Griffintown: l’enjeu de la participation citoyenne dans les projets de développement urbain

Montréal est la première ville Nord Américaine qui se soit dotée d’une charte des droits et responsabilités qui prévoit l’aménagement concret de la ville et de tout son personnel dans l’amélioration constante des services offerts à la population. La charte vise le renforcement de la démocratie et de la participation citoyenne dans les affaires de la ville. Montréal s’engage à favoriser l’accessibilité à une information claire, la sauvegarde, la protection et la mise en valeur du patrimoine culturel et naturel et également la diffusion des savoirs et des connaissances. Mais qu’entend-on réellement par cette notion de participation citoyenne tant « valorisée» dans le vocabulaire politique ? Le concept ayant traversé des contextes changeants, qu’en est-il aujourd’hui?

Le thème de la participation citoyen est particulièrement d’actualité ces dernières années. Les acteurs de la scène politique et de la société civile encouragent la participation citoyenne dans la prise de décision afin d’en augmenter sa légitimité et sa qualité. On assiste aujourd’hui a une montée en puissance de la parole citoyenne dans l’espace public : site web, forum public, conseil de quartier, budget participatif, journalisme participatif… La démocratie représentative est partout remise en question et son efficacité s’amenuise. Les citoyens revendiquent un droit à la reconnaissance, à la critique et à la prise de position. L’intervalle, entre les élections où les élus et les experts gouvernent et les citoyens se taisent, ne convient plus dans nos sociétés contemporaines. La participation des citoyens, dans des contextes très différents de l’Amérique du Nord au Brésil, est depuis quelques années à l’ordre du jour (Démocratiser la ville, Luc Rabouin). Certain voit dans l’émergence de la démocratie participative une alternative politique, d’autre un complément à la démocratie représentative, il n’en reste pas moins que dans ces deux considérations se profilent l’ambition d’une revitalisation de la démocratie contemporaine, ou plus fortement d’une démocratisation radicale de la démocratie.

Ces revendications s’inscrivent dans un contexte de modernité, dont la définition peut varier et les contours restent encore flous. Si les mouvements citoyens ont ainsi été façonnés par cette modernité, ils ont également participé à son élaboration. La remise en question des valeurs traditionnelles, de l’ordre établi permet de nouvelles expériences qui viennent approfondir la notion même de modernité. Cette modernité accroît ainsi les possibilités d’actions en même temps qu’elle ajoute de nouvelles contraintes sur lesquelles il devient nécessaire de s’interroger. La démocratie contemporaine est ainsi en prise à une transformation de ses pratiques traditionnelles. La légitimité de l’action publique se fonde aujourd’hui sur la délibération. Cependant cet « impératif délibératif » souvent évoqué par Blondiaux, pose encore question quant aux modes de représentation, mais également à sa capacité de transformer en profondeur le processus de décision.

Le secteur de Griffintown, Arrondissement Sud Ouest 

développement local dans un contexte métropolitain

À Montréal, depuis les années 60, les citoyens ont pris le devant de la scène urbaine. Les acteurs des mouvements urbains ont promu la participation et la démocratie délibérative. Ils ont revendiqué leur droit à participer aux affaires urbaines et ont fortement influé sur la mise en place d’une politique cadre de consultation publique. Aujourd’hui, le débat est vif dans cet ancien quartier ouvrier de l’arrondissement Sud-Ouest. Après une longue période d’abandon, Griffintown revient sur la scène métropolitaine. Le quartier revêt de nouveaux enjeux de développement dépassant largement l’échelle infralocale.  Nous aborderons la mise en place et l’évolution du processus de démocratisation de la scène urbaine à Montréal depuis les années 1960. En effet, il est important d’évoquer le paradigme politique qui s’est progressivement installé depuis ces 45 dernières années afin de comprendre les nouveaux enjeux, en termes de participation à la gestion de la planification urbaine qui se profile dans la Villé-Région de Montréal. Ensuite, nous retracerons brièvement l’histoire du quartier de Griffintown afin d’analyser le contexte actuel du secteur, le processus de gentrification qui le caractérise et les enjeux de développement qui se déclinent à différentes échelles .

Action collective et nouvelle culture politique : le cadre du débat public à Montréal

Action collective

À Montréal, depuis les années 60, les mouvements urbains ont promu des valeurs négligées par les représentants politiques et ont contribué à la démocratisation de la gestion locale. En effet, la démocratie locale a été la thématique majeure ayant attiré leur attention. Ils ont tenté de montrer les limites de cette dernière et sa portée par rapport à la modernité. À partir de demandes sociales de démocratisation de la gestion publique et de processus de planification, les mouvements urbains ont ainsi réussi à transformer les rapports entre l’État et les citoyens.

L’action des mouvements urbains s’est inscrite dans un monde social en perpétuelle transformation. Les mouvements urbains ont évolué dans des quartiers soumis aux aléas du développement économique et aux investissements de promoteurs immobiliers hostiles à leurs initiatives. Ils ont alors été révélateurs des tensions et des ajustements qui caractérisent la transformation des milieux de vie. Les préoccupations sociales, politiques et culturelles des acteurs urbains ont ainsi évolué en fonction du contexte. Actuellement les tendances à la globalisation amènent à revoir les paramètres du contexte d’action. Quelles ont alors été les revendications et les objectifs poursuivis par les acteurs des mouvements urbains des années 1960 à aujourd’hui ?

Les années 1960, le début des premiers mouvements urbains et émergence des revendications sociales

Dans les années 1960, les mouvements urbains de Montréal ont contribué d’une manière active à la transformation des politiques urbaines. Cette période se caractérise par l’émergence de comités de citoyens dans les quartiers en déclin qui revendiquent des services de proximité et des droits sociaux. Par l’intégration dans l’espace public de valeurs sociales et culturelles propres à l’identité des habitants du secteur, ils participent à la formation de nouveaux leaders et à la démocratisation de la participation au sein du quartier. Leurs objectifs étaient d’infléchir les décisions politiques dans le sens d’une vision sociale et patrimoniale de l’urbain. Par de multiples actions, les mouvements urbains sont intervenus sur l’espace aménagé et sur les projets de développement urbain. Ils se sont intéressés à la question du logement, des services de proximité, des infrastructures et du développement local. Les luttes menées par les comités de citoyens se destinaient à défendre les besoins sociaux (logement, éducation et santé) et à préserver l’intégrité des quartiers urbains. Ils tentaient de combattre les inégalités sociales et la pauvreté dans les quartiers populaires de Montréal. À cette période, les mouvements urbains faisaient la promotion d’une vision humaniste et patrimoniale de la ville.

Par leurs initiatives, les mouvements urbains ont progressivement exprimé une remise en cause des modèles et des processus dominants de gestion de la ville.

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Table des matières

Introduction
– Localisation – Griffintown, arrondissement Sud Ouest
– Première partie – développement local dans un contexte métropolitain
I – Action collective et nouvelle culture politique : le cadre du débat public à Montréal
A. Actions collectives
B. Les paramètres du débat public
C. L’avenir de l’agglomération montréalaise et ses nouveaux défis
II – Griffintown : Un quartier aux enjeux métropolitains
A.L’histoire du quartier
B.Contexte actuel
C.Une nouvelle population à Griffintown – Un processus de gentrification
– Deuxième partie – Une planification urbaine controversée
I – Les différents projets en cours
A.Projet Griffintown / District Griffin
B.Projet Bonaventure
C.Projet Lowney
II – Les conséquences d’un développement sans plan d’ensemble
A.Les risques du PPU dans un développement métropolitain
B.Mise en péril du plan d’urbanisme et des outils d’encadrement
C. Des facteurs de cohérence en aménagement : la consultation publique, la consertation et la médiation ?
III – Des citoyens engagés : associations, organismes, et comité de quartier .
A.Comité pour le sain développement de Griffintown
B.La revitalisation par l’art, le Corridor Culturel
C.Des revendications à l’échelle de la scène locale
– Troisième Partie – Des dispositifs participatifs à la limite de l’action citoyenne
I – Consultations et débats publics à Griffintown : les différentes formes de participation empruntées par les citoyens et mises en place par les instances publiques
A.La loi d’aménagement et d’urbanisme
B. Office de Consultation publique de Montréal
C.Lorsque la pression immobiliére menace la démocratie
Les consultations menées par l’arrondissement : District Projet
Les consultations menées par l’OCPM : Projet Bonaventure
Les consultations menées par l’arrondissement : Projet Loowney
II – De l’institutionnalisation à l’instrumentalisation, l’ambivalence des élites politiques
A.Mise en scène et mise en ordre de la participation.
B.L’absence d’influence sur la décision
III – Nouveau contexte métropolitain et participation citoyenne
– Quatrième partie – Vertus et vices de ce nouvel esp rit de la démocratie
I – Les vices tant de la démocratie participative que délibérative
A. La crise de la représentation
B. L’impératif délibératif : démocratie participative et délibérative
C. Les faiblesses de la délibération
II – Démocratiser la ville, un idéal à poursuivre
A. Une reconnaissance des citoyens comme acteur légitime
B. Une nouvelle approche de la decision politique
Conclusion
– Intervenants / Entretiens
– Bibliographie

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