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Histoire de la médecine et des thérapies complémentaires
C’est par l’observation, l’empirisme, à la fois par l’inné et l’acquis, en mêlant des comportements instinctifs à des connaissances transmises générationnellement, que la médecine est née. C’est dans un mélange de subjectivité, de ressentis, de rapports aux autres et d’échanges que la médecine fut conçue.
L’histoire de la médecine est marquée par de grands progrès et de grandes avancées ayant pour but la compréhension des maladies et la promotion de la santé.
Historiquement, de l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui, la médecine conventionnelle a été marqué par 17:
-Antiquité : Hippocrate (IV°s. avant J.-C.), qui reste associé à la naissance de ce qui deviendra la médecine moderne, notamment grâce à une classification des maladies et les débuts de l’examen clinique (palpation, auscultation, percussion) et Galien (II° siècle), médecin grec qui fait d’importantes découvertes en anatomie et dont l’œuvre écrite représente une synthèse du savoir du monde antique.
-Renaissance : André Vésale (XVI°s.) est l’un des premiers à pratiquer la dissection du corps humain, Paracelse (XVI°s.) ouvre la voie à la thérapeutique chimique, Ambroise Paré (XVI°s.) domine la chirurgie et William Harvey (XVII°s.) découvre la circulation du sang.
– XIX°s. : Claude Bernard décrit les règles de la médecine expérimentale, méthode scientifique « basée sur l’observation et prouvée par l’expérience » qui a profondément contribué au développement de la médecine allopathique. Le chimiste Louis Pasteur établit la nature microbienne ou virale de plusieurs maladies et met au point le vaccin contre la rage. Sir Alexander Fleming découvre la pénicilline. Pierre et Marie Curie découvrent les propriétés des radiations ionisantes.
-XX°s. : Les remarquables progrès de la chirurgie et de la microchirurgie, l’utilisation de l’informatique et les récentes avancées en matière de génie génétique sont quelques-unes des données qui bouleversent radicalement la médecine de la fin du XXe siècle et suscitent d’immenses espoirs.
Les thérapies complémentaires existent depuis la naissance des civilisations (Médecine Traditionnelle Chinoise, Ayurveda, phytothérapie…). On comprend qu’en fonction des groupes, de leurs habitudes, leurs croyances et leurs localisations géographiques, l’art de soigner ait pris des formes différentes tout en suivant un but commun : la préservation de la vie. Au fil du temps, elles se transforment et de nouvelles voient le jour, tantôt sur le registre savant (mésothérapie), tantôt sur le registre populaire (magnétisme).
Dans les années 1960, du fait des bouleversements du XX° siècle (guerres, crises économiques, découverte du SIDA…) et de la déshumanisation de la médecine conventionnelle, les thérapies complémentaires ressortent de l’ombre et, par leurs vertus naturelles et anciennes, séduisent la population, à tel point qu’aujourd’hui il est difficile de les ignorer.
Engouement du public et essor des thérapies complémentaires
Depuis les années 1960, on assiste à un changement de mentalité, à un véritable engouement du public pour les thérapies complémentaires, se désintéressant de la médecine conventionnelle. A partir des années 2000, surtout sous l’impulsion des Etats-Unis 7, le regard que portent les médecins conventionnels sur les thérapies complémentaires va changer progressivement. De pratiques marginales décrites comme inutiles ou dangereuses, elles sont peu à peu apparues comme une mine de nouvelles potentialités. L’époque n’est plus aux affrontements entre écoles de pensées, mais plutôt à un effort de tolérance à la diversité.
Cet intérêt croissant tient à une certaine désaffection pour la médecine conventionnelle dont l’extraordinaire développement technologique s’est traduit par un succès indéniable sur le plan médical mais en même temps par une désharmonisation de la relation médecin-malade. En outre, l’arsenal médicamenteux sur lequel se base la médecine conventionnelle est efficace certes mais s’attaque surtout aux symptômes et entraîne souvent des effets indésirables voire de graves états de dépendance. Les patients recherchent alors une médecine plus humaine qui prendrait en charge l’être humain en tant que tel et pas seulement sa pathologie.
De nombreuses études 4,18-21 ont recherché les attentes des patients qui utilisaient les thérapies complémentaires : ils recherchent une approche globale (holistique), non plus centrée sur la maladie ou sur l’organe, mais sur le patient et sa complexité, ainsi que le bien être, un meilleur contrôle de sa santé et un soutien dans les maladies chroniques ; ils recherchent également une solution aux limites de la médecine conventionnelle, qu’il s’agisse de l’échec des traitements, du manque de réponses aux maux du quotidien (anxiété, migraines…), à la douleur chronique ou à des maladies non caractérisées pour lesquelles les allopathes peinent à poser un diagnostic (fibromyalgie, colopathie fonctionnelle…).
Le comportement du public vis à vis de la médecine est ambivalent : convaincu et même séduit par les avancées de la recherche, il est en même temps déçu, et parfois révolté, par les nombreux domaines où les résultats des traitements sont insuffisants, ou encore inquiet des inconvénients dont leurs effets sont assortis. C’est souvent dans cet esprit de relative défiance vis-à-vis de la médecine que les patients se tournent vers des thérapies complémentaires dont les vertus leur ont été vantées par les multiples sources d’informations non contrôlées qu’offre notre société.
Reconnaissance des thérapies complémentaires par le monde médical
Voici listés les points de vue des différents représentants officiels du monde médical en Occident :
– Organisation Mondiale de la Santé 3
Les thérapies complémentaires constituent un pan important et souvent sous-estimé des soins de santé. Elles existent dans quasiment tous les pays du monde et la demande de services dans ce domaine est en progression.
Selon l’OMS, une stratégie mondiale visant à favoriser une intégration, une réglementation et une supervision adéquate sera utile aux pays désireux de mettre en place une politique active axée sur cette partie importante, dynamique et en expansion, des soins de santé.
Un rapport de l’OMS de 2013 sur les stratégies pour les thérapies complémentaires pour 2014-2023 appuie ce même besoin de formation des praticiens. Ce rapport recommande aux Etats Membres de « renforcer la formation interdisciplinaire » et sollicite les partenaires et les parties prenantes à « promouvoir la formation des praticiens de santé » sur les thérapies complémentaires. Ces stratégies d’enseignement sont à élaborer dans le but d’améliorer la sécurité et l’efficacité de l’usage de ces pratiques, afin de minimiser le mauvais usage des thérapies complémentaires. L’OMS s’est donc prononcée en faveur de leur intégration dans les systèmes de santé pour compléter la gamme de soins offerts aux patients.
– Parlement européen et Conseil de l’Europe 22 « Considérant que le médecin peut, selon sa compétence et sa conscience, recourir à l’ensemble des moyens et de la science que comporte tout type de médecine, afin de préserver au maximum la santé de ses patients », le Parlement Européen appelle à la reconnaissance des thérapies complémentaires, à condition d’en encadrer strictement l’exercice et la formation.
Selon Pr Lannoye (membre du parlement européen), « il est plus intelligent de parler, non pas d’une décision pure et simple ou rigide entre science et non-science, mais d’un éventail fluctuant de preuve et d’acceptabilité, tel qu’on a pu le constater à de multiples reprises tout au long de l’histoire de la science. »
– Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) 2, 23 « La demande croissante des patients pour ces pratiques signifie qu’aujourd’hui la médecine conventionnelle ne répond pas à 100 % à leurs attentes. C’est quelque chose dont nous devons tenir compte et qui doit nous amener à nous interroger sur nos pratiques. »
Le CNOM reconnaît que le sujet suscite la polémique dans le corps médical et selon eux, la recherche sur le sujet est encore insuffisante. Le Pr Baumelou (néphrologue à l’AP-HP, responsable de l’enseignement des thérapies complémentaires à l’université de Paris VI) donne un point de vue pragmatique « ces médecines existent et elles sont largement utilisées par les patients. Il y a nécessité d’une évaluation et d’un enseignement universitaire précoce. Le médecin ne peut avoir d’opinion personnelle que s’il en connaît les grandes lignes. Nous ne pouvons plus négliger le fait que dans les maladies chroniques la moitié de nos patients ont recours à ces pratiques. »
Faut-il faire évoluer la formation des médecins ? Selon le Dr Deau (médecin généraliste, vice-président du CNOM, en charge des relations internationales) : « Oui, c’est le combat de l’Ordre ! Nous préconisons que les médecins valident, en sus de leur formation générale, un enseignement théorique et pratique dans le domaine des médecines complémentaires. Pour nous, cet enseignement doit être réservé à l’université et validé par un diplôme d’État. » Le CNOM reconnait que la formation actuelle en France est désorganisée (par exemple, pour se former, les ostéopathes peuvent choisir entre un diplôme interuniversitaire et environ 70 écoles qui ne sont pas toutes reconnues, et dont certaines sont à but lucratif). Dès lors, les diplômes ne sont pas représentatifs des savoirs et des compétences de l’individu. D’après le Pr Baumelou : « Notre pays est en retard, sur ce point. Or, si nous voulons améliorer la visibilité et la légitimité de ces techniques quand elles sont efficientes, il nous faut définir de nouveaux cursus. Nous avons créé un enseignement obligatoire sur les thérapies complémentaires en 2e cycle des études médicales. L’objet n’est pas d’enseigner ces médecines mais d’ouvrir l’esprit de nos étudiants à l’existence d’autres formes de prise en charge, aux résultats de leur évaluation et à la connaissance de possibles interactions avec nos pratiques usuelles. »
Sur le site internet du CNOM, on retrouve divers arguments : « On ne peut tolérer une situation où le public se passionne et s’interroge sur ces pratiques pendant que le corps médical s’en désintéresse ou se borne à les mépriser. » « Pour bien conseiller le malade, le médecin doit en savoir plus long que lui sur la question ; c’est pourquoi une information obligatoire sur ces thérapies est souhaitable dans le programme des études médicales. » « La médecine est diverse et cette diversité est une chance pour les patients, je me suis formé à ces différentes techniques pour développer mes connaissances, mais aussi parce que le besoin s’en fait sentir dans ma pratique » (Dr Lorrain, médecin généraliste).
– Académie Nationale de Médecine (ANM) 1, 78
Les pratiques souvent dites thérapies complémentaires ne sont pas des « médecines », mais des techniques empiriques de traitement pouvant rendre certains services en complément de la médecine conventionnelle.
À l’adresse des facultés de médecine, l’ANM recommande d’introduire dans le programme obligatoire des études médicales, au cours du deuxième cycle ou en fin d’études, une information sur les thérapies complémentaires, leur place, leurs limites et leurs dangers, destinée à permettre aux futurs praticiens de toutes disciplines et modes d’exercice d’éclairer leurs patients.
Dernièrement, l’ANM et l’académie nationale de pharmacie se sont positionnées contre le remboursement et l’enseignement de l’homéopathie par les Diplômes Universitaires. Cependant, selon eux « il importe par contre d’inclure ou de renforcer dans les études de médecine un enseignement – obligatoire dans le 2ème cycle, optionnel dans les 3ème cycles – dédié à la relation médecin-malade, à ses effets non spécifiques, aux effets placebo et au bon usage des médecines complémentaires intégratives. »
– Assistance Public-Hôpitaux de Paris (AP-HP) 24
Afin de répondre à la demande croissante des patients (notamment ceux atteints de maladie chronique) et afin de répondre à la demande des paramédicaux, l’AP-HP a intégré dans son plan stratégique 2010-2014, un chapitre consacré au projet de développement des thérapies complémentaires. Elle donne son accord pour le développement des thérapies complémentaires dans les CHU (notamment maternité, addictologie, centre de lutte contre la douleur, Médecine Physique et Rééducation, anesthésie). L’année 2010 voit la création du Centre Intégré de Médecine Chinoise à la Pitié Salpêtrière. L’AP-HP souligne l’importance d’une réglementation des thérapies complémentaires et d’une formation encadrée, ainsi que l’importance du cadre législatif et d’un bon encadrement. L’AP-HP a la volonté de favoriser le développement des terrains de stage en médecines complémentaires en accord avec les universités ou dans le cadre de partenariats avec des organismes de formation non universitaires accrédités par le CHU.
– Pouvoirs Publics 25
Du fait du système de santé monopolistique, il n’existe pas de diplôme pour les praticiens en thérapies complémentaires “non professionnels de santé”. Il existe des formations, mais les niveaux sont inégaux (certaines se déroulent sur plusieurs années, d’autres sur quelques week-ends seulement). Les pouvoirs publics reconnaissent que cette disparité contribue à jeter le discrédit sur de nombreuses pratiques.
Selon eux, au vu des avantages en termes de prévention et de confort de vie, encourager l’émergence d’une médecine intégrative pourrait contribuer aux objectifs nationaux de santé publique. La médecine intégrative se rapproche d’ailleurs de la médecine personnalisée, car il s’agit d’adapter les traitements aux paramètres biologiques et aux préférences des usagers, en tenant compte de leurs habitudes de vie.
– Ministère de la Santé 11,26
Les thérapies complémentaires ne sont ni reconnues, ni validées scientifiquement, les connaissances sur elles sont incomplètes et insuffisantes. De ce fait, ces pratiques sont peu recommandées. Le ministère met l’accent sur la perte de chance pour les patients et l’exercice illégal de la médecine. Selon lui, les thérapies complémentaires sont à utiliser avec de nombreuses précautions, uniquement après accord d’un médecin. La MIVILUDES (Mission Interministérielle de VIgilance et de LUtte contre les DErives Sectaires) a un regard attentif sur de nombreuses thérapies complémentaires en raison du risque supposé de « dérives sectaires » (Ayurvéda, iridiologie, naturopathie…). Cependant, en avril 2018, Dr Agnès Buzyn, ministre de la santé en exercice, déclare le non-déremboursement de l’homéopathie, non par son efficacité, mais plus par son utilisation importante en France, et son absence d’effets indésirables. «Si ça continue à être bénéfique sans être nocif, ça continuera à être remboursé». Les thérapies complémentaires seraient encore actuellement évaluées par des comités sous la responsabilité du ministère de la santé, mais aucune décision n’est encore parue.
– Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) 5,13,15,16
Les thérapies complémentaires « challengent » la médecine conventionnelle. Elles la défient par le caractère déstabilisant de la théorie qui la sous-entend et en l’invitant à remettre en question ses paradigmes. Les thérapies complémentaires ne sont pas prouvées par l’Evidence-Based-Medicine, elles n’ont pas de réelles preuves scientifiques malgré des essais cliniques nombreux. L’INSERM ne donne pas de réponse claire sur l’efficacité des thérapies complémentaires, qui n’auraient pas de supériorités scientifiquement démontrées, mais indique toutefois un « intérêt thérapeutique potentiel ». L’INSERM lui-même rapporte que « l’acupuncture pourrait offrir un complément intéressant dans le cadre d’une prise en charge plus globale de la maladie, en particulier quand la médecine conventionnelle n’est pas en mesure d’apporter un soulagement satisfaisant aux patients ».
Question de recherche et objectifs :
Nous avons ici relaté les différents points de vue des représentants du monde médical occidental sur les thérapies complémentaires, qui sont favorables au développement d’une formation. Mais quelle est-elle réellement à l’heure actuelle ? A travers le monde, quels sont les pays qui ont développé une formation pour leurs étudiants ? Sous quelle forme se présente-t-elle?
Si ces pays sont plus avancés que la France dans ce domaine, peuvent-ils servir d’exemple afin de développer un enseignement ? Quel est l’état de la formation en France ? Quelle est la demande de la part des internes ?
L’objectif de notre étude est complexe : il s’agit d’une part de faire l’état des lieux dans le monde de la formation des étudiants en médecine sur les thérapies complémentaires, et d’autre part de connaître l’avis des IMG de Rouen sur une telle formation et de savoir quelle forme d’enseignement leur semble la plus adaptée.
Afin de répondre à ces objectifs, nous avons réalisé une revue de littérature et une étude quantitative observationnelle locale.
Revue de littérature
Stratégie de recherche :
Les recherches ont été effectuées du 01.12.17 au 19.01.2019.
Elles ont porté sur les bases de données suivantes : MEDLINE, BRITISH MEDICAL JOURNAL, CAIRN, OXFORD UNIVERSITY PRESS, THE COCHRANE LIBRARY, GOOGLE SCHOLAR et PUBMED.
Les termes de recherche utilisés ont été :
• « education programm », « curriculum », « teaching » pour désigner enseignement ou formation
• « medical student » pour désigner les étudiants en médecine
• « complementary and alternative medicine », « alternative medicine » pour désigner les thérapies complémentaires.
Les recherches dans les bases de données ont été adaptées avec utilisation des expressions entières, quand les troncatures n’étaient pas acceptées.
Afin d’être le plus exhaustif possible, ces termes ont été recherchés dans tous les champs.
Sélection des études :
Critères d’inclusions :
– Article de recherche original ou revue
– Traitant de la formation des étudiants en médecine sur les thérapies complémentaires
– Comportant des résultats identifiants des moyens de formations et la réponse des étudiants en médecine
– Ecrit en anglais ou en français
– Publié entre 1994 (date à laquelle les Etats-Unis ont commencé à s’intéresser à la formation sur les thérapies complémentaires) et 2019.
Critères d’exclusions :
– Publications qui ne correspondaient pas au travail de recherche
– Etudes incluant d’autres professionnels de santé
– Etudes décrivant des thérapies complémentaires non reconnues par le CNOM
Les titres des articles ont été lus afin de réaliser une première sélection.
Les doublons ont ensuite été éliminés.
Les résumés des articles ont ensuite été recherchés afin de réaliser une seconde sélection. Les articles ayant été retenus ont été lus intégralement et retenus ou non dans l’étude en fonction des critères d’inclusions.
Les auteurs des études retenues n’ont pas été contactés.
Les données des études retenues ont été collectées selon les critères suivants : titre, auteur, année de l’étude, année de publication, région/pays, type d’étude, objectif, méthode, principaux résultats. Les recherches documentaires réalisées ont permis d’identifier 1214 articles, par l’utilisation des mots-clés.
La sélection des articles décrite précédemment a permis d’en retenir 41, dont nous donnons les principaux résultats :
– 13 articles pour les Etats-Unis
– 2 articles pour le Brésil
– 6 articles pour l’Asie
– 1 article pour l’Océanie
– 15 articles pour l’Europe (hormis la France)
– 6 articles pour la France.
Etude quantitative locale
Nous avons décidé de réaliser une étude quantitative descriptive, non interprétative, dans le but d’illustrer notre sujet.
Des études qualitatives ont déjà été réalisées sur le sujet 12, 14, 18, 19, 27, 28. Nous avons refusé de faire un travail qualitatif par focus groupe (réunir des internes en petits groupes afin de discuter du sujet) du fait du côté chronophage, des effectifs plus faibles et d’un biais de sélection important (seules les personnes intéressées par les thérapies complémentaires auraient répondu). Nous avons réalisé une étude quantitative après avoir étudié de nombreux travaux sur le sujet des thérapies complémentaires. Le questionnaire à questions fermées pouvait toucher un public plus large (meilleure diffusion, participation plus importante car ne prend que quelques minutes à remplir).
Objectifs :
L’objectif principal de notre étude était de connaître les attentes des IMG de Rouen sur une formation sur les thérapies complémentaires.
Les objectifs secondaires étaient de savoir si le sexe, l’année d’internat et la réalisation d’un stage chez le médecin généraliste exerçant une thérapie complémentaire influençaient les résultats. Nous avons également cherché à évaluer les connaissances et les ressentis des IMG sur les thérapies complémentaires.
Type d’étude et population cible :
Il s’agit d’une étude quantitative observationnelle transversale monocentrique. Le critère d’inclusion était d’être interne en médecine générale à la faculté de Rouen, de la 1° à la 3° année d’internat. Du fait de notre faible échantillon, les IMG ayant fini leur internat mais n’ayant pas encore soutenu leur thèse ont également été retenus.
Construction du questionnaire :
Nous avons réalisé un questionnaire (Annexe 1) en nous appuyant sur des travaux de recherches précédemment réalisés 27-31.
L’un des objectifs fixé initialement pour la construction du questionnaire était qu’il soit assez court tout en étant exhaustif pour ne pas décourager les répondants, afin d’obtenir un taux de réponse maximal. Les réponses étaient obligatoires. Au total, 17 questions étaient posées.
Notre questionnaire comportait plusieurs parties : critères démographiques des répondants, connaissance et ressenti sur les thérapies complémentaires et perspectives de formation sur les thérapies complémentaires.
Le questionnaire a été validé par 3 internes de médecine générale de facultés extérieures, par un interne de psychiatrie, par un médecin urgentiste et par un docteur en santé publique, avant diffusion. Leurs réponses n’ont pas été prises en compte.
Pour faciliter le traitement des données recueillies, les questions étaient uniquement fermées. Ce questionnaire a été créé à l’aide du logiciel en ligne Google Form et accessible via une adresse
web pour pouvoir y répondre. L’anonymat était garanti aux répondants. Une fois validées par le participant, les réponses n’étaient visibles que par l’instigateur du questionnaire afin de ne pas influencer les réponses des participants suivants.
Diffusion du questionnaire :
Nous avons demandé au Syndicat Indépendant Régional Haut Normand des Internes de Médecine Générale (SIREHN-IMG) de diffuser le questionnaire sur les adresses mail des étudiants syndiqués et les réseaux sociaux. Afin d’augmenter la représentativité, nous avons également fait circuler le questionnaire (version papier), à la faculté à l’occasion d’un séminaire.
Le questionnaire a été diffusé du 18.04.18 au 13.09.18, avec des relances régulières afin d’augmenter le taux de réponses.
Le département universitaire de médecine générale de Rouen a refusé de diffuser le questionnaire sur leur mailing liste étudiante, ne voulant pas prendre parti dans les travaux de recherche des étudiants.
Saisie et analyse des résultats :
Les différentes réponses aux questions ont été converties en données chiffrées à l’aide d’un tableur Excel.
L’aide d’un statisticien a été sollicitée pour l’analyse des résultats.
Lors de notre analyse, nous avons supprimé la question 9, qui ne semblait pas avoir été comprise par les internes.
RESULTATS
RESULTATS DE LA REVUE DE LITTERATURE
AMERIQUE
Etats-Unis
Les thérapies complémentaires se sont développées de façon très importante aux Etats-Unis. Entre 1990 et 1997, la consommation des soins en thérapies complémentaires est passée de 33% à 42% 32. Elles ont eu les mêmes débuts mystiques et peu reconnus que l’Europe, mais de part de nombreuses études, elles font aujourd’hui partie intégrante du système de santé américain. Ils sont parmi les premiers à utiliser le terme de Médecine Intégrative.
Avis du monde médical sur les thérapies complémentaires -Avis des étudiants
Les études ne manquent pas pour montrer le désir de formation des étudiants sur les thérapies complémentaires 7, 20, 33-39. L’une d’elles rapporte que 84% des étudiants considéraient les thérapies complémentaires comme un élément central de la formation en médecine générale 35.
-Etude des connaissances et de la réceptivité des médecins
Une étude de 2015 a montré que la plupart des médecins ne se renseignaient pas sur l’utilisation de ces thérapies par leurs patients. En 2012, une plage de consultation sur les thérapies complémentaires a été créée en Californie. Un auto-questionnaire a été réalisé en 2012 et 2014, révélant que les médecins interrogés ont mieux compris l’ostéopathie et l’acupuncture, après avoir eu une formation sur ces pratiques 40, démontrant ainsi l’effet immédiat de l’éducation sur les thérapies complémentaires lors de la formation en soins primaires, mais également la réceptivité des médecins envers le changement.
-Avis des doyens et enseignants
Les directeurs d’internats de médecine générale sont au courant du besoin de formation sur les thérapies complémentaires. Souvent, aucun programme n’est installé. Les principales difficultés liées à la mise en œuvre comprenaient le manque de temps pour les internes (77%), le défaut de formation du corps professoral (75%), le manque de ressources financières (29%) et l’acceptation des pairs 35,41.
Compétences recommandées aux internes par le NIH
Depuis 2000, l’institut national de la santé (NIH) sponsorise le développement d’un programme sur les thérapies complémentaires (« les écoles de profession de la santé doivent incorporer suffisamment d’informations sur les thérapies complémentaires dans le programme des étudiants en médecine pour conseiller avec compétence leurs patients au sujet des thérapies complémentaires »). Il a fallu attendre quelques années avant que quelque chose ne se développe.
En 2008, la société des enseignants de médecine générale (STFM) commence un processus de recherche pour sensibiliser les internes sur les concepts des thérapies complémentaires.
Le but est de créer un ensemble de compétences nationalement reconnues et accréditées dans les domaines de la formation médicale 42.
En 2010, la STFM (en association avec le NIH) approuve 19 compétences à acquérir sur les thérapies complémentaires, recommandées pour les internes (Annexe 2).
L’Université d’Arizona
1994 a vu la création du centre de médecine intégrative à l’Université d’Arizona, créé dans le but principal de former les médecins aux thérapies complémentaires. Cette faculté propose la meilleure formation et possède une influence très importante sur l’enseignement des thérapies complémentaires dans les Etats-Unis 34.
La formation des étudiants en médecine était l’une des priorités de la faculté d’Arizona et de nombreux efforts ont été déployés pour intégrer des conférences sur les thérapies complémentaires. Il a été constaté que le ciblage de l’internat était une meilleure stratégie : les internes servent de modèles pour les étudiants en médecine, leur programme n’est pas aussi dense et leurs plafonds de travail font de la formation en ligne une stratégie précieuse pour capter tous les apprenants. L’incorporation des thérapies complémentaires a été facilitée par son lien avec les nouvelles exigences de formation de l’internat, notamment le professionnalisme, la compétence culturelle et les questions éthiques.
Au fil du temps, l’enthousiasme et la passion des étudiants de l’Université d’Arizona ont conduit à une expérience plus approfondie. Les étudiants ont formé leur propre réseau, demandé aux membres du corps professoral de servir de conseillers, de créer des opportunités d’apprentissage uniques et de créer une plate-forme nommée Piste de Réflexion. Les étudiants ont souvent été les initiateurs de programmes de gestion de l’information à travers le pays. Ils jouent souvent un rôle actif dans leur éducation et font connaître leurs besoins aux doyens et aux administrateurs des facultés de médecine. De cette façon, les internes ont été en mesure d’incorporer les thérapies complémentaires dans leurs établissements.
Aujourd’hui l’Université d’Arizona présente un internat sur les thérapies complémentaires qui se déroule en 2 ans (tableau).
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Table des matières
INTRODUCTION
1. Choix des termes utilisés
2. Définition des termes généraux
3. Définition et validité scientifique des thérapies complémentaires étudiées
-Acupuncture
-Homéopathie
-Hypnose
-Mésothérapie
-Ostéopathie
4. Histoire de la médecine et des thérapies complémentaires
5. Engouement du public et essor des thérapies complémentaires
6. Reconnaissance des thérapies complémentaires par le monde médical
-Organisation Mondiale de la Santé
-Parlement européen et Conseil de l’Europe
-Conseil National de l’Ordre des Médecins
-Académie nationale de médecine
-Assistance Publique-Hôpitaux de Paris
-Pouvoirs publics
-Ministère de la santé
-Institut National de Santé Et de Recherche Médicale
7. Question de recherche et objectifs
METHODOLOGIE
A- Revue de la littérature..
B- Etude quantitative locale
RESULTATS
A –RESULTATS DE LA REVUE DE LITTERATURE
I- Amérique :
1° Etats-Unis :
a) Avis du monde médical sur les thérapies complémentaires
b) Compétences recommandées aux internes par le NIH
c) Université d’Arizona
d) Formations actuelles et perspectives
2° Brésil :
a) Externat et Ligues Académiques
b) Internat
II – Asie :
a) Chine
b) Singapour
c) Inde
d) Japon
RIBEAUCOURT Flore
III- Océanie : Australie
IV- Europe (hormis la France) :
1°Généralités sur l’enseignement des thérapies complémentaires en Europe
a) Comparaison des points de vue de médecins généralistes en Allemagne et au
Royaume-Uni
b) Introduction de cours sur les thérapies complémentaires en Europe
c) Statuts des thérapies complémentaires dans les facultés de médecine européennes
2° Royaume-Uni
a) Facteurs influençants l’inclusion des thérapies complémentaires dans l’éducation
b) Formation médicale continue en acupuncture
c) Les praticiens non médicalement formés
3°République d’Irlande
4° Suisse
a) Commission permanente des thérapies complémentaires
b) Université de Lausanne
c) Avis des étudiants et des experts sur les thérapies complémentaires
5° Allemagne
a) Le Heilpraktiker
b) Généralités sur l’enseignement des thérapies complémentaires
c) Avis des médecins généralistes et des étudiants allemands sur les thérapies complémentaires
d) Rapports des médecins et des étudiants avec les thérapies complémentaires
V- France :
a) Les médecins généralistes qui pratiquent les thérapies complémentaires
b) Développement de l’enseignement des thérapies complémentaires
c) Thèse d’A.Dermigny
B- RESULTATS DE L’ETUDE QUANTITATIVE LOCALE
1-Données socio-démographiques
a) Nombre de réponses
b) Répartition homme/femme
c) Répartition par année de formation
2-Réalisation d’un stage chez le médecin généraliste
3-Connaissances et ressenti des IMG sur les thérapies complémentaires..
a) Connaissances
b) Formation particulière sur les thérapies complémentaires
c) Recours personnel
d) Volonté de formation
e) Ressenti sur les thérapies complémentaires
4-Etude des internes opposés à une formation
a) Analyse de la population
b) Raisons de l’opposition à la formation
5-Etude des internes favorables à une formation
a) Analyse de la population
b) Principaux objectifs de formation
c) Formes de présentation possibles
d) Diplôme Universitaire
e) Avis sur les Praticiens Non Médicalement Formés
DISCUSSION
I-Forces et faiblesses de notre travail
a) Objectif et originalité de l’étude
b) Revue de littérature
c) Etude quantitative locale
II-Revue de la littérature
a) Etat des lieux des formations existantes
b) Facteurs influençant le développement d’une formation
c) Raisons du défaut d’enseignement
d) Effets indésirables des thérapies complémentaires et de leur mauvaise utilisation
e) Opposition du monde médical
f) Avis des étudiants du monde
g) La France présente-t-elle un retard dans le développement de la formation?
III-Etude quantitative locale
a) Analyse des résultats de l’étude
b) Avis du DUMG
c) Réforme du 3° cycle
IV-Perspectives de formation
CONCLUSION
ANNEXES :
1. Questionnaire aux internes de médecine générale de Rouen
2. Compétences de la STFM aux IMG sur les thérapies complémentaires..
BIBLIOGRAPHIE
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