« Avant on vivait dans un territoire. Les mobilités ayant augmenté, maintenant on vit entre, à travers les territoires » (Vanier, 2010). L’interterritoire peut être qualifié comme étant l’entre-deux, un espace plus ou moins flou, plus ou moins continu, plus ou moins.
A la suite de ce PFE, un cahier des charges a été élaboré de façon à constituer la base de travail de l’atelier actuellement en cours sur l’interterritoire : il s’agira de proposer des actions d’aménagement pour répondre aux enjeux globaux que nous aurons déterminé et fixé dans le cahier des charges.
La PFE, s’est tout d’abord appuyé sur la définition prétopologique d’un interterritoire qui est : « Un interterritoire est l’espace situé entre deux territoires, dès lors que cet espace ne se résume pas à une ligne et que l’on admet qu’il possède une étendue, un contenu, même si ce contenu est situé géographiquement sur l’un des deux territoires ou sur les deux. » (Thibault, 2013). Selon le PFE, cette définition semble induire une certaine spatialité, c’est-à-dire une étendue dont il faut étudier le contenu. Ce contenu, qui peut être sur l’un, l’autre ou les deux territoires, semble correspondre à toutes les dimensions relatives à ce qui définit un territoire, qu’elles soient institutionnelle, sociale, culturelle ou encore spatiale. Ainsi, pour mettre en avant ce contenu, le PFE donne une nouvelle définition : Un interterritoire peut être vu comme « étant une zone d’interactions entre deux territoires. Il serait alors la traduction de l’impact de la frontière entre ces deux territoires, la frontière étant la condition sinéquanone de l’existence de l’interterritoire. Autrement dit, un interterritoire découle d’une frontière ; sans frontière, il n’y a pas d’interterritoire. »
Problèmatique du PFE : « Dans quelle(s) mesure(s) les interactions entre Tours et Saint-Pierre-DesCorps dimensionnent-elles leur interterritoire ? »
Hypothèse 1 : nous avons émis la double hypothèse suivante : Il existe une divergence d’ordre symbolique au sein du couple Tours / Saint-Pierre-des-Corps, qui impacte leurs relations, en particulier politiques .
Hypothèse 2 : l n’y a pas de réelle « séparation » physique entre les deux communes dans la mesure où le « couple » Tours / Saint-Pierre-Des-Corps constitue un ensemble urbain continu, pratiqué et fonctionnel .
Etude conceptuelle et mise en perspective de la frontière
Historique de la frontière
Le terme de frontière a évolué au cours du temps : il est apparu au XIIIème siècle et a été utilisé par la suite pour désigner la limite entre deux états date en revanche du XIVème siècle.
Les pratiques des frontières et des limites sont elles apparues plus tard avec la volonté de s’identifié à un territoire. Elle apparait entre autre dans les notions de souveraineté et d’état et entraine donc la naissance de la nation. Par exemple, au XVIIIème, le siècle des Lumières, apparait le terme de « frontière naturelle », par opposition aux frontières héréditaires ou historiques. Au XIXème siècle, c’est le principe de nationalité qui prévaut : la frontière se place entre deux cultures, deux langues (Guichonnet, Raffestin, 1974). Sous l’impulsion de structures englobant les différents territoires et capables de diffuser auprès d’eux une vision plus large de la gestion de l’espace et des populations, certaines frontières ont muté pour devenir la base de coopération transterritoriale. Ces frontières changent alors en termes de fonctionnalité, mais aussi en termes de spatialité. L’idéologie qui s’est développée en parallèle est celle de la frontière « dynamique » et « créative », espace d’hybridation, attractif et innovant, qu’il est plus intéressant de gérer de manière décentralisée pour que cette gestion soit adéquate (Wackermann, 2003). A l’entrée du XXIème siècle, en plus des conflits aux frontières des états, des personnes s’intéressent à de nouvelles frontières engendrant des conflits à plus petites échelles : les conflits urbains. Les conflits sont en effet, des marqueurs des frontières mêe si on ne peut pas dire q’ils en sont la caractériqtiques. Autrement dit, cela pose l’hypothèse de frontières à d’autres échelles que celles des états. Les villes regardent émerger de nouvelles frontière (Groupe Frontière, 2004) : frontières socio-économiques et socio culturelles, mais aussi frontières institutionnelles, avec des territoires qui cherchent à se légitimer dans ces grands ensembles urbains.
➢ En résumé, pour les chercheurs qui se sont intéressés au sujet, les frontières sont passées au fur et à mesure d’une notion d’annexion, à une notion de dissension.
Comme le dit Balibar (1994) « il n’existe pas de définition de frontière pouvant être relative à chaque lieu, chaque temps, chaque échelle (de lieux et de temps), chaque expérience que l’on a de la frontière». L’évolution continuelle des frontières, autant en termes de forme que de localisation, fait que cet objet est une combinaison d’aspects (apparence, fonctionnalité) qui peuvent prendre une multitude de formes. Les frontières ne structurent pas uniquement les territoires mais aussi les individus, en effet, on retrouve la notion d’identité qui anime chaque territoire.
Selon le PFE, il est plus pertinent de se baser sur l’approche géopolitique, sans pour autant oublier la dimension socio-anthropologique de cette étude, autrement dit aborder la notion de frontière sous un angle pluridisciplinaire comme l’ont fait David Newman (géographe) et Gabriel Wackermann (professeur en urbanisme et aménagement du territoire). Cela permet de parler des impacts de la frontière sur les deux territoires, et de définir ainsi les espaces transfrontaliers. C’est aussi l’idée que reprend le Groupe Frontière en introduisant le fait que la frontière se crée « toujours à la condition d’une forte capacité de structuration sociale et politique » (Groupe Frontière, 2004). « […] Au-delà des changements morphologiques, toute frontière se définit par une combinaison de propriétés (la mise à distance, le filtrage, l’affirmation politique, la distinction) dont les effets sur l’espace sont particulièrement marquants (différentiels, discontinuités, risques, entre-deux) tant dans les représentations sociales que dans les pratiques des acteurs qui leurs donnent forme et sens. » (Groupe frontière, 2004).
➢ Indissociables du territoire, les frontières sont des objets qui existent depuis longtemps dans les représentations, dans les pratiques et dans les discours. Ce sont des objets complexes du fait de leur profondeur, de leur mouvance, de leur échelle. Sujet pluridisciplinaire, la frontière a été étudiée selon plusieurs approches. L’approche essentialiste (caractéristiques ‘’ figées ‘’ des frontières : leurs formes, leur support spatial, les pratiques engendrées). L’approche constructiviste (Les frontières comme résultantes et créatrices de processus nombreux, et comme étant porteuses de fonctions et de représentations, leur associant ainsi des dimensions psychologiques et sociologiques.)
Définitions conceptuelles
Selon le PFE, « la frontière est une construction humaine et sociale qui opère ou exprime, à la manière d’une limite, une distinction au sein d’une ou plusieurs entités. Elle se distingue de la limite dans le sens où elle comprend, en plus de la notion de séparation, la notion de liaison. Ces deux notions sont indissociables, une frontière ne pouvant être l’objet uniquement de séparations ou de liaisons, mais les interactions entre les deux entités peuvent exprimer davantage une notion que l’autre. » La frontière peut prendre plusieurs formes.
➢ « La frontière est un objet géographique qui met de la distance là où il y a de la proximité ». C. Albaret-Schulz .
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : Synthèse du PFE
Introduction générale
Chapitre 1 : Etude conceptuelle et mise en perspective de la frontière
Chapitre 2 : Analyse de l’interterritoire Tours/Saint-Pierre-des-Corps
Conclusion générale du PFE
PARTIE 2 : Analyse physique et sensible des ambiances urbaines
Epaisseur sensible et sonore
Lumière naturelle et artificielle
Végétalisation, Terre, Eau, Air
Chemins, traverses, accessibilité
Formes urbaines
PARTIE 3 : Détermination des enjeux – Point méthodologique
Les enjeux associés aux lieux
Les lieux associés aux enjeux
PARTIE 4 : Représentations schématiques des thématiques
La ville et l’eau
La ville verte ?
Le bâti
Une relation mère fille mitigée
La ville et l’environnement sonore
La ville des circulations
L’ancienneté du bâti
Eléments symboliques de l’interterritoire
PARTIE 5 : Introduction des concepts
La trame/l’intensité
La connectivité
Le yin et le yang
PARTIE 6 : Schémas globaux
La nature en ville
CONCLUSION
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