HEBERGEMENT ET GESTION DES PERSONNES DEPLACEES

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Cause géographique

La topographie du lieu et sa situation hydrologique jouent un grand rôle dans l’inondation de celui-ci. Les zones de déversement de crues et celles situées à côté des plans d’eau sont exposées à l’inondation.

Cause anthropique

Les activités humaines telles que l’urbanisation anarchique ou la construction d’ouvrages réduisant la perméabilité du sol (bâtiments, voieries…) sont aussi à l’origine de l’inondation.
Quel que soit son origine, l’inondation engendre souvent des conséquences désastreuses.

Effets et/ou impacts de l’inondation

L’inondation provoque aussi bien des effets à court terme que des impacts sur le moyen ou long terme. Ces effets et impacts peuvent être étudiés sur trois plans distincts : humanitaire, économique et social. Ce choix a été motivé par le fait que les conséquences de l’inondation menacent souvent la vie humaine, l’économie en général et la société toute entière.

Sur le plan humanitaire

La population de la zone inondée est la première à subir les conséquences de l’inondation. Aussi, il y a un risque élevé de noyade lorsque l’inondation résulte d’un processus rapide. Tel est le cas, par exemple, lors d’une inondation causée par la formation de crues torrentielles.
L’inondation est considérée comme un des facteurs favorisant l’épidémie de diverses maladies telles que la diarrhée.

Sur le plan économique

L’inondation peut produire des impacts négatifs sur les finances des sinistrés et sur l’économie du pays concerné.
La réhabilitation des habitations endommagées lors de l’inondation engendre un surplus de dépenses pour les familles sinistrées. De plus, beaucoup d’entre eux sont en difficulté à cause du bouleversement de leurs activités professionnelles dues entre autres à la nécessité de se déplacer ailleurs.
Du côté de l’Etat, les dégâts matériels (sur les bâtiments, les réseaux routiers…) peuvent couter très cher au budget de celui-ci car leurs reconstructions nécessitent des sommes faramineuses. En outre, la mise en œuvre de mesures de précaution lors d’une inondation n’est pas sans conséquence sur l’économie d’une entreprise. A titre d’illustration, la coupure de courant à titre préventif entraine l’arrêt de certaines activités utilisant l’électricité comme source d’énergie causant par conséquent des pertes pour l’entreprise concernée.

Sur le plan social

Le bouleversement des activités quotidiennes de la population est l’une des conséquences immédiates de l’inondation. Les sinistrés sont souvent obligés de quitter leur maison habituelle afin d’être accueillis dans des lieux plus sûrs. A cause de ce déplacement, certains enfants sont contraints d’arrêter l’école jusqu’à leur retour à la maison. Certains parents n’arrivent plus à assurer leur gagne-pain pour pouvoir subvenir correctement aux besoins de leurs familles. L’intervention des différents partenaires et donateurs s’avère dès lors plus que nécessaire.
Ceci étant, les causes, les effets et impacts cités ci-dessus ne sont pas exhaustifs et peuvent être différents notamment selon les caractéristiques de la zone inondée.
Quid des spécificités de la Commune Urbaine d’Antananarivo ?

Historique de la CUA

La situation géographique ou la structure administrative sont des facteurs influant la vulnérabilité d’une région. Cette section sera consacrée à l’étude monographique de la Commune Urbaine d’Antananarivo, son organisation administrative ainsi qu’à l’énumération de quelques exemples d’inondation qui ont marqué la Ville d’Antananarivo.

Monographie simplifiée de la CUA

Avec ses 1 168 898 habitants en 2014, la Commune Urbaine d’Antananarivo s’étend sur une superficie de 91.56 km² soit une densité de la population de 12 766/km². La partie basse de la ville est fondée sur le polder6 des rivières Ikopa et Mamba avec une altitude de 1 250 mètres7. La CUA affiche un taux de croissance démographique de 4.6%, ce qui est supérieur à la moyenne nationale qui est de 2.8%8. Par conséquent, des constructions ne cessent de pousser sur des zones inondables de la Commune.

GESTION DES RISQUES ET CATASTROPHES A MADAGASCAR

Une nuance sur la terminologie a été constatée au niveau de la législation malgache. Dans certains cas, le terme « Gestion des Risques et des Catastrophes » a été utilisé alors que dans d’autres cas, il est écrit « Gestion des risques de catastrophes ». A titre d’illustration, la Stratégie Nationale de Gestion des Risques et des Catastrophes ou SNGRC utilise dans son intitulé même le premier vocabulaire alors que cette même Stratégie donne la définition de la Gestion des Risques de Catastrophes dans son glossaire comme étant « Une approche de la gestion des catastrophes sous l’angle du développement, qui met l’accent sur les conditions sous-jacentes des risques qui conduisent à de fréquentes catastrophes. Le but est d’augmenter la capacité à gérer efficacement et à réduire les risques et donc la fréquence et l’amplitude des catastrophes12 ».En effet, les deux vocabulaires peuvent être utilisés selon les aspects qu’on veut mettre en exergue.
Nous étudierons successivement dans ce chapitre l’organisation de la GRC au niveau national ainsi qu’au niveau communal et enfin l’analyse de vulnérabilité de la Commune Urbaine d’Antananarivo. Ce plan a été choisi car pour pouvoir adopter une stratégie efficace de GRC, il faut connaître le degré de vulnérabilité d’une localité face à un risque déterminé.

Organisation générale de la GRC à Madagascar

Avant de voir les structures de Gestion des Risques et Catastrophes à Madagascar et au sein de la Commune Urbaine d’Antananarivo, il s’est avéré nécessaire de définir les mots-clés employés dans ce domaine.

Quelques définitions des mots-clés

Les définitions suivantes ont été tirées de la Terminologie pour la Prévention des risques de catastrophe dans la Stratégie Internationale de Prévention des Catastrophes (UNISDR) ainsi que de la Stratégie Nationale de Gestion des Risques et des Catastrophes (SNGRC).
Afin d’avoir un même point de vue sur le sujet à traiter dans la présente étude, les termes suivants seront définis pour éviter toute confusion : l’Aléa, le Risque et la catastrophe.

L’Aléa

L’aléa est « un phénomène dangereux, une substance, activité humaine ou condition pouvant causer des pertes de vies humaines, des blessures ou d’autres effets sur la santé, des dommages aux biens, des pertes de moyens de subsistance et des services, des perturbations socio-économiques, ou des dommages à l’environnement » (UNISDR).
La SNGRC malgache définit l’aléa comme étant « une situation potentielle ou existante qui peut affecter les populations, détériorer les biens ou l’environnement. L’amplitude du phénomène, sa probabilité, l’étendue et la gravité de son impact sont variables. Dans de nombreux cas, ces dégâts peuvent être anticipés et estimés ».
L’aléa peut être naturel, d’où indépendant de la volonté de l’homme. Par contre, il peut résulter de l’activité humaine. On le qualifie dans ce dernier cas d’aléa anthropique. L’aléa en soi ne constitue pas un danger. Il le devient quand celui-ci est devenu un risque pour l’homme, les biens et services ou pour l’environnement. Quid de la notion de « risque » ?

Le risque

Le risque est « la combinaison de la probabilité d’un événement et de ses conséquences négatives » (UNISDR).
La SNGRC ne donne pas une définition précise du risque, dans son glossaire, mais se contente de définir les différentes expressions liées à la notion du risque : risques acceptables, risques chimiques, risques technologiques.
Une autre définition pertinente est donnée par le Programme de formation à la gestion des catastrophes des Nations Unies ou UNDMTP13 : « Le risque est défini comme les pertes attendues (pertes de vies, blessures, dommages à la propriété, grave perturbation des activités économiques) causées par un phénomène particulier. Le risque est fonction de la probabilité d’occurrence particulière de ces phénomènes, et des pertes que chacun d’eux peut causer. D’autres analystes utilisent ce terme pour exprimer la probabilité d’une catastrophe ayant pour conséquence des pertes d’un niveau particulier ».
En somme, on peut résumer la notion de risque dans la formule suivante14 : Risque = Aléa x Vulnérabilité/Capacité
La notion de risque ne dépend pas seulement de l’aléa mais aussi de la vulnérabilité et de la capacité. Ces deux notions ont été définies par l’UNISDR :
– « La vulnérabilité désigne les caractéristiques et les circonstances d’une communauté ou d’un système qui le rendent susceptible de subir les effets d’un danger ».
« La capacité est la combinaison de toutes les forces et de tous les moyens disponibles au sein d’une communauté, d’une société ou d’une organisation qui peuvent être utilisés pour atteindre des objectifs fixés ».
Les aléas, particulièrement les aléas naturels comme les cyclones ou les séismes ne peuvent être empêchés par l’action de l’homme. La probabilité d’occurrence d’un risque dépend de la vulnérabilité et de la capacité de la Communauté concernée. Si la vulnérabilité de celle-ci diminue et sa capacité augmente, cette probabilité d’occurrence diminue en conséquence. Tous ces éléments sont déterminants pour qu’un risque devienne une catastrophe.

Cadre stratégique et juridique de la GRC

Sur le plan stratégique, la Stratégie Nationale de Gestion des Risques et des Catastrophes ou SNGRC a été adoptée en 2003 et rentre dans l’identification et la gestion des risques et catastrophes à Madagascar. Elle comporte six (06) axes stratégiques :
1) Mise en œuvre de mécanismes institutionnels pour la GRC par l’adoption de la loi sur
la GRC et ses décrets d’application ;
2) Renforcement des capacités à long terme pour la gestion des risques et de catastrophes aux niveaux national, provincial, local et communal ;
3) Développement d’un système d’information exhaustif ;
4) Développement des mécanismes financiers à long terme ;
5) Réduction globale des risques et de la vulnérabilité ;
6) Coopération régionale et internationale.
Sur le plan juridique, la SNGRC a été institutionnalisée par l’adoption de la loi n° 2003 – 010 du 05 septembre 2003 relative à la Politique Nationale de Gestion des Risques et des Catastrophes (PNGRC) et ses deux (02) décrets d’application qui sont :
1) Le décret n° 2005 – 866 fixant les modalités d’application de la loi n° 2003 – 010 du 5 septembre 2003 relative à la politique nationale de gestion des risques et des catastrophes.
– Dans son article 2, ledit décret énumère les seize (16) risques spécifiques16 qui pourraient affecter Madagascar. L’inondation fait partie de cette énumération.

Organisation institutionnelle de la GRC

La Gestion des Risques et Catastrophes n’est pas une affaire de quelques personnes et implique la participation de toutes les instances institutionnelles tant au niveau national qu’au niveau des structures décentralisées et déconcentrées.
Au niveau national, il y a le Conseil National de Gestion des Risques et des Catastrophes (CNGRC) présidé par le Premier Ministre et composé du Ministre chargé de l’Intérieur, en tant que Vice-Président ainsi que tous les autres Membres du Gouvernement concernés par les risques spécifiques. Le CNGRC est l’organe stratégique de conception et de supervision. Il dispose d’un Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes (BNGRC)17 assurant le rôle d’organe de gestion, de coordination, de suivi et d’appui du CNGRC. L’article 5 du décret n° 2005 – 866 prévoit la création de la Cellule de Prévention et de Gestion des Urgences (CPGU) chargée d’assister le Premier Ministre et le CNGRC dans l’accomplissement de leurs missions de conception, d’élaboration de stratégie et d’évaluation en matière de gestion des risques et des catastrophes18.
Au niveau territorial, il y a le Comité Régional de Gestion des Risques et des Catastrophes (CRGRC), le Comité de District de Gestion des Risques et des Catastrophes (CDGRC) ,le Comité Communal de Gestion des Risques et des Catastrophes (CCGRC) et enfin le Comité Local de Gestion des Risques et des Catastrophes (CLGRC).

Vulnérabilité socio-économique

La vulnérabilité socio-économique de la ville d’Antananarivo est surtout marquée par la précarité financière de sa population. Cette précarité s’explique par la place importante tenue par le secteur informel. En 2010, 65,1% des travailleurs exercent dans le secteur informel25 tel que le commerce ambulant, l’artisanat de service … Ils sont souvent obligés de s’installer dans des zones inondables, là où les loyers sont abordables et où les constructions illicites sont devenues florissantes. En effet, 70% des habitats réalisés en 2010 sont des constructions illicites26. Cette situation aggrave la vulnérabilité de la CUA par rapport à l’inondation.
En somme, les dirigeants malgaches qui se sont succédés étaient conscients de l’importance de la Gestion des Risques et Catastrophes. C’est dans cette optique que la Stratégie Nationale de Gestion des Risques et des Catastrophes a été adoptée en 2003, suivie de la mise en place des mécanismes institutionnels opérant à différents niveaux d’intervention (CPGU, CNGRC, BNGRC, CRGRC, CDGRC, CCGRC, CLGRC, CRIC …). Ces structures de la GRC interviennent suivant leurs rôles respectifs dans les différentes phases de GRC : Préparation, Réponse d’urgence, Réhabilitation et Prévention.
Pour le cas de la Commune Urbaine d’Antananarivo, ses activités de GRC sont dictées notamment par le Plan de préparation et de réponses multirisques pour le Grand Tanà. Chaque intervention devrait prendre en compte le degré de vulnérabilité de la population.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I : GENERALITES SUR L’INONDATION ET L’HEBERGEMENT DES SINISTRES
Chapitre I :INONDATION DANS LA COMMUNE URBAINE D’ANTANANARIVO
1.1 Notions utiles sur l’inondation
1.2 Historique de la CUA
Chapitre II : GESTION DES RISQUES ET CATASTROPHES MADAGASCAR
2.1 Organisation générale de la GRC à Madagascar
2.2 Structure de GRC dans la CUA
2.3 Analyse de la vulnérabilité de la CUA
Chapitre III : HEBERGEMENT ET GESTION DES PERSONNES DEPLACEES
3.1 Notion de personnes déplacées
3.2 Hébergement des personnes déplacées
3.3 Gestion de camp de déplacés
Partie II : EVALUATION DE L’HEBERGEMENT DES SINISTRES EN CAS D’INONDATION DANS LA COMMUNE URBAINE D’ANTANANARIVO
Chapitre IV : ETUDE DES REALITES SUR TERRAIN
4.1 Méthodologies de recherche
4.2 Situation des sinistrés pour la CUA
Chapitre V : ETUDE DU CAMP ABATTOIR D’ANDOHATAPENAKA
5.1 Organisation et fonctionnement du camp
5.2 Réponses multisectorielles dans le Camp Abattoir
5.3 Comparaison entre Sites d’hébergement des Fokontany et Camp de déplacés
5.4 L’accompagnement au retour et clôture des lieux d’hébergement
Chapitre VI : ANALYSE SWOT ET RECOMMANDATIONS SUR LA GESTION DE CAMP DE DEPLACES
6.1 Analyse SWOT du camp Abattoir d’Andohatapenaka
6.2 Les recommandations sur la gestion de camp de déplacés
CONCLUSION
LISTE DES ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE

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