L’aménagement du territoire peut être entendu très simplement comme une politique de rééquilibrage des activités sur le territoire. « C’est l’action et la pratique(plutôt que la science, la technique ou l’art) de disposer avec ordre à travers l’espace d’un pays et dans une vision prospective, les hommes et leurs activités, les équipements et les moyens de communications qu’il peut utiliser, en prenant en compte les contraintes naturelles, humaines et économiques, voir stratégiques » En effet, il consiste à bâtir l’image d’un futur souhaitable qui passera nécessairement, d’abord par la détermination des besoins du groupe vivant sur le territoire à aménager.
Par ailleurs, « l’aménagement du territoire désigne à la fois l’action d’une collectivité sur un territoire et le résultat de cette action ». De même il suppose une planification spatiale et la mobilisation de l’ensemble des acteurs concernés. Il s’agit en l’occurrence des pouvoirs publics, des élus locaux et des populations. « Une telle approche de la gestion du développement met au cœur de sa démarche le développement local, intègre l’homme et son espace géographique à valoriser dans ses objectifs et sa finalité » .
Le développement local ainsi appelé développement à la base, est un processus utilisant les initiatives locales au niveau des collectivités comme moteur du développement économique. Le concept de développement local est apparu dans un contexte où la vision centralisée de l’Etat était critiquée par certains acteurs locaux. Ces derniers ne considéraient que le développement d’un territoire doive prendre en compte les besoins et les aspirations des habitants. Une nouvelle logique d’autonomie est revendiquée vis-à-vis des centres décisionnels, politiques ou économiques.
Le développement local vise à assurer un développement économique et social cohérent et durable à l’échelle d’un territoire. « Le développement local est une démarche globale de mise en mouvement et en synergie des acteurs locaux pour la mise en valeur des ressources humaines et matérielles d’un territoire donné, en relation négociée avec les centres de décision des ensembles économiques, sociaux, et politiques dans lesquels ils s’inscrivent » Au fait, l’étude que nous voulons faire se focalisera sur les questions d’aménagement et de développement dans la commune rurale de Darou Mousty. IL est une localité située à 28km de Touba, de 65km de Kébémer son chef-lieu départemental et de 72km de Louga sa capitale régionale. Elle couvre une superficie de 412,9km² et est la plus vaste commune de l’arrondissement du même nom. Sa population est estimée à 42031 habitants selon le recensement administratif de 2011.
PROBLEMATIQUE
Contexte et Justification
L’aménagement du territoire est un ensemble de mesures et d’actions volontaristes visant, par une organisation prospective de l’espace, à utiliser un territoire de manière rationnelle, en fonction des ressources et des potentialités et dans le but de satisfaire les besoins immédiats et futurs de l’ensemble de la population. Au Sénégal, l’aménagement du territoire est marqué par trois grandes périodes :
Une phase d’aménagement des campagnes de l’indépendance à la fin des années 1970. L’accent est porté sur l’aménagement rural avec une organisation des territoires, une politique d’équipements ruraux et l’élaboration de projets locaux de développement. Une phase de recentrage sur une politique de la ville dans les années 1980 et 1990. Elle est une période de valorisation des fonctions administratives de la ville qui se traduit par une massification des investissements au niveau des grandes villes, notamment Dakar. Ainsi, on note l’adoption en 1996 de la loi sur le code des collectivités locales et sur le transfert de compétences aux collectivités locales et l’adoption en conseil interministériel du 23 Janvier 1997 du plan national d’aménagement des territoires (PNAT).
En effet, au Sénégal, la mise en œuvre d’une politique de décentralisation administrative est antérieure à l’indépendance survenue en 1960. Elle remonte en réalité au XVIIIe siècle avec l’érection des communes des villes de Gorée et de Saint Louis(1872), Rufisque(1880), et de Dakar(1887). Ce mouvement de décentralisation s’est approfondi avec la loi municipale de 1955 qui étend la communalisation (création de communes de statut juridique différent) du territoire sénégalais. C’est en 1960, après l’accession à l’indépendance qu’on va assister à la généralisation des communes de plein exercices.
La politique de décentralisation amorcée au Sénégal depuis son indépendance en 1960 est le résultat d’un long processus et deux réformes phares ont marqué le processus de renforcement de la décentralisation :
-la réforme majeure de 1972 pose l’acte précurseur de libertés locales plus affirmées, avec la création des communautés rurales, la promotion de la décentralisation et la régionalisation de la planification.
-la réforme de 1996 qui consacre la régionalisation constitue l’étape la plus importante de la politique de décentralisation surtout de par l’ampleur des compétences que l’Etat transfère aux collectivités locales.
La politique de décentralisation est motivée par le souci d’accroitre le développement local, de renforcer l’autonomie, l’appropriation et de porter les centres de décision à une échelle plus proche des populations. C’est ainsi que Samba P.C affirme que : « l’objectif de la réforme est donc, d’une part ; de susciter une grande participation des populations et d’autre part, de déclencher un véritable processus de développement à la base en favorisant un décollage dans tous les coins du pays ». Cette décision de l’Etat a pour objet de conforter le pouvoir de décision des élus dans le pilotage du développement local.
Ainsi les collectivités locales sont chargées de l’aménagement et de la gestion du développement de leur territoire comme le stipule l’article 3 du code des collectivités locales : «les collectivités locales ont pour mission la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de développement économique, social et environnemental d’intérêt local », Au total, l’évolution du contexte et la faiblesse des politiques et stratégies de développement appliquées jusque-là, induisent la nécessité d’initier des alternatives susceptibles de corriger les déficiences et produire simultanément des progrès significatifs à l’échelle nationale et un développement local harmonieux.
Problématique
L’aménagement du territoire est une politique publique qui a pour finalité un développement harmonieux et équilibré. Son objectif principal est de corriger les disparités inters et intra régionales. Les disparités régionales au Sénégal sont d’abord d’un héritage de la politique coloniale qui privilégiait les régions côtières aux dépens des zones rurales et enclavées.
En effet, le Sénégal se caractérise par un contraste démographique marqué avec des densités fortes dans les régions côtières (140 habitants/km²) et très faibles (moins de 10 habitants/km²) dans les régions de l’intérieures. La répartition des densités montre un fort contraste dans la distribution de la population sur l’ensemble du territoire avec une forte concentration de celleci à l’ouest et au centre du pays. Ainsi, la région de Dakar a une densité 75 fois supérieure à la moyenne nationale qui se situe à 65 habitants au km. La situation économique du pays est également contrastée. Les disparités socio-économiques entre les régions sont également importantes et constituent une entrave à la réalisation d’un modèle de développement spatiale équilibré. Les disparités économiques entre les régions se manifestent aussi, de manière très aiguë à travers les conditions et la qualité de vie des populations. Ainsi L’organisation du territoire sénégalais est caractérisée par de profondes disparités économiques marquées par le poids que pèse l’axe Dakar Thiès et surtout la ville de Dakar, en termes d’activités, d’équipements et d’infrastructures par rapport au reste du pays. Igue J.O analysant ce phénomène au Sénégal écrit : « Dakar abrite en 1989 plus de 90% des unités industrielles du Sénégal ».Aussi, les régions de l’Ouest et du centre qualifié de « Sénégal utile » présentent des indicateurs spatiaux et démo-économique qui donnent un aperçu de l’ampleur de ces disparités qui reflètent de profonds déséquilibres dans la répartition des ressources et des activités. En 2011 les régions de Kolda, Kédougou, Sédhiou, Fatick et Ziguinchor présentent les niveaux de pauvreté les plus élevés. Paradoxalement, certaines de ces régions recèlent d’énormes potentialités agricoles et minières. Il résulte des déséquilibres susmentionnés une inégale répartition de la richesse et de la pauvreté sur le territoire national.
Cette situation est également liée à la concentration des industries, des emplois, des investissements et des opportunités économiques dans les secteurs secondaires et tertiaires au sein de la région de Dakar qui la rend ainsi plus attractive et plus compétitive que les autres. Ainsi, avec 95% du tissu industriel du Sénégal et une concentration administrative, Dakar est assurément comme disait Mr Amadou Diop : « le réceptacle de toutes les activités du pays ». Ces inégalités doivent impérativement être corrigées pour ne pas compromettre l’objectif de l’équité territoriale en matière de développement économique et social.
|
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE
CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE RECHERCHE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES DU MILIEU
CHAPITRE II : CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUE
DEUXIEME PARTIE : DIAGNOSTIC
CHAPITRE I : SERVICES SOCIAUX
CHAPITRE II : GOUVERNANCE LOCALE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE
TABLE DES MATIERES