En Afrique subsaharienne, l’usage du cheval s’est répandu avec une importance à la fois sociale, économique et culturelle. En effet, le cheval est considéré comme un humble compagnon de labeur de l’homme et asservi aux tâches les plus rudes (travail dans les champs, travail dans les mines). Venu s’ajouter aux troupeaux de chèvres et de moutons, il fournissait aux peuples nomades de la viande fraîche, des peaux pour les vêtements et les tentes, du crottin qui, séché, servait de combustible ainsi que du lait de jument, une boisson appréciée. Mais rapidement les bergers qui se sont rendus compte qu’il pouvait être monté ou encore attelé et porter des charges, utilisèrent sa force motrice, au même titre que celle du bœuf et de l’âne. Dès lors, il prend une place de choix dans les rites, dans les cérémonies religieuses ou coutumières, dans les chasses, les combats, le sport, les loisirs et le prestige (7; 42). Ces activités sont connues en Afrique depuis l’époque des pharaons d’Egypte vers 1700 ans avant J.C. (19). L’utilisation de la traction hippomobile a également pris de l’importance dans le transport de marchandises et dans l’agriculture; les armées préférant peu à peu la cavalerie légère dans les Escadrons montés. Les chevaux de « parade » ou d’équitation ont commencé à s’épanouir dans plusieurs pays. Cet engouement pour le cheval trouve sa justification non seulement dans le rôle éducatif et de vecteur d’insertion sociale que peut jouer le cheval, mais aussi dans le gain financier qu’il apporte à travers le jeu au Pari Mutuel Urbain (PMU) très en vogue en Afrique. L’ensemble de ce processus de valorisation du cheval, a favorisé le développement progressif de différents métiers liés à cet animal. Un grand nombre d’emplois formels et informels a été créé en milieux rural et urbain.
La promotion de l’élevage équin et des activités liées au cheval apparaît comme une opportunité pour certains pays africains, notamment ceux à grand effectif de chevaux, comme l’Ethiopie, le Niger, le Nigéria, le Sénégal ou le Tchad de créer des activités rémunératrices dans le contexte actuel de lutte contre la pauvreté et le chômage.
Selon le rapport de l’organisation Internationale du Travail (OIT) et le Programme des Nations Unies pour le Développement ( PNUD), les nouveaux chercheurs d’emploi qui entreront sur le marché du travail en Afrique subsaharienne, atteindront environ 10,4 millions en 2008. Pour ce faire, l’Afrique devra aller au-delà des programmes de stabilisation et d’ajustement structurel et lancer des stratégies de croissance fondées sur l’investissement, propres à créer des emplois et à réduire la pauvreté (23). La contribution du sous-secteur de l’élevage, et particulièrement la filière équine dans le plan stratégique, est une alternative aux politiques nationale, sous-régionale ou régionale africaines d’accroissement des revenus et de lutte contre le chômage.
HISTOIRE NATURELLE DU CHEVAL
Evolution phylogénétique du cheval
L’histoire naturelle du cheval a commencé, il y a 60 millions d’années, bien avant l’apparition de l’homme. Des fossiles de cette période (Eocène) ont été retrouvés dans le sud des Etats-Unis d’Amérique et en Europe, ce qui a permis de reconstituer l’ancêtre le plus lointain du cheval : Eohippus. Encore appelé Hyracotherium, Eohippus descendait des Condylarthres qui vivaient il y a 75 millions d’années. De la taille d’un chien à l’origine, le genre Eohippus était pourvu respectivement de 4 et 3 rayons digitaux aux membres antérieur et postérieur. Il était vraisemblablement capable de courir aussi vite que le cheval actuel, soit environ 60 km/h. Situé au début d’une des histoires les plus intéressantes de la paléontologie, celle de la lignée des chevaux, Hyracotherium a évolué pour s’adapter aux changements du milieu, passant progressivement des forêts marécageuses, où il se nourrissait de feuilles, aux vastes steppes herbeuses où il peut paître et galoper en hardes nombreuses. Les modifications les plus importantes de l’histoire du cheval se sont produites vers 25 à 20 millions d’années avant notre ère avec l’apparition de Merychippus. Animal plus lourd et mesurant près de un mètre, Merychippus voit le renforcement du 3ème rayon osseux de ses membres marquant ainsi le début de l’organisation monodactyle (24). De ce processus de changements, est apparu le genre Pliochippus, précurseur du véritable cheval, Equus caballus, il y a moins d’un million d’années. A partir de son berceau nord-américain, il s’est répandu en Europe et en Asie pour donner naissance à trois groupes de chevaux primitifs considérés comme les ancêtres de tous les chevaux modernes actuels ; Equus caballus prjevalski vivant en Mongolie, Equus caballus gmelini, cheval plus évolué des plateaux d’Europe Orientale et d’Ukraine, dont le tarpan polonais serait l’un des derniers survivants et Equus Caballus silvaticus, un cheval plus lourd et plus lent des forêts d’Europe septentrionale (7;19). Entre temps, l’ancêtre du cheval a atteint l’Afrique et donner vraisemblablement naissance à l’âne, au zèbre et à différents types de chevaux dits autochtones : le cheval Mbayar ou du Cayor au Sénégal, le cheval malinké, le cheval mossi etc. et les poneys de Torodi, de Bobo, de Cotoccoli .
Domestication du cheval
La domestication de certaines espèces animales est la plus ancienne expérience biologique de l’humanité. Il y a domestication lorsque des animaux depuis longtemps apprivoisés, vivent auprès de l’homme pour l’aider ou le distraire en se reproduisant dans les conditions fixées par ce dernier (19). Le genre Equus occupe une place toute particulière dans l’histoire de la domestication des animaux. En effet, le cheval sauvage était une proie de choix pour l’homme préhistorique (7). Lorsque l’homme commença sa domestication vers le IVème millénaire avant J-C., probablement en Asie centrale, la nature l’avait déjà transformé en l’une des créatures les plus robustes (700 à 800 kg), les plus douées et les plus fascinantes du règne animal. Plus tard, c’est un bel animal, vif, rapide qui retient toute l’attention de l’homme. On le capture, on l’élève, on le dresse, il tire, il porte. Et soudain on le monte ! Grâce à lui, les distances s’estompent, les horizons s’élargissent; le monde s’ouvre aux conquérants ! C’est le début de la grande aventure des rapports passionnels entre l’homme et le cheval ; l’humanité va ainsi vivre « à la vitesse du cheval ».
Domestiqué donc, le cheval se répand avec l’homme sur tous les points du globe où il s’adapte au climat et au sol. C’est en effet certainement l’animal qui a montré les plus merveilleuses facultés d’adaptation.Les premiers chevaux domestiques arabes, furent introduits en Egypte par les tribus nomades Hykos en provenance du nord-est de la Syrie. Les Arabes venus d’Orient pour apporter l’Islam au Magreb vers le VIIème siècle, s’en servirent laissant parfois sur place les quelques chevaux arabes qui donnèrent plus tard les chevaux barbes des régions berbères. Vers le XIII ème siècle, à la faveur des activités commerciales et de la conquête islamique, les races nord africaines ont été diffusées dans toute la zone soudano-sahélienne où sous l’action de l’homme et de la nature, ils ont donné naissance à différents types de chevaux dont le cheval du Sahel. Le cheval du Sahel comporte lui même des variantes : les chevaux fleuves et les chevaux foutanké du Sénégal. Progressivement, la race barbe a supplanté en Afrique de l’ouest les poneys dont l’aire d’extension actuelle est réduite à certaines régions de la bande soudano sahélienne (32). Plus récemment, des propriétaires ou éleveurs de chevaux, et certains centres de recherches zootechniques ont introduit dans l’élevage africain divers chevaux étrangers de pur-sang ou de demi-sang pour exploiter leur performance ou les utiliser dans l’amélioration des races locales africaines ; cela a contribué au développement de lignées adaptées à des tâches spécialisées : on trouve des chevaux de selle et des chevaux de harnais spécialement adaptés aux allures des courses, des chevaux de trait et des poneys à polo (33). Ces comportements de l’homme et de la nature ont lourdement contribué à modifier et à rendre hétérogène la composition ethnologique actuelle du cheptel chevalin d’Afrique subsaharienne dont l’effectif estimé pour l’année 2002, est de 2,765 millions de têtes (16). Venu s’ajouter aux autres espèces animales déjà domestiquées (chien, mouton, chèvre, bœuf et porc), le cheval, de par sa vitesse de fuite et son endurance nettement supérieures à celles du bœuf, ne tardera pas à se voir octroyer une place de premier rang.
Histoire de l’équitation
Définie comme l’art de la conduite et de l’emploi du cheval, l’équitation n’aurait vu le jour que vers 1500 ans avant J-C. Son histoire se rattache chez tous les peuples à leur histoire militaire (26). En effet, si l’utilisation du cheval comme moyen de transport et de traction ne demande qu’un dressage restreint, obtenu par routine ; il est indispensable de disposer d’une monture parfaitement obéissante et suffisamment assouplie pour répondre à toutes les exigences du cavalier qui devra conserver tous ses moyens pour manœuvrer le cheval et combattre à l’arme blanche. Les chars anciennement utilisés pour les guerres s’effacent devant les cavaliers, et le cheval devient le compagnon du guerrier. A cette époque, le harnachement se composait d’un simple tapis qui ne permettait pas au cavalier d’avoir la moindre solidité ; le seul frein était un filet, insuffisant pour obtenir une soumission complète ; les cavaliers se contentaient même d’une simple courroie passée autour de l’encolure pour conduire leurs chevaux : c’est l’équitation sommaire. Les différentes inventions dans le domaine (étrier, ferrure à clous, mors de bride à longues branches) permettront le perfectionnement de l’équitation.
Au fil des siècles, les armées préférant peu à peu la cavalerie légère aux attelages ; les chevaux de parade ou d’équitation ont commencé à s’affiner. L’équitation académique n’a pu s’épanouir qu’à partir du XVIIIe siècle. De nos jours, à l’opposé de l’utilisation du cheval pour le travail, son emploi pour l’équitation a augmenté ces dernières années en raison de l’engouement pour ce sport devenu très populaire (13). Ainsi, au Sénégal, le cheval fleuve, naguère cheval du chef, s’est retrouvé parmi l’élite des chevaux d’équitation. Parallèlement à l’équitation, les courses de chevaux ont progressivement évolué dans le temps.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : HISTOIRE NATURELLE DU CHEVAL
1.1. Evolution phylogénétique du cheval
1.2. Domestication du cheval
1.3. Histoire de l’équitation
1.4. Histoire des courses de chevaux
1.5. Autres activités équestres
CHAPITRE II : L’ELEVAGE DU CHEVAL AU SENEGAL ET AU MAROC
2.1. Elevage du cheval au Sénégal
2.1.1. Systèmes d’élevage
2.1.1.1. Système traditionnel
2.1.1.2. Système moderne
2.1.1.2.1. Emplacement et orientation des écuries
2.1.1.2.2. Types d’écuries
2.1.2. Races de chevaux exploitées au Sénégal
2.1.2.1. Races locales
2.1.2.1.1. Race Foutanké
2.1.2.1.2. Race Fleuve ou Narougor
2.1.2.1.3. Race Mbayar
2.1.2.1.4. Race Mpar
2.1.2.2. Races importées
2.1.2.2.1. Pur-sang Anglais
2.1.2.2.2. Pur-sang Arabe
2.1.2.2.3. Pur-sang Anglo-Arabe
2.1.2.3. Autres races
2.1.3. Evolution des effectifs et répartition des chevaux par région
2.1.3.1. Evolution des effectifs de chevaux
2.1.3.2. Répartition des chevaux par région
2.2. Elevage du cheval au Maroc
2.2.1. Mode d’élevage
2.2.1.1. Elevage moderne
2.2.1.2. Elevage traditionnel
2.2.2. Principales races de chevaux au Maroc
2.2.2.1. Cheval Barbe
2.2.2.2. Cheval Arabe-Barbe
2.2.2.3. Cheval Anglo-Arabe-Barbe
2.2.3. Evolution des effectifs de chevaux
2.3. Différentes phases de la vie du cheval
2.4. Alimentation des chevaux
2.4.1. Comportement alimentaire des chevaux
2.4.2. Digestion des aliments
2.4.3. Besoins nutritionnels
2.4.3.1. Besoins en énergie
2.4.3.2. Besoins en protéines
2.4.3.3. Besoins en minéraux
2.4.3.3.1. Macro-éléments
2.4.3.3.2. Oligo-éléments
2.4.3.4. Besoins en vitamines
2.4.3.4.1. Vitamines liposolubles
2.4.3.4.2. Vitamines hydrosolubles
2.4.3.5. Besoins en eau
2.4.4. Aliments du cheval
2.4.4.1. Céréales et dérivés
2.4.4.2. Aliments grossiers
2.5. Reproduction chez la jument
2.5.1. Détection de chaleur
2.5.1.1. Technique de l’étalon souffleur
2.5.1.2. Examen des ovaires
2.5.1.3. Examen du col de l’utérus et du vagin
2.5.2. Saillie
2.5.2.1. Saillie naturelle
2.5.2.2. Insémination artificielle (IA)
2.5.3. Gestation
2.5.4. Naissance et sevrage
2.6. Principales pathologies des chevaux
2.6.1. Maladies virales
2.6.2. Malades bactériennes
2.6.3. Maladies parasitaires
2.6.4. Autres affections courantes
2.7. Importance socio-économique du cheval
2.7.1. Aspects économiques
2.7.1.1. Traction hippomobile
2.7.1.1.1. Milieu rural
2.7.1.1.2. Milieu urbain
2.7.1.2. Consommation hippophagique
2.7.1.2.1. Viande de cheval
2.7.1.2.2. Lait de jument
2. 7.1.3. Courses hippiques
2.7.2. Importance sociale
2.7.3. Autres utilisations
CHAPITRE III : LES METIERS LIES AU CHEVAL
3.1. Domaine agricole
3.1.1. Eleveurs de chevaux
3.1.2. Palefrenier
3.1.3. Maréchal ferrant
3.1.4. Sellier
3.1.5. Conducteur d’attelage hippomobile
3.1.6. Technicien de reproduction
3.2. Domaine de l’équitation
3.2.1. Moniteur d’équitation
3.2.2. Instructeur d’équitation
3.2.3. Professeur d’équitation
3.2.4. Animateur équestre
3.2.5. Gestionnaire de manège équestre
3.3. Domaine du tourisme
3.3.1. Accompagnateur de tourisme équestre (ATE)
3.3.2. Guide de tourisme équestre (GTE)
3.3.3. Maître randonneur
3.4. Domaine des courses
3.4.1.Entraîneur
3.4.2. Jockey
3.4.3. Lad jockey
3.5. Domaine de la santé
3.5.1. Vétérinaire équin
3.5.1.1. Examen clinique
3.5.1.2. Examens complémentaires
3.5.2. Ostéopathe équin
3.6. Domaine de la recherche
3.7. Autres métiers
3.7.1. Commercialisation des chevaux
3.7.1.1. Négociants
3.7.1.2. Agences
3.7.2. Ingénieur des eaux et forêts
3.7.3. Ingénieur des travaux agricoles
CONCLUSION