Grandir dans une famille gitane côtoyer le nomadisme depuis l’enfance

Choix du sujet et problématique

Choix du sujet

Enfant déjà, voir des hommes dans la rue éveillait ma curiosité. Dans la ville où j’ai grandi, Châlons-en-Champagne, il y avait un homme sans-domicile place de la République que l’on le croisait systématiquement avec ma mère quand on allait louer des films, acheter des livres ou des vêtement ou encore faire les courses. Il m’effrayait et ma mère m’interdisait de lui parler.
Elle me racontait que ma grand-mère lui avait offert un sandwich, bien des années auparavant, et qu’il l’avait insultée parce qu’il aurait préféré recevoir de l’argent. Ma mère disait faisait la manche pour boire des bières, pas pour manger. C’était le seul SDF que je voyais souvent, peut être même le seul de la ville de Chalons à l’époque. C’est là ce qui a formé ma vision des SDF durant une bonne partie de ma vie, jusqu’à la fin de mes années de lycée.

Arrivé à Reims après le bac, je me rendais souvent en centre-ville. Il y avait quelques SDF qui faisaient la manche rue de Vesle, un des principaux axes piétons de Reims. L’un d’eux en particulier retenait mon attention : il était toujours souriant et jouait de l’accordéon en étant, dans le même temps, assis et recroquevillé sur un pas de porte. Il m’arrivait de lui donner une pièce, généralement parce que je passais devant lui avec un sac de fast food et que je ne me sentais pas capable de baisser la tête en l’ignorant. Les sentiments qui motivaient mon don étaient la culpabilité et la pitié. Pour autant, à cette époque, je ne prenais jamais le temps de discuter avec les sans-domicile.

A mes yeux, les deux mois passés à Nancy au printemps 2018 constituent une période décisive dans l’évolution de ma perception des personnes à la rue. Dans cette ville, j’avais l’impression de voir des SDF partout : sur la Place Stanislas, dans le parc de la pépinière, devant les superettes du centre-ville. Je n’en avais jamais vu autant, et j’étais frappé par le fait qu’un grand nombre d’entre eux n’était pas beaucoup plus vieux que moi (parfois même plus jeunes).
C’est à ce moment que j’ai commencé à me questionner réellement sur les sans-domiciles. Je me demandais ce qui avait pu leur arriver pour qu’ils en viennent à vivre dehors. Mais surtout, je me demandais comment on pouvait vivre dans ces conditions. A l’époque, je confondais sans abris, quelqu’un qui vit dehors et qui n’a pas d’abris, et SDF, quelqu’un qui n’a pas de domicile mais qui ne passe pas nécessairement tout son temps dehors. Une nuit, après m’être disputé avec l’ami qui m’hébergeait, je décidais que c’était le bon moment pour faire une « immersion » comme je disais à l’époque, c’est à dire dormir dehors, dans un parc ou sur un banc, comme peuvent le faire les SDF. J’ai passé la nuit dehors. J’entendais les singes et les paons du parc, les SDF autour de moi tousser, le vent et les voitures.

Et surtout, je découvrais ce que signifie « avoir froid ». Il faisait 2 degrés. Je suis sorti vers 1h du matin, je suis rentré chez mon ami le lendemain à 8h. Je n’ai plus jamais retenté l’expérience car après une nuit passée dehors, j’ai été malade 3 semaines. Cette expérience m’a fait développer une forme de respect pour les sans-abris qui réussissent à supporter ces conditions des années durant, respect qui tendait presque vers de l’admiration, et a encore plus attisé ma curiosité quant à l’histoire des SDF. J’ai donc commencé à discuter avec certains d’entre eux, de temps en temps, et à leur acheter une bière ou un sandwich. Je les trouvais bruyants, sales, exubérants, pourtant j’avais pour eux de plus en plus de sympathie et me sentais de moins en moins effrayé.

L’année suivante, la lecture du livre de George Orwell, Dans la dèche à Paris et à Londres (1982), dans lequel l’auteur évoque une partie difficile de sa vie, a été déterminante. Le livre se présente comme le journal de bord d’un pauvre au début du XXème siècle. Dans ce récit autobiographique, Orwell raconte sa vie de misère à Paris, tantôt travaillant dans des cuisines 17 heures par jour, tantôt sans emploi et contraint de mettre ses affaires « au clou » pour pouvoir manger et payer la pension dans laquelle il vit. Rentré à Londres après une offre d’emploi bien payé, Orwell doit attendre 2 mois avant de pouvoir prendre ses fonctions. Il est alors contraint de vagabonder pour survivre. Il devient un « cheminot », un sans-domicile qui vit dans les asiles de nuit. Ces asiles ne pouvant accueillir la même personne qu’une seule nuit par mois, Orwell doit donc aller tous les jours de foyer en foyer pour pouvoir manger et dormir. Dans ce livre, on peut observer la misère, le parcours qui peut y conduire et les horreurs qui l’accompagnent.

La lecture de ce livre a été l’un des déclencheurs de mon travail sur les sans-domicile.
Enfin, je pense que ce qui a réellement scellé mon choix de thématique de mémoire est une prise de conscience très personnelle. Depuis plusieurs années, j’ai vécu des périodes dépressives m’amenant souvent à faire de longues introspections. Au cours de ces périodes, je me suis rendu compte que j’avais beaucoup, un logement, une famille, de la nourriture, des vêtements, mais que, malgré tout, je ne me sentais pas heureux. Courant 2019, j’ai eu l’envie d’aider un peu plus les sans-domicile, et il m’arrivait d’offrir un plat chaud ou un café à certaines personnes. Je me sentais alors très heureux, très fier d’avoir pu aider, car mes gestes semblait les mettre en joie. J’ai compris par la suite, en y repensant, que ma compassion pour les personnes sans-domicile venait du fait que moi, j’avais un logement, une famille, des revenus, sans rien faire pour les avoir tandis que eux avaient tout perdu sans forcément l’avoir voulu. C’est à cette période que j’ai décidé que si je faisais un master, mon mémoire porterait sur le vécu des SDF. C’est aussi à ce moment que j’ai découvert Black Like Me de John H. Griffin, un des premiers travaux ethnographiques portant sur la question des Afro-américains, dans lequel l’auteur devient véritablement noir à l’aide de médicaments et de séances UV (Griffin, 1976). Je suis admiratif devant ce genre de procédés, et je voulais le faire moi-même à Perpignan, avec les SDF.

De ce fait, à l’origine, je suis parti d’une méthodologie pour déterminer mon sujet d’enquête. C’est la volonté d’effectuer une ethnographie, liée au fait que j’ai développé un mélange d’admiration et d’interrogation pour les SDF, qui m’a fait arrêter mon choix de sujet sur la population des sans-domicile. Les objectifs de ce travail, à l’origine, étaient autant de comprendre les parcours de vie des sans-domicile que de me mettre à l’épreuve.

Problématisation

Une fois le choix de ma thématique de recherche arrêté, j’ai commencé à lire des ouvrages traitant des sans-domicile. J’ai démarré par ceux qui étaient disponibles à la bibliothèque universitaire. Certains évoquaient la place des SDF dans les médias, d’autres étaient des recueils de données statistiques analysées, d’autres encore étaient des essais sur l’exclusion. En lisant ces livres, je me suis aperçu qu’une question pour moi primordiale était laissée sans réponse concrète : comment une personne devient-elle SDF ? Parfois, les auteurs évoquaient des problèmes familiaux pour expliquer la vie dans la rue (Guillou, 1998), parfois, les problèmes étaient d’ordre économique (Brousse, 2006), et parfois encore, les problèmes étaient sentimentaux ou affectifs (Dequiré et Jovelin, 2007). Généralement, les auteurs invoquaient de multiples facteurs, mais la question « comment devient-on SDF ? » n’était que secondaire dans leurs travaux, ou était traité de manière statistique, quantitative. De ce fait, je n’avais pas les réponses que je voulais avoir.

A cause de ce qui m’apparaissait comme un vide dans la recherche, j’ai décidé de travailler sur la période précédant la perte de logement. Je m’intéressais à cette période que j’appelle « l’avant-rue », c’est à dire celle allant de la naissance de l’individu à jusqu’à son arrivée à la rue.
La lecture du livre Zonards, une famille de rue de Tristana Pimor (2014) a donné une orientation nouvelle à mon mémoire. Dans ce livre, Pimor suit des jeunes toxicomanes vivant dans un squat et formant une sorte de nouvelle famille, une « famille de rue ». Elle s’intéresse aux parcours de ces jeunes qui viennent de différents milieux mais adoptent des styles de vie similaires. Elle explique ainsi les étapes du processus qui conduit un jeune homme ou une jeune femme à devenir un « Zonard », un « punk à chien » comme ils sont appelés communément.

Elle mobilise le concept de « carrière déviante » développé par Howard Becker (1985) pour expliquer comment les individus deviennent des Zonards. Pour elle, ce cheminement débute à l’adolescence et se fait par étapes : la rencontre de personnes déviantes, le premier joint, l’abandon de l’école, la première « teuf », le départ du domicile familial, etc. Elle explique aussi le fait que des « grades » existent au sein des Zonards et que les individus peuvent évoluer dans la hiérarchie, stagner ou régresser. Je trouvais ce concept de « carrière déviante » intéressant et pertinent pour mon sujet, et j’ai donc, à ce moment, choisi de le mobiliser moi aussi dans ma recherche.

Ensuite, j’ai lu dans l’ouvrage de Jacques Guillou et Louis Moreau de Bellaing (1999) que les SDF n’étaient pas des victimes, pas des sujets au sens de personnes soumises à une autorité et sans capacité d’action, mais étaient bel et bien des acteurs de leurs vies, avec des capacités de choix et d’action. Dans plusieurs ouvrages, j’ai lu que l’arrivée dans la rue pouvait être la suite de choix idéologiques (Giraud 2004 ; Guillou, 1998 ; Guillou et Moreau de Bellaing, 1999 ; Pimor, 2014 ). Mais, dans le même temps, de nombreuses caractéristiques semblaient récurrentes dans les profils des SDF : père absent ou violent, contexte familial difficile, niveau d’étude peu élevé, faibles ressources financières des parents, etc. A la lecture de ces ouvrages, j’avais d’abord mobiliser l’idée de « choix de vie ». Ainsi, dans un premier temps, mon objectif était de comprendre dans quelle mesure les sans-domicile avaient choisi leur situation et s’ils l’avaient volontairement provoquée. Pour autant, après avoir fait plusieurs entretiens, je trouvais l’usage du terme « choix de vie » trop fort et inadapté à ce que j’observais.

Après avoir effectué les entretiens, j’ai jugé ma problématique de l’époque inadaptée à la réalité du terrain. De plus, j’ai pris conscience de l’importance des déterminants sociaux dans les trajectoires de ces individus. Pour Vincent de Gaulejac, « le sujet ne maitrise pas son existence. Il est d’abord assujetti au désir de l’autre. Il est un héritier, possédé par son héritage, illusionné par l’idée que c’est lui qui le possède. Lorsque l’individu parle de son histoire, comme s’il en était propriétaire, il oublie que c’est avant tout l’histoire qui le fait. » (de Gaulejac, 2009). Ainsi, pour l’auteur, les personnes sont d’abord assujetties « aux attentes parentales, aux normes du milieu, aux contraintes institutionnelles, aux exigences familiales et professionnelles, aux conformisme ambiant et aux règles sociales.

D’un côté, l’assujettissement renvoie aux conditions sociales de production d’un individu, au dépôt des visées, des attentes et des désirs dont chaque individu a été l’objet de la part de ses ascendants et de ceux qui l’entourent dès son plus jeune âge. De l’autre, il désigne l’ensemble des supports objectifs et subjectifs qui permettent à l’individu de se construire. » (de Gaulejac, 2009). A travers les écrits de Vincent de Gaulejac, j’ai compris qu’il me fallait analyser les histoires familiales de ces personnes, leurs relations aux institutions, leurs expériences scolaires et professionnelles et enfin les évènements qu’ils ont vécus et qui les ont modifiés si je voulais pouvoir comprendre les origines de leurs situations à la rue.

C’est en combinant des éléments des écrits spécialisés sur les questions des sans-domicile (Brousse, 2006, Dequiré et Jovelin, 2007, Brousse et al., 2008, Pimor, 2014 ; Besozzi, 2019), des éléments théoriques concernant les processus de socialisation (de Gaulejac, 2009), avec les éléments observés au cours de l’enquête de terrain que j’ai élaboré la problématique de ce mémoire : En arriver à la rue : analyse du rôle des déterminants sociaux dans les trajectoires de vie sans-domicile.

Humiliations, violences, délaissement : la souffrance des enfants face au comportement des parents

Il n’est pas rare de rencontrer, lorsque l’on côtoie des personnes sans-domicile, des jeunes à la rue depuis l’adolescence. Si l’on s’intéresse au passé de ces jeunes, on s’aperçoit que, dans une grande majorité des cas, ils ont subi des sévices corporels, des violences, des humiliations de la part de leurs parents et ce, depuis le plus jeune âge. En effet, leurs parents font souvent preuve de négligences, en les oubliant à l’école par exemple, trouvent facilement des prétextes pour les gifler, les sanctionner physiquement, ou pour les humilier. A ces comportements irresponsables s’ajoutent, dans une partie des cas, des problèmes d’addictions comme l’alcoolisme et la toxicomanie. Les parents boivent et se droguent au vu et au su de leurs enfants, et de la cohabitation entre enfants et parent(s) intoxiqué(s) nait une grande partie des maltraitances. Ainsi, certains enquêtés révèlent avoir été frappés par leurs parents ivres et racontent qu’ils étaient parfois contraints à des actions humiliantes pour un enfant, comme boire de la bière (en faisant croire à l’enfant qu’il s’agit de soda) ou récupérer le tabac des mégots pour rouler des cigarettes : « Côté père, j’avais 10 ans, ma petite sœur devait en avoir 8 et demi, la première fois qu’il nous faisait dépioter ses mégots, ses fins de clopes. Et ce que je respecterai jamais du côté de ma mère, c’est que je devais avoir 6 ans, elle me faisait boire ses fonds de bière en me faisant croire que c’était du coca. J’ai une mère camée, un père alcoolique, les deux violents. » (Brian, 19 ans).

Quand les sévices cessent, après l’intervention des services sociaux qui placent l’enfant en foyer ou après le décès du parent violent, les maux qui leur ont été infligés sont ancrés profondément dans les esprits des enfants. Même libérés physiquement, et même s’ils se réjouissent de cette libération, les enquêtés sont marqués, ont du mal à vivre autrement que dans la violence : violence envers soi-même (tentatives de suicide, automutilations) et violence envers les autres qui se manifeste par une hostilité constante à l’égard d’autrui et par une recherche continue du conflit. Ainsi, la souffrance générée par la maltraitance subie au cours de l’enfance est durable et ces expériences ont des effets forts sur la suite des parcours de ces personnes.

Dans cette partie, nous avons vu les différentes configurations familiales connues par les enquêtés. Négligences, violences, humiliations sont autant de pratiques courantes chez une partie des parents des sans-domicile. D’un côté, les pratiques parentales provoquent des ressentiments chez leurs enfants, des sentiments de culpabilité, des souffrances profondes et durables. D’un autre côté, ceux qui ont grandi sans leurs parents, en foyer ou en famille d’accueil, regrettent souvent cette absence parentale qui apporte instabilité, déracinement et incompréhension.
Dans tous les cas, l’enfance des sans-domicile est jonchée d’évènements difficiles. Ils sont marqués et abimés par cette période de leur vie, et sont menés à revivre ces évènements, voire reproduire leurs mécaniques violentes au fil de leurs nouvelles rencontres.

Grandir dans une famille gitane : côtoyer le nomadisme depuis l’enfance

La famille est la première instance de socialisation (Berger et Luckmann, 2018). Les comportements développés par les enfants en grandissant proviennent en grande partie de ce qu’ils ont vu, appris et incorporé au sein de leur famille pendant leurs jeunes années. Dans le cas d’Aymeric, sa famille maternelle était gitane : son père est un « sédentaire », sa mère une « voyageuse », autrement dit, son père est né et a vécu dans une maison, il n’appartient pas non plus à la communauté gitane, tandis que sa mère est née et a vécu dans une caravane : « Quand on dit un voyageur c’est que ma mère est voyageuse, elle est née en caravane. Mon père c’est un sédentaire, c’est pas un manouche c’est pas un gitan, il est né en maison mais ils se sont mariés. (…) Et moi je suis un demi-voyageur ou un demi sédentaire. Moi j’ai grandi 3 ans en caravane. » (Aymeric, 29 ans). Il est lui-même né en maison mais, comme il le dit, il a aussi vécu pendant 3 ans « en caravane ». Cela signifie que, pendant l’enfance, il a été habitué à un mode de vie nomade, sillonnant les routes avec sa mère et la communauté gitane à laquelle elle appartenait.

En outre, Aymeric possède un autre exemple de nomadisme dans sa famille. Son frère aîné est un « roots », comme le dit Aymeric, c’est à dire une personne qui parcourt le monde à pieds avec son sac à dos. Aymeric semble valoriser cette manière de voyager et met en avant le grand nombre de pays visités par son frère : « Il en avait marre il a pris son sac à dos il a décidé de faire le tour du monde à pied. 8 ans qu’il est parti, il a fait près de 100 pays, il est revenu à cause du corona mais il était en Amérique du Sud. » (Aymeric, 29 ans).
De ce fait, le nomadisme semble incorporé par Aymeric. Il a côtoyé de près des personnes nomades, a été élevé par elles, ce qui fait qu’il peut en être venu à considérer le mode de vie nomade comme « normal », acceptable, comme un éventualité pour lui-même. L’existence sans-domicile fixe a donc pu lui apparaître, à un moment de sa vie, comme une possibilité puisqu’il a vécu, plus jeune, sans-domicile fixe (au sens littéral du terme) et qu’il a observé des proches vivre en « nomades ».

Instabilité, mobilité, précarité

Mobilité géographique, précarité résidentielle

Le changement fréquent de lieu d’habitation : un mode de vie ancré avant la rue

Les sans domicile fixe étaient-ils déjà sans domicile fixe avant même d’arriver à la rue ? En effet, nous pouvons distinguer deux sens à l’expressions « sans domicile fixe ». Celui, classique, d’une personne vivant à la rue ou dans des établissements d’hébergement, mais aussi celui d’une personne qui a une tendance à bouger souvent de ville ou de logement, dans une idée de nomadisme résidentiel. Avant la période où ils vivent dans la rue, on peut constater que ces personnes peuvent être déjà considérées comme sans domicile fixe dans le deuxième sens que nous avons édicté. En effet, il est fréquent qu’ils effectuent des mouvements résidentiels, des mobilités internationales, nationales ou régionales. Finalement, ils peuvent s’installer dans un nomadisme ou une mobilité au sein de l’espace réduit de la ville.

Mobilité résidentielle : le nomadisme résidentiel

D’après les récits des enquêtés, les parcours avant d’arriver à la rue sont marqués par une forte mobilité, et ils ont connu de multiples déménagements quand ils possédaient un logement.
Ces déménagements se font parfois même dans des pays étrangers, pour une période de plusieurs mois ou plusieurs années. Il s’agit bien de déménagements ou d’emménagements, et pas uniquement de déplacements courts et ponctuels. Ces mobilités prennent place à différentes périodes de la vie des individus : les déménagements à l’étranger semblent plus fréquents au début de la vie d’adulte des enquêtés, c’est à dire à la fin des études et avant le premier CDI, tandis que les mobilités nationales semblent plutôt avoir lieu à un moment plus avancé de la vie de ces personnes, c’est à dire aux alentours de la trentaine d’années. Patrick a vécu dans des lieux éloignés de sa ville natale, Rennes. Il dit avoir vécu, avec sa femme, sur l’île de la Réunion, à Châlons-en-Champagne et à Perpignan. Jurgen, originaire du Luxembourg, a poursuivi des études supérieures en Allemagne, a vécu 3 ans en Angleterre, a travaillé en France et au Luxembourg, puis a travaillé comme ouvrier viticole dans le sud de la France, aux alentours de Valence.

Il semblerait que ces mobilités ne soit motivées ni par des contraintes professionnelles (mutation, recherche d’emploi), ni par un rapprochement familial, puisqu’ ils ont au contraire tendance à s’éloigner de leur famille lors de leur premier déménagement. De ce fait, on peut induire que les enquêtés ont peu d’attaches, ou que celles-ci sont moins fortes que leur « envie d’ailleurs » (Patrick, 40 ans).

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Table des matières

Introduction
1èrePartie : Présentation du sujet, de l’enquête de terrain et de la population enquêtée
I) Choix du sujet et problématique
1.1) Choix du sujet
1.2) Problématisation
1.3) Définitions
II) Enquête de terrain
2.1) Choix méthodologiques
2.2) Premier contact avec le terrain
2.3) Déroulement des entretiens et suite de l’enquête de terrain
2.4) Adrien et la « posture de proximité »
2.5) Deuxième temps du terrain : difficultés et prise de risques
2.6) Corpus d’enquêtés et données sociodémographiques
2èmePartie : Analyse des données
I) Origine sociale, famille, école
1.1) Histoires familiales difficiles : conflits, violences, délaissement
1.1.1) La famille : espace anxiogène nourri de tensions et de conflits
a) Tensions entre parents
b) Tensions entre parents et enfants
c) Tensions au sein de la fratrie
1.1.2) Défaillances parentales : grandir dans l’insécurité de parents violents ou absents
a) Grandir sans ses parents : quand l’état se substitue aux géniteurs
b) Le jugement des parents : des enfants qui ne se sentent pas acceptés tels qu’ils sont
c) Humiliations, violences, délaissement : la souffrance des enfants face au comportement des parents
1.1.3) La famille : lieu d’apprentissage de la déviance
a) Grandir dans une famille gitane : côtoyer le nomadisme depuis l’enfance
b) La famille élargie et l’apprentissage de la déviance : quand les proches poussent à la délinquance
1.2) École, travail et famille : entre stagnation et déclassement
1.2.1) Un entourage familial peu ou pas qualifié
1.2.2) Le travail des parents : précarité, exécution et reconversions
1.2.3) Études et diplômes des sans-domicile
a) Prédominance des études courtes et professionnalisantes
b) Des études rarement menées à leur terme
II) Instabilité, mobilité, précarité
2.1) Mobilité géographique, précarité résidentielle
2.1.1) Le changement fréquent de lieu d’habitation : un mode de vie ancré avant la rue
a) Mobilité résidentielle : le nomadisme résidentiel
b) La mobilité résidentielle malgré la fixation à une ville
2.1.2) Le voyage : étape importante de la vie
2.2) « Instabilité » professionnelle et économique
2.2.1) Le parcours professionnel marqué par les mauvaises expériences
a) Pression des supérieurs et travail aliénant : subir le « broyeur d’hommes »
b) Restructurations et licenciements économiques : dégout et rejet du travail à l’usine
2.2.2) Parcours professionnel sinueux : comme leurs parents, les enfants se reconvertissent beaucoup,mais pas pour les mêmes raisons
a) L’apprentissage d’un métier en particulier
b) … qui provoque la lassitude et le besoin de changement
c) La drogue, origine possible de la perte d’emploi
2.3) Difficultés face aux institutions
2.3.1) La délinquance et la prison
2.3.2) La relation difficile avec les institutions : quand l’épreuve de la « paperasse administrative » est insurmontable
a) La difficulté à surmonter la « montagne » administrative
b) Les sentiments de délaissement, d’injustice et d’incompréhension face à la froideur de la machine administrative
III) Santé et maladie
3.1) Alcool, drogues et dépendances
3.1.1) Les premiers contacts avec la drogue
a) Le cannabis, première étape d’une « carrière » toxicomane
b) Les « teufs », lieu de rencontre avec des toxicomanes
c) Découvrir la drogue : l’importance des proches
3.1.2) Les drogues « dures » : toxicomanie et déclassement social
a) L’amour de la drogue : le LSD, l’héroïne et les autres
b) Le chemin vers l’immodération
c) La drogue et le déclassement social
3.1.3) Automédication et dépendance : le cannabis et l’alcool, antidouleur et antidépresseur
a) Soulager les douleurs physiques, calmer les autres addictions
b) Soulager l’esprit d’une vie « difficile à supporter »
c) La conscience du mal causé par les substances consommées : la figure de la « pire amie »
3.2) Maladies physiques et mentales
3.2.1) Les maladies mentales surreprésentées parmi les sans-domicile
a) La maladie mentale, conséquence possible des sévices durant l’enfance
b) La dépression, révélatrice d’un mal-être
3.2.2) La maladie, l’infirmité et l’incapacité de travail
IV) Arriver à la rue : hésitations, intermittence et fixation
4.1) L’arrivée à la rue : intégration d’un nouveau milieu, développement d’une nouvelle identité
4.1.1) La genèse de la rue : étouffement, lassitude et ruptures biographiques
a) Perte de l’intérêt et refus du mode de vie actuel
b) Ruptures biographiques
4.1.2) La rencontre avec le milieu de la « rue » : intériorisation de nouvelles normes, pratiques et
pensées
a) L’intégration de nouvelles normes
b) … qui conduit à l’intériorisation de nouvelles pratiques
4.2) Le passage et la fixation à la rue : des processus longs et discontinus marqués par des tentatives de reconnexion
4.2.1) L’intermittence, révélatrice de doutes et de tentatives de reconnexion à la famille
4.2.2) L’arrivée à la rue : une situation réfléchie et voulue ?
Conclusion
Bibliographie 
Annexes 

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