La ville de Ziguinchor qui constitue le cadre de notre étude est située sur la rive gauche du fleuve Casamance, entre les latitudes 12° 33′ 43″ Nord et les longitudes 16° 16′ 62″ Est, à environ 60 km de son embouchure sur l’océan atlantique et à 15 km de la frontière avec la Guinée Bissau. La ville de Ziguinchor s’est développée sur un site fluvial composé de dépressions saisonnièrement inondées , et de bas plateaux du continental terminal. Son développement le long du fleuve Casamance est limité par la présence de deux marigots : Boutoute à l’Ouest et Djibélor à l’Est. Ce qui favorise son extension vers le Sud. Avec une superficie de 9 km² la ville de Ziguinchor compte environ 158.370 habitants, soit une densité de 14.000 hbts / km². Cependant ces chiffre sont à prendre avec beaucoup de prudence car ce sont des estimations vu qu’il n y a pas eu un nouvel recensement et que la ville a connu une rapide croissance avec les déplacés du conflit venu agrandir la population urbaine. Depuis la commune connaît des problèmes de toute sorte et qui méritent qu’on s’y penche.
Mais avant, faisons un petit rappel des origines de la ville. Au bord du fleuve Casamance, la ville de Ziguinchor est fondée au XVIIe siècle par des Portugais qui en ont fait un comptoir commercial qui va prospérer à travers toute la période coloniale. Pendant trois siècles, la ville a co nnu les présences successives des Portugais, des Anglais et des Français. La lente et difficile colonisation de la Casamance en général, a été certainement à l’origine de la présence limitée des colonies occidentales. Car c’est au milieu du XXe siècle que les Français, après avoir réduit les dernières poches de résistances en Basse Casamance, vont accroître leur présence surtout sur le plan économique. «Ziguinchor va progressivement supplanter les villes comme Carabane et Sédhiou jusque là considérées comme des villes capitales où le commerce était prospère ; et devenir d’ailleurs la capitale administrative de la Casamance en 1904 grâce à l’activisme d’un homme qui a joué un rôle déterminant dans la présence française en Basse Casamance, le Commandant Pinet Laprade » (Trincaz, 1984) . Rôle qu’elle a su bien jouer jusqu’en 1984, lorsqu’elle a été divisée en deux. Aujourd’hui Ziguinchor est la plus importante ville de Casamance, par sa population (158.370 habitants) et par son rôle de pôle économique, Ziguinchor est le principal point d’accès à la Casamance grâce à son aéroport et son port desservis par des allers-retours Dakar-Ziguinchor.
Cependant son plus grand drame est le conflit qui la déchire depuis plus de vingt ans. En effet, depuis décembre 1982, la lutte armée engagée par la rébellion du MFDC (Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance) contre l’Etat du Sénégal a grandement déstructuré le développement socio-économique de la ville à l ’instar de la région tout entière. Les populations fuyant les zones de conflit se sont installées dans la ville, créant une «bidonvilisation» accrue. Les écoles aussi sont submergées par une grande partie des élèves déplacés.
Depuis l’Etat a en trepris quelques projets de reconstruction. La gare maritime a ét é réhabilitée. Sur le plan de l’éducation, on peut se réjouir de l’ouverture d’un nouveau Lycée baptisé Oumar Lamine Badji, assassiné en décembre 2006, alors qu’il était encore président du Conseil Régional. En outre, le Centre Universitaire Régional de Ziguinchor a ouvert ses portes cette même année constituant ainsi un avantage certain pour les bacheliers de la ville et de la région qui souffrent souvent de la précarité des conditions de vie à Dakar ou à Saint-Louis.
Mis à part les problèmes similaires avec presque l’ensemble des commune des pays en voie de développement, Ziguinchor est aujourd’hui doublement handicapé par : d’abord le conflit qui perdure avec tout son lot de conséquences négatives, ensuite elle est victime de son choix politique en mettant un maire socialiste à la tête de la commune face à un régime bien déterminé à conforter son électorat depuis sa victoire du 19 Mars 2000 . Bien loin d’être une critique politique, nous essayons par ce constat de montrer les enjeux de la gestion d’une ville aussi stratégique, non seulement sur le plan politique mais surtout économique, car elle regorge de potentialités énormes. Aussi dans notre recherche nous avons essayé de placer la ville de Ziguinchor dans un contexte mondiale où la notion de gouvernance urbaine est devenue par effet de mode ou par mimétisme une forme de gestion qui a pour vocation de privilégier la participation citoyenne collective. Le pouvoir de décider du sort de la ville n’est plus l’apanage d’une minorité dirigeante, mais plutôt le choix de l’ensemble de sa population à travers les processus démocratiques. Mais à Ziguinchor la gouvernance se passe dans un contexte particulier, vu les raisons sus abordées; notamment le conflit qui entraîna le r etard de la ville dans son élan de développement.
PRESENTATION DE LA COMMUNE DE ZIGUINCHOR
A l’image de l’ensemble géographique communément appelé la Basse Casamance, auquel elle appartient, la ville de Ziguinchor regorge ressources naturelles malheureusement mal exploitées. En effet malgré toutes ses ressources, la plupart des produits de la ville autre que l’arachide, l’huile de palme, et les crevettes, reste secondaire pour beaucoup de raison telles que l’éloignement de Dakar et le coût des transports, la faible assise financière des commerçants de Ziguinchor, et le manque d’industries locales de transformation surtout pour les fruits. Mais le plus regrettable reste les effets d’une mauvaise politique agricole dans tout le Sénégal, mais surtout pour une région qui a un sol riche et des prédispositions pour la riziculture. Cependant même s’il y a des tentatives de développement, l’économie de la ville continue d’être faible. Ces dernières années la ville a connu une rapide croissance démographique à cause des nombreux déplacés du c onflit venus grossir la population créant ainsi tous les problèmes que connaît la ville aujourd’hui.
DONNEES PHYSIQUES ET DECOUPAGE DE LA VILLE
Le cadre physique de la commune
Par sa situation en latitude, la ville de Ziguinchor appartient à une zone assez pluvieuse. ET c’est cette pluviométrie qui laisse son empreinte sur toutes les autres données physiques.
Le sol
La nature des sols dépend de trois choses : l’altitude, la distance par rapport à la mer et la nature des eaux qui les drainent. Sur le plateau, existent des sols gréseux et argileux avec parfois en profondeur des concrétions de type latéritique. Ces sols ferrugineux tropicaux sont assez fertiles et permettent la culture des céréales comme le mil le maïs et l’arachide. Parfois on a dans les parties les plus basses, des sols sablo – argileux et humifères très propices aux arbres fruitiers. Dans les dépressions on trouve différents types de sols suivant les qualités des eaux de drainage et l’organisation du système hydrographique. Ainsi on a des sols halomorphes (salés) le long des marigots remplis d’eau de mer toute l’année. Ces sols peuvent être de différents types; il y a des sols alluvionnaires, fins, noirs, collants gorgés d’eau et riches en matières organiques; profondes ils favorisent l’ostréiculture (les slikkes). Il y a des sols salés argileux et compacts, souvent stériles comme les tannes du saloum. C’est là qu’on récolte du sel (Schorre). Il y a des sols hydromorphes, argileux qu’on trouve le long des cours d’eau douce et les dépressions isolées dans les plateaux. Ces sols inondés en hivernage sont propices à la culture du riz.
Le climat
La commune de Ziguinchor se situe dans la zone la plus pluvieuse du S énégal, vu sa position géographique. Par la latitude elle est située dans la zone subguinéenne très tôt atteinte par le front inter tropical. Par sa situation Sud Ouest elle est intéressée par les pluies de ligne de grain. La région se situe entre les isohyètes 1600 et 1400 mm du Sud au nord, même si ces dernières années on remarque une augmentation sensible de la pluviométrie qui fait que cette année, l’hivernage s’est étalé de juin en octobre. D’où les importantes possibilités rizicoles. En bordure de rizière et de bolongs, il y f ait toujours un peu plus frais s urtout vers Colobane.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE DE ZIGUINCHOR
CHAPITRE 1 : Données géographiques et découpage de la ville
I- Le cadre physique de la commune
II- Découpage de la ville et son occupation
CHAPITRE 2 : Données démographiques et économiques
I- Les caractéristiques démographiques
II- Une économie qui piétine malgré ses énormes potentialités
DEUXIEME PARTIE : LES ACTEURS ET LA GESTION DES SERVICES SOCIAUX DE BASE
CHAPITRE 1 : Identification des acteurs
I- Les représentants de l’Etat
II- Les élus locaux
III- La direction du développement local (DDL) : un outil stratégique
IV- La société civile
CHAPITRE 2 : La gestion de l’éducation, et de la santé
I-L’éducation
II- La santé
TROISIEME PARTIE : LA GOUVERNANCE URBAINE EN ZONE DE CONFLIT
CHAPITRE 1 : La gouvernance urbaine dans un contexte particulier
I- L’influence du conflit dans la gouvernance à Ziguinchor
II- La gestion des problèmes consécutifs au conflit
CHAPITRE 2 : Gouvernance et partenariat
I- L’émergence d’acteurs nouveaux
II – Gouvernance et genre
CONCLUSION GENERALE