTREPRENEURS EN SITUATION DE HANDICAP MOTEUR OU SENSORIEL
LE DEVENIR DES HANDIPRENEURS
LES RÊVES DES HANDIPRENEURS
LA THÉORIE DE L’EFFECTUATION ET LE HANDICAP
UNE APPROCHE CRITIQUE DE LA THÉORIE DE L’EFFECTUATION
UNE APPROCHE CRITIQUE DE L’ENTREPRENEURIAT
LES ENTREPRENEURS EN SITUATION DE HANDICAP SOCIAL, MOTEUR OU SENSORIEL SONT-ILS DES HÉROS ?
CONTRIBUTIONS GÉNÉRALES DE LA THÈSE
LES LIMITES DE CETTE RECHERCHE DOCTORALE
ÉPILOGUE
BIBLIOGRAPHIE
RÉSUMÉ

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