Méthode de recherche pour l’identification des études
Une stratégie de recherche de la littérature a été appliquée dans la base de données Pub Med entre mars et juillet 2020, sur les publications allant de 2010 à 2020, afin de répondre à la question de recherche posée selon les critères PICO (Patient, Intervention évaluée, Comparaison et Outcome) : « Chez les patients atteints d’infection par le virus herpès simplex 1, quels sont les éléments retrouvés dans la littérature permettant d’améliorer leur prise en charge ? ». Les mots clefs suivants furent entrés dans la base de données en termes Mesh : (((« Herpes Labialis »[Mesh]) OR « Stomatitis, Herpetic »[Mesh]) OR « Herpesvirus 1, Human »[Mesh] AND ((humans[Filter]) AND (english[Filter] OR french[Filter]) AND (2010:2020[pdat]))) AND (((« Mouth »[Mesh]) OR « Oral Manifestations »[Mesh]) OR « Mouth Diseases »[Mesh] AND ((humans[Filter]) AND (english[Filter] OR french[Filter]) AND (2010:2020[pdat])))
Critères d’inclusion et d’exclusion
Les critères d’inclusion furent tous les articles originaux (cas cliniques et études cliniques) répondant à la question de recherche. Les études animales ou in vitro, les études publiées en une autre langue que le français ou l’anglais, ainsi que les textes intégraux n’étant pas accessibles via les crédits interuniversitaires, furent exclus.
Extraction des données
Les données furent extraites et synthétisées selon un tableau d’extraction. Les évaluateurs furent préalablement entrainés à utiliser ce tableau. En cas de désaccord, une relecture commune devait être pratiquée afin de trouver un accord entre les 2 évaluateurs. Les données suivantes furent recueillies :
1- Auteur, titre, méthodologie
2- Données épidémiologiques : nombre de sujet, sérotype viral, prévalence, incidence, physiopathologie
3- Données cliniques : signes cliniques, diagnostic, traitement, évolution, complication
Résultats
L’interrogation de la base de données Pub Med a rapporté 317 articles. Après analyses selon les critères d’inclusions et d’exclusions, 82 articles ont été retenus et la lecture des textes intégraux a permis d’inclure 30 articles, couvrant une période de publications de 2011 à 2020. Le diagramme de flux de la recherche bibliographique est en annexe. Une thèse a été retrouvée après une recherche manuelle et incluse. Plus de la moitié des publications concernaient la récurrence labiale de l’infection par HHV1 (19/30 articles). L’herpès est une maladie infectieuse cutanéo-muqueuse très fréquente (1,2) et sa récurrence est courante (5). L’infection par HHV1 est un problème de santé publique à l’échelle mondiale (1,6–8). L’organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’environ 3,7 milliards d’individus vivent avec l’infection (7). La primo-infection orale par HHV1 survient généralement chez les enfants de 6 mois à 5 ans (9). La prévalence augmente progressivement de l’enfance à l’âge adulte pour atteindre 67% des personnes âgées de 0 à 49 ans et globalement 70% à 80% des adultes dans le monde (10,11). La récurrence concerne 20% à 40% de la population mondiale (12–17), généralement sous la forme de l’herpès labial (HL), appelé classiquement le « bouton de fièvre ». Dans les pays développés, un tiers de la population souffrirait d’HL récurrent (HLR). Au cours des 20 dernières années, la prévalence de l’HL a augmenté à l’échelle mondiale et sa prévention pose un défi de taille (5). La prévalence, les facteurs de risque et la physiopathologie de la réactivation virale sont mal connus et varieraient en fonction de l’âge, du temps et du contexte géographique. La prévalence de l’HHV1 et de l’HHV2 est plus élevée dans les régions en développement et à l’inverse serait en baisse aux États-Unis (1), atteignant toutefois 70% de la population (18,19). La séroprévalence du virus est estimée à 31 % chez les enfants de 6 à 13 ans, à 40% des adolescents, à 58% chez les Américains immunocompétents âgés de 14 à 49 ans, dont 15 à 40% rapportent des épisodes d’HLR (10,20,21). Les estimations européennes de la séroprévalence varient entre 50 et 80%, avec environ 30% des patients qui présenteraient des récurrences (20). Dans les pays d’Europe orientale, notamment en Bulgarie, les séroprévalences de l’HHV1 et de l’HHV2 seraient plus élevées que dans les pays d’Europe du Nord (Angleterre et Pays de Galles, Allemagne, Pays-Bas, Belgique et Finlande). En France, une enquête démographique, sur plus de 10 000 adultes sélectionnés au hasard, a retrouvé que 14,8% avaient eu un épisode d’HL au cours des 12 derniers mois, et que parmi eux 12,94% avaient eu au moins 6 occurrences au cours des 12 derniers mois (19). En Australie, une enquête populationnelle réalisée entre 1999 et 2000 a retrouvé des séroprévalences de l’HHV1 et de l’HHV2 respectivement de 76% et 12%, plus élevées chez les femmes (80,4% et 16,3% respectivement) que chez les hommes (71, 3% et 8,9% respectivement) et s’élevant à 77,3% et 16,4% respectivement, dans la tranche d’âge des 35-44 ans. Barros et al. ont retrouvé que la séropositivité à l’HHV1 était plus élevée chez les personnes infectées par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) que chez les non infectées (22). La charge virale d’HHV1 était significativement plus élevée dans la salive des VIH+ que des VIH- (22). Les anticorps sériques contre HHV1 et HHV2 sont plus fréquents dans les groupes socio-économiques défavorisés et un statut socio-économique élevé est associé à une prévalence plus faible du HHV1. D’autres facteurs de risque d’HL ont été identifiés comme le sexe féminin, les éthnies blanches, l’âge (65-74 ans), les infections récurrentes des voies respiratoires supérieures et lymphopénie. Le tabac aurait un rôle protecteur, car les fumeurs signaleraient moins d’HLR que les non-fumeurs (1). Dans l’infection primaire, le développement, la progression et la cicatrisation des lésions sont étroitement corrélés à la réplication virale (21). Les virus herpès simplex nécessitent au moins quatre glycoprotéines (gB, gD, gH et gL), pour pénétrer dans les cellules cibles en plus d’un récepteur cellulaire pour la gD. La compréhension du mécanisme d’entrée du HHV-1 est compliquée par la présence de plus d’une douzaine de protéines sur l’enveloppe virale. Les quatre glycoprotéines d’entrée essentielles du HHV-1 sont non seulement nécessaires mais également suffisantes pour l’entrée et la fusion cellulaire (23). HHV-1, avec d’autres herpèsvirus, est capable d’infecter plusieurs types de cellules par trois voies distinctes : fusion au niveau de la membrane plasmique, endocytose dépendant du pH ou endocytose indépendante du pH. Le type de voie d’entrée selon les cellules reste méconnu. D’autre part le rôle de glycoprotéines dites non essentielles n’est pas entièrement élucidé, mais certaines d’entre elles peuvent participer au mécanisme de pénétration de la cellule cible (23). Après la primoinfection, le virus migre et persiste à l’état latent dans les neurones sensoriels (ganglion trijumeau pour HHV1 et sacré pour HHV2).
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Table des matières
1 Introduction
2 Matériel et méthodes
3 Résultats
4 Discussion
5 Conclusion
6 Annexe A
7 Bibliographie
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