GROS PLAN SAISSISSANT : COHABITATION ENTRE TRADITION ET MONDIALISATION 

Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études

DEUX TERMINAUX BIEN DISTINCTS

A Addis-Abeba, il y deux terminaux : un pour ceux qui arrivent et partent d’Europe ou des États-Unis, de tous les «beaux pays», et un pour les autres.
Le premier est refait à neuf et bien équipé : lumières à tous les étages, parking de gala, beaux taxis, et même des barrières automatiques, avec une machine qui distribue des tickets de péage – c’est magnifique !
L’autre, ce n’est pas pareil. Ce fut le nôtre. Il s’agit du même aéroport pourtant, à quelques mètres de distance. Dans le parking au sol de gravats, s’abrite une petite case où l’on distribue du café aux voyageurs emmitouflés dans de grosses couvertures informes. Ici les gens attendent toute la nuit que leur famille fasse la route de la campagne pour venir les chercher, ou ils attendent de savoir quoi faire ; on n’est pas sûr. Donc, soit tu attends là avec eux, soit tu prends un taxi. En vérité tu n’as pas vraiment le choix. Quand tu en sors, tu te fais sauter dessus par une horde de chauffeurs qui veulent tous négocier avec toi, ou t’arnaquer. Nous étions tellement fatigués que nous n’avons même pas négocié. En sortant du taxi, un gars me donne un petit bout de papier rédigé à la main : c’est le ticket du péage.
Voilà, mon voyage commence.

LE QUARTIER DE L’AÉROPORT : BÔLE

Le quartier de l’aéroport, Bôle, s’offre à toi dès ton arrivée. Je m’attendais déjà à y trouver la vitrine du pays, qui vise à vendre du rêve aux diplomates y séjournant. Mais j’ai été surprise. Time Square. Enfin presque. Des buildings énormes, très modernes, qui clignotent quand tu passes. Tout y est plus cher que dans les autres quartiers, et la quasi totalité des ambassades s’y trouvent : Corée du Sud, Egypte, Tunisie, Portugal, Belgique, Angleterre, etc. La Guinée s’est fait une petite beauté : des panneaux verts rétractables importés d’Occident. La Turquie doit être le seul endroit d’Éthiopie à posséder une fontaine qui fonctionne. Et même la Corée du Nord est présente.
Il est possible de manger de tout ici, surtout chinois, mais aussi turc, Indien, libanais, français, etc. : crème fraîche, cochon, canard, menthe, couscous, et croque -monsieur ! Ce qui est appréciable, comparé à un régime composé essentiellement d’injera (sorte de galette souple omniprésente). C’est aussi l’endroit où la jeunesse sort le week-end. On y trouve une grande quantité de boîtes de nuit qui passent du jazz éthiopien aux musiques du moment. Il y a même des boîtes underground et des bars à cocktails. C’est le rendez-vous des diplomates et des expatriés. Ici, tu peux te balader sans que (presque) personne ne te regarde.

NOUVEAUX REPÈRES TEMPORELS

Ma première destination fut l’hôtel Taitu, situé en plein centre, l’incontournable des nouveaux arrivants, plus ancien d’Addis-Abeba, auréolé de charme et d’éclat fatigué. Celui-ci raconte encore comment fin XIXème, Taitu, la femme de l’empereur Ménélik II, prétendant de droit divin qui a créé la capitale en 1880, a voulu encourager la noblesse à utiliser les hôtels, en ouvrant le premier établissement de ce genre en Éthiopie. Nous avions réservé une chambre pour la nuit. A notre arrivée vers 6h du matin, une jeune femme, qui dormait à même le sol, apparut ébouriffée et légèrement souriante derrière le comptoir. Après quelques sommaires présentations, elle nous expliqua qu’apparemment la chambre n’était plus disponible. En cause : l’heure tardive de notre arrivée, car selon elle il était plutôt 11h30, soit le lendemain de notre réservation ! Et pour clarifier son propos étonnant, elle tendit le doigt en direction de l’horloge..qui indiquait bien l’heure annoncée. Sentiment d’étrangeté garanti. Heureusement, elle pouvait nous dépanner avec sa ‘’suite’’, qui restait disponible. Un petit supplément et l’affaire fut réglée.
C’est un fait : l’Éthiopie est l’Angleterre de l’Afrique. Même si les Éthiopiens conduisent à droite, le pays révèle un mode de fonctionnement propre, à la fois simple et immuable. Son horloge est différente : calée sur la course régulière des 12h du soleil (6h-18h), la journée commence à 00h. Les heures suivantes sont les heures de soleil. Par exemple à 8h du matin, cela fait 2h que le soleil est là : il est donc 2h du matin en Éthiopie.
De plus, leur calendrier, utilisé seulement ailleurs en Erythrée, est composé de douze mois comprenant tous trente jours et un treizième mois de cinq ou six jours. Ainsi le nouvel an éthiopien se retrouve le 11 septembre et Noël le 6 ou 7 janvier. Et oui, à Addis-Abeba et dans le reste du pays, les gens faisaient la fête le 11 septembre 2001, et personne ne le savait. Pour indiquer la date, le point de départ est l’an 8 du calendrier grégorien. Ils sont donc cette année en 2009 !

IMMERSION DANS L’ESPACE PUBLIC

Les tout premiers jours à Addis-Abeba plongent l’arrivant(e) européen dans un décor urbain étonnant et contrasté, comme si les acteurs du monde rural s’y étaient perdus et imbriqués. L’inhabituel, l’exotique, -grossiers clichés africains- accrochent le regard, l’interpellent
Au beau milieu d’une importante capitale, des troupeaux traversent les rues, des gens se lavent nus sans pudeur, des petites dames vendent trois carottes et deux oignons à même le sol, etc. On ne peut s’empêcher de se dire : « quel souk ! » et j’avoue que tout au long du séjour, j’ai continué à me le dire. Un immense désordre, oui, mais organisé ! (même si la compréhension de son organisation n’est pas toujours à notre portée).

LA VILLE, UN ESPACE HOMOGÈNE

Histoire d’Addis : une ville nomade qui se sédentarise. La terre appartient au souverain, et est divisée en différentes parcelles que celui-ci distribue aux personnalités importantes de l’État. Chaque parcelle, sefer (quartier) était séparée ; on y accédait en traversant des rivières, des collines et en suivant des sentiers. La ville était donc une multitude de « petits villages ». Malgré cette évolution, les sefer sont restés et sont devenus des « quartiers », mais en vérité ce sont juste des villages qui se touchent. Il n’y a pas de zoning.
En France et en Occident, quand tu veux visiter une ville, tu choisis le quartier historique ; tu travailles dans le centre des affaires ; tu manges dans le quartier chinois ; tu vas faire tes courses dans la zone d’activités. etc.
Ici, on trouve des petits commerces partout : marchands de légumes, (où tu peux boire des jus de fruits et manger des salades), magasins de bricolage, centre commercial (vide), tout petits supermarchés (où tu achètes des boîtes de conserve, de la vache qui rit, des yaourts, et des produits ménagers), bars – boucheries, etc. Tous les magasins sont identiques, selon leur utilité. Au moins, tu n’as pas de surprise. Mêmes jus, mêmes prix, mêmes chaises, même décoration, même présentation des fruits dans tous les magasins de légumes, tous ! Et cela se répète pour les bars, les centre commerciaux, etc. C’est bizarre non ? Je me suis longtemps demandé : vous n‘avez pas envie d’un truc différent, d’innover ? Non. Ils sont attachés à leur quotidien.

LA RUE, UNIQUE ESPACE PUBLIC

La rue est un espace public, contrairement à ce que nous pourrions en dire en France. Pendant la journée, de 6h de matin à 20h, la rue grouille, mais les maisons et les parcs demeurent vides. ’effervescence de la rue donne lieu à une multitudes de situations et d’opportunités pour la population, sous les yeux aveugles des quelques touristes. Il y a tellement de choses différentes qui se passent en une minute que parfois tu t’arrêtes à un bar, tu te poses, prends une St Georges (biète locale) et tu regardes. Nécessité oblige, les Éthiopiens sont très inventifs quand il s’agit de gagner leur vie, même si parfois ils n’en récoltent que quelques birrs. Tous appartiennent à la fourmilière laborieuse ou oisive, en perpétuel mouvement, tendue vers on ne sait toujours quel impératif, vaguement lié à la survie, c’est-à-dire souvent à l’exploit quotidien.
Il y a évidemment les vendeurs à la sauvette proposant de tout, en passant par la semelle unique, les autocollants pour enfants, les posters de Jésus, les lavabos, les sacs à main, les robes de nuit, etc. Tout doit partir dans la journée ! Il y a aussi les marchands de nourriture : des femmes avec des grosses casseroles qui vendent des patates chaudes, du maïs sur des petits cuiseurs à charbon, et les immanquables fritures : frites (souvent très très mauvaises) et petits biscuits. Devant chaque magasin, à chaque coin de rue, des gens nettoient et réparent les chaussures. A Piazza (centre historique) un grand nombre de vendeurs et de réparateurs de lunettes en tout genre étalent leur marchandise et leur stand. Dans le quartier des facs, les tas de journaux régalent la population en nouvelles ; toute la journée les gens s’y assoient et lisent. Partout dans les rues les gens t’invitent à partager leur assiette à l’heure du midi.
Les mécaniciens réparent tout sur le trottoir ; le chantier s’y étale ; un troupeau de moutons passe ; un âne tente d’arrêter sa misérable vie au beau milieu d’un boulevard, au grand mécontentement des chauffeurs ; les odeurs fusent de partout : café, pots d’échappement, friture, pisse, cigarettes, SDF, encens, cuisine. Puis plus rien.
La nuit, le seul bruit que tu peux entendre est le souffle de ceux qui n’ont pas la chance d’avoir un toit. Dans la nature, chaque animal se fabrique ou trouve un nid pour dormir, un endroit de confort et de sécurité. Un homme qui doit dormir dans sa jungle à lui, créée pour lui, la jungle urbaine, ne trouve pour sol que de grandes avenues couvertes de béton dur, pour confort des morceaux de bâches. Et s’il est chanceux, de gros tubes en béton préfabriqués lui offriront un toit. Nid urbain, parfois calfeutré de feuilles et de branches. Et le pire est que cette jungle attire de plus en plus de malheureux…

LA FAUNE URBAINE : TEMOIN DU MONDE RURAL

La plupart des villes sont remplies de pigeons et de chats errants ; à Addis-Abeba le regard neuf capte les aigles et les chiens. Ces derniers sont partout. La journée, quand le soleil est à son zénith, les ‘’sacs d’os’’ font la sieste sur les trottoirs. Le soir, à la nuit tombée, les femelles essaient d’attraper les restes des boucheries pour alimenter leurs mamelles dégoulinantes. La nuit, la ville leur appartient et personne ne peut faire cesser les aboiements incessants des meutes qui règlent leurs comptes.
A Addis-Abeba, la considération de l’animal est peu présente. Si celui-ci n’a acquis en France son statut juridique d’être vivant que depuis peu, par sa place de choix dans les contes et récits de notre enfance, l’iconographie, les peluches notamment, il s’apparente le plus souvent à l’ami de l’homme.
Dans la rue là-bas, à part les chiens, on trouve en permanence tout ce qui se mange, car les animaux sont considérés comme tels : chèvres, moutons et même taureaux. En outre, avant les grandes fêtes comme Noël ou Pâques, les paysans viennent avec leur troupeau pendant quelques jours dans la capitale. Parfois les gens doivent s’écarter pour laisser passer les énormes taureaux. Sinon toute l’année, les ânes encombrent les routes, en attendant que leur misérable vie prennent fin. En Éthiopie, le rapport à l’animal est très différent du nôtre ; il est de la nourriture ou rien, l’âne’ n’est donc rien. Il est utilisé ‘’jusqu’à à la corde’’ pour transporter des marchandises, et quand il est ‘’usé’’ les gens le jettent. Quant aux autres animaux, cela dépend de leur utilité. Mon colocataire m’a a raconté qu’à 10 ans, il avait tué un mouton avec deux de ses cousins à mains nues, uniquement parce que celui-ci lui avait marché sur le pied et fait mal !
Avec l’urbanisation, la diversité animale de départ s’appauvrit aussi (singes, oiseaux), et les seuls restants sont relégués au rang d’utilitaires, même s’il n’est pas improbable de trouver des tortues géantes dans certains parcs et sur les terrasses de bars.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION 
PARTIE 1 : GROS PLAN SAISSISSANT : COHABITATION ENTRE TRADITION ET MONDIALISATION 
1.1 L’ARRIVÉE
1.1.1 LA DESCENTE
1.1.2 DEUX TERMINAUX BIEN DISTINCTS
1.1.3 LE QUARTIER DE L’AÉROPORT : BÔLÉ
1.1.4 NOUVEAUX REPÈRES TEMPORELS
1.2 IMMERSION DANS L’ESPACE PUBLIC
1.2.1 LA VILLE, UN ESPACE HOMOGÈNE
1.2.2 LA RUE, UNIQUE ESPACE PUBLIC
1.2.3 LA FAUNE URBAINE : TEMOIN DU MONDE RURAL
1.2.4 EAU : UTILISATION PARADOXALE
1.2.5 MOBILITE : DE LA VOITURE INDIVIDUELLE AU TRANSPORT EN COMMUNS
1.3 RENCONTRE AVEC LA CULTURE TRADITIONNELLE
1.3.1 UNE CULTURE PLEINE DE FIERTÉ
1.3.2 LE PLAT TRADITIONNEL : ENVERS ET CONTRE TOUT
1.3.3 VIANDE : PRESENCE INEDITE EN AFRIQUE
1.3.4 LE CAFE : UNE TRADITON QUI RESTE FIGEE DANS LE TEMPS
1.3.5 LES FETES RELIGIEUSES
1.3.6 UNE RELIGION OMNIPRÉSENTE
1.4 POTENTIELS HUMAIN, UNE JEUNESSE ENTHOUSIASTE ET SOLIDAIRE
1.4.1 LA NOUVELLE JEUNESSE : ENTRE INTERDITS ET INTERNATIONALISATION
ANNEXE 1 : FASHION SCHOOL
1.4.2 JEUNESSE SOLIDAIRE : RECIT D’UNE COLOCATION PARTAGEE
ANNEXE 2 : UN SKATEPARK À ADDIS-ABEBA
1.4.3 RAPPORT A L’AUTRE
CONCLUSION

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *