Depuis quelques décennies, la prise de conscience des problèmes environnementaux et les menaces qu’ils représentent a changé la perception globale du développement. Le réchauffement climatique, les pertes en biodiversité, la crainte pour l’avenir des générations futures ont poussé les nations à se pencher plus sérieusement sur la question de conservation des ressources naturelles. Divers Sommets, Conventions, Déclarations et Protocoles relatifs à cette dernière ont-ils ainsi vu le jour en réponse à la menace perpétuée par la diminution de la biodiversité.
Madagascar, île caractérisée par une biodiversité exceptionnellement riche et un taux d’endémisme élevé, suscite un intérêt particulier au sein de la communauté scientifique mondiale, en effet, l’importance de la biodiversité Malgache s’étend bien au-delà des frontières du pays. Par ailleurs, conscients de l’importance du patrimoine écologique abrité par le pays, devenu patrimoine mondial, les dirigeants malgaches ont exprimé leur volonté ferme de le préserver. Ainsi, en 2003, lors du sommet de Durban, les dirigeants du pays ont pris des engagements relatifs à la protection de l’environnement. Ces engagements ont alors donné naissance au Système d’Aires Protégées de Madagascar (SAPM) et aux Nouvelles Aires Protégées (NAP).
RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE ET WEBOGRAPHIQUE
La recherche bibliographique et webographique ont pris une importance capitale dans la rédaction de ce mémoire. Elles ont fourni une contribution significative dans la première partie du travail, c’est-à-dire dans l’éclaircissement des concepts et dans les apports théoriques. Les discussions théoriques proviennent essentiellement d’articles scientifiques publiés dans des revues scientifiques diffusées en ligne, tels que le « Journal of Environmental Management », le «Human Ecology » ou le « World Development ». Ces revues sont rédigées par des professeurs d’université spécialistes de la politique environnementale, du développement durable, mais également des écologues, géographes, sociologues,… Certaines données de terrain ont été recueillies grâce à des rapports d’enquêtes socioéconomiques antérieurs mis à notre disposition par ASITY Madagascar.
DESCENTES SUR TERRAIN
La descente sur terrain au CMK, quoique relativement brève (4jours) vient compléter les recherches bibliographiques. Elle s’est déroulée au mois de Novembre 2009. Le nombre restreint de jours nous a contraint à enquêter auprès des personnes ressources plutôt que la population directement. Ainsi, nous avons pu nous entretenir avec les staffs de diverses associations locales, les dirigeants organisations communautaires de base (OCB) ou VOI en malgache (Vondron’Olona Ifotony) et des représentants étatiques au sein des communautés (chefs fokontany). Cela nous a permis d’avoir une vue d’ensemble sur les problèmes locaux les plus significatifs, tant du point de vue conservation que du point de vue développement. Comme nous l’avons mentionné précédemment, les rapports d’enquêtes socio-économiques effectuées antérieurement au sein du CMK viennent compléter nos données de terrain.
CLARIFICATIONS CONCEPTUELLES
CONCEPT DE DEVELOPPEMENT DURABLE
Le développement durable peut-être défini de plusieurs manières. Mais sa définition de référence est celle publiée dans le rapport Brundtland (« notre avenir à tous ») en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement selon laquelle le développement durable est un mode de développement qui « répond aux besoins du présent sans compromettre des générations futures de répondre aux leurs. » Selon le site web de Vedura, le portail de référence en développement durable, « Le développement durable a pour vocation de réconcilier l’homme, la nature et l’économie, à long terme et à une échelle mondiale. La finalité du développement durable est d’assurer le bien-être de tous êtres humains qui vivent aujourd’hui et vivront demain sur la Terre, en harmonie avec l’environnement dans lequel ils évoluent. » .
Le développement durable repose sur des principes fondamentaux :
● le principe de solidarité locale, nationale, internationale, et avec les générations futures ;
● le principe de responsabilité, de cohérence des comportements ;
● le principe de diversité culturelle ;
● le principe de participation active de chacun à l’engagement citoyen de tous ;
● le principe d’application du principe de précaution.
Ainsi, au vu de ces principes, l’idée maîtresse du développement durable est-elle la « pérennité ». Cette pérennité peut-être atteinte en assurant un équilibre entre les trois concepts suivants :
❖ L’efficacité économique : il s’agit de la production de biens de consommation en tenant compte de la protection de l’environnement, du renouvellement des ressources consommées et de la protection des hommes et des femmes qui y travaillent. L’efficacité économique implique une gestion optimale des ressources employées.
❖ L’équité sociale : elle fait référence à la notion de bien-être, des droits humains, des libertés individuelles et de diversité culturelle. Le bien-être est l’objectif du développement durable : il s’agit, en plus du confort matériel et financier, de la qualité de la vie des hommes. L’équité sociale vise donc à lutter contre tout ce qui nuit au bien-être : la pauvreté, l’exclusion, les discriminations. L’équité sociale doit être perçue à deux niveaux : entre pays développés et pays en développement, mais aussi entre génération actuelle et générations futures.
❖ La protection de l’environnement : elle a pour principales préoccupations le renouvellement des ressources prélevées par l’Homme dans ses activités quotidiennes, la réduction du gaspillage des ressources, la limitation de la pollution,… dans le but de « préserver la vie sur la terre ». La protection de l’environnement implique nécessairement une volonté politique, une évolution de la mentalité, de changements de comportements tant au niveau des citoyens qu’au niveau des entreprises.
L’équilibre entre ces trois « piliers » du développement durable doit être atteint en appliquant un principe de bonne gouvernance. La gouvernance dont on parle ici est celle qui implique de manière responsable tous les acteurs et les populations concernées dans les processus de concertation et de décision. Ainsi, le but est-il de parvenir à des décisions élues par la majorité dans l’intérêt du bien commun. Le principe de gouvernance doit être accepté et réellement appliqué à différents niveaux et à toutes les organisations : l’État, les collectivités territoriales,…
CONCEPT DE TRANSFERT DE GESTION : LA GESTION COMMUNAUTAIRE DES RESSOURCES NATURELLES OU GCRN
La GCRN ou Gestion Communautaire des Ressources Naturelles consiste à transférer la gestion durable des ressources d’un terroir à des communautés locales de base (les COBA ou Communautés de Base). Elle consiste à déléguer la gestion des ressources rurales aux communautés au moyen de contrats. Selon ROE Dilys et NELSON Fred , « la gestion communautaire des ressources naturelles désigne la gestion des ressources telles que les terres, les forêts, la faune et l’eau par des institutions collectives locales pour le bien des populations locales. La GCRN peut prendre plusieurs formes selon l’endroit et le contexte sociopolitique et biophysique. » .
Les buts de la GCRN sont les suivants :
● La gestion durable de l’environnement à partir d’outils de gestions négociés de manière « concertée » ;
● L’amélioration des conditions de régénération des ressources grâce à une gestion rationnelle planifiée ;
● L’apprentissage des COBA des rôles du gestionnaire de ressources.
À Madagascar, les dispositions relatives à ce transfert de gestion sont inscrites dans la loi N°96-025 du 30 Septembre 1996 .
La GCRN consiste avant tout à sensibiliser et à éduquer les personnes vivant près des ressources identifiées sur l’importance de cette dernière. La sensibilisation et l’éducation sont effectuées dans le but d’impliquer les COBA au maximum dans la gestion desdites ressources. Il est d’une grande importance d’instaurer un climat de confiance entre les communautés de base et l’entité souhaitant leur transférer la gestion. En effet, d’une part, il faut que l’entité (une Organisation Non Gouvernementale, un organisme d’appui, l’administration forestière,…) s’assure que les COBA aient confiance en elle. Les communautés auxquelles la gestion a été transférée doivent alors se doter chacune d’une structure, c’est-à-dire d’un comité de gestion qui assurera le rôle d’intermédiaire entre la COBA et l’entité qui leur a transféré la gestion de la ressource.
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Table des matières
INTRODUCTION
MÉTHODOLOGIE DE TRAVAIL
A. RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE ET WEBOGRAPHIQUE
B. DESCENTES SUR TERRAIN
C. ANALYSE DES DOCUMENTS INTERNES D’ASITY MADAGASCAR
PREMIÈRE PARTIE : APPROCHE THÉORIQUE DE LA PROBLÉMATIQUE
SECTION 1 : QUELQUES CLARIFICATIONS CONCEPTUELLES
A. CONCEPT DE DEVELOPPEMENT DURABLE
B. CONCEPT DE TRANSFERT DE GESTION : LA GESTION COMMUNAUTAIRE DES RESSOURCES NATURELLES OU GCRN
C. CONCEPT DE DEVELOPPEMENT LOCAL
SECTION 2 : APPROCHES THÉORIQUES DE LA CONSERVATION ET DU DÉVELOPPEMENT
A. LA TRAGEDIE DES BIENS COMMUNS : GARRETT HARDIN (1968)
B. APPROCHE DU ROLE DES AIRES PROTEGEES PAR NAUGHTON-TREVES, BUCKHOLLAND ET BRANDON
C. APPROCHE DU DEVELOPPEMENT PARTICIPATIF ET DE LA GESTION COMMUNAUTAIRE DES RESSOURCES NATURELLES PAR VAINIO-MATTILA ET CAMPBELL
D. APPROCHE DE LA GESTION PARTICIPATIVE DES RESSOURCES NATURELLES PAR
E. APPROCHE DU ROLE DES COMMUNAUTES DANS LA CONSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT PAR AGRAWAL ET GIBSON
CONCLUSIONS SUR LA PREMIÈRE PARTIE
DEUXIÈME PARTIE : APPROCHE PRATIQUE DE LA PROBLÉMATIQUE : CAS DE LA NOUVELLE AIRE PROTÉGÉE : LE COMPLEXE MAHAVAVY-KINKONY
PRÉSENTATION D’ASITY MADAGASCAR
SECTION 1 : PRÉSENTATION DE LA NOUVELLE AIRE PROTÉGÉGE DU COMPLEXE MAHAVAVY-KINKONY
A. CONTEXTE DE SA CREATION : DURBAN, NAISSANCE DE LA SAPM
B. GEOGRAPHIE ET BIODIVERSITE
C. LA POPULATION LOCALE
D. MENACES PESANT SUR LE COMPLEXE MAHAVAVY-KINKONY
E. MODE DE GOUVERNANCE
SECTION 3 : LES PROBLÈMES DANS LA GESTION DU CMK
A. CONTRAINTES AU NIVEAU DU DEVELOPPEMENT DURABLE
B. CONTRAINTES LIEES A LA CONSERVATION DES RESSOURCES NATURELLES
SECTION 4 : ANALYSE DES ACTIVITÉS OPÉRÉES AU SEIN DU CMK
A. METHODOLOGIE
B. ANALYSE GLOBALE DES ACTIVITES
C. ANALYSE SPECIFIQUE DES ACTIVITES
SECTION 5 : RECOMMANDATIONS
A. RENFORCER LA COOPERATION AVEC L’ÉTAT ET LES OPERATEURS LOCAUX
B. RENFORCER LES PROGRAMMES DE SENSIBILISATION
C. ALLOUER PLUS DE RESSOURCES A L’ECOTOURISME ET A LA PROMOTION DU SITE
D. RAPPELER LEURS DROITS AUX COMMUNAUTES
E. PROMOUVOIR LES VISITES D’ECHANGE
F. RECRUTER PLUS DE PERSONNEL OU RENFORCER LES CAPACITES DE L’EQUIPE DE L’ORGANISME D’APPUI
CONCLUSION
RESUME
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
LISTE DES ABBRÉVIATIONS
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
ANNEXES