Le développement est aujourd’hui l’objet de tous les discutions et débats dans le monde. Il n’est plus uniquement l’affaire des États, mais a tendance à préoccuper en plus des autorités locales, les institutions privées et la société civile. Ainsi, l’Etat du Sénégal, à l’instar des pays d’Afrique de l’ouest a fait des efforts énormes par le renforcement de la décentralisation. Ceci dans le but d’accroitre les possibilités de participation des populations rurales dans la vie de leur milieu. La commune de Ndiaganiao qui est l’objet de notre étude n’est pas en reste.
La participation de toute la population du territoire à ce processus sera la meilleure voie de la commune de sortir de son état actuel de pauvreté dans tous les secteurs d’activité. Dans cette entreprise, les élus locaux de la collectivité ont bien sûr besoin de ressources humaines et de matière grise, ce qui les donne l’obligation de former sa population qui en a tant besoin pour asseoir un développement territorial harmonieux.
Cette lutte entamée par les élus est loin d’être la propre préoccupation unique de ces derniers, d’où la participation des organisations non gouvernementales (ONG), des groupements féminins (GF), les associations et les institutions privées et aussi par ses relations amicales avec d’autres collectivités locales à l’intérieur et l’extérieur du pays. Cette complémentarité entre les acteurs au sein du territoire a pour objectif d’améliorer les conditions des populations locales, de les permettre un accès aux services sociaux de base, donc le développement économique et social de la commune. Ce développement tant rêvé, n’est possible qu’avec la synergie de l’ensemble des acteurs présents sur le territoire. Il doit être accompagné d’une bonne gestion des affaires de la collectivité, donc d’une bonne gouvernance rurale.
Dans un milieu marqué par la dégradation du sol, où l’agriculture, la principale activité de la majeure partie des habitants de la zone souffre encore de la faiblesse de la pluviométrie et du manque d’outils capable de procurer des rendements meilleur, constituant ainsi un problème majeur dans la collectivité, la seule solution pourrait être la mise en place d’initiatives permettant de le remédier. Plusieurs stratégies développées par les acteurs territoriaux s’appliquent dans tous les domaines pour apporter des solutions aux problèmes que confronte le territoire, et promouvoir son développement.
PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE
Les nouvelles acceptions de la notion de développement sont nées aux cours des dernières décennies: développement local ou territorial, social, durable. Le développement local s’applique sur un territoire bien déterminé, à l’échelle micro. Il est devenu aujourd’hui l’objet de tous débats au niveau international, régional, national, local. Cependant, si les gouvernants locaux ont pu avoir ce statut, c’est du fait que les États ont commencé à se désengager du rôle qu’il jouait autrefois. Le processus d’acquisition de ces pouvoirs cédés par le pouvoir central aux collectivités locales (CL) est appelée « Décentralisation ».
La décentralisation marque le début d’un tournant important au niveau national comme au niveau des collectivités locales en particulière celle de Ndiaganiao. Ainsi, il s’avère être le mérite de ces dernières qui disposent les ressources nécessaires pour entreprendre leur développement, avec sans doute, le soutien de l’État et des institutions privées. Cependant, il est nécessaire de comprendre parfois que ce développement ne peut se faire dans l’éparpillement des différents acteurs. Mais comme le pense M. Moundiaye Cisse, coordinateur de la maison communautaire de Rufisque : « La décentralisation ne se décrète pas, elle se cultive. Pour cela, il faut développer une culture de la complémentarité entre tous les acteurs qui fait de chacun un pôle de ressources pour les autres ».Ainsi il devient urge à elle seule de chercher le pouvoir plutôt que de l’attendre, en mettant en œuvre d’actions et de politiques qu’elles jugent utiles pour sa population locale, en trouvant les moyens de renforcer la citoyenneté et la fiscalité locale .
Mais, il est à noter que cette décentralisation mise en place depuis les années 70 dans le pays, n’a pas était aussi prometteuse que prévue. Cet échec a poussé les institutions à mettre sur pieds le concept de gouvernance locale pour qu’il y ait plus de transparence et d’équité dans la gestion des ressources de la collectivité. C’est un instrument qui renforce la participation citoyenne à la gestion des affaires territoriales, la promotion du développement économique et social, la conception et la réalisation des opérations de développement à l’intérieur du terroir. Pour améliorer la situation, il convient de prendre toute disposition permettant de mieux recouvrer la fiscalité locale, amener l’État à céder aux collectivités locales une part significative des impôts collectés, et rendre systématique les plans communaux. La collectivité locale de Ndiaganiao élabore son propre plan avec le concours de l’État ou d’autres institutions privées, se charge de mobiliser les fonds pour le financement des projets y afférents, assure le suivi de l’exécution des dits projets. Ce qui signifie que l’État ne sera plus le seul concepteur et promoteur, acteur et exécuteur des projets d’envergure locale, mais il sera là que pour concevoir, animer, orienter et contrôler.
Par la gouvernance locale ou territoriale la commune pourra créer un cadre de dialogue permanent, de concertation et de partenariat entre les différents acteurs. Autrement dit, il préconise un rapprochement et une solidarité entre les acteurs et la participation de ces derniers dans les prises de décision au niveau territorial. La proximité entre les acteurs peut être le levier de transparence, de bonne gestion des activités dans la collectivité, mais aussi un atout pour l’amélioration des conditions de vie des populations. Ainsi la gouvernance se veut être le début de nouvelles stratégies qui seront mises en place par l’ensemble des acteurs dans l’intérêt de développer leur territoire.
DISCUSSION CONCEPTUELLE
Avec toutes les recherches faites au préalable, nous essayerons d’expliquer certains mots clés qui nous semblent très importants et que nous aurons à rencontrer durant toute l’étendue de notre travail de recherche : décentralisation, développement territorial ou local, gouvernance territoriale, stratégie et acteurs.
Décentralisation
Le concept de la décentralisation est répandu à partir des années 1990, suite à l’échec des politiques d’ajustement structurel qui étaient imposées par la banque mondiale et le fonds monétaire international (FMI). La décentralisation est conçue comme un transfert de pouvoir aux collectivités locales par les États. Elle libère le pouvoir central de ses certaines responsabilités et fait profiter aux populations locales en les donnant la possibilité d’intervenir et de participer dans la vie de leur localité. Ainsi, elle renoue les relations entre les populations et leurs institutions en créant de nouvelles stratégies par le biais de projet. Ce que Christel Alvergne appelle: « Renégocier le contrat social qui unit les populations entre elles et à leurs institutions en formulant un nouveau projet politique » (p117). La décentralisation a permis une participation plus active des citoyens dans les décisions de politiques locales et surtout permettre à ces dernières d’avoir un œil sur la manière dont la collectivité est gérée, entrainant en conséquence une plus grande lisibilité dans la gouvernance. Cependant, la décentralisation engagée par les États africains en particulier par le Sénégal doit être accompagnée d’une formation des élus de leurs nouvelles responsabilités et d’une sensibilisation de leurs droits et de leurs devoirs par rapport à leur territoire en accompagnant physiquement, moralement et financièrement (impôts) les autorités locales dans les politiques de développement qu’elles élaborent.
Développement local ou territorial
Le développement local ou territorial est un processus qui incombe tout le monde aujourd’hui et particulièrement les sociétés rurales et ceux qui les gouvernent. Puisque le développement suppose une amélioration du niveau de vie, le développement local ou territorial ferait allusion à un changement vers de meilleures conditions de vie des populations locales ou territoriales. L’étude du développement territorial (DT) nécessite parfois un retour à la source c’est-à-dire, de parler d’abord du développement local (DL). En effet le DL s’applique au local voire même au rural, ce qui fait sa différence du développement social, qui est surtout urbain. Cette opposition entre les deux concepts est explicitée par Mangin J. et Masson G., qui donnent une origine pour chaque concept : « Le développement local est né en milieu rural et le développement social en milieu urbain » . Cependant cette définition est à nuancer car cela ne veut pas dire qu’en milieu rural, il n’y a pas de social, on y retrouve plutôt des aspects ruraux comme sociaux. Pour qu’il y ait DL, il faudra que celui-ci prenne en compte les questions liées au développement surtout les dimensions économiques, sociales et culturelles. L’objectif du DL est de créer ou de faire exister à nouveau un partenaire avec des atouts de négociations dans le jeu économique, social et culturel de la société globale. En effet, dans la pensée du DL, le statut du territoire demeure longtemps incertain car l’accent étant mis sur les hommes et sur leurs projets et en particulier sur le développement économique. Le DL devient territorial et non sectoriel. L’apparition du concept de DT souligne ainsi toute la complexité et la richesse des relations entre territoire et développement. Le DT peut être considéré comme une projection d’un développement socio économique sur un espace. Ainsi le territoire est alors comme un support spatial de développement, un territoire de développement. Dans le DT, l’objet visé n’est plus les populations cibles mais de susciter des groupes qui réfléchissent sur leur propre situation en tendant à changer leur environnement par des initiatives variées. Selon Janin C . : « L’expression du développement territorial attire notre attention sur les capacités de l’ensemble territoire-société à inciter à l’action, à mettre en mouvement, à faire émerger des projets de territoire voire à créer des territoires de projets ». Dans cette optique, le territoire attention joue un rôle important en donnant au DT le sens d’un développement lié par le territoire. Les relations entre territoire et société suscitent l’action. Cette action est plus performante lorsqu’il y a concertation entre plusieurs acteurs. Le DT préconise donc une participation d’un ensemble d’acteurs qui collaborent pour mettre en œuvre des actions, favoriser un développement économique, social et culturel, juguler la pauvreté.
Gouvernance locale
Le concept de gouvernance est d’actualité au niveau sous régionale, nationale et même local. Cette gouvernance constitue une préoccupation des États et de leurs structures décentralisées qui sont dans des espaces d’expression d’un grand nombre d’acteurs. Dans le cadre territorial, elle intervient aussi bien au niveau des institutions territoriales et étatiques, social avec les associations et syndicats, et surtout au niveau économique. Les acteurs institutionnels jouent un rôle important dans la construction de la gouvernance territoriale (GT), en particulier, par le biais des institutions formelles d’animation et de mise en réseau . Pour qu’il y ait GT, il faudra que les acteurs essaient de construire entre eux des compromis locaux qui permettent à cette dernière de constituer un élargissement de la notion de proximité institutionnelle. Les sociétés territoires actuelles sont très informées des questions liées à la bonne gouvernance , et leur participation dans la vie économique de leur territoire en est l’objet de cette imprégnation. Ces sociétés aspirent bien au développement de leur localité tout en ayant un œil sur la gestion des finances publiques, car elles veulent toujours savoir ou passe leur participation au fonctionnement des institutions locales. Dans ce contexte d’émancipation des populations rurales et plus de la société sénégalaise, les gouvernants locaux doivent faire preuve de sobriété par la manière de gérer les institutions locales, ce que le premier ministre Mr Abdoul MBAYE a appelé : « Gouvernance sobre et vertueuse » . Cette bonne gouvernance territoriale ne devrait pas se limiter aux seules autorités locales mais devrait être l’essence même des associations présentes sur place et des institutions non gouvernementales donc de l’ensemble des acteurs qui sont dans le territoire pour promouvoir le DT.
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Table des matières
INTRODUCTION
I-PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE
II- DISCUSSION CONCEPTUELLE
III- OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE RECHERCHE
IV- METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE DE NDIAGANIAO
CHAPITRE1 : le cadre physique
CHAPITRE2 : le cadre humain et socioeconomique
DEUXIEME PARTIE : GOUVERNANCE LOCLE ET JEU DES ACTEURS POUR LE DEVELOPPEMENT DE NDIAGANIAO
CHAPITRE1 : la gouvernance locale le jeu des acteurs
CHAPITRE2 : les acteurs et le financement du developpement de ndiaganiao
TROISIERE PARTIE : LES IMPACTS DES STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT DANS LA COMMUNE DE NDIAGANIAO
CHAPITRE1 : les impacts de la lutte pour un developpement du terroir de ndiaganiao
CHAPITRE 2 : les defis a releves dans la commune de ndiaganiao
CONCLUSION
Bibliographie
Listes des graphiques
Liste des tableaux