Dans les classes d’aujourd’hui, les enseignants sont confrontés à une hétérogénéité culturelle croissante chez les élèves. Ce phénomène est d’une grande richesse et un plus pour les classes. Toutefois, cela implique pour les enseignants de s’adapter à ce nouveau public et de trouver des stratégies dans leur manière d’enseigner afin d’amener tous les élèves aux objectifs prévus. Ces stratégies peuvent se trouver dans différents domaines ; organisation spatiale, moyens d’enseignement, formes de travail, mais aussi dans la façon de communiquer les choses aux élèves de manière verbale ou non verbale. Le concept de communication non verbale, auquel je m’intéresserai plus particulièrement au sein de ce travail, est pour moi essentiel dans un environnement scolaire. Plus ou moins consciente selon les individus, la communication non verbale souligne ou précise nos paroles, mais peut également être source de malentendus selon la culture des personnes communiquant entre elles. La communication non verbale fait partie de la manière de communiquer chez l’être humain, comme le dit Paul Watzlawick, « on ne peut pas ne pas communiquer».
La réalité de l’enseignement a énormément évolué ces trente dernières années. On ne peut dorénavant plus s’appuyer sur un référentiel local monoculturel. Le métier a changé, il s’est complexifié. Aujourd’hui, plusieurs communautés linguistiques et culturelles côtoient les mêmes établissements scolaires. L’hétérogénéité des élèves est donc actuellement une réalité du paysage scolaire. Différents facteurs influent sur la gestion de l’hétérogénéité culturelle à l’école, comme les facteurs linguistiques, socio-culturels, identitaires, etc. Dans ce travail, je m’intéresserai plus spécifiquement à l’aspect du langage, envisagé dans une perspective de communication. On considère souvent le langage comme le moyen premier de communiquer et d’exprimer une idée ; il serait donc un instrument de la pensée. Cependant, la langue du pays d’accueil est une difficulté pour les élèves issus de l’immigration. Par conséquent, les diversités linguistiques créent certaines barrières qui peuvent avoir des incidences sur la qualité de l’acquisition des savoirs. Comme le mentionne Philippe Perrenoud (1994), « la communication est un moteur, un outil, un enjeu dans toutes sortes de situations de la vie sociale, professionnelle, civique, personnelle » (p.13). Ainsi, la communication entre élèves et enseignants est un élément essentiel dans les processus d’apprentissage. Dans une de leurs publications, l’équipe de l’Université de tous les savoirs (2002) soutient que la communication ne passe pas essentiellement par le langage et qu’ «Après tout, on ne communique pas seulement avec des paroles, on communique avec des mimiques, on communique en pointant du doigt, on communique avec des gestes conventionnels ou improvisés» (para.3).
Le non verbal accompagne, soutient et complète le verbal. Dans toutes les situations scolaires, les enseignants doivent être conscients que certaines postures adoptées ou gestes effectués ont un effet souvent inconscient sur les élèves. Dans le contexte spécifique d’une classe culturellement hétérogène, il me semble qu’il est particulièrement important qu’on s’y intéresse plus en profondeur. De plus, en tant que future enseignante, il me paraissait important de me préparer à l’idée d’accueillir des enfants de cultures différentes et d’avoir quelques pistes quant aux pratiques, postures et gestes à mobiliser ou non pour une bonne communication et une gestion adéquate des apprentissages et de la classe.
Hétérogénéité
Pour ne citer qu’une définition de l’hétérogénéité, selon Le Grand Robert de la langue française (Robert, 2014), est hétérogène ce qui « n’a pas d’unité, est composé d’éléments de nature différente, dissemblables ». Si nous considérons un groupe de personnes prises de manière aléatoire, ce dernier ne peut être qu’hétérogène par nature car chaque être humain est unique par le fait d’avoir sa propre identité culturelle, sociale, économique, sexuelle, etc. Comme le précise Georges-Alain Schertenleib (2014) « l’hétérogénéité est un concept multidimensionnel» (p.29). Voici le point de vue de deux auteurs cités par GA.Schertenleib. Selon Suchaut (2007), l’hétérogénéité « recouvre en fait plusieurs dimensions au niveau des élèves : niveau d’acquisition, capacités cognitives, comportement scolaire, milieu social…» (p. 18). Pour Noesen et al. (2008), elle « permet d’exprimer à la fois la diversité sociale, nationale, culturelle, linguistique, physique et cognitive des élèves» (p. 6). Pour d’autres, interviennent des dimensions telles que l’âge, le sexe, les performances scolaires, l’origine socioculturelle, la langue et des éléments en lien avec la santé et le corps. La multiplicité des indicateurs me fait admettre que si on désire parler d’hétérogénéité, il est important de préciser sur quelles caractéristiques on désire se baser : âge, sexe, capacités intellectuelles, culture, langues, etc. Je décide de focaliser mon travail sur la dimension culturelle et linguistique car ce sont les deux indicateurs que j’avais déjà abordés durant mes travaux de recherche de 1ère et 2e année. Ce choix s’inscrit dans la continuité de mes recherches. De plus, ces deux indicateurs me semblaient les plus intéressants à étudier au travers de la thématique de la communication non verbale.
Hétérogénéité culturelle et linguistique : défi ou richesse ?
Afin de définir la culture, il est important de mettre en évidence la complexité et la richesse de ses diverses composantes. Perregaux (1994) définit la culture comme « un ensemble de valeurs, de significations et de comportements acquis et partagés par les membres d’un groupe qui tendent à se transmettre une certaine vision du monde et des relations aux autres » (p. 157). Dans le but de comprendre plus spécifiquement ce qu’est une classe hétérogène culturellement, l’office fédéral de la statistique définit la composition culturelle des classes comme « [tenant] compte aussi bien du pays d’origine de l’enfant que de sa langue maternelle. Les enfants provenant d’horizons culturels différents sont de nationalité étrangère et/ou parlent une langue autre que celle enseignée à l’école. » (OFS, 2012, Méthodologie, para.2). L’office fédéral de la statistique distingue trois catégories de classes :
• les classes homogènes ne comptent aucun enfant de nationalité étrangère et/ou parlant une langue autre que celle enseignée à l’école ;
• les classes hétérogènes accueillent un petit nombre de ces élèves (moins de 30%);
• les classes très hétérogènes comptent au moins 30% d’élèves de nationalité étrangère et/ou parlant une autre langue. (OFS, 2012) .
L’hétérogénéité culturelle d’une classe peut briser la routine scolaire, tout comme elle peut représenter une source de difficultés. Elle permet et impose aux enseignants et aux élèves de se familiariser avec l’altérité. Elle suppose donc d’avoir un certain degré d’ouverture au monde qui nous entoure. La perception que peuvent avoir les différents auteurs étudiant le sujet de l’hétérogénéité culturelle se divise en deux visions bien distinctes : défi ou richesse.
Du côté de ceux qui ont une vision négative de l’hétérogénéité, on trouve par exemple Kagan (1992), cité dans un article d’Abdel-Jalil Akkari (2006), pour qui la question de la diversité culturelle est l’un des principaux défis des enseignants lors de leurs premières années d’exercice. De son point de vue, la diversité culturelle est perçue comme un fardeau, un handicap, et est susceptible d’engendrer de graves conséquences au niveau pédagogique. Il y a également la charge supplémentaire de travail que peuvent représenter des élèves « étrangers », posant des problèmes éducatifs et sociaux. Parents et professeurs peuvent considérer la diversité des nationalités et des cultures des élèves comme problématique à l’accomplissement des plans d’étude.
La communication
Selon la définition du Petit Larousse Illustré (2010), la communication est l’« action, fait de communiquer, d’établir une relation avec autrui» (p.227). Bizouard (1997) partage également cette idée d’échange et de relation. Selon lui, la communication se fait selon trois actes (émetteur, message, récepteur). Il y a dans ces deux perceptions l’idée de relation dans laquelle le message fait le lien entre deux individus. Ce point de vue est partagé par les auteurs cités postérieurement qui incluent en plus d’autres composantes entrant dans la situation de communication. En effet, d’autres auteurs et chercheurs postulent que la communication est bien plus complexe qu’un simple échange entre deux ou plusieurs individus, et qu’un bon nombre d’autres éléments interviennent au sein de ce processus. L’auteur Roger E. Axtell (1993) affirme que la communication des êtres humains respecte un système de langage et de codes, issus d’un ensemble de significations que les individus d’une même culture se partagent. Ainsi, il semblerait que la culture joue un rôle prépondérant au sein du processus de communication, avis que partage Coudray (1989) qui postule que la communication possède différentes caractéristiques telles que la personnalité, la relation et la culture. Selon ce dernier, la communication dépend de la personne avec qui on est en interaction puisque nos manières sociales d’être et d’agir avec autrui varient.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1. PROBLEMATIQUE
1.1 DEFINITION ET IMPORTANCE DE L’OBJET DE RECHERCHE
1.2 ETAT DE LA QUESTION
1.2.1 Rappel historique
1.2.2 Champs théoriques et concepts
1.2.2.1 Hétérogénéité
1.2.2.2 Hétérogénéité culturelle et linguistique: défi ou richesse?
1.2.3 La communication
1.2.4 La communication non verbale
1.2.4.1 La posture
1.2.4.2 La gestuelle
1.2.4.3 Le regard
1.2.5 Synthèse de mes lectures
1.2.6 Mon point de vue à l’égard de la théorie
1.3 QUESTION DE RECHERCHE ET OBJECTIFS OU HYPOTHESES DE RECHERCHE
CHAPITRE 2. METHODOLOGIE
2.1 FONDEMENTS METHODOLOGIQUES
2.1.1 Type de recherche
2.1.2 Type d’approche
2.1.3 Type de démarche
2.2 NATURE DU CORPUS
2.2.1 Récole des données
2.2.2 Procédure et protocole de recherche
2.2.3 Echantillonnage
2.3 METHODES ET/OU TECHNIQUES D’ANALYSE DES DONNEES
2.3.1 Transcription
2.3.2 Traitement des données
2.3.3 Méthode et analyse
2.4 SCHEMA METHODOLOGIQUE
CHAPITRE 3. ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
3.1 RESULTATS DES ANALYSES DE MES TABLEAUX SYNOPTIQUES
3.2 COMPARAISON DES PRATIQUES ENSEIGNANTES ET DE LEURS POINTS DE VUE
CONCLUSION
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