La gestion de la végétalisation et des espaces verts est un élément central dans l’aménagement des territoires. Au niveau local les habitants sont très attachés aux parcs et aux jardins, ce qui cause parfois des tensions entre une municipalité et ses administrés. Ainsi la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement où j’ai effectué mon stage, de nombreux riverains faisaient part de leur mécontentement lors u’un arbre était coupé. Un processus a été mis en place pour informer les riverains en amont lors u’un arbre allait être coupé. Il les informe également de la raison de cette coupe. Dans la plus grande partie des cas la cause est u’un arbre est malade ou ue des aménagements vont avoir lieu. Dans mon second stage de six mois dans une agence de communication publique j’ai également beaucoup travaillé sur des projets de création de tramway dans la région francilienne. Sur un projet d’urbanisme de ce type lors ue des arbres étaient coupés il était impératif de communi uer sur la uantité d’arbres ui allaient être replantés après les travaux. En général, lors de gros travaux il est prévu de replanter au minimum le nombre d’arbres arrachés. Cela permet d’éviter la mobilisation des associations environnementales locales ui blo uent fré uemment les projets d’urbanisme.
Par ailleurs, on voit fréquemment naître de grandes tensions entre les citoyens et l’État pour des raisons de protection d’une zone naturelle ou d’un parc. L’affaire du barrage de Sivens en 2014 est un des exemples récents le plus impressionnant d’une mobilisation citoyenne en France pour cette raison. La construction de ce barrage, dont le projet était soutenu par l’État impli uait la destruction d’un espace naturel abritant de nombreuses espèces protégées. Des activistes écologistes ont occupé la zone pendant plusieurs mois, entrainant des conflits violents avec l’Etat. Rémi Fraisse l’un des militants est mort la suite d’affrontements violents avec la gendarmerie. Un autre exemple récent en Tur uie cette fois a eu beaucoup d’impact sur la société. Au printemps 2013 plusieurs centaines de milliers de manifestants se sont mobilisés pour protéger le parc de Gezi à Istanbul et ses arbres ui devaient disparaître dans le cadre d’un projet immobilier. Ce grand mouvement protestataire s’est progressivement transformé en l’une des plus importantes fronde antigouvernementale. Ces uel ues exemples prouvent l’attachement de la population la protection de leur environnement et l’importance des conflits ui peuvent en découler. J’ai décidé d’étudier dans ce mémoire la manière dont l’é uipe municipale communique pour mobiliser les citoyens autour d’un projet de développement de la nature en ville : la végétalisation de cent hectares de murs et de toiture.
Le 2 décembre 2012, Anne Hidalgo, candidate du Parti Socialiste, annonce officiellement u’elle sera candidate à la succession de Bertrand Delanoë aux élections municipales de 2014 à Paris. Elle lance officiellement sa campagne le 28 mai 2013.
Elle inscrit dans son programme, intitulé Paris qui Ose, cette promesse : « Je veux végétaliser Paris partout où cela est possible. La nature ne doit pas se cantonner à des parcs fermés, elle doit au contraire s’étendre sur les toits, sur les façades, dans les rues. Nous devons proposer un réseau d’espaces de nature. Afin de développer massivement cette ambition, 100 hectares de toitures et façades seront végétalisés, dont 30% seront consacrés à la production de fruits et de légumes. L’ensemble des espaces verts et de ces toitures sera aussi utilisé comme refuge pour la biodiversité. Des ruches y seront installées. Les jardins sur les toits seront rendus accessibles. J’expérimenterai également une rue entièrement végétale. ». Cette promesse a été émise après une étude de faisabilité de l’APUR (Atelier Parisien d’Urbanisme) en 2013, annonçant de 44 hectares de toitures étaient déjà végétalisés, et que 80 hectares de toitures pouvaient aisément être végétalisés. C’est sur cette promesse ue ce mémoire va se concentrer depuis son inscription dans le programme électoral d’Anne Hidalgo jus u’ sa concrétisation, une fois élue.
Au premier tour, Europe Ecologie Les Verts, avec pour tête de liste Christophe Nadjoski, récole 8,86 %. Cela conduit à une fusion de la liste Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) avec le Parti Socialiste pour le second tour, le lundi 24 mars. On peut estimer que les nombreuses propositions du programme d’Anne Hidalgo ui ont pour thème l’écologie et l’environnement étaient également prévues afin d’obtenir le soutien et le vote de l’électorat d’EELV au second tour. Cette fusion était en effet indispensable pour assurer la victoire du PS, qui avait remporté 34,40 % des voix au premier tour. Ils se faisaient légèrement devancer par l’UMP ui recueillait alors 35 64% des suffrages exprimés en moyenne. Les listes de Gauche soutenant Anne Hidalgo remportent le second tour le 30 mars 2014, avec 54,7 %. Les listes de droites, avec Nathalie Kosciusko-Morizet en tête de liste, remportent 45,3 % des listes. Le 5 avril 2014, Anne Hidalgo est élue officiellement Maire de Paris .
La maire de la capitale a adressé, une fois élue, à ses adjoints une feuille de route. Cela donne chacun une liste d’objectifs précis atteindre pour la fin du mandat électoral en 2020. Anne Hidalgo a rendu publiques ces feuilles de route, pour la première fois à Paris (elles restaient internes sous les mandatures précédentes). La raison officielle pour laquelle elle a décidé de rendre publics ces objectifs est d’avoir plus de transparence lors de ce mandat électoral. Cependant, cela fait également peser sur chaque adjoint et leurs directions une plus grande pression pour u’ils atteignent leurs objectifs. Ainsi, Pénélope Komitès, adjointe chargée des espaces verts, de la nature, des affaires funéraires, et de la préservation de la biodiversité s’est vu confier sa feuille de route. Il y est inscrit : « Mon programme porte également une ambition nouvelle et forte sur la végétalisation des bâtiments. D’ici 2020, Paris comptera 100 hectares de toitures et façades végétalisées dont un tiers seront consacrés à la production de fruits et légumes. Nous devons mobiliser tous les leviers pour y parvenir. » . Il est également inscrit « Ces projets illustreront notre vision d’une ville où la nature n’est plus seulement cantonnée dans les espaces verts. Il faudra végétaliser partout où c’est possible en recherchant des modes de végétalisations innovantes et plus diffuses. ». Cet objectif reste donc cohérent avec la promesse de campagne effectuée par Anne Hidalgo. La Direction des Espaces Verts et de l’Environnement est rattachée Pénélope Komitès et est donc en charge d’appli uer ces demandes.
Cependant réaliser cet objectif de 100 hectares de murs et toitures d’ici la fin de la mandature s’avère compli ué pour différentes raisons. La première raison est l’ambition du projet. Le site de la mairie de Paris en 2015 estime u’il y a 5 6 hectares de toits végétalisés, ce qui signifie que la surface devrait être multipliée par 20 en 5 ans pour tenir la promesse de campagne. Il est important malgré tout de noter la difficulté pour chiffrer l’existant : trois ans plus tôt l’atelier parisien d’urbanisme a estimé ue 44 hectares de toits étaient déjà végétalisés. La seconde raison est financière : végétaliser un immeuble est très couteux. Le journal Les échos estime que réaliser ces 100 hectares de murs et toits végétalisés coutera entre 115 et 171 millions €. Enfin la troisième raison est de taille : la mairie doit disposer d’une surface végétalisable suffisante. L’Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR) a effectué une étude sur le potentiel de végétalisation des toitures à Paris. Dans cette étude l’APUR a recensé seulement 80 hectares aisément végétalisables. Parmi eux, seul 14 hectares sont municipaux. Il s’agira donc de convaincre des partenaires privés de végétaliser leurs bâtiments. Enfin, il sera difficile de recenser la végétalisation, notamment dans les habitats privés. Le recensement de l’existant varie fortement selon les sources : 5,6 hectares de toits seraient végétalisés selon le site de la Mairie de Paris, 44 hectares selon l’atelier parisien d’urbanisme.
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Table des matières
Introduction
1. La valorisation d’une promesse : représentations et symboles autour des immeubles végétalisés
A. L’usage des symboles et des représentations sociales dans les discours
B. La nature en ville, porteuse d’unité sociale ?
C. Les bâtiments végétalisés : entre modernité et écologie
D. La ville durable : l’adaptation aux impératifs écologiques du XXIe siècle
2. Une promesse de campagne face à la réalité du pouvoir : le dispositif de communication choisi pour assurer la réussite de cette promesse
A. La participation dans les collectivités territoriales et l’urbanisme participatif : théorie et perspectives
B. Le budget participatif de la Ville de Paris 2014 et 2015 : un outil de valorisation des projets de mandature
C. Les dispositifs mis en place pour mobiliser autour de la végétalisation des bâtiments :
l’importance de la proximité et de la participation
Conclusion
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