Les infections nosocomiales sont la ranรงon de lโhospitalisation et toutes les รฉtudes rรฉalisรฉes jusquโร ce jour, montrent le prรฉjudice subit par les malades en terme de morbiditรฉ et de mortalitรฉ. Si les infections septicรฉmiques et bactรฉriรฉmiques ne viennent quโau quatriรจme rang en terme de frรฉquence de survenue (aprรจs les infections urinaires, les infections broncho-pulmonaires, les infections du site opรฉratoire), leur impact sur la prolongation de la durรฉe de sรฉjour, les dรฉpenses de santรฉ, et sur le pronostic vital est majeur .
Les bactรฉriรฉmies nosocomiales sont des infections sรฉvรจres qui compliquent souvent un foyer infectieux primitif et peuvent entraรฎner le dรฉcรจs.
Ainsi les bactรฉriรฉmies constituent une cible prioritaire de la surveillance des infections nosocomiales (23) Notre travail visait ร apporter une contribution ร ce sens:
โข dโabord par la mesure de la rรฉpartition des souches isolรฉes dโhรฉmoculture.
โข ensuite par la dรฉtermination de la frรฉquence dโisolement des germes isolรฉs au niveau des services cliniques.
โข enfin par lโรฉvaluation de la survenue des bactรฉries multi rรฉsistantes en fonction de la consommation dโantibiotiques.
EPIDEMIOLOGIE
DEFINITION DE LโINFECTION NOSOCOMIALE
Une infection nosocomiale est une infection acquise ร lโhรดpital (ou tout autre รฉtablissement de soins) et qui nโรฉtait ni en incubation, ni prรฉsente ร lโadmission du malade (18, 38, 43,54). Cependant, pour diffรฉrencier une infection nosocomiale dโune infection communautaire, un dรฉlai de 48 heures ร 72 heures est retenu entre lโadmission et le dรฉbut de lโinfection. Pour les infections de la plaie opรฉratoire, on accepte comme nosocomiales les infections survenues dans les 30 jours suivant lโintervention. Les infections nosocomiales peuvent รชtre dโorigine :
โ Endogรจne : le malade sโinfecte avec ses propres germes ร la faveur dโun acte invasif et/ou en raison dโune fragilitรฉ particuliรจre.
โย Exogรจne:
– soit dโinfection croisรฉe, transmise dโun malade ร lโautre par les mains ou les instruments de travail du personnel mรฉdical ou paramรฉdical
– soit dโinfection provoquรฉe par les germes du personnel porteur
– soit dโinfections liรฉes ร la contamination de lโenvironnement hospitalier (eau, air, alimentation). Ces infections sont caractรฉrisรฉes par leur frรฉquence et leur gravitรฉ.
Frรฉquence des infections nosocomiales
La frรฉquence des infections nosocomiales est assez รฉlevรฉe et varie dโun pays ร un autre en fonction de multiples caractรจres parmi lesquels, on trouve (habitudes thรฉrapeutiques, pression de sรฉlection).
Ainsi, elle varie de 3,5% aux USA (37) ร 10,2% en France (58). De plus leur prรฉvalence au sein des รฉtablissements de soins varie selon les services dโhospitalisation (Tableau I) et les sites anatomiques siรจges de lโinfection.
Gravites des infections nosocomiales
La gravitรฉ des infections nosocomiales rรฉside dans les grandes difficultรฉs thรฉrapeutiques quโelles posent du fait de leur rรฉsistance frรฉquente aux antibiotiques et de leur survenue sur des terrains fragilisรฉs par la maladie ou des actes invasifs. Ces infections nosocomiales sont ร lโorigine dโune mortalitรฉ et dโune morbiditรฉ considรฉrable. La surmortalitรฉ induite par ces infections est encore mal รฉvaluรฉe, mais on estime actuellement quโelles sont ร lโorigine dโau moins 10000 dรฉcรจs par an ; un chiffre comparable ร la mortalitรฉ due ร des accidents de la circulation en France (27). Si les infections des plaies opรฉratoires en urologie ne prรฉsentent pas de particularitรฉ par rapport aux autres types de chirurgies, lโincidence des bactรฉriuries post-opรฉratoires y est รฉlevรฉe, notamment aprรจs chirurgie prostatique. Ces infections urinaires sont aussi associรฉes ร une surmortalitรฉ et une sur morbiditรฉ (49) qui, sans atteindre le niveau de celles des pneumopathies ou des bactรฉriรฉmies nosocomiales justifient nรฉanmoins les efforts de prรฉventions en raison de leur frรฉquence. En dehors de la mortalitรฉ et morbiditรฉ, lorsquโun patient acquiert une infection hospitaliรจre son sรฉjour ร lโhรดpital est prolonge de 3 ร 7 jours en moyenne. A lui seul lโallongement du sรฉjour hospitalier entraรฎne un surcoรปt 3900 ร 9100 franc franรงais (FF) par infection, soit 2 ร 5 milliards francs chaque annรฉe en France .
RESERVOIR DE GERMES
Lโhospitalisation va crรฉer les conditions nรฉcessaires ร la trans-formation de la flore normale. Cโest ainsi que lโantibiothรฉrapie, quโelle soit curative ou prophylactique, exerce une forte pression de sรฉlection microbienne, aboutissant ร une modification des รฉquilibres au sein de la flore saprophyte. A partir de cette flore remaniรฉe, la dissรฉmination va se faire avec enrichissement progressif du capital microbien hospitalier. Ainsi lโhรดpital constitue un รฉnorme rรฉservoir de germes qui touche en premier lieu les malades du fait de leur immunodรฉficience. Les germes sont caractรฉrisรฉs par leur grande stabilitรฉ dans le milieu extรฉrieur et surtout par leur rรฉsistance ร de trรจs nombreux antibiotiques (39). Ainsi les germes liรฉs ร lโhรดpital sont plus difficiles ร combattre et sont source de complications sรฉvรจres.
SOURCES ET MODE DE TRANSMISSION
Les infections hospitaliรจres proviennent soit :
– de la flore du malade lui-mรชme : (auto-infection)
Le germe en cause nโest pas pathogรจne dans des conditions normales, mais des gestes inadรฉquats ou simplement une antibiothรฉrapie peuvent permettre sa multiplication, sa dissรฉmination et son implantation dans un territoire ou il peut provoquer une infection.
– de la flore dโun autre malade : (infection croisรฉe)
Le germe en cause se transmet alors :
โย Par contact direct dโun malade ร un autre
Cette contamination se fait essentiellement par les mains du patient, ou des gouttelettes de salive, comme lโont montrรฉ les travaux de WELLS (1948) mettant en รฉvidence le rรดle capital des gouttelettes de flรผgge qui sont des gouttelettes รฉmises par lโhomme. Ces gouttelettes de flรผgge sont des mucositรฉs nasales ou pharyngรฉes รฉmises, lors de la toux, de lโรฉternuement ou dโune simple conversation. Elles sont le support des micro-organismes des flores commensales. Leur taille est de 100 microns, leur durรฉe de suspension dans lโair est infรฉrieure ร trois secondes et leur vitesse de chute est supรฉrieure ร 0,3 m/seconde. Par รฉvaporation ces gouttelettes donnent naissance ร des noyaux de condensations : Droplet nuclei (44)
โย Par lโair
Contamination par des gouttelettes de salive et des poussiรจres de textiles chargรฉes de la flore du malade (22). Les germes aรฉriens ne se trouvent jamais ร lโรฉtat libre dans lโatmosphรจre, mais se fixent sur les poussiรจres et les grosses particules qui, en atmosphรจre libre prรฉsentent toujours une large quantitรฉ de germes saprophytes, solidement adsorbes ร leur surface (45). Les gouttelettes peuvent se dessรฉcher rรฉalisant des ยซ dropets nuclei ยป susceptible de rester en suspension et transporter les germes infectieux vivants (44). Ainsi, lโinfection qui sรฉvit dans les blocs opรฉratoires et dans les salles de malades peut se transmettre par voie aรฉrienne. Le rรดle de lโair dans la contamination des plaies opรฉratoire a รฉtรฉ surtout รฉtudiรฉ en chirurgie orthopรฉdique propre par LIDWELL dont les travaux ont montrรฉ quโil existe une corrรฉlation entre le taux dโinfection post-opรฉratoire et la quantitรฉ de bactรฉries prรฉsentes dans lโair au moment de lโintervention .
โย Par le personnel :
– qui rรฉcolte directement les germes sur ses mains ou sa blouse et les transmettent ร un autre malade ;
– qui cultive les germes sur ses propres muqueuses des voies aรฉriennes et intestinales, par exemple, les multiplie et, de la les transmet le plus souvent par voie de contact (porteurs de germes).
โย Par des objets
Il sโagit dโobjets souillรฉs par :
– Le matรฉriel dโhรฉbergement du malade
– Les mains du personnel hospitalier
– Des visiteurs
– La nourriture et lโeau contaminรฉe .
AGENTS PATHOGENES ET FACTEURS DE RISQUES
AGENTS RESPONSABLES
Lโhรดpital est un lieu de passage dโoรน une multiplication importante de germes microbiens dans lโatmosphรจre hospitaliรจre qui attaquent avec prรฉdilection les sujets immunodรฉprimรฉs. Du fait de leur virulence, ils sont extrรชmement difficiles ร combattre dโoรน la nรฉcessite dโune รฉtude sรฉrieuse qui permettra dโรฉtablir une prophylaxie et une thรฉrapeutique adรฉquate.
Les principaux agents responsables dโune infection hospitaliรจre sont :
– Cocci GRAM (+)
โย Staphylocoques :
Les staphylocoques sont des germes commensaux de la peau et des muqueuses qui ne sont jamais saprophytes et sont รฉgalement retrouvรฉs dans le milieu extรฉrieur avec une prรฉdominance de Staphylococcus aureus.
โย Entรฉrocoques :
Ils sont ibuquitaires
– Bacilles GRAM (-)
โย Echerichia coli
โย Pseudomonas
โย Proteus
โย Klebsiella
โย Serratia
โย Etc.โฆ
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I- EPIDEMIOLOGIE
I-1 Dรฉfinition de lโinfection nosocomiale
I-1-1 Frรฉquence des infections nosocomiales
I-1-2 Gravitรฉs des infections nosocomiales
I-2 Rรฉservoirs de germes
I-3 Sources et Modes de transmission
II- AGENTS PATHOGENES ET FACTEURS DE RISQUES
II-1 Agents responsables
II-2 Facteurs de risques
III- DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
III-1 Produits pathologiques
III-1-1 Gรฉnรฉralitรฉs
III-1-1-1 Dรฉfinition
III-1-1-2 Rรจgles gรฉnรฉrales de lโexamen bactรฉriologiques des produits pathologiques
III-1-1-3 Rรฉsultats
III-1-2 Produits pathologiques รฉtudiรฉs
III-1-2-1 Sang
III-1-2-2 Urines
III-1-2-3 Pus
III-2 Manuportage et le matรฉriel mรฉdical
III-3 Phรฉnotype
III-3-1 Antibiotypie
III-3-1-1 Antibiogramme
III-3-1-2 Dรฉtermination de la CMI
III-3-2 Sรฉrotypie
III-3-3 Biotypie
III-3-4 Lysotypie
III-3-5 Bactรฉriocynotypie
III-3-6 Plasmide de rรฉsistance
III-3-7 Ribotypie
III-3-8 Toxinotypie
III-3-9 Zymotypie
III-3-10 Pulsotypie
III-4 Mรฉthodes indirectes de diagnostic : Mรฉthodes sรฉro Immunologiques
III-4-1 Dosages des cytokines de lโinflammation : IL1, IL6, TNF alpha, INF gamma
III-4-2 Mise en รฉvidence dโune rรฉaction antigene-anticorps (Ag- Ac) invisible
IV- CLASSIFICATION DES ANTIBIOTIQUES
IV-1 Antibiotiques inhibiteurs de la synthรจse du peptidoglucane
IV-2 Antibiotiques actifs sur les membranes
IV-3 Antibiotiques inhibiteurs de la synthรจse protรฉique
IV-4 Antibiotiques inhibiteurs des acides nuclรฉiques
IV-5 Antibiotiques inhibiteurs de la synthรจse des folates
IV-6 Antibiotiques anti tuberculeux
V- MECANISME DE RESISTANCE DES ANTIBIOTIQUES
V-1 Dรฉfinitions
V-1-1 Notions de rรฉsistance
V-1-2 Type de rรฉsistance
V-1-2-1 Rรฉsistance naturelle
V-1-2-2 Rรฉsistance acquise
V-1-2-2-1 Mรฉcanismes gรฉnรฉtiques
V-1-2-2-2 Mรฉcanismes biochimiques
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I-MATERIEL
I-1 Cadre de lโรฉtude
I-2 Patients รฉligibles
I-3 Matรฉriel et Rรฉactifs dโรฉtude
I-3-1 Matรฉriel de prรฉlรจvement
I-3-2 Matรฉriel et Rรฉactifs pour analyses
II- METHODES
II-1 Hรฉmoculture
II-2 Identification des souches
II-3 Antibiogramme
II-4 Dรฉpistage des bactรฉries multi rรฉsistantes
II-5 Dรฉlivrance des antibiotiques par la pharmacie
RESULTATS
I- POPULATION DโETUDE
II -RESULTATS DโHEMOCULTURE
III- BACTERIOLOGIE
III-1 Rรฉpartition des souches isolรฉes
III-2 Frรฉquence des cocci ร gram positif
III-3 Frรฉquence des entรฉrobactรฉries
III-4 Frรฉquence des bacilles ร gram nรฉgatif non fermentaires
IV/ CONSOMMATION DโANTIBIOTIQUES PAR LES SERVICES
DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE