Histoire de la médecine traditionnelle

La médecine traditionnelle existe depuis des temps immémoriaux, sa réputation pour son innocuité et efficacité ainsi que sa disponibilité et son coût abordable lui ont donné une grande popularité. La médecine traditionnelle au Maroc est le fruit du croisement de la civilisation berbère et de la civilisation arabo-musulmane. Elle constitue dans certaines régions du Maroc, pour des raisons financières ou géographiques, la principale source de soins et représente l’ultime recours en cas d’échec de la médecine conventionnelle. Elle constitue alors une réalité omniprésente, elle recouvre des pratiques hétérogènes qui vont de la médecine herbale utilisée à domicile par certains guérisseurs, elle contribue non seulement à la santé des populations mais elle fait aussi partie intégrante du patrimoine culturel de notre société [1].

Elle est parfois qualifiée de médecine « parallèle » ou « douce », utilisée depuis des milliers d’années, ses praticiens ont beaucoup apporté à la santé humaine, surtout en tant que prestataires de soins de santé primaire au niveau communautaire. Sa pratique ainsi que l’expérience transmise de génération en génération ont fait preuve de l’innocuité et de l’efficacité de cette médecine. Cependant, il est nécessaire de procéder à des recherches scientifiques pour étayer ces constatations [2]. Les populations d’Afrique, Asie et Amérique latine utilisent la médecine traditionnelle pour les aider à satisfaire leurs besoins en matière de soins de santé primaire, en plus d’être accessible et abordable, la médecine traditionnelle appartient souvent à un plus grand système de croyance et est considérée comme faisant partie intégrante de la vie de tous les jours et du bien-être. En même temps [3] l’utilisation de la médicine complémentaire et alternative dans les sociétés occidentales est importante, et connaît une croissance au niveau mondial [4,5].

Durant la dernière décennie, le nombre de produits et les budgets de publicité ont connu une augmentation considérable aux états unis [6]. La médecine traditionnelle est ainsi très répandue dans toutes les régions du monde aussi bien dans les pays en voie de développement que dans les pays industrialisés [7] :
• Au Ghana, au Mali, au Nigéria et en Zambie, le traitement de première intention pour 60 % des enfants atteints de forte fièvre due au paludisme fait appel aux plantes médicinales administrées à domicile.
• En Chine, les préparations traditionnelles à base de plantes représentent entre 30 et 50 % de la consommation totale de médicaments.
• L’OMS estime que, dans plusieurs pays d’Afrique, la plupart des accouchements sont pratiqués par des accoucheuses traditionnelles.
• En Europe, en Amérique du Nord et dans d’autres régions industrialisées, plus de 50 % de la population a eu recours au moins une fois à la médecine complémentaire ou parallèle.
• Aux Etats-Unis d’Amérique, 158 millions d’adultes font appel à des produits de la médecine complémentaire et, d’après la Commission for Alternative and complementary medicines, un montant de 17 milliards $ US a été consacré aux remèdes traditionnels en 2000.
• Le marché mondial des plantes médicinales, en expansion rapide, représente actuellement plus de US $ 60 milliards par an.

Histoire de la médecine traditionnelle 

Définition

La Médecine traditionnelle (MTR) est la somme totale des connaissances, compétences et pratiques qui reposent sur les théories, croyances et expériences propres à chaque culture et qui sont utilisées pour maintenir les êtres humains en bonne santé ainsi que pour prévenir, diagnostiquer, traiter et guérir des maladies physiques et mentales [8]. Selon la définition officielle de l’OMS, la médecine traditionnelle « se rapporte aux pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé qui impliquent l’usage à des fins médicales de plantes, de parties d’animaux et de minéraux, de thérapies spirituelles, de techniques et d’exercices manuels, séparément ou en association pour soigner, diagnostiquer et prévenir les maladies ou préserver la santé » [9].

Les modes d’acquisition des savoirs traditionnels

La MTR est un ensemble de savoirs et de savoir-faire, acquis par l’observation et l’expérience pratique, transmis de génération en génération par voie orale, rarement par écrit. En pratique, il faut considérer l’art traditionnel de soins, comme un ensemble de connaissances empiriques, acquises par l’une des voies suivantes :
➤ par la famille : père à fils, mère à fille ;
➤ par les relations d’alliance : belle-mère, beau-père, beau-frère, belle-sœur, mari, coépouse, etc. ;
➤ par apprentissage de plusieurs années auprès de guérisseurs compétents, en dehors du cercle familial ;
➤ par l’achat d’une recette jugée efficace après le traitement d’une affection donnée;
➤ par la promotion de personnes prédisposées dans des écoles de tradipraticiens (TP) de santé dans des instituts de formation de médecine naturelle à l’étranger ;
➤ par le pouvoir inné, dans ce cas la transmission se fait par les esprits (initiation, choix mystique) ;
➤ par révélation, après un rêve ;
➤ certains tradipraticiens ont acquis leur savoir au terme d’un long périple à la recherche d’un remède contre une affection dont ils ont souffert euxmêmes pendant plusieurs années ;
➤ par auto-apprentissage dans des livres, par des recherches personnelles.

Bases doctrinaires 

Diagnostic des maladies 

Il existe des différentes approches : Le diagnostic revêt plusieurs aspects ; il s’opère en général directement par les cinq sens : la vue, le toucher, l’odorat, l’ouïe et le goût. L’examen visuel s’intéresse à l’allure générale du patient, aux yeux, à la peau, à l’urine et parfois aux selles; Le tradipraticien (TP) effectue également un examen clinique par inspection des parties mobiles par palpation, et certains praticiens disposent même de balances et de thermomètre. L’examen biologique s’effectue par la vision (il s’agit d’observer la couleur des aliments vomis, des urines, des crachats), l’odorat (il s’agit de sentir l’odeur des urines, de l’infection d’une plaie). Aujourd’hui certains praticiens traditionnels demandent à leurs patients de faire des radiographies ou des analyses dans des laboratoires de la médecine moderne, et se basent sur les résultats de ces investigations pour prescrire les remèdes traditionnels appropriés. Certains d’entre eux disposent même d’une unité informatique dans leur bureau pour assurer le suivi des patients et l’évaluation des traitements qu’ils prescrivent [11].

Traitement des maladies

La force de la démarche traditionnelle consiste à redonner confiance, morale et espoir, comme traitement psychothérapeutique préalable dont l’impact est toujours efficace dans la guérison de diverses pathologies. Il semble que la confiance dans le praticien traditionnel et sa capacité de soulager, explique en grande partie son succès dans le traitement des maladies et le médicament administré, utilisé dans certains cas uniquement comme placebo, n’est pas toujours spécifiquement l’agent thérapeutique [12]. La MTR peut se fonder sur un principe confirmé par un Hadith (parole du Prophète PSL) :« Dieu n’a créé aucune maladie sans lui créer un remède». Il faut par conséquent chercher ce remède, et comme partout ailleurs, tant au Maghreb qu’en Afrique noire, les pratiques traditionnelles soignent des malades et non des maladies selon des logiques qui échappent parfois aux occidentaux formés à la rigueur cartésienne. Le traitement proposé est très variable suivant les cas pathologiques et reste, dans une certaine mesure, indicatif de la spécialisation du TP. Certains tradithérapeutes pratiquent la guérison par la spiritualité et utilisent comme mode de traitement l’incantation « ROUQYA » Chez d’autres, le traitement consiste, suivant les états pathologiques, à :
➤ prescrire un régime alimentaire ou recommander un jeûne pour que l’organisme arrive à combattre lui-même la maladie ;
➤ purger le malade pour faire sortir la maladie, l’estomac étant considéré ‘‘ lieu de tous les maux” ;
➤ effectuer le massage des zones douloureuses du patient en cas de céphalées, de migraines ou de paralysie faciale;
➤ prescrire des remèdes à base de minéraux ou /et de produits animaux ou végétaux pour compenser les carences d’éléments indispensables ;
➤ tonifier l’organisme en prescrivant des cures de lait ou de dattes ;

L’éthique du TP se traduit par un soutien matériel au malade sans ressources, ainsi beaucoup de TP arrivent à soigner gratuitement beaucoup de patients ; cette thérapie traduit-elle alors ici un acte fondamental de solidarité. Précisons que le coût du traitement des maladies graves : AVC, folies, jalousie, surmenages, hépatites, paralysie faciale, varie suivant les situations et les tradithérapeutes [11]. Les remèdes proposés sont à base de minéraux, de produits animaux ou végétaux, ainsi la MTR présente-t-elle une valeur ajoutée incalculable car rares parmi ces remèdes sont importés de l’extérieur. Certains produits minéraux sont utilisés en MTR dans de nombreux traitements. Les produits animaux prescrits par les tradipraticiens sont nombreux et deviennent rares pour certains, avec la dégradation de la biodiversité et la disparition ou la raréfaction de certaines espèces.

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Table des matières

INTRODUCTION
Première partie : Généralités
I. Histoire de la médecine traditionnelle
I.1. Définition
I.2. Les modes d’acquisition des savoirs traditionnels
I.3. Bases doctrinaires
I.3.1. Diagnostic des maladies
I.3.2. Traitement des maladies
I.4. Bases Historiques
I.4.1. Médecine traditionnelle Chinoise
I.4.1.1. Généralité
I.4.1.2. Bases de la médecine traditionnelle chinoise
I.4.1.2.1. L’unité
I.4.1.2.2. Les méthodes thérapeutiques
I.4.1.2.2. Les cinq éléments
I.4.2. Médecine gréco-romaine : (période antéislamique)
I.4.3. La médecine du prophète
I.4.4. Médecine traditionnelle africaine
I.4.4.1. Définition
I.4.4.2. Tradithérapeutes et guérisseurs
I.4.4.3. La maladie
I.4.4.4. Problèmes et faiblesses de la médecine traditionnelle africaine
II. Médecine traditionnelle au Maroc
II.1. Données générales sur le Maroc
II.1.1. Situation géographique
II.1.2. Relief du Maroc
II.1.2.1.Le Rif
II.1.2.2. Le Plateau central
II.1.2.3. L’Atlas
II.1.2.3.1. Le Moyen Atlas
II.1.2.3.2. L’Anti-Atlas
II.1.2.3.3. Le Haut Atlas
II.1.3. Le Maroc saharien
II.1.4. Hydrographie du Maroc
II.1.5. Le climat du Maroc
II.1.6. La géologie et les ressources minérales
II.1.7. Population et démographie
II.1.8. Végétation : flore et la faune
II.1.8.1. La flore
II.1.8.2. La faune
II.1.9.Santé, hygiène, nutrition
II.2. Situation actuelle et catégories des tradipraticiens
II. 2.1. Les héritiers de la médecine arabe
II.2.1.1. Taleb ou Alem
II.2.2. Les guérisseurs combinant une tradition humorale classique à des pratiques magico-religieuses
II.2.2.1. Epicier-droguiste : « Attar »
II.2.2.2. Les phytothérapeutes
II.2.2.3. Les naturothérapeutes
II.2.2.4. Herboriste : « Aachab »
II.2.2.5. Poseur de cautères : « Kuwway »
II.2.2.6. Barbier-coiffeur, pratiquant les saignées : « Hjjam »
II.2.2.7. Rebouteux : « Jabbar »
II.2.2.8. Sage-femme : « La QABLA»
II.2.3. Les guérisseurs ayant recours exclusivement à des procédés magicoreligieux
II.2.3.1. Les spiritualistes
II.2.3.2. Les voyantes: « Chouaffa »
II.2.3.3. Les Fkih
II.3. Les plantes médicinales
II.3.1. Notions de la plante médicinale
II.3.2. Récolte et séchage correcte des plantes
II.3.3. Le rôle des plantes médicinales
II.3.4. Les formes d’utilisation des plantes
II.3.5. Conservation et stockage des plantes médicinales
II.3.6. Les formes galéniques utilisées
II.3.6.1. En usage interne
II.3.6.1.1. Les infusions
II.3.6.1.2. Les décoctions
II.3.6.1.3. Les macérations
II.3.6.1.4. Les teintures (solutions mères)
II.3.6.1.5 Les sirops
II.3.6.1.6. Les inhalations
II.3.6.2. En usage externe
II.3.6.2.1. Les cataplasmes
II.3.6.2.2. Les compresses
II.3.6.2.3. Les huiles médicinales
II.3.6.2.4. Les pommades
II.3.6.2.5. Les onguents
Deuxième partie : Enquête du terrain
I. Objectifs
I.1. Objectif général
I.2. Objectifs spécifiques
II. CADRE DE L’ETUDE
II.1. L’enquête
II.2. Temps et durée de l’enquête
II.3. L’espace de l’enquête
II.4. Question de recherche
II.5. Type de l’étude
III. MATERIEL ET METHODES
III.1. Matériel
III.1.1. La fiche-questionnaire de l’enquête
III.1.2. Contenu des questionnaires
III.1.2.1. Questionnaire aux tradipraticiens
III.1.2.2. Questionnaire aux malades et aux non-malades
III.2. Méthodes
III.2.1. Modalités de recrutement
III.2.1.1. Les tradipraticiens
III.2.1.2. Les malades
III.2.1.3. Les non malades
III.2.2. Population de l’étude
III.2.2.1. Effectifs
III.2.2.2. Période d’inclusion
III.2.2.3. Critères d’exclusion
III.2.2.4 Analyse statistique
IV. INTERPRETATION DES RESULTATS
CONCLUSION

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